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 fb; young and crude (theodore)


                                                                 

Erin Mulcahy
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find or lose our souls
Erin Mulcahy

messages : 1004 points : 426
multicomptes : l'orgueil de sin.
face + © : rooney mara + SOLSKEN, old money, yquem.
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âge : trente-ans.
occupation : avec son accent emprunté, la bouseuse jouait les citadines dans une galerie d'art de brooklyn. désormais reléguée à faire tourner le manège des camés, digne fille à papa.
statut civil : la pratique d'un sexe mondain lorsque l'intérêt s'y prête, avec ces gentils rats des villes.
adresse : #41 live oak st., où elle se fait taupe et épie le flicard.
sujets en cours :
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MessageSujet: fb; young and crude (theodore)   fb; young and crude (theodore) Empty
☆☆ Lun 6 Avr - 19:13



i, an artist, will answer you:
i am here to live out loud

L’ivresse d’avoir vingt-trois ans à New York.
Dans une main, l’épaule de Clara, toute proche, secouée d’un petit rire cristallin. La deuxième paume délicatement refermée sur une coupe de bulles dorées qui n’est pas la première. Ce brouhaha familier, ce simple bonheur auditif, rimes de verres entrechoqués, musique d’ambiance et conneries échangées. Un son blanc et pur, semblable aux cloisons de la galerie, qui se veut présent, certes, mais si peu soumis à la gravité des œuvres exposées.
On ne célèbre pas la guerre mais l’homme, pour l’ouverture de son exhibition. Clichés choisis du désarroi pour aller courtiser une Amérique à qui rien ne manque, quelle hypocrisie. On se dandine, on se marre, on papote, on drague. C’est le rendez-vous des oiseaux exotiques, bavards extravagants avec leurs manteaux colorés. L’indécence d’être venu manger des amuse-gueules devant des argentiques de gamins qui crèvent de faim.

Clara et Erin, toujours. Pétasses parmi les pétasses, robes achetées pour l’occasion, exclamations trop fortes de champagne ingéré, petits fours subtilisés. L’objet de leur convoitise s’agite sur la mezzanine, vieux gourou des arts, propriétaire de plus de trente-cinq galeries newyorkaises. Le postiche bien en place sur son désert capillaire. Impétueuse, hardie d’ébriété, Clara prétend s’apprêter à l’attirer dans les chiottes, pour mieux le soudoyer. Et les messes basses qu’elle ajoute, sales références anatomiques, pour faire tordre Erin qui crache un peu de Ruinart. Les talons qui s’emmêlent, la jolie robe qui s’agite, s’élance, se vautre presque. La main délicate qui se rattrape au mur, à côté d’un négatif.
Autoportrait.
Poussière, sable, hamada. L’air est chaud, devant la photo. Le soleil blanc en brûle un coin, rongeant le faciès du personnage principal dont on devine le script. Cheveux et barbes mélangés sur un visage marqué, vécu. Les pupilles qu’on suppose claires, accusatrices. Erin se tait, face à lui. Un temps, seulement.
« Putain Clara, c’est lui regarde ! Plutôt beau gosse pour quelqu’un qui photographie de la merde ! » Elle traîne sa copine, lui met les yeux en face des trous. Deux pintades qui s’esclaffent à nouveau, sans gêne et sans merci. Une nouvelle gorgée de champagne, une nouvelle coupe. Alors qu’elle sent les douces brumes de la confusion enlacer sa réflexion, Erin, toute gamine, se lance dans l’apogée de son préjudice. Sans pouvoir l’avouer, parce que le contexte est au jugement et aux critiques, parce que l’alcool se marie à présent trop bien à l’hémoglobine, parce que ça ferait moins rire Clara, et parce qu’elle-même ne veut pas trop y croire, ce n’est pourtant pas du fait de leur qualité que les photos lui déplaisent. C’est ce qu’elles provoquent, ce qu’elles attisent. Le doigt dénonciateur sur tous les clichés, une amertume qui leur est directement dirigée, à eux, les inconscients du vendredi soir. Des scènes affreuses qu’on ignore alors qu’on passe, qu’on snobe, qu’on se lasse. La réalité d’un monde d’ailleurs, inimaginable. Une mini-quiche qui reste dans l’œsophage. Coupable, plus que tout. Ça la fait chier, Erin, mais c’est au deuxième verre qu’elle a commencé à oublier.

« Autoportrait, j’y crois pas… La prochaine fois, ce sera quoi ? Ode à moi ? Le narcissisme de ses gens, ça me donne la gerbe. C’est comme ce qu’on a vu au début, les photos des militaires… Tellement égocentrique. Qu’est-ce qu’il veut le gars, passer pour un héros pour enfin arriver à baiser ? » Clara, deux pommes rouges à la place des joues, répond que, s’il faut véritablement se sacrifier, elle voudra bien le sauter, le gars de la photo. Et d’un commun accord, elles se remettent à rire, vilaines étudiantes surprises en pleine bêtise au fond d’un amphi silencieux. Vite, les ventres se plient de douleur et d’éclats, asphyxiés de ne pouvoir respirer. Il faut remonter à la surface, épancher sa soif d’oxygène et de calme, un peu.
Et puis il y a cette ombre qui plane. Cette silhouette sur la cloison immaculée. Une menace qui vaut à Erin de se prendre un coup de coude de Clara, sale réveil dans ce cauchemar embué. Silence. Confusion muette. Honte explicite, humiliation complète des profanes. Prises en flagrant délit d’outrage, accusées par Dieu lui-même, l’auteur, l’artiste. Les oreilles grandes ouvertes sur leur insolence.

