You should see me in a crown.

Tu voulais juste le retrouver. Le pardon brûlant aux coins des lèvres lorsque tu t’apprêtais à rejoindre le lion. Il te manque, son regard bercé par la brume. Morgan pourrait être ce frère que tu as perdu. Celui que la vie ne t’a pas encore arraché. Et tu l’as balafré avec tes épines putrides d’allégeance pour l’être aimé. Ne serait-ce qu’un instant volé, tu t’es perdue à le détester. Tu ne voyais en lui que ce loup qui était venu le dévorer. T’aurais pu le crever s’il avait osé faire sourire la mort. Donner vie à ce cauchemar qui ne cessera jamais de t’accompagner jusqu’à l’aurore. Tu les sens sur ta nuque, ces serres que la peur aime sur toi poser.
Tu voulais juste t'assurer que votre amitié ne s'était pas noyée dans le sang. Tu voulais le revoir, rien qu'un moment. Sentir sur toi son bleu réconfortant. Mais il y a ces deux vautours qui sont venus t’enlever. Te ramener de force vers celui qui se cache derrière la justice pour se venger. Mais tu n’en sais rien. On te jette à l’arrière d’une voiture banalisée sans t’expliquer pourquoi. Il faut croire que ta vie ne rimera jamais avec simplicité Nina.

La ferraille qui blesse ta peau de porcelaine, enchaînée comme une banale prisonnière. T’es enfermée dans ce bureau à la peinture délavée et dénuée de lumière. Ton regard se pose sur le patronyme gravé dans l'or en face de toi. Et ça te fait presque sourire Nina. Craven vient une nouvelle fois de frapper. Tu lèves les yeux au ciel, mais tu ne tombes que sur des nuages grisâtres sculptés dans le plâtre. Ça te fout en rage qu’il puisse se comporter ainsi. À croire que Max ne voit en toi plus que son ennemi. L’ombre de ce corbeau qu’il désire tant écraser. Préférant au passage piétiner tout ce que vous avez traversé. Tu pourrais presque sentir Nancy à tes côtés, si les pas de son père ne faisaient pas déjà trembler le sol sous tes pieds. Il y a cette haine qui vient t'envahir. Que le cygne noir attendait patiemment dans un coin de ta poitrine.

Tes griffes sont déjà sorties lorsque la serrure pousse un cri. « Un simple message aurait suffi, non ? » Pas même un bonjour ni signe d’affection. Tu lui lances un regard dépourvu de sentiment, loin de cette chaleur que tu émanais dans un autre temps. « Pourrais-tu avoir l’obligeance de m’ôter ces menottes ? Si ce n’est pas trop te demander. » Paroles sculptées dans cette glace derrière laquelle tu aimes tant te cacher. Tu sais déjà de quoi il va t'accuser. Te mettre en garde contre celui que tu t’es perdue à aimer. Naïve, voilà comment Max te voit. Comment ils te voient tous, Nina. Comme si tu ne connaissais pas les atrocités que commet ton roi. Et le pire c’est que t’en a rien à foutre. Cahal, tu ne pourras jamais y renoncer, qu’importe le prix que ça te coûte. « Dois-je appeler mon avocat ? » Provocation assumée et prunelles presque hautaines vers l'ours mal léché. tu le sens plus que jamais, ce gouffre qui finira par vous séparer. Tu le sens, ce vent d'Irlande qui finira par vous étouffer.  

(c) calaveras.

y le r’voyait l’corbeau et ses ailes d’malheur entouré l’cygne. attraper d’ses plumes la blancheur d’sa nouvelle proie. et l’sourire qu’il affichait. toujours l’même. plein d’arrogance. plein d’fierté. comme s’il savait qu’rien n’pouvait l’atteindre. qu’il volait trop haut dans les cieux pour que quiconque puisse l’en faire descendre. l’sadisme au coin des lèvres qui déformait son visage, qui l’rendait monstrueux. l’max l’a pas oublié c’moment où il a pigé c’qui s’passait sous ses yeux. l’regard qu’elle a posé sur lui. celui qui l’a trahit. celui qui en a dit plus qu’tout les mots qu’elle aurait pu dire. la rose s’était amouraché d’la charogne. avait trouver en lui quelque chose à aimer. et avait tâché d’noir ses plumes blanches. bien loin l’innocente qu’il s’imaginait. bien loin celle qu’il avait côtoyé, l’flic. ça brisé quelque chose en lui d’voir la bête noire l’dépouillé d’un être cher. d’assister à ça sans pouvoir rien faire. l’impuissance qui lui était tombé sur l’coin d’la tronche. comme un con qu’il s’était retrouvé en les voyant s’tirer au loin. en voyant l’oiseau s’envoler tout là haut. sur l’trotoire qu’il s’revoit avec cette envie d’lui faire payer. à lui. à elle. à eux.

