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 -- avant l'orage, fitzgerald.


                                                                 

Theodore McCullum Jr.
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à l'ammoniaque.
Theodore McCullum Jr.

messages : 556 points : 20
multicomptes : a. masurier, prince déchu.
face + © : m. huisman © odistole.
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âge : trente-six années perdues dans une cave aux murs sableux, mille trois cent quatre-vingt quatre jours aux limites brouillées par la force du soleil.
occupation : comme un animal sauvage perdu en pleine ville, il faut d'abord tout réapprendre et puis panser les plaies avant de se rappeler la réputation de photo-reporter de guerre qui a causé tant sa gloire que sa chute aux enfers.
statut civil : alliance obsolète pour la symphonie solitaire d'un homme que l'on croyait perdu à tout jamais ; et comment oublier son visage et ses espoirs, et comment sinon lui en vouloir, quand sa survie a tenu au fil de sa mémoire.
adresse : 1115 magnolia street, l'adresse d'une maison sans âme et sans souvenirs dans laquelle il a posé ses valises, après avoir hanté l'appartement de sa soeur pendant quelques semaines ; les murs sont blancs, le jardin est vide, mais il a peut-être enfin trouvé un peu de réconfort en calfeutrant le grand garage et le plongeant dans la lumière rouge. l'odeur d'ammoniaque du révélateur rongeant le bout de ses doigts comme un baume pour son esprit abîmé.
sujets en cours : wane, fitz, erin, léo, cameron, ailish, hunter.

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☆☆ Dim 5 Avr - 15:36


la guerre s'introduisit dans mes rêves cet été-là, et me révéla son seul et unique but : continuer, tout simplement continuer. et je savais qu'elle irait jusqu'au bout. quote: k. powers, icons: prima luce. @fitzgerald dawson

il y aura bientôt un orage.

dans cette simple affirmation, il retrouve le goût de son adolescence toute entière, et la saveur électrique des fins d'après-midi sur le perron de la maison de son père. l'orage n'éclatait jamais, au final, et l'atmosphère ne faisait que devenir un peu plus étouffante. c'était toujours dur à croire, que l'on pouvait faire plus, que l'air pouvait devenir encore plus solide et moite ; mais c'était une chape de plomb qui s'abattait inexorablement, si loin de l'air froid des abords du lac michigan. les alertes aux tempêtes et autres tornades demeuraient, point commun alarmant entre les deux extrêmes d'un pays morcelé par ceux qui avaient cru pouvoir en faire une nation unie. mais il y aura bientôt un orage, et le frisson qui coule le long de ses membres ne ment pas.

cette maison n'était pas la sienne, et il était difficile de dire si elle le deviendrait un jour — pour investir des murs, il fallait un avenir ; et la vie se résumait à une suite confuse de journées et de nuits. c'était encore difficile, presque trop osé, d'imaginer la suite. il fallait tout réapprendre, tout recommencer, et recoudre avec des fils de rien la trame du ciel et de ses souvenirs laissés en suspend un jour de novembre, quelque part ailleurs dans le monde. les murs étaient nus pour la plupart, toiles blanches dont il semblait qu'on aurait encore pu hûmer l'odeur de peinture fraîche. quelques meubles, récupérés dans le box de stockage qu'avait difficilement ouvert mike, quelque part dans une zone industrielle à la périphérie de la ville. des cartons dans lesquels cameron avait rangé ses vêtements, pour la plupart, et ses effets personnels. et puis il y avait aussi sa part d'héritage, des restants d'une maison de famille. la part d'alexander dormait elle aussi entre ces quatre murs exigus. il était resté assis dans son fauteuil roulant, devant la porte coulissante relevée et le visage fermé de sa petite soeur. je sais pas si t'as vraiment envie de récupérer quoique ce soit là-dedans, mais on a préféré tout garder... au cas où. au cas où il était revenu, au cas où il était encore vivant. comme si son retour sur les cartes sonnait comme un éventuel accident à prévoir.

