yellow hearts (fauve)

yellow hearts ||
@fauve warren

on entend chanter au loin, le rituel des beaux-jours.
courir, maison, courir, prison, courir toujours,
pour toujours, à toujours, de toujours, dans toujours.
c'est ernest qui dévalise ses entrées par le même bonjour
délicat, sifflant et imposant un respect de secours.

le téléphone qui sonne, les yeux qui se tournent vers l'humain inhumain de ne pas le mettre en vibreur. mais quand les trois notes de piano s'élèvent, on retourne à ses papiers, respect de maître sur les rêves. les rêves des autres collègues qui veulent devenir comme ernest. le farewell qui déboule, son sourire en poche, sa bonne humeur maladive, parle de sa voix douce et reposante avant de faire ouvrir la cellule grise au fond du couloir. on ne sait comme il fait, on ne sait pourquoi il le fait :: mais ernest est un soleil craquant qui change les journées grises en délices certains. légende urbaine raconte qu'il est doté d'un pouvoir d’amour. d'autres pensent qu'il ne fait que se tuer à la tâche minime, que de sauver l’immondice d’un monde extérieur.

le secret de ses réussites,
c'est l'hypocrisie de ses mots semblants illicites.
on croit ses mots, on gobe ses mots,
en chantant, en acclamant son brio.

il se met à sourire, allumant la machine
tournant qu'à base de caféine.

ernest est là.
le sourire en bouche, les mots fragiles qui coulent sur la peau d’homme à la demande grandiloquente. il fait son tour. demande comment vont les femmes, comment vont les hommes, comment vont les gosses, comment vont le jardin, comment vont les parents, comment vont les voisins. et on répond avec un si grand sourire, un si grand baume au coeur qu’on en oublie de demander à ernest: et toi, comment ça va?

tournée des bureaux qui se voulait rapide, voilà deux heures et demies qu’ernest est assit. regard sur sa montre, il ressent le dégoût de ne pas l’avoir vue. regard sur le monde, il ressent l’envie de se jeter à ses genoux. le bruit court qu’il recherche fauve. ses pas s’étalent et s’allongent, son ombre frôle et court le long des murs gris. c’est au détour d’un couloir, qu’elle est là.

salut fauve. comment tu vas? le sourire, le sourire, sourire tremblant et éclatant. il vrille et tourne et brille de cent feux. la voix explose et retombe dans un chant vibrant. comme il est content, de voir cet être aimant.

yellow hearts ||
@ernest farewell

Encore et toujours, vouloir son amour, à lui, à elle, à eux. Toi, Fauve, qui ne peut pas vivre sans symbiose de myocarde, cherchant désespérément à capter le sien, celui de ton meilleur ami, qui en aime une autre, qui en aime un autre, toi mourant, étouffant, dans ce cycle infini, sans savoir en sortir, étouffée, à la recherche d’une main, d’une main aux doigts fins, ornés d’une auréole d’or, d’une interdiction noircie, pourrie, qui t’empêche d’y croire réellement, de décrypter ce sourire, son sourire, lui, qui ne vient pas assez, que tu cherches, au milieu des regards, au milieu de la foule. Fauve, ô Fauve, machinale, à vivre sans vivre, à aimer sans le définir, bulle de savon dans un univers trop froid, tu déambules, le ciel s’écroulant autour de toi, et lui, qui n’est pas là pour te sauver, pour être cet oxygène, ce palpitant qui te retient en vie.

O Fauve, douce fauve qui rugit, à peine, qui se cache souvent, qui vit la vie sans réellement prendre conscience du temps, heureuse du bonheur des autres, toi, te brisant, détruite des actes qui s’enchainent, des rôles qui se suivent sans se ressembler et toi, qui te perd, ne te reconnaissant plus dans le miroir embrumé, taché et là, dans cette scène de tragédie, il apparait et le public applaudit, les fleurs, les sentiments jaillissent et toi, ô toi tu essaies de comprendre, d’entendre, d’écouter autre chose que cette face visible de ton cœur qui bat trop fort, qui aime trop fort, qui se rend compte du manque, Ernest, ô Ernest, cocaïne douce, dont tu ne peux plus te passer, jamais, non jamais.

Lui et sa douceur, lui et son sourire, lui et son odeur, lui, lui, lui et cette foutue alliance, clignotant, rouge, marié, toujours, encore et toi, qui ne restera qu’une figurante. Une danse lascive de vos corps avides de vous, de nous, d’eux, toi, qui le serre, fort, un peu trop, qui lui chuchote, secret, souffle de votre monde, de tout ce que les autres n’ont pas, eux et leur vie morne, parce qu’ils n’ont pas Ernest, parce qu’ils n’ont pas une Fauve pour mettre des couleurs pastel dans leur ciel gris, dégommé. « Je pensais que tu m’avais abandonné. Tu crois qu’on pourrait partir, maintenant, tout de suite, construire une fusée et inventer une nouvelle civilisation quelque part ? » Ta main serre la sienne, hypnose qui bouleverse, lui, et ces moments incroyables, et ce détachement qui te déchire, comme si c’était là ta place, avec lui, dans ses bras, à inventer un autre monde, une autre vie, juste tout les deux, il ne t’en faudrait finalement pas plus. « Tu es sûr que ça va, tu as une mine affreuse ! » Tu ne sais pas faire comme les autres, tu n’es pas les autres toi, à éviter les discussions négatives, à simplement sourire, la pitié, le déni, tout ce que tu n’es pas, toi, lui, lui, toi, toujours, ô oui toujours.