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 desolation row (max)


                                                                 

Erin Mulcahy
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Erin Mulcahy

messages : 1004 points : 426
multicomptes : l'orgueil de sin.
face + © : rooney mara + SOLSKEN, old money, yquem.
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âge : trente-ans.
occupation : avec son accent emprunté, la bouseuse jouait les citadines dans une galerie d'art de brooklyn. désormais reléguée à faire tourner le manège des camés, digne fille à papa.
statut civil : la pratique d'un sexe mondain lorsque l'intérêt s'y prête, avec ces gentils rats des villes.
adresse : #41 live oak st., où elle se fait taupe et épie le flicard.
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☆☆ Mar 28 Avr - 15:19


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death is quite romantic

she wears an iron vest


A nouveau, l’habit est noir. C’est un déguisement, ce tailleur foncé, costume de scène au théâtre de la mort. Ainsi elle veut convaincre, et se persuader, du deuil qu’elle ferait d’une mère qui s’évade de la vie et s’adonne à cette lente fuite sur les chemins métastasés. Mais si l’habit est noir, c’est aussi parce que ce n’est rien d’autre que son uniforme quotidien, sobre et coquette armure qu’elle glisserait jusque dans ses draps, lorsqu’elle s’y abandonne parée de soie obscure. Pourtant la manie est récente et l’on se souvient des années excentriques, ces défilés de couleurs sur les trottoirs des fashion weeks, ces heures à évaluer la prestance d’un ensemble et la coordination des fringues avec les acryliques d’un artiste anonyme. Futiles préoccupations que de s’éprendre de palettes et d’y déverser sa vertu, les niaiseries paraissent à présent désuètes. Car vraiment, l’enchainement des saisons à Lewisburg se déroule sur une pellicule en noir et blanc. Depuis la première visite du corbeau, on a vidé le ciel de ses teintes, et désormais Erin se pavane sous le même plumage que son maître, cape ébène des jours de chagrin. Et alors qu’elle prétend pleurer la mort d’une mère qui n’existe pas pour éviter d’avoir à faire le deuil d’un père qui existe encore, elle ignore que ce n’est pas la dernière fois que la Louisiane la verra porter des habits de funérailles.

Comme s’ils partageaient le même placard dans une chambre conjugale, elle et Craven se sont assortis. Elle sait à présent que dans ce monde bichromatique, ils appartiennent à la frontière de l’ombre et en sont les obscures silhouettes. Qu’il opte pour un uniforme noir semble alors approprié. Erin ne le connait qu’ainsi, après tout. Sombre carcasse accoudée à son plan de travail, cet odieux comptoir de bar. Vil croquis qu’on en a fait, le caractère brut d’un fusain grossièrement estompé. Contour mu de lassitude lorsqu’elle en observe les ombres chinoises, voyeuse secrète de ses apparitions nocturnes à la fenêtre d’en face. Huit nuits de cette haine pure où, semblable à une frêle amoureuse, elle s’est faite discrète au carreau pour apprivoiser les mœurs de l’ennemi. Difficile de s’accorder à sa valse débraillée, sur les notes d’une vie bien rangée il apparait que Craven ne sait pas danser.
En plein jour, à présent. Et dans l’intimité de son être, l’excitation d’un second rendez-vous. Elle le sait proche, et patiente, attablée au buffet de leur grotesque numéro. L’homme qui voudrait tuer son père.

Elle ne l’a pas vu rentrer, hier soir. Attentive, pourtant, telle une épouse à sa lucarne. L’adultère qu’elle devine. Les plaisirs de sa maitresse ambrée, humide d’ivresse. Les pages ouvertes d’un dossier, deux cuisses écartées. Et le voilà qui arpente le couloir, cet infidèle, le méfait tatoué sous les yeux dans des arcs violacés. Il devient alors l’un d’entre eux, cancéreux parmi les condamnés, exhibant son infame tumeur, son indécence. Sur ses joues ce sont des couleurs de morgue, heureux présage pour l’audacieuse menteuse.
Patiente incurable, elle aussi. La maladie des cellules putrides qui s’étend dans son âme, propagée par le némesis, Craven. De ses mots il la contamine. Ses manigances sont de silencieuses métastases. Une fiole de potion pour leur absolution, un seul remède pour deux mourants. Prémices d’une nouvelle bataille.

Il a fallu panser des entailles invisibles après leur premier rencart. Larges ecchymoses qu’il a infligées à sa peau de sa langue obscène, dernières insultes amères pour la précieuse qui, d’usage, n’autorise aucune égratignure de la part de ses amants. Il a fallu une patiente passivité comme baume pour l’esprit, et s’adonner à cette guerre froide unilatérale depuis la sûreté de son appartement. Il ne sait pas qu’elle sait, et c’est là sa seule victoire.
Erin se tient droite dans le coin de l’alcôve, toisant les agonisants sur leurs fauteuils roulants, un café infect à la main. Son manque de saveur est si exécrable qu’elle s’est autorisée une grimace et s’en est fait un masque. Il ne faudrait pas, après tout, qu’on devine un sourire à l’étage des cancéreux. Qu’on chouine et qu’on expire, qu’on râle et qu’on exhale, qu’on chiale et qu’on fane, c’est là le manège des carcasses. Pourtant, son cœur jubile. Radieuse de le voir arriver.
Encore douloureuses, les cicatrices la rappellent à l’ordre. Il y a cette promesse qu’elle s’est fait de ne pas s’abandonner aux mêmes erreurs. Craven est sa bête sauvage, sa curiosité de laboratoire. Cette fois, pour ne pas l’effaroucher, pour enfin réussir à l’apprivoiser, elle voudrait le laisser s’approcher. Qu’il fasse le premier pas et qu’il l’invite à danser.

L’insomnie se révèle alors qu’il la frôle sans l’apercevoir et va s’échouer contre le distributeur de jus caféiné. Le doute qui revient, l’unique question. A-t-elle suffisamment marqué son âme pour que son visage lui revienne ? Ou l’alcool a-t-il durement exécuté sa besogne et éradiqué tout souvenir de sa personne ? L’inoubliable Erin en serait vexée, mais son animosité envers le flicard est déjà à son paroxysme.
De nouveau, elle se fait voyeuse, caressant son dos courbé de ses prunelles brillantes. Elle en connait désormais la forme et les reliefs, pour l’avoir longuement épié lorsqu’il traverse la rue sous sa fenêtre. D’échine et de nuit, Craven lui est familier. Il est cette ossature qui hante ses pensées.
Mais alors la machine émet son ultime souffle, crache son poison dans le gobelet, et lorsqu’il s’en saisit et se retourne, les âmes se frôlent, les yeux s’agrippent. Chute du palpitant dans l’estomac, détonation. La cinglante brûlure du café sur les papilles, alors qu’en face, juste en face, il met le feu à sa conscience. Mise à nu, débraillée, prise en flagrant délit. Papa qui la gronde, Maman qui les abandonne. La première fois, la larme sur la joue. Un homme nu au-dessus de la porcelaine de son corps. Les erreurs dévoilées. Une lettre, tamponnée à Lewisburg. L’invasion irlandaise, fluide glacé dans ses veines. Un corps délaissé, l’esprit affolé.
Il la voit.

