« On dîne. Chez toi. Ce soir. 19h. Je prépare le dîner. » Le sms est envoyé sans que je n’y réfléchisse plus que de mesure. Ce sms, j’ai l’impression que c’est l’un des sms que ma mère me laissait au début de ma carrière quand j’habitais dans mon appartement, à l’autre bout de Chicago pour me rapprocher de là ou j’exerçais mes fonctions de médecin. Un sms clair, net, précis, qui ne laisse pas le choix à la personne qui le lit. Lonàn n’a pas le choix aujourd’hui. Cela fait des jours qu’il repousse. Si je ne le connaissais pas, je serais persuadée qu’il m’évite. La vérité ? Peut-être qu’il m’évite, mais juste parce que 90% du temps, quand je suis en sa présence, je l’étouffe de mes attentions maternelles alors qu’il est plus vieux que moi.
Je ne m’attends pas à recevoir une réponse ou alors, un emoji ou un gif alors, je délaisse mon téléphone et contemple le bordel dans ma cuisine. L’îlot est enseveli sous les sacs en papier contenant des courses. Je crois que j’ai légèrement abusé en allant au marché mais… Cela importe peu. Je trouverai bien une façon d’utiliser tout ça. Je présume que si j’apporte plus que prévu chez McGrath, il ne râlera pas trop et se contentera de stocker ça dans son congélateur en plan de sauvetage. Peut-être que je pourrais m’arrêter chez Dag sur le chemin pour lui larguer quelques Tupperware ?
Je secoue la tête et commence mon rangement. Non, Dag a déjà eu sa dose quelques jours auparavant. Je trouverai une solution, mais pas maintenant. Non, maintenant, je suis occupée à ranger avant de ne commencer une des activités les plus relaxantes à mes yeux : la cuisine. Souvent, ils se moquent tous un peu que j’ai des activités de grand-mère… Parfois, je me dis qu’ils ont raison, que j’ai la vie d’une femme de 60 ans. Il ne me manque que des chats pour compléter la panoplie de la femme au foyer désespérée sans mari…
Ce n’est qu’au bout de quelques heures que je quitte la cuisine pour la salle de bain. Rafraîchie, j’embarque un sac un peu trop plein pour le bien de Lonàn et je prends la voiture direction le centre-ville. Définitivement, je peine à comprendre l’engouement de mes partenaires du fight club pour la ville. Probablement leurs histoires de mamie…
En bas du bâtiment, j'entre, grimpant les escaliers plus ou moins rapidement. Arrivée devant la porte de son appartement, je sonne avec insistance. Et je ne lâche pas le bouton tant que je ne suis pas sûre que la sonnette a assez hurlé. Avec Lonàn, je préfère abuser. Pour la bonne mesure, quand j'ai terminé, je précise: « Bebe Eats. » Le jeu de mot avec le service de livraison de nourriture le plus connu du monde est volontaire. Le plus souvent, quand on se voit, c’est pour une livraison de bouffe, une consultation à domicile ou parce qu’il a une galère que seule une mamie peut résoudre. D’ailleurs, c’est bien connu… Mes talents de médecin et plus encore de sutures sont les plus qualifiés pour recoudre un bouton de chemise…
Sujet: Re: Bebe Eats || Lonàn ☆☆ Mar 2 Juin - 23:56
Beatrix & Lonàn
Bebe Eats
Affalé dans son canapé, il n’a pas encore défini le programme de sa soirée. La drogue enfilée commence doucement à se dissiper dans son sang pollué. Les effets s’estompent peu à peu et les idées potentielles s’enchainent sans discontinuer. Pas de combats au FC prévu pour la soirée. Peut-être une sortie dans un bar ou tout autre endroit où il pourra rentrer chez lui accompagné ? Pourquoi pas, c’est une possibilité. Les idées d’endroit à squatter s’enchainent dans son esprit plus ou moins embrumé jusqu’à ce qu’un message sur son téléphone ne viennent tout stopper. Ce soir, il ne sortira pas s’amuser. Ce soir, il recevra Beatrix pour partager avec elle un dîner qu’elle aura préparé. Pourquoi pas après tout, ce n’est pas une mauvaise idée. Au moins, il mangera correctement sans rien dépenser. Reposant le téléphone sur son canapé, il ne prend pas le temps de lui répondre. Inutile, elle n’a pas besoin qu’il confirme quoi que ce soit, puisqu’elle sera là à l’heure prévue quoi qu’il en dise. Voilà des jours qu’il repousse sa venue parce qu’il a des choses à faire, ce soir pas moyen de faire machine arrière. Il lui doit bien ça, pour une fois.