il n'arrivait de toute manière plus réellement à dormir dans un lit. il avait repris le plus utile, l'indispensable ; il avait racheté un futon, même si il était arrivé plus d'une nuit qu'il ne s'endorme finalement sur le sol nu. les matelas étaient devenus inconfortables, quand on s'était trop habitué à la terre battue. mais il y aurait bientôt un orage, et le bruissement des criquets se terrait quand le vent se lèverait. on finirait de ranger les affaires laissées dans les allées de goudron immaculé, on appellerait les enfants à plusieurs reprises avant qu'ils ne se décident enfin à rentrer, avec les premières gouttes de pluie.

theodore regardait la page blanche affichée sur l'écran de son ordinateur sans réellement la voir. son attention passait au travers, jusqu'à se perdre quelque part, dans une zone inconnue, entre la profondeur des circuits imprimés cachés derrière l'écran et la bouillie informe de ses souvenirs. les stores étaient baissés, mais les fenêtres encore ouvertes. ça sentait l'herbe fraîchement coupée, dehors, et puis la chaleur de la terre toute entière. c'était son agent à new-york qui lui avait soufflé l'idée — même si souffler n'était peut-être pas le mot le plus adapté à la situation. après les félicitations, le bouquet de fleur envoyé par la poste et un coup de fil qu'il n'avait réellement écouté que d'une oreille. il fallait peut-être qu'il écrive pour comprendre et enfin ranger les choses dans des cases adaptées, quelque part dans son crâne lourd. mais écrire, il ne savait pas réellement faire.

c'est un son étranger qui le tire de sa torpeur, un son ténu qui finit par exploser à ses tympans. un long frisson assassin coulant au fil de sa colonne vertébrale. sa gorge s'était spontanément serrée. son coeur était tombé quelque part au fond de sa cage thoracique, alors qu'il relevait les yeux son écran d'ordinateur posé sur l'îlot de la cuisine. quelque part dans une des maisons voisines, sur une terrasse ou dans un jardin,  quelqu'un devait innocemment couper des lattes de bois. le son de la disqueuse était typique.

fathi crie à s'en déchirer les poumons et malgré toute la force de sa voix ses cordes vocales ne peuvent pas couvrir le son de la scie qui crisse comme un monstre marin ou une bête affamée en butant contre la myriade d'os constituant le mécanisme complexe de l'articulation de son poignet et il crie encore et toujours mais le son meurt comme un borborygme dans sa gorge car la douleur a éteint tout le reste de son corps et ses yeux ont roulé dans leurs orbites pour ne laisser qu'une poupée de chiffon entre leurs mains sales-

il sait très bien.
ici, il n'y a rien.
ce n'est qu'un souvenir.
on peut faire taire les souvenirs.

le danger n'est pas réel.

pourtant sa gorge s'est serrée, pourtant les mondes se mélangent. c'est difficile de seulement prendre une bouffée d'air, il sirote l'oxygène avec difficulté et même si il sait que tout cela est faux, l'image en surimpression du visage de al-rassem et de sa silhouette trapue a l'air trop réelle et trop palpable. "arrêtez- nassim-" c'est étranglé dans sa gorge, alors qu'il lutte pour reprendre une inspiration. la disqueuse vrille ses tympans et ses doigts s'accrochent au rebord de la table mais lutter pour l'air est un combat sans nom. se relever comme un pantin désarticulé et faire tomber le tabouret, hoqueter comme un noyé au fond des océans, et enfin s'écrouler sous le poids du ciel, sans sa canne, contre l'un des cabinets de la cuisine. l'air était trop épais. bientôt, il y aurait un orage.
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☆☆ Lun 6 Avr - 0:53



sometimes the righteous win. most times, it's a losing battle. -- @theodore mccullum jr..

Un jour comme un autre. Les heures qui passent. Les pages qui se tournent. Les chiffres qui défilent sur l’écran. J’étais rentré dans un drôle de quotidien. Loin de l’aventure et des défis. Un quotidien fait des petits rituels vite installés. Tout était arrivé comme ça. Sans que j’y prête attention. Une boisson chaude et des gâteaux au café d’à côté. Quelques heures sur les machines pour évacuer l’énergie non dépensée. L’arrosage des plantes plus nombreuses que les meubles chez moi. Ma mère était encore passée aujourd’hui. Un pot entre les mains. Ça apporte un peu de vie entre ces murs. répétait-elle à chaque fois. J’avais l’impression qu’elle voyait plus de vitalité entre ces feuilles qu’en moi. Et est-ce qu’elle aurait tort de le croire ? Probablement pas. J’acceptais son cadeau avec un sourire. Et comme toujours, je lui proposais quelque chose à boire en sachant très bien qu’elle refuserait. Elle était en retard pour aller travailler. Comme toujours.