Un battement de cil pour vérifier, pour s’assurer que ce n’est pas une erreur, que le visage imprimé est celui qui se tient devant elle, grand, pas forcément ravi. De façon à récupérer un nom qu’elle a oublié, ultime erreur, ces nombreuses syllabes enchaînées. Theodore McCullum Jr. Easy.
« Oh, monsieur McCullum, enchantée ! » Comme un drapeau blanc, elle tend la main, alors que derrière, Clara s’enfuit. What a bitch. « Je suis désolée, je – » L’excuse qui ne vient pas aussi vite qu’elle l’aurait espérée, et la voilà les lèvres ouvertes sur un mensonge inexistant. McCullum, c’est un cadeau. Depuis sa révélation quelques années plus tôt, il rafle prix sur prix et âme sur âme. C’est un gars qui plait, un gars qui vend, un gars qu’il faudrait avoir à son côté plutôt que d’en être la merde sous le pied. « Mon amie n’est pas très ouverte à la photographie, les goûts et les couleurs vous savez, on ne peut pas plaire à tout le monde. »
Erin qui s’enfonce, habituée des marais de l’hypocrisie, qui se sauve. Une dernière audace, peut-être, lorsqu’elle bombe le torse pour exposer un décolleté décoré, assez lucide pour savoir que des hommes peuvent tout pardonner pour un aperçu rosé.
Si elle savait.
(c) calaveras.
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Theodore McCullum Jr.
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à l'ammoniaque.
Theodore McCullum Jr.

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multicomptes : a. masurier, prince déchu.
face + © : m. huisman © odistole.
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âge : trente-six années perdues dans une cave aux murs sableux, mille trois cent quatre-vingt quatre jours aux limites brouillées par la force du soleil.
occupation : comme un animal sauvage perdu en pleine ville, il faut d'abord tout réapprendre et puis panser les plaies avant de se rappeler la réputation de photo-reporter de guerre qui a causé tant sa gloire que sa chute aux enfers.
statut civil : alliance obsolète pour la symphonie solitaire d'un homme que l'on croyait perdu à tout jamais ; et comment oublier son visage et ses espoirs, et comment sinon lui en vouloir, quand sa survie a tenu au fil de sa mémoire.
adresse : 1115 magnolia street, l'adresse d'une maison sans âme et sans souvenirs dans laquelle il a posé ses valises, après avoir hanté l'appartement de sa soeur pendant quelques semaines ; les murs sont blancs, le jardin est vide, mais il a peut-être enfin trouvé un peu de réconfort en calfeutrant le grand garage et le plongeant dans la lumière rouge. l'odeur d'ammoniaque du révélateur rongeant le bout de ses doigts comme un baume pour son esprit abîmé.
sujets en cours : wane, fitz, erin, léo, cameron, ailish, hunter.

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MessageSujet: Re: fb; young and crude (theodore)   fb; young and crude (theodore) Empty
☆☆ Lun 6 Avr - 21:14


peut-être était-ce l’alcool, peut-être était-ce la vérité, peut-être ne voulais-je pas que les choses deviennent trop abstraites, mais j’eus l’impression que je devais le dire, parce que c’était le moment. quote:a. aciman, icons: vocivus. @erin mulcahy

new york était new york et elle sentait la peur et le mensonge et la solitude de ses années d'études à columbia mais new york était new york et la ville l'appelait sans cesse et sans arrêt il fallait y revenir reposer ses valises rentrer dans les rédactions insulter son agent à l'autre bout du téléphone et courir sur les trottoirs encore brillants de pluie claquer le bruit des pas sur l'asphalte courir avec la nuit regarder la vie passer son temps dans le brouhaha et mourir avec le soleil mais pouvoir se repaître innocemment de celle qui ne dormait jamais le champagne les expositions les mensonges et les sourires distingués-

"redonne-moi une coupe." un signe de la main empressé à l'égard de son agent, un verre passant de paume en paume, des doigts aigrelets jusqu'à sa poigne brûlée au révélateur. un salut de la tête, sourire conventionnel, au rédacteur en chef d'une revue qui adorait le snober encore hier. et l'alcool, enfin, droit dans son estomac sans prendre le temps de savourer la finesse des bulles ou l'or délicat du pétillant français. "theodore... tu sais très bien ce qui se passe quand tu-" monroe adore le réprimander sur sa consommation d'alcool en situation de représentation sociale — ça ne se fait pas. mais theodore pose son index sur les lèvres du quarantenaire au cheveux grisonnant, et monroe sait depuis deux ans qu'il ne faut pas frustrer la bête si l'on ne veut pas finir avec une esclandre à couvrir. embrasser poliment la main d'une avocate ou d'une mondaine au visage figé par les poudres et les fards, et pousser un soupir empli de trépignement. il fallait se tenir, jouer un rôle, même si l'on excusait beaucoup quand on parlait de reporter de guerre ; le titre offrait le luxe d'un cliché de personnage bourru et buté, brûlé par le soleil et tombé amoureux d'une terre lointaine. et l'important était de ne jamais quitter son keffieh, qu'importe la latitude ou la météo. pour autant, son fin col roulé noir ne trompait personne. mais le soir était frais, même en juin, dans la ville portuaire du nord-est américain.