L’humidité de ses yeux n’est plus mensongère lorsqu’elle fait face à la maladie factice qui emporte sa fausse mère. Le virus Craven qui lui a arraché son père, la vraie raison de son affliction. Elle voudrait déjà se voir offrir les honneurs d’une fin de guerre remportée, sa tête sur un plateau. Mais le voilà tout en chair, le crâne sur les vertèbres, la souillant de ses globes clairs.
Les malheurs de Sophie.
Le séduire, c’est lui laisser le choix, l’endormir par une discrète soumission. C’est alors un simple signe de la tête qu’elle lui offre, dans la pudeur de leur situation. Douce guerre qu’ils vont mener sous les yeux fatigués de leurs ancêtres décrépits. Cette fois, c’est lui qui vient à elle alors qu’elle fait semblant d’être sa proie.
Un espoir qu’il se laisse enlacer par les chaines de sa délicatesse.
(c) calaveras. & MISERUNT
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Max Craven
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Max Craven

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âge : 45 ans.
occupation : flicard enragé aux griffes longues et aiguisées pour mieux les planter dans la carne des voyous.
statut civil : fait fuir toutes celles qui s'approchent d'trop près. préfère les haïr plutôt que d'leur offrir l'plaisir d'le briser encore.
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☆☆ Dim 3 Mai - 0:07


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y’a son drap noir qui flotte. sa faux qui dort contre son épaule. et l’silence qui la suit partout où elle va. l’ange d’la mort est là, dans l’coin d’la pièce. attend qu’l’heure sonne. qu’le bon moment arrive. partout où il va, elle l’suit. c’est devenu un mirage funeste qui lui colle aux basques. une ombre macabre qui présage rien d’bon. mais aujourd’hui, elle est pas là pour lui. mais pour elle. pour cette âme qui la rejoindra bientôt. cette femme que max appelle maman s’verra un jour embrassé par le funèbre baiser d’la mort qui l’emportera tout au fond des enfers. et elle s’dresse là comme un rappel constant qu’l’heure tourne. que les jours défilent. qu’un jour ce sera l’dernier. qu’le max aura pas l’temps d’dire au revoir, qu’elle sera déjà loin. et ça l’fait grogner l’ours d’sentir son odeur cadavérique à chaque fois qu’y s’pointe ici. comme si venir ici, côtoyer les condamnés suffisait pas à lui donner la nausée, faut en plus qu’y sente la présence d’celle qu’il redoute jusque dans ses tripes.
un frisson l’parcours. souffle glacial d’l’endroit qui se glisse sous les vêtements pour venir déstabiliser la rigidité d’sa carcasse. y repose son regard sur la malade. elle a les joues creuses et l’teint d’quelqu’un qui va bientôt y passer. si y’avait pas les machines pour lui rappeler qu’elle respirait encore, il la penserait déjà dans les bras d’la faucheuse.
aujourd’hui, y’aura pas d’discussions. la mère dort, trop shootée par les médocs pour lutter contre la fatigue. l’max ça l’arrange. préfère les visites qui durent moins longtemps où y’a pas d’mots échangés. pas besoin d’faire face à ce regard que la vie abandonne un peu plus chaque jours. y s’contente de s’lever d’sa chaise et d’venir se recueillir devant son lit l’temps quelques secondes. y lui attrape la main dans l’espoir qu’elle la sente dans ses rêves. et puis, y finit par la quitter. fuir cette pièce d’malheur. laisser derrière lui l’agonie endormie qui lui est trop familier.

sorti d’la pièce, il file à la machine à café. rendez-vous habituel à chaque visite dans ces lieux. rituel où il avale l’poison du distributeur. mais quand il arrive, il est pas seul. une silhouette s’dresse contre. il y prête pas attention, pas tout d’suite. c’est quand il la frôle, quand il sent l’parfum venir lui chatouiller les naseaux qu’il a comme une impression d’déja-vu. ses souvenirs reviennent pas d’suite. faut qu’il est sa boisson dans les mains et qu’y s’retourne vers elle pour qu’les connexions s’fassent. la fille au bar, celle qu’il a vulgairement traité d’pute. malgré les verres, malgré les grammes, malgré tout, il a réussi à retenir son visage. souvenir imprégné dans l'encéphale imbibé. « toi? » qu’il s’étonne, la boisson chaude dans les mains. est-ce qu’elle aussi elle a décidé d’le suivre, comme la faucheuse. « tu m’suis, hein? » l’ours est bien moins agressif cette fois. plus docile et moins chargé. un semblant d’sourire sous la barbe. « c’quoi ton excuse cette fois? » y la quitte pas des yeux, avale une gorgée d’ce café qui n’en a pas l’goût. y voit bien les yeux brillants, y voit bien la tristesse, mais l’max voit aussi l’faux d’sa plastique et peut pas s’empêcher d’être sur la défensive.

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☆☆ Dim 3 Mai - 17:38


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Morsure du clébard sauvage sur le tendre hameçon que l'Aphrodite pêcheuse lui offre. Craven est ferré, attrapé. Inconscient, il se fait docile et s’approche sans crainte de la femme au filet. Est-ce l’appétit qui habite le creux de ses reins ? La curiosité qui le démange ? Des envies de poursuivre sa petite guerre, langue fourchue pour empoisonner les mots, poings refermés sur des adages de non-violence ? L’appât, elle lui a tendu sans le connaître, mais c’est d’elle dont il s’approche. Et si ses babines sont au bout de la ligne, le monstre peut toujours mordre. Sous la lumière des néons couleur cancer, il se montre, domestique et sobre. Le tableau n’en est que trop parfait, Erin se méfie encore.

Il épanche sa curiosité, la nourrit de nouvelles images qu’elle se surprend à étudier. L’analyse complète des infimes détails qui composent son portrait, le sourcil noir, encore assombri d’une colère lointaine, la partition de ses rides qui habitent la caboche froncée. Les plis sont les sillons de déserts inexplorés, des cartes connues seulement de lui, traçant les frontières d’un destin qu’il a arpenté. Ces doux reliefs abritent les puits azur des yeux, ces oasis des secrets, paradis bien gardés. L’exploration du territoire inconnu de son faciès l’amène à ces globes vifs, perlés de bleu et d’énigmes, semblables aux lacs cachés sous les forêts de Louisiane. Deux yeux protégés d’un voile, d’une frondaison de faux semblants, les saules de son existence. Elle voudrait y nager, s’y faire discrète nymphe et les sonder, pour en découvrir les monstres dans les abysses et les fées sous les étoiles. Mais l’homme reste statue, éternel soldat dont le buste de marbre est une armure face à la dégénérescence d’une ville. A Lewisburg, Max Craven est le chirurgien des artères empoisonnées, à coups de flingue il prétend soigner le cancer d’une cité. Pourtant il est médecin du diable qui injecte sa ciguë en s’enivrant de pots de vin.
Dans sa tenue de pierre froide, une ébréchure qu’elle devine. La lèvre fendue, le défaut exhibé, singularité de la bleusaille, fantassin abîmé. Délicate blessure à l’intimité de sa bouche, tendre insulte. Raté, cassé, différent. Raturé, coupé, mordu. Défiguré, mérité, monstrueux. Le fin sillon émeut Erin, qui y voit la déchirure infime de l’homme unique. La faille qui a choisi d’apparaître sur sa lippe, étrange coïncidence, n’est que confirmation d’une fatalité qu’elle connait déjà. Pour se faire une place au royaume des secrets du ripoux, elle devra se résoudre à fendre la crevasse d’un odieux baiser.