Elle ne changeait pas, ma mère. Elle cachait la maladie et l’inquiétude derrière des sourires. Elle gardait les mêmes manies, les mêmes habitudes, comme si tout était pareil. Ma seule présence à Lewisburg prouvait pourtant que tout avait changé. Quelque chose s’était éveillé en moi. J’ignorais quoi. L’affection. La culpabilité. La curiosité. La peur. Quelque chose qui me retenait ici en tout cas. Est-ce que j’étais heureux ? Difficile à dire. J’étais différent en tout cas. Je m’habituais à cet enfermement. Rester sur mon canapé, ordinateur sur les genoux, quelques écrans ci et là pour surveiller… ce qu’on me demandait de surveiller. Je me rendais utile autant que possible d’où j’étais. Est-ce que j’aidais vraiment à protéger le pays en faisant du baby-sitting ? C’était ce qu’on essayait de me faire croire en tout cas.

J’étais bien trop sur-qualifié pour ça. Et ce mec… n’avait pas grand-chose d’intéressant à raconter. Je l’observais depuis quelques mois. Depuis qu’il avait été libéré de l’enfer dans lequel il était resté enfermé bien trop longtemps pour en sortir complètement humain. J’en avais vu, des ombres. Physiquement abîmés. Mentalement détruits. Ces hommes et ces femmes, souvent bêtement au mauvais endroit, au mauvais moment. Jamais préparés à ce qui leur tombe dessus. Ma vie avait été mise en péril assez de fois pour que j’arrête de les compter. Mais jamais ainsi. Pour une fois, je ne m’étais pas ça sur le dos de mes compétences. Mais purement, sur la chance. Ce dont manquait clairement le mec que je regardais déambuler difficilement chez lui.

Il ne faisait jamais grand-chose. Parlait peu. Qu’est-ce qu’il aurait bien pu raconter de toute façon ? Je ne savais pas ce qu’ils attendaient de lui. Il était sorti de son cauchemar, inutile de l’y ramener. Il n’était un danger pour personne à part lui-même. Et j’avais du mal à comprendre mon utilité au quotidien. Je ne faisais que violer l’intimité dont il avait déjà bien trop longtemps été privé. Je décidais de lui offrir un peu de répit et coupais l’écran quelques temps. Quelques minutes. Quelques heures. Et pourtant, j’avais comme ce besoin de vérifier si quelque chose avait bougé. Changé. Comme un vieux Tamagotchi dont on essaye de se séparer en l’enfouissant au fond d’un tiroir mais qu’on ne peut s’empêcher de ressortir presque aussitôt.

Il était toujours là. Mais… différent. Des gestes insensés. Des paroles dirigées vers… personne. Qu’est-ce que tu fous Teddie ? » lâchais-je dans un murmure. Je transférais les images sur mon téléphone pour garder un œil sur l’ourson apeuré tandis que j’allais remplir ma tasse d’un café chaud qui me ferait oublier la pluie qui commençait à s’abattre dehors. Accoudé sur le comptoir de la cuisine, je ne remarquais même pas le liquide bouillant qui débordait du mug. Trop absorbé par la scène qui se déroulait sur les six pouces entre mes doigts. Relève toi. lui ordonnais-je alors que je le voyais disparaître de mon champs de vision. Je me brûlais en récupérant la faïence trempée. Merde. Un grognement. Et je lâchais mon téléphone au même moment. Je remerciais mes réflexes qui le sauvaient in-extremis et rejoignais mon poste d’observation habituel. Sans café. Une main toujours brûlée. Et un homme toujours à terre à quelques kilomètres de là. Allez... Je ne voyais ni n’entendais rien. Seulement le bruit de la pluie qui s’écrasait sur les fenêtres. Le tonnerre qui commençait à gronder au loin. Et une voix que j’entendais trop peu. Celle de ma conscience qui me disait d’agir. Un soupir qui me répétait que c’était la seule chose à faire. Nope. Ce n’était pas ma mission. Une nouvelle voix : c’est ce qu’une personne normale ferait. Sauf qu’une personne normale ne se retrouverait pas dans cette situation à la base. Alors j’attendais, tandis que l’orage se rapprochait et que la voix se faisait un peu plus entendre. Un nouveau grondement au loin. Comme une force divine qui essayait de me faire réagir. Un Dieu colérique auquel je ne croyais pourtant pas. Une simple coïncidence. Ou un signe d’agir. Je lui laissais encore quelques minutes pour me prouver qu’il n’avait pas besoin de moi. Il avait survécu à bien pire.