les photographies au grain noir et blanc n'étaient qu'une toile de fond pour savourer des petits fours d'un traiteur dont le nom ne figurait sur les cartons de surgelés. on aimait être vu et remarqué, parce que ça avait une vague valeur gentiment policée, de venir s'apitoyer devant la misère du monde. c'était le problème avec les galeries privées. monroe avait tourné la tête une seconde de trop pour échanger des amabilités avec un énième petit bourgeois au sourire similaire à celui de son cher et tendre père. alors, il en avait profité pour s'éclipser, se faufiler dans la foule qui ne le reconnaissait que vaguement. on s'en moquait, de son visage, et c'était sans doute tant mieux. il aimait la chaleur du soleil et de la gloire, la vraie. celle des coeurs battants éperdument, des victoires plus grandes que l'entendement. pas celles de l'entre-soi mondain auquel mccullum sr. lui avait offert un laisser-passer en le reprenant sous son aile et l'envoyant dans une des universités les plus connues du pays.

il ramasse encore une coupe de champagne, et il ne sait pas vraiment la combientième. fuir l'étage ouvert, redescendre les escaliers dans un frôlement généralisé de tissus bien coupés et de bijoux se voulant à la fois sobres et assez remarquables pour signifier son rang. roulement insensible de ses yeux en portant l'alcool à ses lèvres, regard alentour. les clichés portaient sur ces deux dernières années. deux années de travail, après la consécration première de la une avec son portrait d'une jeunesse grondante au coeur des révolutions arabes. le printemps du jasmin. le fameux positif trônait sans doute quelque part, non loin. mali, deux mille douze. irak, deux mille onze. gaza, deux mille treize. il avait fini une de ses pellicules, en février, avec un auto-portrait.

la double-exposition du cliché était quasiment imperceptible à l'oeil nu, surtout en état d'ébriété. ça l'avait fait rire, qu'ils choisissent de l'afficher, qu'ils le forcent presque. comme si son visage avait la moindre importance, comme si c'était sa peau qui comptait plus que son regard. deux jeunes filles à l'équilibre incertain piaillaient devant le cadre transparent, et son verre approchait déjà de l'aridité. il n'avait pas eu besoin de parler, pas un seul mot, même pas un geste. l'une s'était retournée, suivie de l'autre, et les esclaffements s'étaient fondus en un silence gênant. le champagne semble enfin commencer à se distiller dans son sang, alors qu'elle tend une main gracile. corps inconnu au visage de poupée taillé au couteau. il avait laissé sa main flotter dans le vide, sans y toucher, sans la serrer. simplement finir de vider cette énième flûte, la tête rejetée en arrière. un soupir en reposant ses yeux sur elle, puis sur l'auto-portrait. "ça a surtout aucune place dans une galerie au milieu de manhattan." il l'avait coupée en plein milieu d'un discours sirupeux et doux comme le velours. et elle tend la gorge alors qu'il n'y a qu'une vague moue sur les lèvres fines de theodore. raté. il y avait un david de michel-ange qui l'attendait, quelque part en louisiane. une légère toux, cachée dans son poing, et un froncement de sourcils en reportant son attention sur le petit format. "allez-y, caressez-moi dans le sens du poil en me parlant de la douleur dans mon regard et de la gravité sobre qui ressort derrière le choix de mettre celui qui épie en lumière, j'adore quand on fait ça." monroe l'aurait déjà tué trois fois, et à chaque fois avec une arme et des techniques différentes. un silence distrait, encore un soupir. la fatigue n'avait pas de date de péremption. "un instant-" un bond sur le côté, rattraper l'épaule d'une hôtesse et soulever la bouteille. moët et chandon, c'était son jour de chance. la jeune femme avait ouvert la bouche, mais il avait fait le signe de garder le silence, avec un clin d'oeil lascif. quelques pas, et son butin encore couvert de perles d'eau froide. brandi à la hauteur des yeux de la jeune femme brune. "vu qu'on va en avoir pour la soirée, je fais le stock. mademoiselle... ?" qu'on lui donne un prénom, et quelqu'un d'un peu plus intéressant que cette plèbe de l'upper east side. il avait déjà porté la bouteille à ses lèvres.
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MessageSujet: Re: fb; young and crude (theodore)   fb; young and crude (theodore) Empty
☆☆ Ven 10 Avr - 1:28



i, an artist, will answer you:
i am here to live out loud

Elancée sur une traverse périlleuse, les enjambées sont maladroites, gauches, et c’est tout comme un soulagement lorsqu’il s’empare du monologue et l’interrompt. Désabusée de sa propre ineptie, Erin s’accorde un sursis au tribunal des trouble-fêtes. Talons et chevilles s’alignent à nouveau, sous l’étau de sa concentration fuyante. Un soupir, abandon et inattention. Dans ses oreilles il se fait aphone, prononçant des syllabes qu’elle n’entend pas. Un drame muet en parfaite bichromie, au milieu des clichés contrastés. Le champagne qui en fait toute une farce.
L’insolente prend conscience de sa nouvelle arrogance, ce snobisme qui la fait sourde et dédaigneuse, cette prétention qui ne la dérange qu’en présence de plus important. Par réflexe, par usage, elle voudrait s’excuser, se faire pardonner. Elle se sait capable de plaire, de divertir, de converser et de s’attirer les bonnes grâces de certains influents, ces fameux princes des arts. Ce serait négliger ces vagues, doux roulis de ses pensées dans un océan liquoreux. L’ivresse qu’elle a tant désirée et vite accueillie, devenue ébriété qui la dénude de ses ravissants artifices. Cette sorte de timide transe qui lui prend la seule chose qu’elle aurait dû conserver. La vigilance somnolente manque un détail important. Il ne l’a pas regardée. Ou du moins, pas comme il aurait dû le faire, comme les hommes le font, ces pantins prévisibles. Le renflement de son buste lui est insignifiant. Et c’est dans l’ignorance des choses que Theodore McCullum Jr. désire qu’Erin continue son cinéma, battant des cils, levant le menton, biche apprivoisée face à la lueur grandissante des phares.

