tomas & silene ☽ mai deux mille vingt.
elle en est sûre.
il
baise avec une autre à l'instant où ses yeux glissent sur le papier. elle le sent sur sa peau, le souffle qu'il dépose sur la sienne. elle le sent dans sa nuque, les doigts qu'il plante dans la sienne. et elle le sent dans son ventre, ce putain de sourire qu'il arbore lorsqu'il se vide dans le corps d'une plus jeune, d'une plus fraîche. d'une plus docile et plus sale.
il aura les paumes rugueuses lorsqu'il les posera sur ses hanches et les yeux gras lorsqu'il les plongera dans les siens. elle sentira sur son col les effluves mielleuses d'une pucelle qui en aura
redemandé ; retard épongé par une excuse paperasse dont il n'aura jamais vu la couleur. et elle acceptera les caresses, revêche. elle plantera dans ses poignets ses crochets aiguisés de vipère et lui crachera à la gueule le venin qu'elle aura mariné depuis des heures. mais elle dansera sous ses pulpes infidèles. parce qu'elle le hait.
les reflets du soleil qui se vautrent dans la piscine rayonnent sur les verres sombres qui trônent sur le visage de
la madone. elle a un genou royalement plié et le dos du livre qu'elle fait mine de lire posé sur la cuisse halée. le sex on the beach à portée de griffes et la vogue qui fume au bout des doigts. silene est la souveraine d'un océan
d'hypocrisie.
la baie vitrée chante l'intrusion. alors herrera pose un index sur la paire de teintées et la fait glisser plus bas. ses rétines qu'elle jette par-dessus et qui s'accrochent sur les joues grises du fantôme qui hante la demeure depuis des jours et des jours. l'apparition s'approche encore un peu, se défait des murs qu'il a l'habitude de raser et de l'ombre avec laquelle il a l'habitude de ramper.
l'esquisse d'un sourire au coin des lippes, silene salue ces lèvres qu'elle a une fois goûtées. succulentes, charnues mais terriblement coupables. tomas a la saveur des mariés. la saveur de ceux qui cocufient dans les pensées, prétendent ne pas y toucher mais laissent leurs couilles sur le palier lorsqu'il s'agit de fauter.
elle attend silene, mutine et osée. elle attend que moon vienne la défier.
d'un geste lent, la succube dépose au sol ce livre dont elle ne connaît que le titre et lève le nez vers un verset plus plaisant.
tu ne te défonces pas aujourd'hui ? rictus arrogant et rhétorique agressive, herrera mord même lorsqu'on ne l'attaque pas. alors elle rit en replaçant une mèche dans l'épaisseur du foulard coloré qui habille ses cheveux.
je travaille chaque jour tomas, à diverses choses. ne te fies pas à mon oisiveté apparente. le blanc de ses incisives luit dans les lunette du camé.
je suis la reine des cachotteries. ses coudes dansent près de son menton tandis que négligemment, ses griffes décrochent une boucle contre sa joue. un clin d'oeil par-dessus les teintées et ce rire qui étouffe contre la baie vitrée.