(c) calaveras.
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☆☆ Lun 6 Avr - 12:32


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il ne fallait pas parler de ce qu'ils avaient décidé de faire il ne fallait pas le savoir c'était secret confidentiel les petits papiers des états-majors peut-être qu'il était dangereux peut-être qu'il était une menace après tout qui savait ils avaient comparé son témoignage et ceux des autres il manquait des morceaux de l'histoire mais peut-être que c'était son cerveau qui avait tout emmuré après tout mais on ne pouvait pas courir le risque au fond ils avaient tort au fond ils avaient raison de toute façon ça il ne le savait pas il n'en savait rien rien de rien rien du tout on ne lui disait plus jamais rien.

les premières gouttes de l'orage étaient venues s'écraser sur les vitres de la cuisine avec une lourdeur significative ; c'était comme si elles portaient avec elles un poids inconnu, celui d'une force trop grande pour être seulement saisie. il avait envie de pleurer. cette urgence bloquée dans la trachée, qui coupait la respiration, le laissait sans souffle — un naufragé tentenant vainement d'avaler l'eau salée l'entourant. fermer les yeux, aussi fort que possible, alors que son corps continuait de fuir, inexorablement. il se terrait contre la porte du placard de l'évier comme il se terrait contre le mur du fond de sa cellule d'autrefois. comme un chien, comme un chacal, comme un rat ; mais la colère était différente. "fuck !" l'insulte sort dans un brisement de verre, une voix éraillée par le poids des images. al-rassem le regardait depuis l'autre bout de l'îlot central, calme et souriant. le son de la disqueuse résonnait toujours, quelque part dehors, malgré le début d'averse. theodore tremblait, le souffle court. plaquer ses paumes sur ses yeux pour essayer de faire partir une image qui restait imprimée sur ses rétines brûlantes. plaquer ses bras contre ses oreilles pour essayer d'étouffer le son assassin. depuis son rapatriement, il avait dénombré les crises d'hallucinations à une hauteur de quatre seulement.

"stop it, for christ's sake-" bête haletante à la langue lourde. il avait frappé en arrière, son crâne contre le bois peint. assis sur le carrelage froid, sa jambe de fer frottait le sol. l'homme avait fait quelques pas pour se rapprocher de lui. la respiration sifflante et poussive, une perle de sueur défilant froidement le long de son échine.

il avait appris à prier par pure nécessité pour la survie pour se raccrocher à autre chose qu'aux souvenirs qui fanaient avec le temps parce qu'il fallait rester en vie parce qu'il fallait bien trouver quelqu'un à qui parler il avait appris à prier et à poser son front contre le sol dur et réciter les mots et supplier à l'aide au secours aies pitié-

colère avait lentement repris le pas sur le reste ; colère d'avant, colère d'antan, colère qui coulait dans ses veines. il riait presque, spasme nerveux. "get the fuck out of here-" un silence. une tension de tous les muscles, de tout le corps. "get the fuck out my head ! get out of here ! make it stop- for christ's sake ! stop that freaking circular saw-" du grondement au cri, il n'y avait qu'un pas. déchirement singulier de ses cordes vocales montant trop haut dans les aigus. l'excès et la peur, la douleur et les souvenirs.

un éclair un instant dans le crâne et dans le ciel lourd de nuages. se lever, sortir, et planter dans le coeur de celui qui faisait vrombir la lame assassine une soeur meurtrière. même pas le temps d'un battement de cils. même pas le temps de saisir la pensée avant qu'elle ne naisse et ne meurt. elle était éphémère et ne survivrait ni à lui ni à l'instant. il tremblait comme un enfant.
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☆☆ Jeu 16 Avr - 20:10



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Je ne pouvais que deviner ce qu’il se passait à quelques kilomètres de moi dans la ville. Les coups. Les hurlements. Les suppliques. J’observais cette pièce vide. Le seul mouvement que je voyais était celui des éclairs au loin. Un éclairage puissant et inutile dans ce lieu auquel je n’avais pas accès. Qu’est-ce que je pouvais réellement faire ? Qu’est-ce que je devais réellement faire ? Il n’était pas vraiment en danger. Une banale crise. La remontée de souvenirs trop durs à supporter. Il s’en remettrait. N’est-ce pas ?