Le roi s’anime, prend possession de son royaume, balaie le pion Erin. Se fout d’elle, vraiment. L’amertume de sa rancœur est palpable, sciante. Il est pourtant vrai qu’elle en mérite chaque souffle, et la gamine accepte la punition, prête à rejoindre les cancres dans le coin de la salle et à lui écrire des lignes de rédemption. Persuadée qu’un petit air de mauvaise fille l’aidera à obtenir un acquittement définitif, elle se laisse bercer par la sentence, torture anesthésiée par la boisson. Vient quand même ce ruisseau froid dans sa nuque, tendre retour à la réalité, consternée de s’être laissé attraper. L’égo fêlé, fragilisé, qui gueule à la vengeance. L’enfant de malheur, surpris en train de dessiner sur les murs.
Elle ne fait pas la gueule, parce qu’il ne faut pas. Mais l’euphorie la quitte doucement, tristement, comme une amoureuse lassée. L’instabilité n’est plus là que pour la handicaper.
« Encore une fois, je suis navrée, je – » Il ne l’écoute plus, fatigué d’avoir parlé sans audience, peut-être, indifférent aux bavardages de l’impertinente qui l’a blessé. Elle ne sait plus. Et alors vient l’impensable, l’absurde, lorsqu’il étend le bras pour se saisir d’une bouteille, leur bouteille.

Un changement s’opère, et l’innovation semble invraisemblable. Elle a pensé, au pire, devoir supporter l’humiliation d’être portée par un des gorilles de la sécurité jusque sur le trottoir ou être affichée en public comme ennemi de la bienséance. Tout en voulant sauver sa peau dans le filet de ses fourberies, elle s’est attendue à des représailles, une réelle sanction, un coup dans sa face salopée. Ces choses qu’elle a voulu éviter. Rien de ce qu’il ne souhaite lui apporter.
Il se fait rédempteur, l’inconnu qu’elle a moqué. Et c’est peut-être pour l’enfoncer davantage qu’il lui fait cette offrande, ce cadeau, mais les bulles bourgeoises ont également des airs de hache de guerre enterrée. La voilà toute pardonnée. Jubilatoire dans la surprise, elle se laisse séduire par l’agrément de la situation et voit ses lèvres se courber en un sourire. Trompée de nouveau par un égo qui exulte, elle triomphe d’avoir su montrer l’épiderme et fait plier le mâle.
Toutes ces choses du sexe qu’elle fait semblant de connaître pour faire oublier sa candeur.
Comme si elle savait se dénuder pour les hommes.

Il l’emporte, lui fait croire, la berne. Folle ingénue, elle suit le rythme de sa hardiesse alors qu’il s’intéresse, interroge, improvise un rendez-vous dans son palace de succès. Comme dernière promesse, la vulgarité du geste, ses lèvres sur le goulot. Muet de la cascade dans son gosier, il finit de la convaincre. Un affront qui pousse à la sincérité, balaie les faux semblants de toute une soirée. Alors s’il est capable d’être cru et vrai, la môme reprend sa place au pays de la foule authentique. Il est apparent qu’elle a déjà grillé toutes ses cartouches avec McCullum. Le voilà pourtant, la bouteille tendue, curieux, présent. Méritant d’une histoire vraie.
« Merci. » La voix se fait plus grave, l’enfant s’éloigne, les syllabes s’imprègnent de vérité alors qu’elle saisit la bouteille pour y boire à son tour. S’isolant des pensées macabres qui l’amènent à réfléchir à sa salive sur le verre, aux microbes du contenant et à sa tête bientôt penchée sur une cuvette, Erin déglutit. S’enivre à nouveau. « C’est Erin, Erin Mulcahy. J’ai une galerie à Brooklyn, si ça vous intéresse. Enfin, on pourra certainement en discuter quand vous m’aurez pardonnée. »
Et si finalement, ils s’autorisaient à s’entendre ? C’est un soulagement que d’en imaginer la scène. Oppressée par ses propres préjugés, elle aurait presque oublié la simplicité des échanges verbaux. La délicatesse d’une amitié éphémère, la passion d’un débat porté. La véracité de paroles lancées à l’abandon, sans but, sans intérêt, juste par curiosité, pour voir, pour savoir. Parce qu’on ne sait jamais si un égocentrique en noir et blanc peut s’avérer être un acolyte alcoolique.
« Je vous ai sous-estimé, un peu insulté… » Ce ne sont plus les molles excuses qu’elle lui a servies plus tôt. Affirmation de son ânerie, franchise, pour une fois. Les flocons dorés dans la bouche qui délient la langue. « Mais à dire vrai je vous pensais un peu coincé… Ce qui est loin d’être le cas, finalement. » D’un sourire elle indique la bouteille, leur secret partagé. Un petit rire qui n’est ni poli ni surfait.

