à l'esprit assoiffé, tentation se délecte. sous ses griffes s'embrasent la démesure d'une pensée insatiable. d'un besoin infini. les complexes s'annoncent augure à un lendemain festoyant. laissent entrevoir un destin à la grandeur de l'appelé. l'homme rêve immense, se souhaite monarque de farouches loyautés. dans sa course virevoltent les passions pécheresses. celles du gain détroussé. celles du poing aguerri. l'impatience s'allie à la violence, fortifient main dans la main le spectre d'un royaume maintes fois rêvé. l'usurpation s'apprête et dans ses cachoteries, tu demeures attentif. la pointe des pieds aiguisée par des années à frôler le sol des supposés plus grands. terré dans l'omniscience générale. fils derrière les fils.
la tour d'ivoire dicte la danse, s'affirme demeure du digne héritier. du haut de sa magnificence, elle dompte le quartier de ce même air hautain. sa distinction reflétée dans l'embourgeoisement de son parterre marbré, de ses colonnes apprivoisées. la belle porte la satisfaction d'un pouvoir conquérant, à l'image de son possesseur.
la serrure cède à la première tentative. à l'intérieur, l'aube n'a pas encore eu raison des dernières obscurités. t'avances en connaissance de l'ameublement, seuls tes pas résonnent sur ton passage. interrompent le silence de la belle endormie. tu sais l'aîné occupé loin d'ici, la demeure laissée entre les mains d'une fiancée diaboliquement éprise. tu te persuades que sa présence n'aurait pas désamorcé l'intrusion. que fort de ton ambition, l'effraction serait également venue marteler la dramaturge de ton entrée.
ton dénouement te mène à ces liqueurs onéreusement conservées, mises à l'honneur mais interdites aux pupilles des indiscrets. tu saisis le whisky de trente ans d'âge pour t'en servir un verre que la modération désapprouverait.
à ta santé cahal. tu lèves le verre en l'honneur de l'ignorant. ça fait pondre un fin sourire sur tes lèvres, reflet de ce sentiment de triomphe en territoire ennemi. de pouvoir pisser là où l'aîné sévit.
comme fièvre à tes lèvres, l'alcool non-dilué à la bonté d'atténuer le flanc endolori - résultat malhonnête d'un combat gagné d'avance quelques heures plus tôt. la douleur s'encre à ta peau, immacule ton haut d'un rouge noirâtre. pas la première récompense à tes illégalités, ni la dernière. la cicatrice s'ajoutera au lot de celles déjà immortalisées par le passé.
les pas sont fluets, empreints d'une douceur si familière. au dos retourné, nina se fait délice à ta vue. le soleil levant se complet à ses traits encore tirés par la fatigue. elle à l'oeil inquiet et toi, le sourire en seul apaisement.
bonjour darling. que tu balances en simplicité naturelle. pourtant loin d'ignorer ta présence incongrue, distillée au grès d'un mécanisme corrompu.
la porte était ouverte. un mensonge pour adoucir l'invasion. pour justifier la présence. ça sonne aussi faux que n'est vrai ton sourire angélique.
(c) calaveras.