the deception of a rotting mind (gali)

Les yeux rivés en direction de la porte de sa suite dans l’attente de la présence qu’il a réclamé il y a de longues minutes déjà, Conway comprend que l’espoir de voir quelqu’un la franchir s’amenuise et qu’il peut oublier les petits soins des employés de l’hôtel, probablement sous les ordres d’une Hera exaspérée de le voir passer ses nerfs sur le personnel entier pour combler son propre ennui chronique. Ragaillardi à l’idée de sortir chercher un semblant de compagnie, la silhouette du brun quitte finalement ses draps pour se glisser dans un costume raffiné et enfiler ses lunettes de soleil devenues indispensables pour masquer les marques pourpres qui soulignent son regard fatigué mais aussi pour filtrer les rayons lumineux et les lésions qu’ils pourraient causer sur son cerveau fragilisé par les coups qu’il avait dû encaisser dernièrement.

Lorsqu’il passe les portes du Pandemonium, Conway ne s’attend pas à être acclamé, pas après avoir disparu le vent dans le dos, abandonnant ses fonctions sans même prendre la peine d’en avertir le maitre des lieux. Le regard captivé par les créatures divines qui chaloupent sous la lumière des néons, l’Australien n’essaie même pas de dissimuler la perplexité qui s’emparent de ses traits alors que le sous-fifre qu’il avait chargé d’annoncer sa visite à Gali lui revient en lui laissant savoir que le patron était absent et qu’il ne pourra pas le recevoir. Il avait pris soin de s’assurer que la voiture de Russo était bien en vue sur le parking avant de pénétrer dans son palais et s’amuse de ce mensonge à peine dissimulé. Il a suffisamment travaillé aux côtés de l’Italien pour connaitre quelques combines susceptibles de le forcer à sortir de son indifférence et ne tarde pas à les mettre en œuvre en s’approchant d’une de ses succubes, la plus jeune d’entre elle. Indécemment, il passe un bras autour de sa taille pour rendre leur proximité un peu plus intime, lui murmure quelques mots bateaux à l’oreille alors qu’il nargue les caméras d’un rictus détestable. Il n’a pas besoin de patienter longtemps pour assister au lâcher de fauve. Ayant obtenu l’effet recherché, Conway se détache de la danseuse pour se tourner vers Russo,  toujours aussi distingué, qu’importe son nez pansé et sa pommette suturée. J’interromps quelque chose ? Il n’est pas sans connaitre l’addiction charnelle du plus vieux et prend un plaisir sournois à faire allusion à son allure débraillée et à la cravate mal ajustée qui pend mollement autour de son cou.

(c) calaveras.

Conway. Rictus exaspéré de l'homme qui ne viendra pas à sa rencontre. Gali ne ressent pour lui plus l'ombre d'un sentiment -pas même de la colère, encore moins de la pitié. Russo justifie son refus d'un signe de main, à ce gamin de trouver une solution, inventer une excuse qui fera l'affaire tandis qu'ondule contre lui la peau délicieuse d'une danseuse au regard de vipère. Elle commence à peine à le débarrasser de sa cravate lorsque ses pupilles s'attachent à l'écran de surveillance lui renvoyant la silhouette d'un Moran trop proche d'une des siennes. Il sait que ce n'est que du bluff, l'allégeance de cette môme est telle que Conway doit décrocher chez elle tout juste une pointe d'amusement. Elle se fout de lui et entre dans son jeu dans l'unique but de faire sortir le loup de sa tanière et l'arracher au bras d'une couleuvre possessive. Russo pose un index sur sa bouche lorsque celle-ci grogne de mécontentement. Son regard et son attitude suffisent à la faire capituler et le laisser quitter son bureau, débraillé et frustré par ce désir non assouvi. Resté sur sa faim, l'animal n'en sera que plus affamé et Galileo déguste cette sensation de vide que cela crée au creux de ses reins. Son aura encense la pièce du Pandemonium lorsqu'il y entre. Maître incontesté des lieux, son imposante carrure approche l'Australien et sa possession d'un pas calme. Débordant d'assurance, pas le moins impressionné par le charisme d'huître de Conway, Galileo passe sa main dans le dos de la poupée pour que que celle-ci lui cède, soulagée de le retrouver après trop de jours à ne plus se soucier de son sort. Gali dépose un baiser chaste sur sa tempe tout en la serrant délicatement contre lui.

Russo ignore volontairement la provocation de Moran. Que fais-tu ici ? Le secours populaire est à quelques rues, tu t'es trompée d'adresse. Il marque une pause, balaye du regard la pièce d'un air sévère sans se soucier réellement de lui. En désertant, Conway a renoncé à toute estime provenant de Russo. La maison demande un certain standing. Il fixe alors son costume mal taillé tout en déposant une tape sur la fesse de la danseuse qui n'a besoin d'un simple regard afin de se frayer un chemin à travers la foule à la recherche d'une bouteille de champagne.

(c) calaveras.