L’air se fait lourd, les piaillements très aigus. La soie de la robe, comme un étau, les stilettos, comme des morsures. A l’écart, ils sont pourtant à l’abri. Mais la fête est finie, Clara s’est barrée et les moqueries ne font plus mouches. Le décor n’est plus approprié au dialogue improvisé qu’ils ont initié, la salle grouille d’amis d’occasion, pantins beaux parleurs. Ce blanc sur les murs, insultant. Et ce quelque chose, qu’elle saisi tout juste. Sa fuite, à lui aussi, vers les cachettes de la galerie. Son désir de se fondre, de disparaître, lorsqu’il l’a surprise. Une volonté commune, alors, de s’envoler loin d’ici. « Et si on allait ailleurs ? Vous avez dîné ? »
De ses petites mains elle attrape Moët et artiste, entraînant ses deux compagnons nocturnes vers l’obscurité, la fraîcheur, l’oxygène. C’est la grande évasion. Sillonnant parmi les perroquets et tapisseries d’apparat, ça la fait marrer de tanguer sur le parquet.
Et très vite c’est le Graal. L’extase. Outside.

De l’autre côté de l’avenue, une devanture foncée.
On y mange italien.
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statut civil : alliance obsolète pour la symphonie solitaire d'un homme que l'on croyait perdu à tout jamais ; et comment oublier son visage et ses espoirs, et comment sinon lui en vouloir, quand sa survie a tenu au fil de sa mémoire.
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MessageSujet: Re: fb; young and crude (theodore)   fb; young and crude (theodore) Empty
☆☆ Ven 10 Avr - 12:36


peut-être était-ce l’alcool, peut-être était-ce la vérité, peut-être ne voulais-je pas que les choses deviennent trop abstraites, mais j’eus l’impression que je devais le dire, parce que c’était le moment. quote:a. aciman, icons: vocivus. @erin mulcahy

elle était jeune, élancée sur des talons qui semblaient mettre en danger ses jambes de bête frêle ; et le champagne à disposition lui avait sans doute malencontreusement rendu des allures d'oisillon tombé du nid. c'était dur d'apprendre à voler quand on se cognait aux murs. des excuses, des excuses, encore et toujours des excuses coulant comme un fleuve de ses lèvres de velours — elle se pâmait peut-être, elle dansait en silence pour faire plier ses nerfs, et lui ne le voyait que du coin de l'oeil, comme une agitation vaguement reconnaissable. il a trop bu, et monroe le tuera sans doute demain à l'aube ; parce qu'il ne se permettra jamais, sinon, de le déranger avant le lever du soleil. il savait très bien ce qu'il fallait en faire ou en penser, et peut-être l'épiait-il même, depuis le balcon de ces messieurs-dames. peut-être qu'ils se fourvoyaient, qu'en se croyant seuls et à l'abri des regards et du monde, plantés devant ce cliché qui ne se regardait même plus, ils étaient en fait à leur merci. un frisson le long de la colonne vertébrale, de la chair de poule le long des bras, malgré l'air doux de la fin du printemps. erin. elle a pris la bouteille à son tour, elle a bu à la même coupe, elle a trempé ses lèvres dans le calice. il lève les yeux vers la mezzanine, vaguement distrait, quelque chose de lointain logé au fond de la gorge et du regard. une lente déglutition, en cherchant, en épiant ; en espérant peut-être croiser les yeux de monroe, dernier affront, dernier au revoir. son attention retombe avec la douceur de ses iris céruléens, en vérifiant les alentours, en arquant un sourcil, rattrapé par une information parmi toutes les autres. "une galerie, à votre âge ?" elle a l'air jeune, ça se voit dans le rose de ses pommettes et la courbe nette de ses lèvres et de son sourire.

c'est une vague scélérate, un vague à l'âme latent, la roulette russe alcoolisée des émotions plus ou moins inavouées. il bat des cils, en se fixant, image figée par les sels d'argent. presque une moue, à l'écouter s'excuser, s'excuser, s'excuser ; même si ses mots sonnent différemment, plus profonds, plus sincères. et elle rit d'un rire cristallin et sincère, bref mais honnête. il reste silencieux, golem d'argile qui revient porter la bouteille partagée à ses lèvres. il ne semble passer que quelques secondes de battement, et pourtant ce sont peut-être des minutes, peut-être des heures. peut-être qu'on leur aurait menti sur la manière dont le temps passe dans les espaces clos et guindés préférés par la bourgeoisie new-yorkaise. et si on allait ailleurs ? il sourit. "soit." mi-réponse pour des questions qui de toute façon n'en demandaient aucune. elle a pris sa main comme une enfant trop heureuse, et il l'a serrée spontanément. c'est vague et vide, cette sensation qui le perturbe depuis quelques instants. des fantômes dans la foule, des serpents dans les nuées. c'est ainsi qu'un artiste s'éclipse de son propre opening.

les discussions entre-mêlées cèdent brutalement au ronronnement de la ville. la lumière des lampadaires et de quelques enseignes, l'air frais des fins de soirées. il s'arrête sur le trottoir, et après avoir enfin remarqué la force de sa main nouée à la sienne, la relâche doucement. un restaurant italien trône juste sous leurs yeux, de l'autre côté de la rue. dans la poche arrière de son pantalon camel, il sent son téléphone vibrer doucereusement. une gestuelle habituelle et maniaque, de regarder les nouvelles. de s'apesantir, juste un instant, sur le message affiché sur l'écran d'accueil. bonne nuit. il a froid, de lui. c'est drôle et soudain, comme trop souvent, comme à chaque fois qu'il l'oublie dans son travail et le retrouve comme un noyé retrouve la surface. qu'importe l'oxygène, pourvu qu'il lui déchire les poumons et chasse l'onde. il soupire, range la bête électronique. "venez." c'est plus judicieux, de s'éclipser complètement, avant qu'on ne les remarque. de s'enfuir à grandes enjambées, d'arrêter les voitures un instant en les remerciant d'un vague signe de la main. il l'entraîne à sa suite, dans le rythme saccadé de ses talons aiguilles frappants le macadam.