Le docile petit soldat attaque, lance les hostilités, l’invite enfin à danser. Il se croit tout permis, s’est fait un interrogatoire de leur abri, jouit de penser l’avoir coincée, menottée. Playing good cop bad cop aux prémices de son enquête, il se pare ce jour-là d’un maigre sourire. C’est là toute l’offrande qu’elle attendait. Elle voulait qu’il se souvienne d’elle et qu’il vienne à ses filets, fille des vagues à la recherche de son gros poisson de légende. Elle voulait qu’il réponde à ses désirs et qu’il lui fasse cadeau de son temps. Qu’il l’invite dans sa vie et s’invite dans la sienne, qu’il fasse de son investigation un jeu de rôle conjugal.
Alors oui, bien sûr. Bien sûr qu’elle le suit. Bien sûr qu’elle l’épie. Elle veut se fondre dans sa vie en noir et blanc, cette existence de silhouettes, son théâtre d’ombres chinoises. Elle veut être un personnage de l’histoire, une ombre derrière le rideau, la lame levée, acérée, pour arracher un cri dans la nuit, cette plainte à laquelle toute une ville se fera sourde. Sad little man, lonely cop, all alone in the world, derrière la fenêtre qu'elle surveille. Il ne mourra pas seul, elle restera tout prêt. Épiant encore, jusqu’à la fin, jusqu’à ce qu’il lui offre ce dernier soupir, cette divine exhalation, les miettes d’âme noire de Max Craven comme plus intime cadeau. Affamée de cet expire, elle veut et désire, n’est plus que sobre coupe pour recueillir l’essence d’un homme éteint.
Sur l'ivoire de son propre visage, la colère s’est invitée, feu de joie grandissant, nourri de la chute d’un flic gâté. Erin n’y prête pas attention, s’appliquant à paraître outrée qu’il questionne ses intentions. Face à lui, tout le monde paraîtrait scandalisé. Il reste, après tout, et pour n’importe qui ne le connaîtrait pas comme assassin, une vipère effrontée.
Une pensée, une idée. Attise-t’il plus le courroux des femmes ou leur émoi ?

Aujourd’hui, Sophie n’a pas envie de s'amuser. Aujourd’hui, la Maman de Sophie joue à agoniser, et l’on égraine les instants restants en tripotant des chapelets inutiles. Aujourd’hui, Sophie quitte sa vie lointaine et se fond dans Lewisburg pour accourir à son chevet. Aujourd’hui, ce n’est plus le terrain de l’ivresse mais celui de la mort, et si Craven insulte une mère inventée et s’en prend à un père véritable, il mérite la morsure glaciale des mots affûtés. Qu’elle lui arrache ce rictus, celui qui lui appartient. Après tout, il le lui a donné. « Ma mère. Cancer du pancréas. Ils disent qu’elle est au stade 4 maintenant, ils veulent faire une biopsie du foie, pour voir. » Elégante première de la classe, elle lui récite tendrement sa poésie, ne lâchant pas des yeux l’examinateur, le juge, l’inspecteur. Sous sa poitrine, le palpitant agité, attentif lui aussi à la moindre fausse note dans son numéro d’invention. Le mensonge n’en est que plus crédible qu’elle a dans la voix cette rancœur amère, cette houle gelée qu’elle lui réserve. « Alors, délicieuse excuse, tu vois. »
Digne dans cette colère sincère, elle le rattrape, fais le pas qui les sépare, s’offre à lui en retour. A présent isolés du monde des morts, azur dans l’azur, le café à la main, symétriques par rapport au plan de leur conflit. Première position de leur valse funèbre. Odeurs d’arabica, de métastases, de l’homme singulier. Le nez froncé, la guerrière réplique à l’arbalète. « Qui est-ce que tu viens arrêter ici ? On t'a pas dit qu'elles étaient trop vieilles à cet étage pour faire le tapin ? »

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☆☆ Mer 6 Mai - 14:13


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il a pas oublié son visage, l’max. pas oublié l’teint d’porcelaine, l’visage d’poupée et les airs d’pétasse. y se souvient des mots échangés aussi. pas d’tout, mais du plus gros. il la traité d’pute. elle l’a traité d’sale flic. c’est c’qu’il a retenu d’leur soirée. d’leur premier rendez-vous. pour l’reste, c’est l’flou total. l’alcool a gangréné ses souvenirs. atrophié sa mémoire. pourtant maintenant qu’elle est devant lui, qu’elle le fixe d’ses yeux brillants, y s’rappelle d’à quel point elle faisait tâche au milieu des planches. d’à quel point son parfum s’mélangeait à celui du whisky et d’la transpiration. d’à quel point elle semblait être une rose s’frayant un chemin au travers du bois et des mauvaises herbes. l’impression d’avoir fait face à une fleur prétendant être une mauvaise herbes. la rose parmi les orties. ça sonnait faux. et l’flic l’sentait. et l’sent encore. drôle d’impression qu’il ressent toujours en la regardant. l’instinct d’bleu qui s’active. la méfiance qui lui colle à la peau.

l’flic est plus si agressif mais continue d’être l’même connard comme s’il cherchait à vouloir lui faire comprendre qu’il croit pas en son p’tit jeu. qu’les yeux humides ça marche que sur les p’tits jeunes qu’elle met certainement dans son lit sans efforts. l’ours s’permet un rictus qui s’brise contre le glacial d’ses mots. ma mère, cancer, stade 4. rappel piquant d’la réalité. impression soudaine qu’les cadavres le toisent. l’max baisse l’regard. depuis sa chambre, il entend sa mère et les machines qui l’entourent. et dans sa caboche, sa génitrice l’engueule comme l’gamin qu’il a l’impression d’être. y garde l’silence. ferme sa gueule, pour une fois. plus l’envie d’en dire plus. il lève l’bras pour goûter à c’poison qu’ils appellent café, grimace légèrement quand ça descend dans son gosier. ses yeux s’recollent aux siens quand elle parle de tapin. on entendrait presque un légèrement grognement. c’est presque blasphématoire quand sa mère est pas loin. « j’suis pas là en tant qu’flic. j’suis là pour la mienne d'mère. » légère animosité dans la voix. on y voit presque les crocs. mais l’ours s’reprend. « elle en a plus pour longtemps. » qu’il balance, sans rentrer dans les détails. esquive la conversation en brisant la symétrie, en fuyant vers la table non loin d’eux. y parle jamais d’sa mère. s’fait pas à l’idée qu’il va la perdre un jour. l’fils à maman qui veut pas la voir partir. y baisse la tête vers son café avant d’la tourner vers elle. « désolé pour ta mère. » les remords qui l’poussent à s’excuser. compassion pour ce qu’elle vit. pour ce qu’elle traverse. s’doute pas du mensonge, voit pas la supercherie. sujet trop sensible pour lui. la belle tape dans l’douloureux, dans ce qui l’touche trop. point faible qu'elle trouve. elle parle au fils, pas au flic. s’adresse à l’homme et pas au monstre.

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☆☆ Jeu 7 Mai - 16:34


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Scène de vie au funeste pays, l’entre deux mondes. Des choses se passent. Un cœur, un moniteur. Un médecin, une épouse. Un flic, une taupe. Aux portes du trépas s’élèvent les anonymes, bientôt on dira tout, on ne mentira plus. Alors on échange des condoléances, on se fait familier quand, à l’instar des mécaniciens en blouse, on a laissé les sentiments à l’entrée. Dans les éthers de la faucheuse, les corps évoluent et flottent, vides. La femme semble pleurer mais on ne l’entend pas. Avec son odeur d’agonie, la fatalité est environnante. Si omniprésente qu’on s’y fait aveugle, et pour trop de temps passé dans cette esquisse de morgue, on surprend une pâleur nouvelle sur ses joues. Vite, on devient mort vivant. Si le palpitant s’agite encore, les méninges ivres s’endorment, pardonnent. Rigor mortis du temps et des échos, le silence s’empare des horloges. Sur le poignet de Craven, la montre semble s’être arrêtée.

