hello darkness my old friend; lonàn.

lonàn & morgan / Up in the north where the cold wind blows Over the prairie gold. There's a church bell screaming. ( @jamie commons )

son corps est lasse. laminé par la fatigue et le cercle vicieux dans lequel il évolue. les secondes durent des années sans qu'il n'arrive à surmonter quoi que ce soit. morgan a délaissé le reste de sa vie. s'est enfermé dans son silence sans trouver le courage de balayer d'un revers de main ce qui le met à terre. le retour de nina, soulagement soit-il, n'a été qu'une lumière à peine palpable. rapidement dissimulée derrière le retour d'anja. à croire que tout à un sens finalement. que tout vient à point nommé et quand la fatalité s'enlise, il ne reste rien d'autre que le néant et les vagues immenses qui submergent tout sur leurs passages. et quand les démons tapent à la porte de l'irlandais, il n'y a que dans l'alcool où il se sent en sécurité. même le red lion ne semble plus le maintenir en vie. il ne reste que des débris.
des morceaux étalés là,
à tes pieds.
la mine défaite, le réveil percutant, il oscille à travers la solitude du red lion. les jours de fermeture sont rares voir inexistants. pourtant, l'irlandais a décidé de s'octroyer le droit de prendre un jour de congés. de tapisser les murs de son casino, de sa grise mine et de ses défauts. la tasse de café entre les mains, ses pupilles divaguent sur chaque murs qui l'entourent, cherchant un point d'accroche convainquant. depuis des jours entiers, son portable est éteint. il n'a même pas prit la peine de revenir vers les siens. ses frères, nina, ses amis. il s'est terré. n'a pas voulu s'avouer la vérité : elle a laissé des traces si violentes que même lui n'est plus capable de se relever. étrangement, morgan se sent moins enliser de la savoir loin. comme si un nouvel air était insufflé dans ses poumons intoxiqués. la clope fumante entre les lippes, il tire la dernière bouffée comme un dernier espoir de sortir de sa léthargie. le mégot rejoint le fond du cendrier tout comme la dernière gorgée de café, dans le fond de son gosier. rallumant son portable dans la foulée, il consulte les messages laissés. en délaisse beaucoup et ne se concentre que sur l'essentiel. tandis que ses pas l'emmènent tout droit vers sa chambre, profitant de la tranquillité pour enfiler un jogging et un tee-shirt. le sac de sport sur l'épaule, c'est avec le néant dans son sillage que morgan emporte le peu de courage qu'il a. prend la direction du dernier lieu indiqué. il a besoin de se ressourcer. de défouler ses membres contre quelque chose de concret. d'assez dur pour ne pas s'en sentir éprouver. peut être même que ses frères lui manquent. mais morgan ne l'avouera jamais. il est de ces coeurs pudiques où secrets inachevés. dans tous les cas, il s'attend au cataclysme de questions. son silence radio n'est pas passé inaperçu mais il sait lonàn lucide sur la situation. pas mit au courant du retour d'anja, mais il connait assez son ainé pour savoir que morgan a toujours fonctionné comme ça. par vagues. par rythme défectueux et impérieux. entre l'excès et l'absence. entre la violence et la loyauté. ses pas le trainent, sans rien de concret. même son tête n'est qu'un trou béant d'un néant infâme où rien ne circule. mais à l'intérieur, il bouillonne de ce qu'il n'a pas pu exorcisé. espère s'en délester. au moins pour un temps avant que la routine ne revienne et balaye de plein fouet, tout le reste.
atmosphère sordide quand tu pousses la porte,
ça pue le sang coagulé et la testostérone déployée.
les combats sont terminés. dans le lieu, il ne reste plus que quelques carcasses abimées et des billets verts étalés. dans le coin, assis là tel un truand au sourire affinés, son cadet s'amuse à compter. ce qu'il a amassé pour plusieurs gueules amochées. morgan fait retomber le sac de sport sur le sol, signalant sa présence avant de bouffer les derniers mètres de distance. un sourire fin s'étire sur son visage. rien de jovial. juste une timidité inavouée comme s'il revenait après avoir fuit un conflit. tes exploits rapportent à ce qu'je vois. un sourcil froncé, il montre du doigt la pile non négligeable de monnaie avant de revenir aux pupilles du cadet. t'as l'temps pour un vieux crouton comme moi ? j'ai besoin d'me défouler. il ne vient pas souvent. voir jamais. à de rares occasions quand tout le reste devient trop difficile à supporter. l'irlandais tire alors la casquette de son crâne, remet ses cheveux en place avant de la déposer sur un coin de table bancale. t'es là comme si t'attendais qu'il vienne te sauver. comme si il était le seul, en cet instant, à pouvoir t'aider à respirer.