il ne saurait dire exactement, si c'est bien cameron qui lui manque ou simplement la chaleur des baisers. l'alcool l'induit en erreur et il se croit parfois plus égoïste qu'il ne l'est. il la rattrape presque, cette erin qui semble prête à s'envoler ou s'écrouler, à chaque nouvelle enjambée, en montant sur le trottoir d'en face. ça sent bon les tomates qui mijotent et la chaleur étouffante d'un lieu trop plein de vie. contraste inexorable avec une galerie qui, malgré son peuplement, semblait presque froide en comparaison.

"une table, pour deux. le plus au fond de la salle, si possible." accoudé au comptoir de l'entrée, il jette un regard à la jeune femme, par-dessus son épaule. plantés comme deux intrus dans l'entrée du restaurant familial, deux inconnus soudainement venus se cacher du monde en se fondant dans un autre. les discussions vont bon train, la cuisine ronronne, et un filet de musique semble s'échapper d'une enceinte. le serveur s'en va, dit qu'il revient dans deux minutes, pour leur donner une réponse, sans doute, peut-être. et, accoudé de ses bras, theodore enfonce son crâne entre ces derniers, noue un instant ses mains dans sa nuque. bien sûr, qu'il a trop bu, comme il sait si bien le faire, comme on l'en prévient, comme à chaque fois. il a trop bu et ça le fait courir à travers la ville, ça le fait rêver d'insulter son agent, ça lui donne envie d'embrasser cameron et si cameron n'est pas là, de trouver quelque chose, quelqu'un, un moyen de substitution parce que les bulles dans ses veines ont la saveur d'une absence de lendemain.

il se redresse dans une grande inspiration, laisse une main traîner dans ses mèches brunes, repose son attention sur l'hirondelle à ses côtés. "je crève la dalle." c'est faux. il a faim de vivre, d'être sur le théâtre des opérations, en plein milieu des déchirements humains, de se nourrir d'adrénaline et de peur. il a faim qu'on le malmène et l'embrasse vivement, de sentir des doigts rugueux danser sur sa peau. il a faim de briser la solitude citadine.
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Erin Mulcahy
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âge : trente-ans.
occupation : avec son accent emprunté, la bouseuse jouait les citadines dans une galerie d'art de brooklyn. désormais reléguée à faire tourner le manège des camés, digne fille à papa.
statut civil : la pratique d'un sexe mondain lorsque l'intérêt s'y prête, avec ces gentils rats des villes.
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☆☆ Mar 21 Avr - 20:41



i, an artist, will answer you:
i am here to live out loud

New York excitée. Dedans, devant, de l’autre côté. Acoustique débraillée des débuts de concert, préambule de la bibliothèque noire et de ses romans que l’on conte de nuit. Le vent fait le bruit des voitures, le macadam revêt la musique des échassiers qui l’empruntent. La ville se fait espionne, gourmande de mots ouïs, de paroles en l’air, de secrets susurrés, et son oreille en fait écho dans ce brouhaha chaud des soirées urbaines. La lumière qui s’éveille, opportuniste, alors que l’astre évadé a cédé le zénith à l’obscurité. New York ne rend jamais aveugle, brillante dans son habit de flambeaux, éternelle veilleuse pour les âmes qui craindront toujours l’ombre. Enfants jouant à faire semblant. Enfants à responsabilité. Enfants qui cherchent l’absolution dans l’éclat d’un réverbère, d’un verre, d’un regard.
Enfants qui se tiennent la main pour traverser, inconscients, insolents. Enfants réalisant l’incohérence de leur fugue, petits bandits apprenant à faire le mur. Le demi-tour qui tente l’enfant-homme.
Divorce des doigts, mitose. On oublie la raison.
Les mains n’ont peut-être jamais été mariées.

Le demi-tour qui tente à présent l’enfant-femme. Les yeux rivés sur la lumière parmi les lumières, rectangle vacillant dans la paume qui, un instant plus tôt, enserrait la sienne. Enchaînement de caractères, comme un code à déchiffrer, pour s’arracher à l’ivresse et se noyer dans une froide réalité. Elle l’imagine repu, déjà, de leur escapade impromptue, mais c’est finalement lui qui prend les devants et arrange leur enlèvement. Un murmure, une injonction, un ordre délicieux.
Les voilà qui entreprennent un nouveau voyage, participant au concert newyorkais en fournissant leurs propres compositions. Expirations dans air nocturne. Talons sur bitume. Millésime abandonné à la gravité. Fracas d’une entrée en scène.
Troisième tableau.

A leur entrée, Erin laisse Theodore aux formalités. Nauséeuse se fait la migraine qui la menace, prélude des petits regrets. Pour partenaire, un timide tournis, tous deux s’élancent dans une valse immobile qui la laisserait sur pieds. Un sourire, comme au théâtre, poupée de cire de peur de trahir l’ivrogne et d’être renvoyée à sa place, dehors. La supercherie semble fonctionner. Ils arrivent, s’installent, s’approprient.
Le comptoir comme radeau pour les naufragés d’une société parodiée. Il s’y accoude, elle s’y accroche. Trop saoule pour jouer les sérénades qu’elle pratique d’ordinaire, trop lucide pour oublier l’incommodité d’une situation épineuse. Il faudra s’accommoder de la sincérité, alors, dans ce restaurant cru et dépouillé de faux semblants. What you see is what you get. Ce n’est plus comme en face. La même croyance, encore, qui la pousse à penser qu’elle finira par avoir raison de McCullum.