Il chiale sa mère, dans ce langage modeste des hommes pudiques qui se veulent forts. Il chiale sa mère, comme elle, il l’imite, copie son discours inventé, participe au mensonge. Les lèvres dans l’écume noire, Erin veut le féliciter. Porter un toast. Son petit soldat de bois effectue la chorégraphie à la perfection. Reprenant leur valse improvisée, elle se délecte de ce curieux aperçu. Il lui est plaisant de suivre les méandres du deuil, concept qu’elle pratique par intérêt, sans jamais l’avoir vécu. Exploratrice des sentiments de son opposant, elle se faufile dans chaque entaille qu’il lui offre, fin ruisseau de ses découvertes, délicieux poison dans son être. L’intimité décelée est jubilatoire, la chaleur de la voix blessée qu’elle sent vibrer alors qu’elle s’imagine espionne des émois, sous la peau, dans sa poitrine cuirassée.
Conscient de l’invasion subtile qu’elle se permet, peut-être, il s’évade à nouveau. Un instant la scène est alors vide, et en face d’Erin ce n’est plus que la honte d’avoir trop sondé. Approcher la bête, c’est satisfaire l’avide curiosité, et quel infâme sentiment que de se sentir rassasiée par la proximité d’un ennemi. Surprise d’avoir pu penser apprécier ce jeu dangereux, ce n’est plus lui qui la dégoûte mais ses propres déboires.

Vite, Erin le rejoint, se fait fidèle ombre du corps qui lui est à présent familier. Il a fui, auparavant, et elle ne le laisserait pas s’arracher à leur intrigue une nouvelle fois. Alors qu’elle s’installe près, moins près que la première fois, elle s’oblige à nouveau à sillonner les détails de son visage, attentive aux sens qu’une telle vision suscite chez elle. La face de Craven a quelque chose de fascinant, de prenant. Semblables aux scandaleux écorchés ou toiles monstrueuses de modèles singuliers, le portrait du flic attire l’analyse et l’intérêt. Et c’est remarquable, parce qu’entouré de la lueur jaunâtre des murs de la morgue, il parait pourtant plus vivant qu’avant. Virevoltant dans la lassitude de ses yeux, quelque chose de différent. L’atroce lueur dont elle veut s’emparer.

Alors qu’au loin les machines s’agitent à ressusciter les âmes détraquées devant l’impuissance des hommes et que dans leur symphonie d’enterrement on danse des marches funèbres, Erin s’égare. Elle veut comprendre, savoir. Cette fascination pour les interdits et les sombres tabous, depuis les premiers écarts, les premières punitions. Dans un monde qu’on lui a peint en blanc elle a si docilement ignoré les coins d’obscurité, mais à présent ils se montrent à elle, et la tentation lui ronge le cœur. Des petits morceaux de noirceur, semés. Elle les cherche, les attrape, les assemble en toile de fond pour son nouveau rôle de fille du danger. Désormais désireuse de connaître la mort et ses manigances, la douleur de l’arrachement d’un cœur et de la disparition des êtres. Le deuil qu’ils partagent, faussement. La tristesse qu’il porte comme un manteau, cette lassitude profonde qu’il avait au bar. Des carcasses puantes à ses pieds. Des morts semés, sans honte. Les femmes de sa vie, la bouche ouverte dans la terre. Des questions qui viennent, qui fusent. Est-il triste de les perdre ou de ne pas savoir les garder en vie ? Qu’est-ce que ça lui fait au cœur, ce deuil lancinant ? Elle veut un peu de douleur, Erin. Un échantillon, une découverte. Retrouver les ténèbres dispersées dans les souvenirs de son enfance. Naturellement, elle lui demande, le fait témoin. Et dans sa bouche, ce n’est même plus une question. Elle sait, elle connait. Se permet d’affirmer. « Je comprends mieux. Le whisky. » Une nouvelle gorgée de café. Leurs rendez-vous et leurs petits poisons, jolie routine. Symétrie retrouvée, malgré ses efforts pour la faire disparaître, déjà victime des mimes de l’imitatrice, qui ose un fin sourire. « Ça aide ? »

Le temps reprend son cours, l'instant s'évade. Et même si le flic s’est abaissé à lui livrer de sincères excuses, celles-ci avaient des airs d’épilogue : à nouveau Erin craint qu’il ne veuille mettre un terme à leur conversation. Craven n’est pas bavard, et puisqu’il semble rester de marbre face à la porcelaine qu’elle lui a laissé entrevoir, il ne lui laisse plus que des mots. Engager le dialogue avec le mutisme d’un homme, amère malédiction. Aguerrie, scolaire, Erin sait qu’il ne réagit qu’à la provocation, ce clébard de garde aux sang bouillant. Son âme ne déborde que lorsqu’il se noie dans la haine qui le contrôle. C’est donc une nouvelle attaque, alors qu’il vient de s’abaisser à lui offrir la nuque pour s’y faire étêter. « Il y a d’autres choses pour lesquelles tu voudrais t’excuser, peut-être ? »
Gourmande de ses éclats de voix, de cette frénésie qui fait trembler ses lèvres et embrase ses yeux.
Motivée par leurs vilaines batailles plus que par la promesse d'une gentille amitié.

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☆☆ Dim 10 Mai - 13:41


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on parle d’maman et l’max s’esquive. la distance qu’y prend déjà. l’sujet est trop sensible. proximité soudaine qui l’fait fuir. remettre des mètres entre eux pour mieux s’échapper. pour mieux respirer. d’sa mère, il en parle jamais, du moins pas comme ça. sa mort comme sujet tabou. y s’interdit d’dire à haute voix l’inévitable. veut pas rendre la fin réelle. pourtant, il le sait qu’le bout du tunnel est pas loin pour elle. qu’la lumière divine commence déjà à l’attirer. suffit d’voir son regard qui s’tourne petit à petit vers sa nouvelle compagne, la faucheuse. un jour, elle partira avec elle. et c’est ça qui lui fout la frousse au max. qu’elle le quitte, qu’elle emporte avec elle une partie d’lui. c’est l’vide qui l’terrifie. l’absence qu’elle laissera derrière elle. pour l’instant, elle est l’accroche qui maintient l’rationnel. mais l’jour où elle part. l’jour où l’baiser d’la mort la touchera, l’max perdra tout. au fond, c’est plus pour lui qu’il a peur qu’pour elle. sa mère est foutue mais lui, y’a peut-être un espoir qu’l’agonie disparaisse.

