sorry, i'm not what you wanted. (liz)

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♫ piano ♫

y'avait ses yeux, couleur galaxie. et puis sa crinière, d'une douceur infinie. "maman". il ne lui reste d'elle que des souvenirs. partagée entre la maison et le lit d'hôpital. cadavre ambulant qu'on pointait du bout des doigts. silhouette frêle, qui n'arrivait plus à suivre ses pas. elle avait le corps fatigué, dévoré par la maladie. le cancer qui s'installait. la laissait dépérir. ses cheveux qui tombaient, pour ne plus revenir.

mais maman. y'a ton sourire qui perdure malgré tout, dans mon esprit.

liz, c'est une enfant perdue, qui se construit sans repères. bercée entre les sautes d'humeur et l'alcoolisme de son père. incapable de sortir la tête de l'eau, de s'épanouir autrement que dans le chaos. son père, son fléau. le désespoir qui le ronge, qui s'ancre en lui tel un poison. les désillusions. la dépression. une môme trimbalée dans des apparts miteux, dans des deux pièces poisseux. tout ce qu'il pouvait louer avec ses revenus modestes. liz, elle sacrifie son enfance, son adolescence. elle en abandonne jusqu'à ses études. toujours là pour gérer la maison et les nombreux problèmes. épaules fragiles qui supportent un poids trop difficile. pieds et poings liés à un destin funeste dont il n'a pas su la préserver. son père, il sombrait. les endettait. dilapidait l'argent qu'il s'imaginait posséder. mais malgré tout, elle souriait. force de la nature qui ne voulait pas s'écrouler.

y'avait sa petite sœur, robin, qu'elle voulait préserver de ces galères. celle qu'elle voulait à tout prix voir réussir, pour qu'elle ne ressente pas la misère. la colère d'avoir un père au cerveau à l'envers. robin, qu'elle laissait étudier, pour voir son esprit s'élever. son futur se construire en paix. liz, elle voulait admirer le soleil éclairer sa silhouette frêle, pour qu'elle réussisse mieux qu'elle. robin, tel un arc-en-ciel, cet ange pour qui son amour serait éternel.

morgan. à peine arrivé, il venait tout chambouler. ses prunelles sombres qui percutaient ses orbes claires. liz, l'adolescente éblouie par sa lumière. morgan c'est la chaleur. la douceur. le seul qui remarquait ses bons côtés. celui qui l'épaulait, qui se sacrifiait. morgan, il chassait ses ténèbres. il était prêt à tout, quitte à braver les enfers. le seul capable de faire naître un sourire, sur un visage qui ressentait l'envie de mourir. liz, elle veut sa bouche, elle veut ses mains. son cœur qui bat contre le sien. elle veut son rire, son odeur, sa voix qui la rassure quand elle a peur. morgan, son corps fort, ses bras solides, sa peau brûlante qui réchauffe ses pensées nocives. dévotion sans limite. morgan, tel un mythe. une histoire chimérique. un amour euphorique. et liz, qui se demande chaque jour comment était sa vie avant qu'il n'y pénètre. ce qu’était son oxygène avant la sensation de le connaître.

un bonheur qui paraissait trop beau pour être vrai. un ciel dénué d'obscurité, jusqu'à ce que la poudre ne croise ses narines enflammées. liz, naïve. curieuse de découvrir les effets d'un poison qui soulagerait ses maux. la drogue, qui doucement, prenait sa main pour la guider vers le chaos.

liz, elle a le corps en manque, endolori. parce qu'elle n'arrive plus à combattre cette addiction. sa malédiction. l'impression de tomber. de perdre pied. comme si chacun de ses muscles ne trouvait plus la force de bouger, comme si son cœur était sur le point de s'arrêter. pourtant, à chaque soirée, elle y revenait. liz, la chair mortifiée. le teint blafard qui ne pouvait réprimer son désir. son cerveau qui ne refoulait plus l'envie de toucher son plaisir. elle voulait oublier tous ses ennuis. encore une fois. juste pour une nuit. braver de nouveau les interdits. entendre une dernière fois ce bruit. le son du paquet qui s'entrouvre. admirer la beauté de cette poudre blanche qu'elle tiendrait en sa main. penser que c'est une chance. alors qu'elle ne fera qu'endormir sa souffrance. pour un soir de plus. un rail de plus. une pincée de magie noire au fond de ses sinus.

et puis le drame. la fin, avant même que tout ai commencé. petit être mort né, qui n'aura jamais la chance d'être aimé. liz, elle baignait dans sa folie, et elle emportait avec elle un morceau de sa vie. rongée par les remords. brisée de ne pas l'avoir protégé. elle se retrouve seule. parce qu'il y'a les absences de morgan pour l'armée, son premier séjour en cure de desintox qui était loin d'être un succès. liz, c'est une vie rythmée par les soins, puis la rechute. par les retrouvailles, puis par les disputes. par l'amour... et puis la haine. morgan, c'est celui qu'elle a laissé. trop de fois. sur le bas côté. avec l'intention de ne pas revenir. plus jamais.
pourtant, elle finissait toujours par le rattraper. comme une âme égarée, qui rebroussait chemin jusqu'à sa moitié.

morgan, j'te cherchais dans tous les visages, dans tous les regards. dans toutes les paroles. à chaque contact, j'ai cherché ce frisson, cette décharge électrique que j'ressentais auparavant. j'ai pourchassé l'adrénaline pour raviver cet organe, au milieu d'ma poitrine. j'ai alors compris. ce poids sur mon cœur, et j'ai séché mes pleurs, ma quête est vaine. je te perds.

y'a les crises d'hystérie. les différends. le venin, qui coulait toujours dans ses veines. les toxines, qui polluaient son oxygène. liz, elle se hissait sur un piédestal funeste. reine d'un royaume en ruines. elle gâchait tout. encore une fois. une fois de trop. elle, qui ne gérait plus rien. la drogue saccageant son visage presque mort, telle une pluie de météorites qui s'abattait le long de tout son corps.

morgan, elle te déchire aussi fort qu'elle tient à toi. parce que t'es son pilier, le seul sur qui elle peut compter. robin, elle la fuit depuis bien trop d'années. lasse d'espérer sa guérison. épuisée de la réparer de son addiction. de répéter des mots vains à son corps en perdition. et son père, elle en entend même plus parler. elle a plus personne à qui se raccrocher. à part toi. il ne reste que toi.

et quand entre deux crises, elle est en état de sobriété, elle se laisse consumer. préférant le fuir. réalisant qu'elle n'est qu'une épine qui vient le torturer. une épée plantée dans son cœur, qui ravive la douleur de ses plaies.

j'suis désolée pour tout. des mots et des gestes que j'ai laissé faire. que j'ai été bête... j'voulais pas l'avouer, mais maintenant que j'le sais. que dans le miroir tes mots deviennent vrais. j'suis désolée. de moi. pour toi. désolée encore. désolée j'ai tort. encore une fois. encore à cause de moi. comment j'suis égoïste, de t'oublier parfois. quand je n'pense qu'à combler le vide, qui est resté là... depuis qu'il ne fait plus partie de moi. pardon si j'te perds. j'suis déjà bien trop loin dans les enfers.