« le paquet est bien arrivé. » qu’on vient lui dire dans la cellule où y s’trouve. l’max répond d’un bref signe d’la tête. elle est là, la rose. dans son bureau, elle l’attend. mais l’flic a l’temps. il ira quand sa clope sera terminée. quand il l’aura assez fait bouillonner. quand elle sera assez en colère pour montrer les épines qui l’entourent. il a envie qu’le corbeau l’entende s’débattre, sa belle. qu’il est envie de l’étrangler en l’imaginant poser ses sales pattes sur sa tendre nina. ça l’fait sourire d’se dire qu’il a énervé la charogne. qu’il a trouvé l’point faible. l’talon d’achille d’celui qui s’pense insensible. puis, y’a la réalité qui revient. y s’rappelle qu’nina c’est, avant tout l’reste, une amie. une bonne. elle était là quand plus personne n’l’était pour lui. il écrase la cancéreuse au sol comme pour répondre à sa conscience qui l’tiraille. pas l’moment d’être sentimental. ni d’penser au passé.

y passe la porte d’son bureau. l’entend geindre. elle est piquante, nina. n’lui montre plus qu’la glace qui la recouvre. l’max n’lui dit rien, lui offre l’silence pour unique réponse. la traite comme il traite tout ceux qui passe la porte d’cet endroit. dans l’tiroir d’son bureau, il attrape les clés mais, avant d’venir la libérée, il lui renvoie l’même regard qu’elle lui adresse. mélange acide entre la colère qu’il ressent envers elle et l’indifférence qu’il tente de lui offrir. l’max s’approche d’elle, vient libéré les ailes du cygne alors qui l’entend siffler à ses oreilles. « épargne moi c’numéro d’fausse criminelle. t’sais très bien pourquoi t’es là. » qu’il lui répond aussitôt qu’il retire les fers. l’ours grogne sur la belle. ici, c’est son terrain d’jeu. sa tanière. il y règne en roi. « et t’sais très bien qu’t’appellera pas ton avocat. » y s’redresse et retourne derrière le bureau, y dépose les menottes dans l’tiroir qu’il referme brusquement. personne n’entrera dans cette pièce. personne ne les dérangera. surtout pas son corbeau. « d’tous les sales types d’cette ville, y’a fallu qu’tu t’fasse baiser par l’pire d’tous. » y’a du dégoût dans sa voix. d’la rage aussi. et ce sentiment d’trahison qui l’envahit ensuite. y sait l’max qu’elle choisira l’corbeau plus qu’tout l’reste. y sait aussi qu’c’est ça qui les déchirera.
 

(c) calaveras.

Tu te souviens de tous ces mots échangés. Des confessions et quelques secrets. De son regard sur toi lorsque tintait ton chant d’hiver. Son azur réconfortant lorsque l’alcool le quittait. Ce temps où tu dessinais sur son visage un sourire moins écorché. Tu te souviens de vos rires lorsque tout rimait avec simplicité. Oh Nina, t’auras tout fait pour le réconforter, ce soir où il trouva qu’un corps sans vie. Où la mort vous retira celle qui vous avait uni. Nancy, blessure qui à jamais vous liera. Même plaie qui ne guérit pas. Foutue culpabilité qui à jamais vous empoisonnera.

Votre amitié, vous l’avez laissée sur le marbre fraîchement sculpté. Entre les fleurs fanées et au gré des années écoulées. T’avais si honte de celle que tu étais devenue. Le triste vestige de cette étoile qui ne brillera plus. Ce cygne blessé par l’Homme et enchaîné au bitume. Préférant t’arracher les ailes avant de tomber sous ta splendeur. Te transformer en cette rose qui se dévoile sous la lune et ses premières lueurs. T’es devenue la proie que Max aime chasser. Ces nymphes que l’on paye entre les draps froissés. Qu’ils aiment griffer pour mieux se délecter de leurs courbes avant de les briser. T’avais pas leur cœur à lui avouer cela, Nina. À voir sur son visage la tristesse que tu lui infligeras. Alors t’as posé un voile sur ce passé que tu oublieras. Sur Max, avant de savoir que le destin vous réunira. Que tu le blesseras de tes épines pour protéger ton roi.

Ce soir, tu piétines vos souvenirs et toute trace d’affection. Tu te givres dans la glace avant de lui lancer ton poison. T’écoutes son silence en embaumant tes prunelles de cette colère encore feutrée. Prônant l’indifférence avant de sombrer. Pour jeux de miroir, vos regards et cette même amertume teintée de désespoir. Car vous le savez, que plus rien ne sera comme avant. Que t’es passée dans l’autre camp. La ferraille retirée, tu sais que tu ne peux toujours pas t’envoler. Qu’il te laissera en cage le temps de te dégueuler tout ce que son cœur ne peut supporter. Mais toi, t’oses le provoquer. Parler indirectement ce crime pour lequel tu t’apprêtes à être jugée. Tu l’observes s’installer sur le cuir qui lui sert de trône et t’esquisses un sourire lorsqu’il te traite presque de putain. Comme si le corbeau t’avait souillé de tout son carmin.

