amour plastique - Alvaro

Amour plastique

Ici tout le monde déraille.

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Les vagues qui s’écrasent sur les rochers, ultime frisson de leur vie, offrant un spectacle déchirant. Spectatrice de toutes ces vies, de toutes ces morts sublimes, comme cet oiseau, s’empalant sur une épine, la plus acérée, s’empalant, offrant son chant le plus fort, celui qui fait s’arrêter le monde entier, l’écoutant, son chant se mélangeant à ces vagues, démontrant que la plus belle chose de cette vie se produit au dernier souffle. Les jambes ensablées, rocailleuses de ces grains de diamant, se collant sur ta peau humide, l’odeur de cigarette se répandant. Son rire casse le silence, vient rendre tout plus beau. Deux âmes que tout oppose, qui n’étaient pas faites pour s’imbriquer, un flic, un dealer et une amitié profonde, cristalline, incroyable. Tu aimais ces moments avec lui, de douceur, créant cette bulle de verre, tellement fragile, cristal de ce monde, de cette pureté qui n’est plus que rareté dans cette ville où la noirceur est sous-jacente, présente à chaque recoin. Les étoiles forment un tableau, illuminant le monde. « Je me demande s’il y a des extra-terrestres quelque part … » Tu sors ça comme ça, brisant le silence mystique de cette rencontre particulière. « Tu crois qu’ils ont la chance de voir des étoiles comme nous, eux aussi ? » Tu te tournes, pour mieux le voir, Alvaro et son éternel sourire, deux optimistes dans ce monde en noir et blanc, vous efforçant de repeindre le monde avec des pinceaux trop petits, colorant, faisant de ce paysage, un océan d’aquarelle. Alvaro et ses failles, qui t’ont permis de le rencontrer, un ami devenu important, que tu regardes avec une tristesse sans nom, le regardant se dégommer, couler alors qu’il pourrait tout faire, tout gagner. Un diamant de rocaille, que tu essaies de polir, pour qu’il se voit enfin tel qu’il est, qu’il se voit enfin à travers tes yeux. Tu aimerais pouvoir partir, loin, avec lui, dansant jusqu’à votre destination, montant les marches, vers un avenir radieux, où tu ne serais plus la gentille flic, où il ne serait plus ce gars qui a mal tourné, où vous ne seriez que vous, comme deux touristes se reconstruisant, repartant de zéro. Tu ne manquerais à personne, Adam a Hazel, ta sœur a le monde, et toi, tu n’as rien. Tu pourrais partir, construire un radeau, là en ce moment, le prendre avec toi, et partir, hissant la voile. Tu crèves de trouille en voyant cette immensité, cette infinie bleutée qui ne mène à rien. Tu réfléchis à cet itinéraire, fumant une clope, puis une autre, jusqu’à ne plus savoir respirer, jusqu’à en crever. « J’ai envie de partir … » Tu lui dis ça dans un souffle, comme un secret déjà avoué, parce qu’il te connait finalement mieux que n’importe qui. « Tu crois qu’on serait en Italie en combien de temps si on partait maintenant sur un radeau ? » Tu ris de ta propre bêtise, te blessant à force de projets non abouti, de toutes ces idées qui se détruisent en un instant, comme une volute de fumée dans une bourrasque de vent, dont on ne se souvient plus la seconde qui suit. « J’ai vu beaucoup d’émissions avec ces aventuriers bidons, ça pourrait grave le faire, on va acheter de la nourriture et on se casse » Tu soupires, te rendant compte de ta stupidité, espérant qu’il te dise oui, pour te rattacher à un espoir, pour pouvoir t’accrocher, ne tombant pas dans l’abysse noirci, ne tombant pas dans l’oubli, sa main qui te tient, pour toujours. L’odeur change, et lui et son sourire, angélique quand il tire sur ce joint. « Tu sais que je pourrais te coffrer pour ça jeune homme ? » Tu souris, aimant jouer de ce statut que tu oublies parfois, quand tu es avec lui, parce que tu n’es plus que Fauve, Fauve et Alvaro, deux enfants perdus, essayant de se trouver un bout de paradis, quelque part dans les étoiles qui vous dominent, cherchant un signe, une quête à accomplir. Deux enfants perdus à la recherche de leur pays imaginaire, pour se trouver une place, un moule qui leur correspond, pour ne plus devoir hurler, pour ne plus devoir vous écorcher pour être comme il faut, un modèle que vous n’êtes pas, cachant vos égratignures derrière un sourire constant, faux.

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