dans l’noir d’son café, l’max se perd un instant. trou noir qui l’aspire hors de la réalité. alor qu’au loin, il entend les machines qui s’évertuent à créer une vie artificielle pour ceux qui n’ont pas l’courage d’dire adieu. et puis, c’est sa voix à elle, qui vient l’attraper pour l’sortir du vide abyssale. comme si la brune avait peur qu’il s’échappe dans les ténèbres. leçon qu’elle a appris d’leur première rencontre, certainement. « plus qu’le psy. » qu’il renvoie quand elle lui cause d’whisky. addiction pour le liquide ambré qu’il a d’puis trop longtemps. elle le dévore autant qu’elle le soigne. cancer qui n’l’empêche pas d’vivre. pas encore.
c’est l’retour des crocs dans la chair, des griffes dans la carne. erin mord le lard pour réveiller la carcasse qui s’endort. elle titille le gras d’la bête avec ses piques. et l’ours s’laisse faire, déjà habitué à ses griffures. « m’en d’mande pas trop. » il a un fin sourire sur les lèvres qui s’efface quand l’gobelet s’glisser entre ses lippes. c’est pas l’genre à s’excuser comme ça. sa fierté d’homme qui en prendrait un coup. « les filles comme toi dans les bars comme ça, elles sont jamais là par hasard. » compliment dissimulé dans la phrase sans qu’il s’en rende compte. au milieu des gueules cassées, son visage d’poupée dénotait. bien trop sophistiquée pour être là par envie. l’max continue d’croire qu’elle avait pas échoué par accident dans c’bar pourrit. intuition d’flic. « mais p’t’être qu’si tu m’disais l’boulot qu’tu fais vraiment, ça m’éviterai d’te prendre pour c’que t’es pas. » sa curiosité qui s’installe dans la conversation. plus bavard quand il s’agit d’fouiner dans l’faux pour trouver l’vrai. plus indiscret quand faut trouver les fissures d’son masque.

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statut civil : la pratique d'un sexe mondain lorsque l'intérêt s'y prête, avec ces gentils rats des villes.
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☆☆ Dim 10 Mai - 19:41


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Il encaisse, docilement. Instinctivement, il semble s’être préparé à cette douce torture qu’elle lui impose, ne voulant pas, peut-être, attiser les foudres du bourreau des cœurs. Homme nouveau, surprenant dans ce numéro inédit, contenant la rage de sa susceptibilité dans sa carcasse blindée. Un sourire, qu’il ose même. Entre ses lèvres singulières, les canines se dévoilent. Et dans cette once d’émotion, ce n’est plus la féroce gueule de monstre qu’il affiche. La bête apprivoisée. Syndrome de Stockholm anticipé, si vite contracté, le voilà adouci par les insultes mielleuses d’une jolie fleur à épines. La meurtrière observe, avide de découvrir les premiers symptômes de l’empoisonnement qu’elle a orchestré. Elle devine l’abime où il camoufle ses sentiments : sur le gobelet, ses doigts s’agitent doucement. Sans doute, si elle croit y voir se mêler tristesse et colère, elle sait qu’il en faudra bien plus pour disséquer le cœur de Craven et exposer son âme au monde. Les sourires d’une poupée ne font pas la dextérité d’un chirurgien mortuaire.
Ainsi, Erin observe les mains, ces outils de la mort. A la vue des jointures fatiguées, l’image qui lui revient. Leur première nuit, l’affront initial. Appuyé à une hanche qu’il avait dévoilée, le flingue, fidèle amant. Contre, dessus, intime, la main de la loi, l’encadrant, le dominant. De ses dix doigts il se fait maître des existences, possède un certain contrôle sur les vies et leur disparition. Les paumes caleuses ont-elles déjà donné la mort ? S’est-il embarrassé de tremblements dans les phalanges après avoir arraché un souffle ? Combien elle aimerait savoir, à quel prix il a vendu son âme au Malin.
Ici, en convalescence. Pardonné. Stérilisé. Alors que l’index coupable se fait si innocent sur le plastique blanc, les yeux de la voyeuse glissent sur la chemise qu’il porte, interrogent. Sous les plis du tissu, elle cherche à déceler l’arme, le danger. La terreur que l’objet avait provoquée chez elle est un souvenir cinglant. Pourtant, elle s’y attache, ne voudrait aucunement l’oublier. La menace l’avait émue, fait tressaillir. Lorsqu’il l’avait toisée, il avait rappelé les enjeux de la mécanique dont elle voulait s’amuser. En secret, en silence, il lui avait confié que, de son audace, elle pouvait détruire et s’abimer, réduire en lambeaux l’idée pour laquelle elle se battait. Alors, doucement, la gamine apprend à jouer avec le feu.
Elle accepte l’accalmie passagère dont il semble s’être épris.
Se laisse bercer par les mots doux qu’il lui murmure presque à l’oreille.

De la poésie, ces subtiles flatteries. Elle en remarque la finesse, la discrétion et s’épanche dans cette maladresse bienvenue. Dans la bouche de l’adversaire, les louanges arrachés n’en sont que plus enivrants. Toujours, partout, Erin aime plaire. Cette recherche des regards, heureuse malédiction. La validation qu’elle attend, les séduisantes remarques, l’assurance que, oui, à présent, elle est élégante et formidable. Hier, la semaine dernière, elle avait attendu. C’est ce qu’elle avait voulu faire, en s’habillant pour lui. Les mots si faciles pour d’autres qu’il n’avait pas su trouver. Ainsi, il l’avait blessée. Maintenant libéré du brouillard des ivresses ambrées, il semble avoir vu. Regardé. Lorsqu’il ne s’enfuit pas dans l’obscurité de son café, elle sent ses yeux la frôler.
Le sourire se fait sincère, le mime n’y est pour rien. Le rose des joues d'Erin comme nuée victorieuse, aquarelle des soleils levants et des triomphes naissants. Aujourd’hui Craven questionne, aujourd’hui Craven s’intéresse. Il prend les devants et lorsqu’il mène son interrogatoire, on le croirait ingénu à un premier rencard. Sa galante, la scandaleuse. Dans leur nouveau décor elle détonne encore, rayonnante malgré l’habit de chagrin. C’en est offensant, de se sentir aussi belle sur le seuil de la mort. Le pastel de sa peau crépite doucement dans le feu des émotions.

La conversation se fait banale, routinière, approprié. Echange de secrets. Bribes de confidences. Familiarité naissante. Éclosion d’une réciprocité qui avait fait défaut, qui semble maintenant s’ancrer dans l’habitude de leurs entretiens. Le flic et l’énigmatique racoleuse, à deux doigts de s’aventurer à une poignée de mains.
« J’achète et je vends de l’art. J’ai une galerie. C’est tout à fait légal, inspecteur. » Le rire cristallin qu’elle s’autorise à nouveau, celui qui s’était perdu dans l’humidité des alcools, la dernière fois. Malgré les mises en garde qu’elle voudrait respecter, elle est trop enivrée de succès pour drainer l’espiègle ruisseau qui fait de ses paroles de coquettes moqueries. Ce n’est pas l’ébriété qui l’adoucit aujourd’hui, elle pense. C’est ce qu’elle apporte, ce qu’elle embrume. Le parfum qui s’élève par-dessus la caféine, vapeurs d’un délicat chloroforme.
Pour parfaire le tableau de ses fausses vérités, elle voudrait y ajouter la mélancolie qu’elle décèle dans les enjambées qui le ramènent dans l’antre, la nuit, tard. Cette amère tristesse qu’elle a feinte et apportée avec elle, dans l’obscurité de sa tenue. Un chagrin qui, d’usage, unie les âmes dans ses bras voilés. Des inconnus s’embrassent aux enterrements. Au paradis, les hommes sont tous frères. Des doigts s’enlacent dans les couloirs des hôpitaux. Des morts pour lier les vivants. Erin enchaîne, dévie, efface de son visage le délicat sourire. « Mais je ne suis pas d’ici, ça ne va pas te surprendre. Je suis venue pour ma mère. Je… Enfin, elle n’a personne d’autre donc je… » Étrangement, ce mensonge-là est douloureux. Dans le tiroir de la table de chevet, la chevalière de Papa, cachée. L’épicentre du roman, la figure paternelle abandonnée. L’homme qui n’a personne d’autre. Le jeu semble davantage en valoir la chandelle.