Bancale sur ses pilotis, elle s’autorise une étude du cliché. L’Autoportrait. Cheveux en vagues de sable brun, comme une tempête autour du faciès qui s’est fait pâle. Plus terne que sur la photo en noir et blanc, il semble. Un hâle estompé par les semaines, qui dévoile les reliefs délicats d’un homme qui s’ennuie. La détresse le fait bander, elle se dit à nouveau. Ça le fait se sentir important. La misère apporte à son regard des éclairs qui l’illuminent, il la cherche, la traque. L’égo qu’elle veut caractériser de surdimensionné, l’orgueil grandissant à chaque révélation dans sa chambre noire. Il fait ça pour qu’on le voit, pour qu’on l’admire, pour qu’on l’adule. Pour Erin, McCullum est semblable aux poètes des arts qui se voudraient maudits, traçant d’un pinceau maladroit un nu scandaleux pour faire connaître leur patronyme. J’accuse, il s’exclame. Regardez-moi, il somme.
Dans toute l’imperfection qu’elle lui invente, elle le trouve parfait pour la galerie.
L’immoralité est ce qui se vend le mieux.

L’artiste s’empresse de ponctuer l’absence du serveur, mais son palais est de l’autre côté de la rue et ici, ils sont invisibles, banals. Erin, au contraire, se sent gourmande d’une conversation qui s’annonce, plus que du dîner qu’on lui promet. Courtoisie de son braquage au rayon amuse-gueules, mini-quiches et petits fours. Offense qu’elle a pratiquée, qu’elle voudrait élégamment dénoncer. Les étiquettes fusent dans ses méninges engourdies, et plus que tout elle aimerait pouvoir catégoriser sa proie. Est-il pourri ou fait-il semblant ? A-t-il mérité son piédestal au panthéon des hypocrites ? Est-il aussi égotiste qu’elle le dépeint ? A-t-il pris les clichés par accident, en faisant des chefs-d’œuvre involontaires ? Compliments qu’elle ne fera pas. Pas tout de suite, du moins, derrière le comptoir comme barre de tribunal. « C’est vrai que ça aurait été un peu déplacé de vous gaver au buffet. » Un sourire entendu qui ravive les escarbilles malicieuses dans les prunelles. Peu importe qui il soit, finalement, tant qu’ils s’autorisent de nouveau les acrobaties psychiques et puériles des évadés de l’exposition. Erin a ri avec des cons et s’est entichée d’ordures, elle a exposé les croûtes d’arnaqueurs et les a arnaqués en retour. Délice devenu commun que de se nourrir de causeries. Recette inédite, cependant, d’allier à l’art de la parole un rien de spontanéité.
Depuis qu’il s’est avoué impulsif, Theodore a son intérêt.
Créant un entracte dans l’amorce de leur échange, Flavio les attire dans ses filets, les charme de gestes langoureux, les embrasse de ses syllabes accentuées, étrangères. Il les installe au fond, cachés, dans l’intimité d’un coin. Trompé, lui aussi, il s’autorise un clin d’œil osé à Theodore. D’homme à homme. Le coach à son poulain. La meilleure table pour conclure.
Erin s’en soucie, le cœur qui s’emballe sur un business plan qui n’est pas écrit, et un corps qu’elle ne peut pas donner. La diversion qui vient, le menu entre les doigts.
« Qu’est-ce qui vous a pris, alors ? De partir immortaliser les tabous du monde ? Si ce n’est pas par narcissisme, bien sûr. » Perles blanches dévoilée par un visage fendu, lorsqu’elle rit doucement. Provocation délicate, il y a déjà survécu. Il y a également cette curiosité maladive, ce besoin de le découvrir. Et le goût du conflit, héritage scellé revenant parfois la hanter, clandestines impulsions.
L’impudence sauvage de l’enfance avortée que l’alcool réveille et fait briller.
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hrp: je suis mille fois désolée du temps de réponse en plus c'est nuuul
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âge : trente-six années perdues dans une cave aux murs sableux, mille trois cent quatre-vingt quatre jours aux limites brouillées par la force du soleil.
occupation : comme un animal sauvage perdu en pleine ville, il faut d'abord tout réapprendre et puis panser les plaies avant de se rappeler la réputation de photo-reporter de guerre qui a causé tant sa gloire que sa chute aux enfers.
statut civil : alliance obsolète pour la symphonie solitaire d'un homme que l'on croyait perdu à tout jamais ; et comment oublier son visage et ses espoirs, et comment sinon lui en vouloir, quand sa survie a tenu au fil de sa mémoire.
adresse : 1115 magnolia street, l'adresse d'une maison sans âme et sans souvenirs dans laquelle il a posé ses valises, après avoir hanté l'appartement de sa soeur pendant quelques semaines ; les murs sont blancs, le jardin est vide, mais il a peut-être enfin trouvé un peu de réconfort en calfeutrant le grand garage et le plongeant dans la lumière rouge. l'odeur d'ammoniaque du révélateur rongeant le bout de ses doigts comme un baume pour son esprit abîmé.
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☆☆ Mar 21 Avr - 23:19


