Drown with me | ft. Lizz'

les traits fatigués, le regard éteint. elle observe le soleil qui se lève, assise sur un banc non loin du red lion. cette nuit, elle n'avait pas réussi à dormir. une énième dispute avec morgan avait perturbé sa tranquillité. ses crises d'hystérie à répétition, elle les vivait aussi mal que lui. incapable de mettre de l'ordre dans sa tête, d'organiser les choses dans son cerveau à l'envers. liz, elle ne dort pas bien dans cette chambre où elle se sent prise au piège. entre ces quatre murs, cette solitude. hantée par un passé révolu, nostalgique d'une histoire d'amour qu'elle n'avait plus.

le téléphone vibrait au fond de sa poche. quelques secondes avant que ses orbes ne s'égarent sur l'écran illuminé. ian. un léger sourire s'esquissait le long de ses traits. il était imprévisible, toujours partant pour l'aventure. elle ne le connaissait pas depuis longtemps, mais elle appréciait son grain de folie. la façon qu'il avait de profiter de la vie. d'envoyer tout balader quand il n'était pas satisfait. de suivre ses envies sans jamais se limiter. ian, c'était une touche de fraîcheur dans son existence pleine d'amertume. une lumière qui semblait atténuer la noirceur de son cœur, qui la sommait de ne pas perdre la foi. liz, elle gardait le secret espoir qu'un jour, ses rêves de bonheur finiraient par se réaliser. qu'elle pourrait se soigner, et que ses démons trouveraient une autre proie, pour enfin la laisser respirer.

elle ne prenait même pas la peine de répondre à ses messages. parce qu'il savait. il savait pertinemment qu'elle le rejoindrait. la silhouette longiligne qui arpentait les rues de lewisburg, liz, elle était soulagée de pouvoir voir quelqu'un. de le voir lui. soulagée de savoir qu'elle ne passerait pas les prochaines heures seule, comme c'était le cas bien trop souvent. une fois près de lui, elle retirait ses chaussures, s'asseyant à ses côtés, contemplant l'eau qui s'échouait sous leurs pieds.

" j'rapplique toujours. va pas croire que t'es un privilégié. "

avoue-t-elle, en observant amusée, celui qui parvenait toujours à lui arracher des sourires. malgré les pensées nocives. explosives. elle se relaxait enfin.

" qu'est-ce que tu fais debout à cette heure-ci ? "

demande-t-elle, voilant sa bouche pour étouffer un bâillement.

" c'est quoi la super proposition alors ? "

(c) calaveras.

ses prunelles se perdaient à l'horizon, leurs cœurs battant au milieu de ces eaux troubles, à l'unisson. liz et ian, ils étaient tous les deux tourmentés. torturés par les brûlures d'un passé trop lourd à porter. le silence témoignant de toutes ces blessures non soignées. de toutes ces plaies qui n'avaient jamais pu cicatriser. ensemble dans leur galère, ils préféraient taire leur misère. profiter de l'instant, et ne jamais s'imaginer autre part que dans le présent.

" ouais, faut croire que j'suis pas difficile. "

rictus malicieux qui se dessinait sur son visage de poupée, liz, elle aimait le piquer dès qu'elle en avait l'occasion. avec ian, elle pouvait être elle-même. ne pas se préoccuper des apparences. oublier les vestiges de son corps en souffrance. elle pouvait sourire, hurler, pleurer, sans jamais devoir jouer un rôle. sans avoir besoin de garder le contrôle. ian, c'était la simplicité. le vent frais qui s'échouait sur sa peau malmenée. à ses dires elle hochait la tête, consciente que sa question restait superficielle. qu'il avait lui aussi des démons, qui erraient dans ses pensées. liz, elle riait à ses paroles, tendant la main jusqu'au paquet qu'il lui tendait.

" j'suis pas certaine qu'ils ont envie de voir ça. "

dit-elle amusée, la clope entre les lèvres qu'elle venait s'allumer. ian, il avait toujours des idées déplacées. mais c'est ce qui attisait sa curiosité. elle ne le jugeait pas. toujours réceptive à ses frasques, sans pour autant les accepter. son regard venait percuter le sien, tandis qu'elle haussait les épaules, peu convaincue par sa proposition.

" même pas en rêve tu me fous dans cette eau gelée. t'as qu'à y aller tout seul. "

murmure-t-elle, en lui faisant signe de sauter. liz, elle tirait quelques lattes de sa cigarette, avant de l'observer à nouveau, le sourire au bord des lippes.

" vas-y en premier j'te rejoins. "

(c) calaveras.