Elle offre à nouveau des morceaux de son être au flicard qu’elle croit ripoux, et au royaume de la mort c’est elle, pourtant candide, qui s’aventure encore à marchander son âme avec le Diable. Pour lui, le père. Parce que Cahal explique que c’est l’unique chose à faire. Les hommes de sa vie, ces vils marionnettistes. « Ce qui explique le déplorable choix de bar. Et la recherche de compagnie. » Fuyante, elle murmure les ultimes syllabes pour les laisser s’évanouir dans les dernières gouttes de café. Honteuse du choix de mots osé et de leur implication, ce non-dit qui la rendrait facile, avide, gourmande d’hommes endormis. Embarrassée d’utiliser un lexique nouveau, inapproprié. Gênée, dans la ville de tous les péchés, d’avoir endossé le rôle de quelqu’un qui aimerait s’y adonner.
Erin se détourne de Craven. Proie facile, biche estropiée.
Pour qu’il vienne la chasser.

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☆☆ Jeu 14 Mai - 15:34


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la bête qui s’laisse approcher par la vipère aux allures d’biche. l’visage de poupée qui s’révèle sous un autre jour. sous les néons, elle semblerait presque innocente. petite fille qui prend soin d’sa mère. qui lui tient la main, l’accompagne dans la douleur. son p’tit numéro mit en scène à la perfection. ça séduit l’flic. amadoue l’sauvage pour l’rendre docile. elle manipule ses émotions en prétendant vivre l’enfer qu’il traverse. la vipère a compris comment l’faire plier. et l’max tombe dans l’panneau. ou presque. la méfiance pour bouclier. les intuitions d’flic pas encore rouillés. il croit à son numéro mais décèle le faux. drôle d’impression qui l’suit depuis l’premier soir. l’instinct qui tique par moment. dans la porcelaine, il a l’impression d’y voir des fissures. et il veut voir à travers. briser le masque pour savoir qui s’cache derrière quitte à tomber pour elle.

la conversation s’veut familière, bien loin des insultes balancés lors du premier contact. l’alcool en moins, le café en plus. ils s’échangent des rires. l’max la complimente à sa manière, le teint pâle qui devient légèrement rouge. assez pour qu’il le remarque. y baisse les yeux pour fuir l'envoûtement. y n’oublie pas l'habileté des sorcières. n’oublie pas ce qu’elles peuvent cacher derrière les sourires. dans l’café qu’il se réfugie le temps d’un instant, le temps d’boire une gorgée avant d’revenir à elle et d’écouter. il n’a pas d’carnet mais il note tout. retient tout. absorbe la moindre information qu’il apprendra sur elle. esquisse un sourire quand elle rigole. le perd aussitôt qu’le sujet d’la mère revient sur l’tapis. retour amer à la réalité. l’obscurité qui vient l’envelopper d’son drap noir. et les machines qui s’activent à nouveau contre ses tympans. maman se meurt et lui, il rigole. « j’comprends. » qu’il murmure presque quand elle peine à finir sa phrase. soutien bancal d’un homme qui peine lui aussi à parler de celle qui s’éteint. et l’flic l’observe, la voit fuir quand elle parle d’leur première nuit. y devine de la sincérité dans ses gestes, dans cette manière d’esquiver la conversation. fragilité soudaine qui l’pousserait presque dans ses bras. la sorcière ensorcelle le monstre, s’approprie ses faiblesses pour mieux en jouer. et la bête n’y voit rien. « pis t’pas tombée sur l’bon gars pour ça. » excuses déguisées. sincérité qui s’distingue dans sa voix. aucun jugement cette fois, les insultes rangées au placard. conscience qu'y s'donne en parlant d'lui comme ça. mauvais gars pour l'mauvais soir. d’un coup, il lève le coude pour avaler l’fond du gobelet. l’amertume qui lui arrache une grimace. « prendre l’air m’ferait pas d’mal. j'ai b'soin d'une clope, tu m’suis? » l’plastique qui finit avec l’cadavre des autres au fond d’la poubelle. et l’max qui propose à la biche esseulée d’le suivre. l’chasseur qui la désigne comme sa future proie.

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☆☆ Mer 27 Mai - 0:17


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Egarée, Erin s’évapore. D’un regard aveuglé, nébuleux, elle accroche le néant, évite l’imposante silhouette du monstre de réalité. Délit de fuite, petit crime discret. Gris et jaune se mélangent sur le mur placardé, tourbillon funeste et nuances crématoires. Dans le silence cordial qui les embaume, les pensées s’agitent, se bagarrent. Les choses qu’elle veut et les choses qu’elle doit. Encore un mensonge, encore une danse, aux prémices de quelque chose de plus grand, répétition générale. Bruissements de coulisses dans les méninges fatiguées, vidées avant même d’avoir commencé. Chaque déguisement ne fait que la dépouiller davantage de ses vêtements et la voilà pudique de s’être trop livrée sur des sujets inventés. Sophie se confie mais Erin s’écorche puisque les vérités pas si fausses se révèlent difficiles à murmurer. La patte de l’artiste qu’elle laisse à son tableau, signature de son roman. Elle est autre mais elle est également elle-même, et l’intimité créée est acide, corrosive. De chaque brûlure, on distingue un peu plus la peau véritable sous les écailles mortes de la vipère. Comme lorsque, honteuse, elle se détourne de lui. Assez démunie pour imaginer que, dans son habit d’homme de loi, il aurait pu être assez droit pour la juger, lui qui l’a traitée de traînée, la première fois. Et voilà qu’elle avoue, Erin, voilà qu’elle lui prend la lame des mains pour s’en parcourir le corps. Les voix anciennes qui reviennent, ces railleries d’antan. Des peaux nues sous des lumières rouges. Les langues affamées d’hommes anonymes sur leurs lèvres ivres. Ils se disent écœurés par les baises mais sont les premiers à s’y adonner. Papa aussi traite les femmes de pute. Pourtant le soir, il disparait dans la gueule rouge du lion.
Violence des passions et des pulsions. Immonde amour, vil sexe.

De l’autre côté du monde, un océan plus loin, le charognard se manifeste. L’appelle. Cherche son attention, ses affections. Son pardon. Pourtant Craven n’a plus vraiment l’air d’un clébard lorsqu’il s’excuse à demi et passe aux aveux.
De ses mots sourds, il arrache la naufragée à sa fuite imagée, et vite, trop vite, elle revient le posséder de ses yeux. Alors qu’elle s’amarre aux reliefs de son faciès, elle remarque cette honnêteté dans les syllabes qu’il propose, comme si les années l’avaient lassé des mensonges. L’homme semble composer avec la vérité. Dans sa prose grossière, pas un accent, pas un doute. Ainsi, l’écouter a quelque chose de reposant. Sans explication alambiquée, chantage masqué, énigmes dispersées. Ce n’est pas comme avec les autres. Et finalement, bien sûr, alors qu’Erin pense avoir mis la main sur l’envers du psychisme de son ennemi, c’est elle qui se laisse bercer en tout indolence et commence à lui faire confiance.

