a penny for your mischief (dahlia)

— finn delano.
— c'merdeux a fait de l'arnaque son gagne-pain. détournement de fonds privés, extortion, chantage, il a la main lourde quand il s'agit de se renflouer les poches. delano a longtemps sévi sur la côte ouest avant de débarquer dans la région. toujours le même scénario, l'arnaque réalisée il part se terrer. et s'fait oublier l'temps de claquer le blé en putes (...) la ferme, j'ai l'goût plus fin.
— plus récemment, il a investi dans le jeu clandestin - ça raffle de façon plus détournée, si tu préfères. mais ils restent nombreux à vouloir brandir ses couilles en trophée vengeur.
— c'est là qu'on rentre en jeu.

vingtième étage.
les portes de l'ascenseur cèdent au frémissement de ses occupants. libérées, les âmes rebelles s'en vont s'émerveiller de la splendeur nocturne. le ciel découvert laisse entrevoir ses trésors. sa star, ronde et lumineuse, brille d'une beauté lunaire.
la sorcière au bras, tu t'avances au travers des mentons relevés. le toit du building s'est transformé pour l'occasion. de part et d'autre s'étalent croupiers et joueurs. chacun résonnant des bruits de leur frustration, vibrant des sommes remportées. ici, tu n'es qu'une bête de plus. rongé par l'appel du vice. prêt à te morfondre dans ses méandres. mais une main se fait force à tes tentations. le garde-fou en place, t'observes, distant, les jetons s'aligner. tu sens le vert de la richesse s'implanter dans des doigtées inconnues.   

— une à deux fois par an, il se montre publiquement. par peur des représailles ses soirées sont tenues secrètes, seulement révélées aux initiés quelques heures avant le début de la sauterie (...) me r'garde pas comme ça. c'est un bon vivant à la main un peu trop leste, comment ne pas m'entendre avec lui.

dans un rire tonitruant, il vous apparait.

le quarantenaire a le pas léger, le sourire flânant au grès de ses habitués. sur ses traits affirmés se dessine la confiance du monarque. celui a la possession grandiose. celui qui ne craint de perdre. il est de ces hommes que l'argent a rendu fou.
y vois-tu un reflet de ton propre destin ? la remarque t'est interdite, proscrite. les idées se noient dans la liqueur d'un verre tendu. un cul sec dégusté.  

— sa particularité, assurer l'anonymat de ses invités.
— il nous connait donc sous les pseudonymes mr & mrs. smith, la ferme j'manquais d'inspi. couple fraichement marié à l'appétit sexuel débridé (...) fallait bien que j'trouve une justification à ta présence (...) la seconde partie, c'est par nostalgie.

ton regard se pose sur la salem. elle resplendit d'une beauté travaillée, d'une robe écourtée. prête à te jouer de l'arroseur, amour ? comme toi, sa moralité s'achète. se prévaut aux bons sentiments. à l'homme bientôt vendu, elle a accepté sa part de responsabilité.  

(c) calaveras.

T’écoutes l’irlandais, miroir en main, tu fais glisser la vermeille sur tes lèvres qui esquissent déjà un petit sourire mutin. Il te demande de les fermer, Aodh sait ô combien elles peuvent trancher. O combien tu aimes le piquer avec ce venin qu’il est le seul à pouvoir contrer. Ça ne devait être qu’un coup d’une nuit. Pas cet ami à qui tu tiens plus qu’à ta propre vie. T’as pas cherché à l’éviter, il s’est greffé à toi sans que tu puisses y renoncer. Il est l’évidence même sous tes prunelles cendrées, que tu ne peux pas tout contrôler. T’as beau vouloir l’étouffer, ton myocarde continue de s’égosiller.

Identité de la proie révélée, les portes de l’habitacle s’ouvrent et vous invitent à entrer. À vous enivrer de cette opulence un brin surfaite. De la folie qui dans un coin vous guette. Il te prend à son bras et tu jettes tes perles noires sur la lune pleine. Tu t’es habillée d’insolence, dans cette robe trop ensorcelante. Pas de magie, juste tes courbes qu’elle dévoile sans la moindre parcimonie. T’as jamais été une nymphe raffinée, toi t’es la lionne qui dévore ceux qui oseraient la contempler. Tu leur écrases ta beauté au visage avant qu’ils ne puissent s’en délecter.  