peut-être était-ce l’alcool, peut-être était-ce la vérité, peut-être ne voulais-je pas que les choses deviennent trop abstraites, mais j’eus l’impression que je devais le dire, parce que c’était le moment. quote:a. aciman, icons: vocivus. @erin mulcahy

c'était injuste pour elle d'être tombée sur un homme de son genre, c'était insensible et insensé, de seulement la laisser croire et espérer. et pourtant, il n'avait rien fait, lui semblait-il. il avait pris la main d'une inconnue, certes, pour courir dans la nuit et tromper la mort et les cris des klaxons et des voitures. il ment comme il respire et l'apnée est un sport qu'il ne pratique que trop bien en milieu mondain. les doigts noués dans sa nuque, il avait évité les regards, juste un instant, rien qu'un instant. hagard ailleurs de vivre une vie qui n'était plus la sienne depuis bien longtemps. il aurait aimé pouvoir rentrer à la maison, ce soir, se faufiler dans l'appartement, à pas feutrés. être surpris par ce joli garçon, planté là au milieu d'un couloir ou de la cuisine, la lumière tout juste allumée. les pensées se bousculaient comme des étoiles contraires qui se laissaient filer et mourir dans le paysage nocturne de sa boîte crânienne.

il ment comme il respire parce que c'est l'adage de la survie en terre hostile. mais tout le monde croit que la vie lui a été offerte avec un noeud de satin, alors qu'il n'a été que chien galeux adopté par vague pitié. il se redresse dans un soupir, il ment, il ment, il ment comme il respire. tableau infernal de deux inconnus à la dérive dans la nuit de manhattan ou de brooklyn. ça n'a aucune importance, de savoir vraiment. ce qu'ils font, qui ils sont, et quand le soleil se lèvera, demain matin. elle rit et fait mouche, mais ça sonne dans l'air épais du restaurant italien comme des notes de musique faussement légères. personne ne joue de la harpe en plein milieu d'un terrain de combat. alors il sourit vaguement, le regard un instant ailleurs, comme si la pièce pouvait disparaître, comme si l'avenir était arrivé hier. des battements de cils incertains et erratiques, une main passée sur son visage en regardant maniaquement, une dernière fois, par-dessus son épaule. de l'autre côté de la vitre embuée, les phares jaunâtres des automobiles défilent et se reflètent, et puis plus loin les lumières de la galerie, devenues halos perdus dans la marée de leurs oublis.

le serveur est un bel italien, du moins c'est ce qu'il s'efforce à faire croire. ça se lit dans ses yeux et son sourire trop large et trop grand. il a des boucles d'ébène et les yeux noisettes. il lui sourit mais personne ne le voit, parce que ce n'est jamais ce que l'on croit. se faufiler de table en table jusqu'à l'alcove intimiste. à l'abri des regards et à l'abri de la ville. une chaise tirée pour la demoiselle, un regard trop insistant à l'adresse du photographe. theodore roule malgré lui des yeux, à comprendre plus vite qu'il n'en a la sensation les sous-entendus qui flottent dans l'air. ça s'envole et ça disparait aussi vite qu'un éphémère. assis face à face, dans la lumière chaude et nappée. elle se pâme et se cambre dans des rires trop grands, elle semble danser sur une musique qu'il n'arrive pas à entendre. il s'est laissé couler dans sa chaise, poser ses épaules en arrière et un instant étirer son cou, étirer sa nuque, rejeter sa tête pour mieux revenir, mais pour une fraction de seconde faire de sa gorge et de sa pomme d'adam le chemin interdit rêvé par tant d'amants. elle le raccroche à la vie et au reste du monde. il toussote et retient une excuse dans son poignet. plante doucement ses coudes, à nouveau, comme toujours. sur la table trop petite pour tenir les coeurs de deux personnes.

il sourit, il grimace, ricane et se délasse. un regard fuyant, mais personne ne leur prête attention. ils sont un couple interdit dans le new-york de tous les possibles. des êtres comme eux, on en croise à toutes les rues, surtout à ces heures-ci. ils ont des allures d'aimés qui s'ignorent, pour eux tous, pour les autres. elle se moque et il reste silencieux. ses doigts jouent avec ce qui traîne, avec le couteau à bout rond qui tourne un instant entre son pouce et son index. avant qu'il ne se force à le reposer. il pourrait presque entendre le premier du nom le sermonner. soupir. "on doit forcément être un peu fou et un peu bête pour se dire qu'on est capable de ramener quelque chose de pays et de zones où... où les gens vous disent bien en face que vous n'avez rien à faire là." ses lèvres se pincent et se mordent, il croise son regard dans un instant futile. "j'ai l'air d'aimer ça, n'est-ce pas ?" la question affleure de ses lèvres comme une grenade dégoupillée. il sait ce qu'on dit des hommes de son acabit. au fond, ils n'ont pas tort, les médisants, les critiquards. il ne ferait rien de cela, si ça ne le laissait pas au moins quelques secondes, au moins un instant, empli d'ivresse et d'extase. retrousser ses manches, ses bras le démange. il voudrait un autre verre, ou une bouteille. monroe adorait le sermonner. un vague geste de la main, héler un serveur, commander sans même y faire réellement attention une bouteille de vin rouge pétillant. elle le regarde et il ne saurait dire exactement ce qui le met mal à l'aise dans sa façon de faire. il n'a plus assez de discernement, malgré son air noble, pour mettre des mots sur des choses si simples.

hors-rp:
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