Il y avait eu l’ivresse véritable, la première fois. La violence des accords qu’il avait appliqué à une sonate brisée, l’amertume d’un vin d’apparat, l’instabilité des pas qui l’avaient guidée à sa suite, hors du bar, plus profondément dans la transe de leurs étourdissements à venir. Ce prologue maladroit avait été impardonnable et, ancré aux sillons de ses lèvres, le noir des tanins pour lui rappeler l’outrage de la veille, le douloureux échec.
A présent, pourtant, la griserie délicate se fait discrète. Il est pourtant clair, ce lent engourdissement de l’esprit, l’anesthésie du bon sens. Si peu méfiante à présent, Erin est princesse. Dans un imaginaire qu’elle construit, elle le toise de son savoir et s’abreuve de ses erreurs. Les cadeaux qu’il lui fait, douces flatteries et obéissances, font murir un égo superbe. Aveuglée d’orgueil, toujours. Craven la fait briller.
Elle veut accepter lorsqu’il lui propose la lune. Une évasion, une disparition. Qu’ils sortent d’ici, qu’ils s’arrachent. Qu’il la dérobe aux murs jaunâtres, aux vies électroniques sur moniteurs, aux blouses blanches impuissantes, aux saveurs d’au-delà, à l’oppressante salle à attendre, à ce bâtiment de malheur, ce bâtiment de fin d’histoire. Qu’il l’emporte loin de ce mensonge construit, de cette fausse vie, des cachets dans les poches et de l’ombre des corbeaux. Qu’il la sorte d’elle-même. Qu’il la sauve.
Distant appel de la réalité qui vient entacher des envies puériles. Craven reste Craven. La chevalière est encore dans le tiroir. Papa vêtu de orange derrière les barreaux noirs.
Le gobelet s’étrangle entre ses doigts lorsqu’elle offre un oui élaboré. « Envie d’un peu de compagnie, c’est ça ? » A la façon ondulée des serpents, Erin se glisse à sa suite, s’élève dans une imitation parfaite, empruntant à nouveau le sourire de ses lèvres caféinées. « Avec plaisir. »
Un instant, elle se surprend à vouloir le suivre et non l’accompagner. Perversion d’une routine corrompue, Erin derrière ses rideaux et Craven sous ses pupilles. A l’angle des rues il tourne, dans son sillage elle se faufile. Jamais à sa hauteur, contre lui, toujours. Avec lui, à présent. Ensemble, ils remontent le Styx, et les talons de la faucheuse newyorkaise résonnent en rythme avec les respirateurs artificiels et les soupirs des mourants. Autour d’eux, oppressantes, les portes identiques enfermant les âmes abîmées. Le large couloir semble étroit pour leurs deux corps mensongers. Coupable, peut-être, de s’approprier le malheur des autres pour s’en faire un étendard, Erin se surprend à des vers nouveaux. « Je suis désolée aussi. Pour ta mère. » Coup d’œil aux dernières rangées de chambre, comme des cellules. Les condamnés à mort, dans leurs chemises blanches de prisonniers. Mulcahy et Craven, matons de leur royaume.

Le métal des portes de l’ascenseur, et bientôt, elle rêve de l’extérieur, comme d’un soulagement. Pressée, impatiente de l’évasion qu’il lui a promise, frissonnante de hâte, elle avance un doigt vers le bouton. Mais alors Craven fait de même, trop vite. Est-ce l’envie de nicotine qui lui prête un empressement identique ? Une claustrophobie développée dans un deuil exigu ? Inéluctablement, les coudes se frôlent. Chemise blanche et veste noire. Frottement des atomes. Premier contact. Cette fameuse rencontre, enfin, horrifiante. Les tissus se jouent épidermes, la futilité du geste prend une splendide envergure. Pour ce qui n’est qu’un instant. Une seconde seulement. Une infime éternité.
Dans un doux fracas, les bracelets s’entrechoquent sur son poignet lorsqu’elle se recule vivement, reprend sa place dans le silence de leur malaise conjugal.

Bien élevée, Erin change de sujet, de ses syllabes réfléchies. Les mots semblent superflus, et pourtant elle les embrasse lorsqu’ils quittent sa bouche. Ils pourraient meubler, apaiser, faire oublier. Seuls appâts qu’elle pense pouvoir lui offrir, alors que, même sous les néons frissonnants, la menteuse est désirable. Debout aux côtés de son imposante silhouette, elle se sent si frêle. Presque enfantine. « Dis-moi, alors... Où est-ce que les filles comme moi vont prendre des verres sans froisser les inspecteurs ? » Les jolies filles, les élégantes, les étincelantes. Celles aux robes blanches et aux yeux candides, les nanas d’ailleurs, les poupées en dentelle, les gamines d’un monde en couleur. Trop effrayées par la réalité des bas-fonds, de ces brouhahas de garage et des imaginaires masculins. Sophie et les autres, personnages de composition.
Parce qu’en réalité et malgré tout, dans une autre vie, Erin Mulcahy aurait très bien pu s’amocher les genoux sur les comptoirs des bars, pour la country brouillon d’un gars d’ici et de sa gratte.
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âge : 45 ans.
occupation : flicard enragé aux griffes longues et aiguisées pour mieux les planter dans la carne des voyous.
statut civil : fait fuir toutes celles qui s'approchent d'trop près. préfère les haïr plutôt que d'leur offrir l'plaisir d'le briser encore.
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☆☆ Mer 3 Juin - 0:23


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il pense à sa fuite. à son échappatoire. à cette envie d’quitter cet endroit d’malheur. à cette envie d’partir loin des machines qui deviennent assourdissantes. à fuir la faucheuse qui pourrait bien s’occuper d’lui après s’être occupé d’sa mère. quitter cet endroit qui l’étouffe. qui s’attaque à son être tout entier. qui y dépose ses griffes lacérantes et arrachent la chair quand il se débat. un besoin vital d’se tirer d’là. d’rejoindre ses addictions qui l’confortent dans l’idée qu’il est mieux loin d’ici. là, il est trop proche d’la mort. trop proche de c’qu’il redoute. l’inévitable à proximité. la faux chatouille de trop près ses côtes et ça lui donne la bougeotte. alors dès qu’il le peut. dès qu’il peut saisir l’occasion. il prend la fuite. lâcheté déguisée par l’envie d’nicotine. l’addiction pour refuge contre les terreurs.

la bête est docile, tellement docile qu’elle en devient familière. qu’elle joue l’jeu dangereux d’la proximité. baisser sa garde pour mieux s’approcher d’la vipère. vipère qui se mue en biche esseulée pour mieux appâter l’chasseur qui pense la traquer. dans son piège qu’il tombera bientôt. pour elle qu’il s’écroulera quand y s’retrouvera trop proche d’cette chair qu’il voudra faire sienne. l’instinct d’flic qui volera en éclat pour s’faufiler entre ses cuisses.
les deux âmes quittent les lieux. fuite assumée vers l’ascenseur. au plus vite ils sortent, au plus vite l’max respire. la cacophonie des machines vibre contre ses tympans, il étouffe. il en perd sa patience. devient imprudent oubliant l’peu d’galanterie qui lui reste. contre elle qu’y s’retrouve. sa peau épaisse qui rencontre la fragilité d’la sienne. son parfum qui vient chatouiller ses naseaux, l’envoute. ça dur quelques instants avant qu’elle brise l’enchantement. l’silence qui les ramène sur terre. et le malaise qui s'immisce entre les deux. l’flic oublie l’incident mais pas son parfum qui reste comme l’odeur tenace des clopes qu’ils enchaînent. « ailleurs qu’ici. » qu’il répond, pessimiste tandis qu’il a les yeux rivés sur les étages qui défilent. l’appel de la nicotine qui l’démange. l’envie d’sortir au plus vite et d’avaler son poison. « c’pas une ville pour toi. » trop sophistiquée pour s’fondre dans l’décor crasseux. les portes s’ouvrent, la sortie est tout près. la libération aussi. « t’vas t’faire dévorer toute crue. » il la pense sans défense. dans le piège de la biche qu’il tombe, la langue de vipère qu’elle a su dissimulée au point d’lui faire oublié. ou peut-être que c’est la liberté qui s’pointe au bout du couloir qui lui faire perdre son instinct. qui lui fait baisser la garde face à sa proie qui s’transforme en chasseur.