On m’avait seulement demandé d’observer. Récolter des informations. Veiller à ce qu’il ne soit un danger pour personne. La question la plus importante maintenant… était de savoir s’il se mettait en danger lui-même. Peut-être pas physiquement. Mais psychologiquement. Est-ce qu’il pouvait s’abîmer plus qu’il ne l’était déjà ? Et est-ce que c’était vraiment mon problème de m’en inquiéter ? Hm. Est-ce que j’étais réellement en train de m’inquiéter pour lui ? Cet homme que je n’avais jamais vraiment rencontré. Qui n’apportait rien à ma vie à part une occupation quotidienne. Apparemment.

Un message sur mon téléphone me sortit de ma réflexion. L’une de mes demi-soeurs qui me demandait si j’étais occupé. Le regard toujours rivé sur l’écran, j’attendais toujours quelque chose. Une réaction de Theodore. Une prise de lucidité. Quelque chose qui justifierait que j’éteigne l’écran et réponde à ma famille. Mais rien. Toujours des hurlements. Toujours le tonnerre qui donnait un caractère toujours plus dramatique à cette scène. Peut-être que si nous avions été sous un beau soleil d’été je n’aurais pas réagi ainsi. Belle idée de blâmer la météo. Ça évite d’assumer complètement ses actes. Et puis merde. Je claquais l’ordinateur en le refermant.

***

J’aurais sûrement dû prendre une voiture. Courir à l’autre bout de la ville n’était peut-être pas ma meilleure idée. Mais sous cette pluie, je n’avais pas confiance envers les pneus de la caisse que m’avait prêté ma mère. Et je ne serais d’aucune utilité à cet homme si je faisais un accident en le rejoignant. J’étais cependant trempé et fatigué en arrivant devant sa porte. J’entendais les cris au loin. Presqu’aussi bien que j’entendais toujours le ciel gronder. Je sortais néanmoins mon téléphone de ma poche pour vérifier si quelque chose avait changé chez lui. Rien.

Un premier coup sur la porte. L’espoir que ce simple bruit suffirait à le sortir de sa torpeur. Un second coup. Toujours rien. Allez… Un troisième. Très vite suivi par un coup d’épaule. Puis un autre. Je n’avais pas complètement pensé à une façon de rentrer chez lui. J’avais bêtement espéré qu’il se serait calmé pendant ce temps. Sauf qu’il semblait imiter le ciel et s’assombrir toujours plus. Gronder. Des hurlements qui résonnaient dans mes oreilles. Les gouttes d’eau glissaient sur mon visage tandis que je posais mon front contre le bois de la porte. Ma main glissait sur la poignée que je tournais dans un espoir. Clac. Je levais les yeux au ciel comme pour remercier l’univers d’avoir rendu ce mec assez idiot pour laisser sa maison ouverte. Tellement idiot que ça l’avait peut-être sauvé.

Je rentrais d’un pas de loup. C’était étrange de découvrir ces murs. Ce sol. Ces meubles. Je les avais vus tant de fois dans mes écrans, jamais en réalité. Je savais exactement où aller. Où je l’avais vu tomber quelques minutes plus tôt. J’avançais tel un nuage sombre rempli d’eau. Recouvrais le carrelage de pluie comme l’orage recouvrait le bitume dehors. Il était là. Toujours au même endroit. Le regard ailleurs. C’était à peine s’il me voyait. Hey… Je… Je vous ai entendu. Un mensonge. Nécessaire. Ça va aller. Probablement un autre mensonge. Les mains en évidence devant moi, j’essayais de me montrer rassurant. Lui faire comprendre qu’il n’était plus dans ses cauchemars mais sur le sol de sa cuisine à des milliers de kilomètre de son calvaire. Mais je pouvais presque sentir la poussière qu’il croyait l’entourer. La douleur l’emparer. La crainte l’habiter.
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☆☆ Jeu 16 Avr - 20:51