Tu trempes tes lippes dans la flûte à l’élixir dorée. Terrée dans ton silence, jetant ton regard sur lui lorsque ses paroles finissent par te consterner. Tu roules tes prunelles, par dépit. Pourtant, ce n’est pas comme si tu étais surprise. Tu connais ses travers. Ces chimères qui le retiennent. Cette soif de billet vert et de règne. Consumé par ce feu que certains appellent avidité. C’est avec tendresse que tu le dessines. Le temps d’un flottement où il semble plonger dans ses abîmes. Avant de comprendre ce qu’il scrute au loin. Peut-être voit-il un reflet dans cet homme au futur incertain. Ces points communs qui pourraient le mener au même piège que vous vous apprêtez à refermer. Tu sais que c’est lui, sans même que le brun vienne te le confirmer. T'as envie de gerber, en le voyant se pavaner d'arrogance entre deux frivolités. Tu ne dis toujours rien, tu l’observes affectueusement avant qu’il ne reprenne son même refrain. Tes iris mordent déjà votre prochaine victime. Mais tes lèvres se retroussent lorsqu’il évoque la nostalgie. Ce temps où vos corps se laissaient incendier par le désir. Où vous n’aviez pas encore posé de mot sur ce lien qui vous unis. « Amour... » T’as ce petit rire belliqueux qui ondule ton échine. Et tu te rapproches dangereusement de lui. L’une de tes mains glisse sur sa chemise immaculée. Tes ongles pianotent sur les boutons et s’engouffrent sous ce col qu’ils viennent tirer. Tu te mets sur la pointe de tes pieds, l’obliger à ployer afin de bouffer les centimètres que la vie n’a pas voulu te donner. « Fais gaffe, de ne pas prendre goût à ce petit jeu. Tu pourrais t’y brûler. » Paroles susurrées trop près de ses traits. Tu relâches ton emprise d’un simple geste fluet. « Mais avant cela, chéri, je suppose que j’ai un certain Delano à calciner ? » A tes yeux, il est déjà ton nouveau jouet. Déjà excitée de le broyer avant de l’entendre chanter son dernier couplet. « Tu veux que je fasse quoi exactement ? » Vous deux, les limites vous n’avez jamais su ce que c’était. Vous avez la fâcheuse tendance à laisser votre moralité de côté et écraser le moindre regret. « Tes désirs son des ordres McGrath, du moins pour ce soir. » T’as cette bouille d’enjôleuse lorsque tu te retournes vers ton complice. T’as toujours été friande de ses plans merdeux et diaboliques. Il sera toujours ton Clyde et toi sa Bonnie.

(c) calaveras.

la proie a la mouvance féline, le déhanché fluctuant. ses sourires exagérés laissent deviner une dentition alignée, blanchie par la chimie. perfection travaillée jusqu'au noeud papillon vissée à l'adam. ses doigts conquièrent les épaules encore intimidées de riches novices. ses lèvres trouvent la douceur vanillée de mains féminisées. sa démarche chaloupée ne rencontre aucune résistance. se berce du génie murmuré sur son sillon. l'homme prédomine l'assemblée, s'amuse faussement de plaidoyers insolites, au mieux frénétiques. tu l'observes, longtemps, frémir d'un pouvoir lui semblant infini. ignorant des mailles du filet prêt à se refermer sur ses pitoyables méfaits. la récompense est lourde sur sa tête. l'estimer mort ou vif n'est pas de ton ressort. tu te chargeras d'amasser le pactole, la volonté certaine. indifférente à l'âme vendue au plus offrant.     

tes idées s'écourtent aux doigts aventureux, en appétit. t'abaisses le regard mais ton amante déguisée est trop rapide. d'un coup de collier, le dos flanche et ton regard trouve échos au sien. elle seule a l'audace de te faire plier genoux. elle seule se sait immunisée contre tes courroux vengeurs. le commentaire est à l'image de votre dynamique. sinueux, ensorcelant. me tente pas, salem. c'est bref mais les cils s'abattent au rythme d'une nostalgie sensuelle. sous ses menaces, tu la sais ralliée à ta cause. alliée de tes pires folies. garde-fou de tes raisons inavouées. le séduire. rare angle d'attaque à une vanité exacerbée. à une méfiance décuplée. le charme de la sorcière sera raisonner en des entrailles docilement abrasifs. là où la flatterie et les bons procédés échouent lamentablement. fais-le disparaitre de son bon vouloir. ne surtout pas attiser sa défiance, ou celle de ses gardes. le charmer par la queue pour mieux se débarrasser de ce qui tient encore debout. dehors, ils sont nombreux à chiffrer sa mort. on aura l'embarras du choix. une main se glisse sur son poignet, la rappelle à ton bras. l'air se veut détaché. mais fais rien qui saurait m'enrager. bras entrecroisés, vous vous élancez.

monsieur smith ! vous accueille t-il les bras ouverts, le regard déjà déviant vers les formes de ta dulcinée d'un soir. finn. salues-tu à ton tour. l'endiablé n'a pas l'idée de t'épauler, pas plus celle de retenir prisonnière la main de la sorcière. des années à s'enrichir en sa compagnie vous ont conduit à une relation teintée de respect. à finir bourreau ce soir, l'ironie ne t'échappe pas. je vous présente l'élue de mon coeur. tu romps votre lien et laisses vagabonder une main contre sa hanche.  le sourire teinté d'une taquinerie à peine dissimulé pour ses yeux. madame smith. s'incline pompeusement le businessman. j'espère que cette soirée sera à votre goût. ta main libre attrape une flute virevoltante au passage d'un serveur. l'heure est venue de laisser ta salem se jouer de l'homme. à son signal, tu lui laisseras l'espace d'agir. prêt à disparaitre à bonne distance.        

(c) calaveras.