T'as ce petit rire mesquin qui méprise ses babines écœurées à l’idée que tu puisses aimer ce monstre qu’il voudrait tuer. « Autant tirer le plus gros poisson, non ? » T'es divine d'insolence. Tu le fusilles du regard, comme pour le mettre en garde. Tu ne laisseras personne s’interposer entre toi et Cahal. Quitte à perdre ce qui te rend humaine pour devenir ce cygne noir. « Si c’est le seul crime qui me vaut l’honneur de ce début de sermon, cela ne sert à rien de t’égosiller. » Ils sont nombreux, ceux qui ont tenté de t’ouvrir les yeux. Ceux qui trouvent que tu mérites beaucoup mieux. Personne d’autre que toi, ne peut entendre ses je t’aime silencieux. Contempler la flamme qui gît au fond des yeux. Personne d’autre que vous, ne peut comprendre ce qui rend votre amour si précieux.

Tu redresses ton corps fluet avant de lancer ton dernier couperet. « Je n’ai pas de temps à perdre avec tes vanités, j’ai un mariage à préparer. » Tu croises les bras tout en laissant les diamants l’aveugler. Tu le dévisages comme une reine que rien ni personne ne peut faire ployer. Portant fièrement ta couronne façonnée par ces ombres qui t’ont aussi juré fidélité. Tu frappes une bonne fois pour toute sur la fissure qui vous sépare. Transformant cette brèche en un gouffre pour qu’enfin, il défaille. Espérant le tenir loin de cette famille que tu prends pour la tienne, de l’homme que tu aimes. C’est presque leur sang qui coule maintenant dans tes veines.

(c) calaveras.

c’est tous les souvenirs qui reviennent quand il la regarde. les bons comme les mauvais. du calme à la tempête. des sourires sincères d’nancy à sa rage fulgurante. l’max voit défiler tout ça devant ses yeux. retrospective d’tout c’qu’il a vécu avec elles. qu’il le veuille ou non, nina les a aidés. elle a été une aide face aux tensions. un médiateur quand l’orage grondait entre eux. sa douceur pour apaiser les blessures et ça rendait les discussions plus simples. comme si l’parfum d’la rose calmait les âmes qui s’déchirent. pourtant là, la fleur n’apaise rien chez lui. au contraire, il sent que ça grouille dans ses boyaux. que ça rampe sous sa peau. la haine qui habite ses veines, qui s’loge dans les sillons d’sa cervelle et qui lui rappelle ce qu’elle détruit. à s’amouracher du charognard, elle écrase l’peu d’amitié qu’ils leur restaient. si l’ours avait espoir d’retrouver une amie perdue, l’corbeau s’est arrangé pour briser ses espoirs. et ça l’rend dingue, l’max. ça l’pousse à la détester, elle. à vouloir se servir d’elle pour l’atteindre lui.

nina elle lui sourit. elle affiche fièrement l’sourire de celle qui s’fout des insultes. qui s’fout bien d’sa méchanceté, d’sa haine. d’là où il est, l’max penserait presque qu’elle le nargue. comme celui pour lequel elle est tombée, elle s’montre insolente. le juge face à son comportement pathétique. il est clair qu’la belle s’branle d’tout ce qu’il peut lui dire. qu’les saloperies n’saliront pas son plumage devenu doré. elle est désormais souveraine aux côtés de son souverain corvidé. et l’max est arrivé trop tard. comme toujours. ses paroles changeront rien. les diamants au doigt qu’elle affiche fièrement comme une victoire face au cafard qu’il est. l’flic en perd son sourire. a les dents qui grincent. soudainement, il la maudit de l’écraser d’la sorte. d’se montrer aussi impitoyable que l’homme qu’elle s’est jurée d’aimer. ses poings se serrent sur le cuir d’ce trône qui s'effrite. « bah v’là qu’tu cause comme lui. un passage entre tes cuisse et y t’as d’jà lessivé l’cerveau. » il a les mots tranchants qui trahissent cette rage qui l’chope à la gorge. ça l’fait vriller d’voir cette dévotion à son pire ennemie. ça l’déchire d’voir qu’il la perd à cause d’lui. « t’as conscience qu’les diamants qu’t’affichent sont tâchés d’sang? » ses yeux s’posent sur l’clinquant d’la bague. du sang a coulé pour qu’il lui offre ce cadeau. son futur roi a construit son empire en empilant les cadavres. en baignant ses mains dans l’sang. « il a l'sang d'nancy sur les mains, lui et toute sa fratrie... comment tu peux t’laisser toucher par cet enculé? » le regard qui vient s’poser contre le cadre sur l’bureau, dedans y’a une photo d’sa gosse puis ses yeux reviennent s’coller contre les siens. « tu m’dégoute. » qu’il lui lâche alors qu’il sent qu’sa gorge se tord empêchant toutes les insultes qu’il voudrait lui balancer en pleine gueule d’sortir. les souvenirs qui écrase la jugulaire et qui l’font se murer dans l’silence.
 

(c) calaveras.