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Erin Mulcahy
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Erin Mulcahy

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statut civil : la pratique d'un sexe mondain lorsque l'intérêt s'y prête, avec ces gentils rats des villes.
adresse : #41 live oak st., où elle se fait taupe et épie le flicard.
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☆☆ Lun 15 Juin - 20:51


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Main dans la main, presque, chasseur et proie se jettent dans la gueule du loup. Les portes de métal se referment sur leurs silhouettes mal assorties, les confinant à l’intime volume de l’ascenseur ; cadenas sur leurs mensonges. Pour contredire le silence, le fracas de la descente, ébranlement de l’acier et balayement des étages.
Il est d’indéniables malaises qu’Erin s’applique à rejeter, embarras des rencontres mondaines, incompatibilité des discours. Encombrants mutismes soudains qui fleurissent çà et là, ralentissant les horloges et anesthésiant les langues. Ces malheureux revers, elle sait s’en défaire. Semblable aux baratineurs d’autrefois, la courtisane au salon, si elle ne manie qu’une chose c’est l’art de la conversation.
Pourtant, alors que les étages défilent et que les secondes s’étirent, et pendant que le flicard martèle leur chute de ses syllabes flegmatiques, la timidité de l’échange ne se fait pas désagréable.

Délicate, Erin observe Craven. De ses yeux qu’elle voudrait discrets, elle accroche la carcasse pour s’en emparer. Chaque sentiment révélé est une offrande précieuse, si elle sait s’en saisir, et puisqu’il semble vouloir se mettre à nu dans leur alcôve, la voilà prête à dérober des morceaux de lui. Gentil garçon, à présent, il se préoccupe de Sophie. S’inquiète. Conseille. La renseigne. Et sous la couverture des mots polis, il informe la vipère qui attend, crocs tendus. Délectables sont les aveux.
Lewisburg et sa mauvaise mine, le teint blafard d’une ville perdue. La noirceur avec laquelle il sait la dépeindre, le condé obligé de voir la vie du mauvais côté, perdu dans le film de sa vie et des trottoirs. Passager du train des misérables, aiguilles dans les bras et gamines aux yeux morts. Cimetière de son existence dont il est le gardien, ironie du sort. Le rictus ne vient pas.
Peu bavard mais explicite, il s’applique à lui expliquer les choses qu’elle sait déjà. Les souvenirs d’enfance devenus palpables, l’ombre des cauchemars rendus réelle. Monstrueuse Lewisburg et ses marionnettes sombres, crasseuse et malade, les sillons des rues la parcourent comme les veines sur un cancéreux. Et pourtant, dans tout son drame, la cité trouble est belle, désirable. C’est ce goût de l’inconnu et du danger qui la rend splendide aux yeux d’une prétentieuse ridicule. Haine et amour se mêlent lorsqu’Erin pense à la ville de son enfance. Craven ignore tout.

Lorsqu’enfin se termine leur huis clos sur les fondations du rez-de-chaussée, ils apparaissent plus familiers. Les mots qu’ils prononce, douce mise en garde, un tendre avertissement. Sûr de lui lorsqu’il évoque les canines qu’on pourrait planter dans sa chair, mentionnant une chasse dont il ignore pourtant l’existence. Et dans l’ombre de son ennemi, Erin qui s’échappe de l’ascenseur en pensant à lui murmurer c’est toi qui vas te faire bouffer. Si elle savait. Déjà sur sa peau, le picotement des morsures à venir. « Ce serait malvenu. » Elle souffle simplement, un secret aux lèvres, comme un sourire. La violence des coups du futur qu’elle voudrait lui assener, un scénario qu’elle apprécie, qu’elle chérit.
Dans le dernier couloir, à présent, vers la lumière et ses métaphores d’absolution. Max et Erin sortent ensemble, adolescents hésitants. Sans un mot, ils évoluent logiquement vers le soulagement de l’extérieur, accompagnés par le brouhaha du hall d’accueil, apaisant boucan après l’oppressant calme de l’étage des métastases. Des témoins, du public, innocents anonymes aveugles aux pêchés qu’ils transportent. Il serait si facile d’en faire les jurés du procès qu’elle voudrait faire à Craven. Le vieux clébard n’attirerait pas leur sympathie, lui qui cherche d’ailleurs à ne captiver personne. Le sombre irresponsable et la coupable angélique, passant le seuil de l’hôpital, quittant le monde des âmes brisées.

Dehors, le vent sournois est humide, et de ses violentes caresses il vient décoiffer Erin lorsque, à la recherche de l’élégant paquet Vogue, elle plonge les doigts dans son sac à main. D’abord, elle y trouve le canif. La lame est un vulgaire lot de consolation, une maigre menace face au colt du flic. Il est vrai que Cahal lui a promis un flingue, mais d’avance elle appréhende le contact de l’engin assassin dans ses mains inexpérimentées. Jouer armés, et la réalité du danger s’impose de nouveau. Alors qu’elle se redresse pour glisser entre ses lippes une fine cancéreuse, l’anticipation d’une détonation précipitée la saisit. Et sur la chemise immaculée du flic, tout près, elle imagine la naissance d’une tâche écarlate à la place du cœur. Contre toute attente, l’image est excitante.

Fumeur compulsif, il a déjà embrasé son tabac, semble s’en satisfaire. L’occasion est parfaite, Erin profite du doux cliché qu’ils pourraient créer. Du menton, elle indique le zippo, lui demande de l’aider. L’inclinaison qu’elle devine chez lui, cette affection pour les fragiles poupées qui ont besoin de lui. « Tu peux me donner du feu ? »
Leur chorégraphie est irréprochable alors qu’ils retrouvent la symétrie qu’ils partagent. Craven se penche vers Erin. Erin s’élève vers Craven, lui tend la bouche, les lèvres. De ses paumes, elle protège la clope des rafales, et le voilà qui y avance le briquet, joignant doigts, regards et flamme. Lumière sur leurs lippes, ombre sur leurs visages.
Vite, une telle proximité est brûlante, étouffante, semblable à la première bouffée de fumée qu’elle inspire. Tous deux se reculent après s’être rapprochés, drôle de danse des aimants. « Merci. » Et les mots se perdent dans le flou des volutes blanches.

Erin met un terme à son curieux espionnage avant que le charme n’en soit rompu, reprend les rênes de leur conversation. « Ça fait longtemps que tu es ici ? » Les mots faciles, les questions sans saveur. Monsieur et Madame Tout Le Monde, les pieds dans la banalité. Ça ne leur ressemble pas, cette vie quelconque. Vient alors le couperet, la piquante incision avant celle du canif. Une nouvelle intrusion dans les méandres de son entité, percée dans son intimité. « T’as jamais eu envie de t’enfuir ? »
Et tout près, menaçant comme la ville, un nuage noir gorgé de pluie.
Sur la pommette, comme une larme, la première goutte s’écrase.
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