lethal lust ; silene.

Son retard brûle. Les pièces de la maison semblent vides et calmes mais elles aussi s'embrasent lorsqu'elle n'est pas là et que son esprit malade la réclame.
Hier encore, Gali ne faisait pas attention à elle, ne saurait même pas dire la tenue qu'elle portait ni les derniers mots qu'elle lui a soufflé avant de partir ce matin.
Puis, sans qu'il ne comprenne pourquoi, Silene est devenue divine. L'absence a renforcé cette impression tandis qu'il la réclamait de quelques appels sur son téléphone laissés dans le vide.
Il savait qu'elle le laisserait seul face à sa solitude. Il pressentait qu'elle ne reviendrait pas lorsque l'eau chaude d'une douche débarrassait sa peau de son indifférence.
Maintenant, c'est un bloc qu'il ressent incrusté là, tout au creux de son coeur. Un cube bien solide dont les pointes font souffrir lorsqu'on s'y cogne.

Il se sent trop tendu pour rejoindre Tomas dans le salon et partager une bière avec lui. Gali serait désagréable et ne saurait pas empêcher la moisissure de ses tripes de déborder légèrement sur le bout de ses lèvres. Les liens qui le relient aux autres ne sont que des victimes de son arrogance. Lorsque Russo se sent triste, esseulé ou amer, c'est le monde entier qui se doit de capituler face à sa souffrance. Accoudé au balcon de leur chambre, cigarette entre les mains, même la nicotine porte sa saveur. Il a la sensation de s'enfiler sa bouteille de parfum à la place.
Silene n'est jamais aussi étouffante et désirable que lorsqu'elle n'est pas là.
A chaque fois qu'elle lui échappe, qu'il soupçonne de la partager, ses émotions se transforment en de sales visages aux crocs trop longs pour ne pas blesser tout ce qui l'entoure.

La porte de la chambre s'ouvre et se referme. Gali se retourne alors, pivote lentement sur lui-même. L'air frais de la nuit ne le fait plus frissonner. Hermétique, son regard bleuté s'accroche à sa silhouette baignée par la lumière tamisée de leur nid. D'un geste sec et désabusé, l'Italien écrase sa clope dans son cendrier et s'avance de quelques pas jusqu'à elle. Ce soir est l'une de ces nuits où il s'est décidé d'être son mari. Son visage est fermé, sa mâchoire si serrée peine à se dévisser afin de formuler quelques mots d'un ton calme.
C'est à cette heure que tu rentres ?
Ses mots trahissent sa possessivité, cette torture à laquelle Gali aime se soumettre lorsque ses yeux dévient sur ses lèvres pulpeuses, probablement souillées d'un autre. Malgré l'épaisseur de l'atmosphère, le brun la contourne, se plante dans son dos afin de l'aider à descendre la fermeture de sa robe. Il prend soin de dégager ses cheveux sur son épaule. L'acte n'a plus rien d'attentionné. Gali refuse de l'être, ce n'est là qu'un besoin de la débarrasser du souvenir de cette soirée loin de lui.
Il ne veut pas d'elle, de sa bouche, de ses baisers, de son regard, de sa peau.

(c) calaveras.

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la coupée se tait brutalement dans la cour, en même temps que les bonheurs infidèles de la lionne. la nuit est tombée depuis bien trop longtemps, emportant dans sa chute les méfaits d'une laisser pour compte oubliée de coeur d'un ogre. les talons insolents de hauteur claquent sur les pavés et aux lueurs des réverbères, cette alliance qu'elle garde ancrée en tout temps sur sa phalange filiforme. silene ne la retire jamais, pas même pour la souiller. elle se délecte de la faire danser sous les barbes fournies au rythme de leurs reins. si son corps n'est que la carte infâme des péchés d'une reine, son coeur, lui, n'appartient qu'au seul roi à l'attention fanée.

lorsque la porte s'ouvre devant elle, elle le sent. elle le sent lui et son aura oppressante, sa colère grandissante et son besoin de posséder ce qu'il n'a pas. ce qu'il n'a plus. ce soir est un de ces soirs où russo aime à se sentir marié. elle entend ses râles puissants qui se glissent dans les escaliers. ce soir est un de ces soirs où sa silhouette revient à ses rétines, où il réclame chaire sous les pulpes.
alors silene ignore la télévision qui grésille dans le salon, elle ne jette pas un seul oeil au cadavre qui gît dans le canapé. elle est happée par la pièce dans laquelle il la retiendra bientôt prisonnière. comme guidée par sa force et ses pulsions.
elle a beau se débattre dans l'ignorance, ce n'est que sous son regard qu'elle brûle.

et silene met un pieds dans l'antre du monstre qui rend au filtre toute la haine que la brune lui inspire. elle ne bouge pas, attend qu'il la gobe de ses épaules. et fait rugir sous son nez les effluves musquées d'un autre. entre tabac froid et parfum masculin, ses boucles trahissent avec fierté quelle infidèle elle fut ce soir-là.
est-ce la jalousie qui te brûle la langue ? la robe tombe sur le sol, laissant la succube brodée de dentelle fine aux rétines sales de son époux. les escarpins rejoignent la délaissée tandis que silene fait volte face avec lenteur. ou bien est-ce la frustration de n'avoir trouvé d'autres serpents à charmer ? si les autres ne sont que couleuvres, herrera est la vipère qui sévit dans les artères de russo. elle se nourrit de son sang et vit au rythme de son coeur malade. elle rampe dans sa poitrine et lorsque ses affections l'envoient trop loin, elle sert l'organe contre ses côtes et l'étouffe jusqu'à ce qu'il ne voit plus qu'elle.