Morgan & Lonàn

hello darkness my old friend

Les soirées Fight Club sont toujours synonymes de plaisir décuplé et d’euphorie partagée. L’ambiance qui règne en ce lieu bondé n’a aucun équivalent à envier. Les combats, Lonàn, ça le fait tellement vibrer. Ce soir d’ailleurs, il s’est éclaté, dans tous les sens du terme. Des coups de poings reçus, mais surtout des coups assénés. Dans l’enthousiasme général, on l’a acclamé. Son nom s’est mis à résonner. Cette nuit, le roi de l’arène, c’est lui, comme chaque fois qu’il y entre pour se défouler. Pourtant, son adversaire n’a rien à lui envier. Une carrure plutôt carrée, il est juste un peu plus petit, à vue de nez. La hargne brûle au fond de ses iris enflammés parce que Lonàn ne cesse de le provoquer. Il jubile de l’enrager et sur son visage, son sourire y est greffé. Impossible de le lui arracher. Il est fier, McGrath, et savoure cet instant de pleine satisfaction. Les combats, ils le transcendent littéralement. Plus qu’une simple recherche d’adrénaline qui pulse dans ses veines, c’est un véritable moment de liberté. Se battre, faire danser ses poings, ça le fait vibrer, ni plus ni moins. S’en prendre en retour n’affecte en rien son incroyable entrain. Au contraire, ils ne font qu’accroitre son plaisir certain.

Le combat prend fin et c’est la victoire assurée. L’autre combattant est au sol et cherche ses dents éparpillées. Pris dans l’hilarité générale, il lève les deux bras en l’air pour savourer sa victoire dans un cri d’acclamation tonitruant. Et ça, c’est tellement gratifiant. Evidemment, il n’en est pas sorti indemne, de ce combat acharné et passionnant. Un bref coup d’œil sur son état et on remarque une arcade en sang, quelques bleus par-ci par-là et la lèvre abîmée, légèrement. Qu’importe, la douleur n’a rien de dérangeant. Il la supporte parfaitement. Elle a même quelque chose de vivifiant. Parce qu’elle prouve à quel point il est vivant. D’autres combats sont organisés et Lonàn ne se repose pas pour autant. Voir les autres combattants s’affronter, ça le fait vibrer également. Il encourage ses poulains à se surpasser. C’est du grand spectacle et chacun en a pour son argent.

La soirée terminée, la foule s’est dispersée. A présent, il est temps de tout ranger. Tout le monde s’est affairé à la tâche et a fini par rentrer. Le petit comptable de la bande n’a pas pu rester et c’est Lonàn qui s’occupe des comptes. Enfin, plus ou moins. Les chiffres, c’est loin d’être une partie de plaisir pour lui alors il se contente de compter la fortune engendrée ce soir. Une chose est sûre, la soirée a été florissante comme à chaque fois qu’il entre dans l’arène. Voir le boss des lieux se battre, ça ramène toujours un bon paquet d’oseille. D’autant qu’Ari sait parfaitement faire monter les enchères dans ces conditions. Un bruit sourd le sort de sa contemplation et il relève la tête. L’étonnement de croiser les prunelles de son frère laisse vite place à un sentiment de joie de le voir là, depuis le temps. Morgan et ses périodes de fuite. Un besoin de s’isoler qui n’a rien de nouveau. Chacun sa façon d’appréhender les choses. Si Lonàn se plonge dans la drogue en cas de coup dur, Morgan, lui, a tendance à se terrer dans un coin. Rien de bien surprenant puisqu’il finit toujours par sortir de son trou. Comme ce soir. Contrairement à son aîné, le sourire du maitre des lieux se veut bien plus chaleureux. « Et comment ! Ça rapporte d’être la star de la soirée. » Fier d’avoir amassé autant d’argent, un petit rire s’échappe de ses lèvres. Les sourcils se haussent face à la demande de son frère et il se lève dans la foulée. « Toi, un vieux croûton ? Cahal est un fossile dans ce cas là. » La plaisanterie lancée, il range les billets dans sa boite métallique qu’il ferme à clé et qu’il emporte sous le bras. « J’ai toujours du temps pour mes frères. » Une tape dans le dos de Morgan et il dépose l’argent de la soirée avec ses affaires, dans un coin. « Ça fait plaisir de te revoir, en tout cas. » Qu’il ne peut s’empêcher de balancer, parce qu’il est comme ça, Lonàn au fond ; trop attaché à sa famille. Même s’il est parfois maladroit dans ses gestes ou ses paroles, il serait prêt à tout pour le bien-être de chacun des McGrath. « Bon, sur quoi on part ? T’as besoin d’un défouloir vivant ? » Il se désigne en pointant ses pouces vers lui-même. « Ou tu veux t’acharner sur le punching-ball qu’on a accroché là-bas pour les échauffements ? » L’un ou l’autre, peu importe. « Enfin, si tu veux vraiment te défouler, je te conseille le punching-ball, évidemment. Lui au moins ne rendra pas les coups. » Qu’il ne peut s’empêcher de rajouter en riant légèrement. S’entrainer lui-même avec son frère ne lui pose pas de problème mais ce n’est pas le meilleur moyen de lâcher prise et de se libérer.