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les hommes sont fous theodore et tu le sais mieux que quiconque car après tout ne l'es-tu pas un peu toi aussi assez fou pour avoir survécu à la mort l'oubli assez fou pour vouloir rester en vie malgré la peine qui y dort malgré la douleur malgré la mort c'est bête et méchant comme tout serait plus simple si l'on pouvait fermer les yeux et s'endormir enfin s'assoupir laisser les cauchemars se finir ne plus nous suivre se taire et mourir dans la nuit enfin se reposer enfin revoir le soleil se lever-

il n'en sait rien, de la nuit sans fin qui l'attend. il n'en sait rien, des jours à venir, des rondes de fauve et de l'alcool distillé à trop haute dose dans ses veines. il n'en sait rien, de la folie domestique. il a compté sur les murs, il a compté en silence, pendant des mois, des années. tout ça pour en arriver là, tout ça pour pousser un dernier râle sur le froid d'une cuisine américaine. tout ça pour agoniser seul avec ses rêves devenus réalité. il serre des dents, mâchoires vissées à s'en faire exploser les canines. un autre coup de son crâne, contre le placard dans son dos. peut-être que la douleur ramènera de la clarté dans les pensées. sa seule issue n'a toujours été que l'arrière, et les murs sont dans son dos, et il est acculé une fois de trop. il retient ce gémissement dans sa bouche aux lèvres tremblantes. le souffle et l'oxygène comme un sirop qu'il se faudrait déguster. il tremble, parce que l'homme le regarde, ses prunelles sombres plantées dans celles de theodore. un visage de plus en plus proche, penché sur sa carcasse encore chaude. et il ne faut pas pleurer, pas crier, pas se laisser avoir par le vrai du faux et le faux du vrai. il tremble comme une feuille rousse sur les branches automnales. de l'eau salée aux coins internes des yeux, voile trouble sur sa rétine. mordre sa lèvre inférieure, sûrement trop fort. pour contenir, contenir, contenir. retenir à l'intérieur et fermer les yeux comme un enfant apeuré. l'image ne s'en va peut-être pas, elle est gravée sur sa cornée, en lettres de feu à l'arrière de ses paupières. fermer les yeux, le souffle presque coupé. le son est insupportable, mais il ne saurait dire, réellement, désormais, si il existe toujours à l'extérieur ou si il ne s'est pas imprimé dans les vibrations de son corps. il faut garder les yeux fermés, aussi fort que possible. peut-être que les monstres disparaîtront enfin.

il pleut, dehors. il pleut et c'est comme une masse habituelle, un ronronnement lointain. de grosses gouttes qui tombent sur le sol et s'écrasent dans un fracas doucereux. il gémissait encore une supplique devenue litanie. en arabe, répéter les mêmes mots, à s'en briser la gorge si il le fallait. go the fuck away- leave me, leave my freaking brain, just go away and make that thing stop. un premier fracas, lointain, ouaté. comme si c'était difficile d'y croire, que le monde existait. deuxième, troisième. les battements de son coeur avaient bondi à chaque coup-bas. de ses prières impies, il ne résultait qu'une seule apparition alors. on venait le chercher. l'idée n'avait pas eu le temps de se formuler réellement, de mûrir assez pour pouvoir être à proprement parler rangée au niveau d'idée. elle était, simplement, plus vive que l'entendement.

des battements de cils volatiles, une respiration incertaine. la silhouette se rapprochait. grande et sombre, boucles brunes et yeux perçants. une voix grave qui roulait comme des pierres dans les vallées sèches, là-bas. ça va aller. quelqu'un était rentré chez lui. la menace avait un corps. le métal brûlait toujours à ses tympans. "who the fuck-" un sursaut du corps, un frisson, quelque chose de plus fort que le reste. encore et toujours reculer, s'échapper, bête apeurée. un coup de plus, impossible à retenir, de son occiput contre le bois peint. "they have to stop the saw- they have to stop it-" complainte d'une voix d'enfant. la menace était double, et il ne savait pas laquelle était la plus réelle.
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