les ongles que silene avait laissés s'aventurer sur le torse de gali s'évaporent finalement lorsqu'elle s'éloigne à demi nue, emportant avec eux un peu de cette colère froide qu'elle attise à chacun de ses mots. près de la commode, la brune s'arrête et se défait de ses apparats souillés. bijoux clinquants qui s'échouent sur le bois laqué. je te croyais plus indépendant chéri. le dernier mot claque dans sa bouche comme une balle dans un crâne. il n'y a rien de tendre qui coule sur sa langue, juste l'amertume de ce jeu qui les bouffe. et les bouffera toujours.

Elle n'a aucun mal à choisir les mots qui écorchent. Gali a fait l'erreur de la laisser le connaître. Au début, il pensait encore pouvoir gérer la situation mais le temps a modifié la chimie qui les unie. Silene a désormais suffisamment d'emprise sur lui pour gratter la couche supérieure, celles contre lesquelles tant d'âme ont perdu leurs plumes. Des éclats de rêves, laissés, là, plombés par la froideur et l'indifférence qu'il leur offrait.
Russo garde l'allure fière des mâles qui connaissent leurs torts et les assume. Il ne ressent aucune honte de vouloir la posséder, l'enfermer dans une cage où elle trouvera toujours la sortie. Herrera n'a pas la moindre consistance, dés lors qu'elle décide que c'est assez, la voilà qui se contorsionne, s'étire, se délite afin de trouver la faille et s'y insinuer.
Vipère notoire dont le venin glisse contre ses lèvres afin de poser le doigt sur sa maladie. Gali reste insensible à la provocation, préférant donner à son regard le loisir de glisser le long de ses courbes une fois la robe échouée au sol.

Russo s'éloigne d'elle, seulement pour le plaisir de la voir se défaire de sa superficialité. Ses pupilles se posent sur elle, teintées d'un voile noir qu'il ne peut contrôler et dont il sent l'influence déteindre sur son visage. Gali est si fermé que tout le mauvais reste là, coincé entre ses chairs brouillées par la jalousie de l'avoir perdu pour la soirée. S'il est de ces moments où la voir partir est un soulagement, ce soir, il avait besoin qu'elle soit là, qu'elle se présente, se soumette à sa volonté. Sa colère est toujours légitime, l'Italien estime qu'elle en est la seule responsable. Si baiser des ploucs est signe d'indépendance alors crois-moi Silene, je suis un as en la matière. Il feule comme un chat prêt à l'attaque, la repoussant plus loin dans ses tranchées afin de l'acculer, la mettre face à ses erreurs les plus sordides. Herrera ne lui fera pas le plaisir de s'excuser et c'est aussi pour cela que Gali appuie si férocement son regard sur elle. Là où leurs ego entrent dans une lutte acharnée, le fossé si profond qui les sépare est magnétique. Sensation grisante d'être poussé dans le vide par le vertige.

La chaleur de sa peau dorée ne tarde pas à laisser derrière elle une sensation de manque. Quand il se rapproche d'elle afin de retrouver son parfum, Gali comprend pourquoi tous les autres se damneraient pour un regard d'elle. Même lui ne vaut pas mieux que tous ces pauvres types qu'elle charme seulement pour la beauté du geste. Il n'a jamais cherché à savoir ou comprendre, si elle fait cela pour se prouver quelque chose, par ennui ou seulement par instinct. Dans les trois cas, Russo ne pourrait remédier à ses infidélités. Peut-être même ne le voudrait-il pas, préférant la désirer au point d'en avoir mal que la trouver chaque soir, perdue dans leur grande maison habitant leur mariage discret et volage.

Sa main se pose sur son épaule tandis que l'autre trouve sa place contre son ventre. Elle sent le vice et cette odeur le dégoûte autant qu'elle l'enivre. A chaque fois, Gali a la sensation de la redécouvrir. Elle le rend bestial, inutile ; cet état d'abrutissement inégalable où il ne pourrait être à la tête de la moindre responsabilités. Silene le ronge. Son souffle carnassier s'échoue contre la peau chaude de son cou. Sa large carrure se fond dans son dos tandis qu'il termine par attraper sa main, caresser du bout des phalanges son alliance. Il suffirait de te l'enlever pour que tu perdes tout ton charme. Orgueilleux, Russo se sait puant d'arrogance mais ne parvient à calmer cette maladie malsaine qui le ronge. La jalousie est ce qui continuera de le bercer même dans du plus profond de son tombeau. Gali refuse d'admettre qu'elle puisse être magnifique en tant que femme, la réduit à leur mariage et l'idée malsaine que les hommes puissent la désirer par son rang de mariée la rendant alors inaccessible.
Mais il n'en est rien. En redressant les yeux sur le miroir qui leur fait face, la beauté de Silene surpasse tout.
Il semble si fade, là, calé dans son dos, tentant de récupérer vainement ce qu'elle ne lui laissera jamais : sa liberté.

(c) calaveras.