L’heure de son arrivée approchant, il quitte enfin son canapé pour aller prendre une douche et s’habiller. Un minimum, au moins. Jean, t-shirt et ça fait amplement l’affaire. Le look décontracté, il n’y a que ça de vrai. Rares sont les fois où il arbore un costard, pour ne pas dire jamais. Les occasions de se pomponner ne se présentent pas souvent, à quoi bon faire des efforts ? Et puis avouons-le, Lonàn McGrath est bien trop négligé pour prendre soin de son apparence. Habillé et séché, il quitte la salle de bain pour retourner dans son salon en chantier et récupérer une cigarette qu’il coince entre ses lèvres. Adossé contre un meuble, il admire le bordel qui compose son appartement. Presque un élément de déco à part entière, tellement ça s’entasse de partout. Des tas de canettes de bières vides et des boites de pizza trônent sur la table basse. Des vêtements jonchent le sol et s’entassent un peu partout avec quelques chaussures qui traînent. Doit-on parler de l’état de sa cuisine ? Entre la poussière et la vaisselle empilée, difficile de trouver un peu de place pour poser quoi que ce soit. Se décide-t-il à se bouger pour ranger un minimum ? Absolument pas.
La sonnette de sa porte d’entrée finit par le tirer de sa contemplation. Coinçant sa cigarette entre ses lèvres, il se dirige vers la porte pour l’ouvrir et découvrir le médecin de l’équipe, les bras chargés, dans l’encadrement. Un sourire fleurit sur ses lèvres à l’évocation du service de livraison revisité. « C’est clairement plus rentable qu’Uber eats. » Puisqu’il est gratuit celui-ci. Ouvrant la porte d’entrée en grand, il se décale sur le côté pour la laisser s’engouffrer dans l’antre de la bête. Il la claque derrière elle et lui emboîte le pas jusqu’au salon. « T’as ramené à bouffer pour tout un régiment ? Tu sais qu’on est que deux, là ? » L’avantage, c’est qu’elle lui laissera le surplus qui lui fera sans doute le repas pour le restant de la semaine. « Alors dis-moi tout, qu’est-ce que tu nous as préparé, Bebe ? » Quelque chose de bon, parce qu’elle sait cuisiner à la perfection.
Sujet: Re: Bebe Eats || Lonàn ☆☆ Mer 3 Juin - 11:29
Bebe Eats
Je lève les yeux au ciel, secouant la tête à la réflexion de McGrath pour me dire bonjour. Plus rentable qu’Uber Eats… Cela dépend pour qui. Clairement pas pour moi, mais, je le fais de bon cœur, alors, ça passe. Pour ceux qui en profitent… Je pense qu’il n’y a pas photo. Je suis le service de livraison le plus rentable. J’avance dans son appartement, ne lui accordant même pas un regard. « Bonjour, quand même. » Mon ton est exagéré à souhait et probablement que si ça marchait avec lui, j’aurais une moue faussement vexée sur le visage. La vérité, c’est que cela importe peu. Je suis habituée.
Le capharnaüm dans son appartement aussi m’est familier et j’essaye de me souvenir de ce à quoi il ressemblait lorsque j’ai quitté les lieux la dernière fois, alors que tout était relativement rangé et propre… Mais je suis rapidement tirée par la voix de Loni alors que je pose les victuailles là où je trouve une place dans sa cuisine. De quoi nourrir un régiment ? N’abusons rien. Un demi-régiment, peut-être ? Mais je n’ai pas le temps de lui répondre qu’il poursuit. Alors, je m’occupe seulement de décharger mon sac, prête à en faire l’inventaire.
« Ce soir ? Saumon Gravlax et pommes de terre Hasselback. Sinon, pour le reste de ta semaine, il y a des boulettes de viande, une poêlée de légumes de mon jardin et un gratin.. » Je sors les petites boîtes une par une. Clairement, il aura de quoi manger sainement pour la semaine. « Sinon, j’ai fait un gâteau. » Et je sors le précieux avec une certaine fierté, mais surtout, en le dévorant des yeux. Le sucré est tout de même mon péché mignon et le chocolat plus encore. « Kladdkåka. » Et j’ai presque envie de commencer par le dessert maintenant que j’ai cette douceur sous les yeux. Malgré tout, je me reprends.
« Je suis bien obligée de vous nourrir comme il faut… Sinon, ça serait n’importe quoi. Avec toutes vos cochonneries… » Sans réfléchir, j’englobe Dagmar dans le lot. Ils sont pareils, plus ou moins taillés dans le même matériel. Ils mangent n’importe quoi, n’importe quand. « Tu me remercieras quand tu ne seras pas bedonnant pour la quarantaine. » Grand sourire taquin de ma part. Il est tellement grand, qu’il en faudrait sacrément pour qu’il devienne bedonnant, McGrath, mais, un petit rappel ne fait jamais de mal. Et puis, qui aime bien, châtie bien, non ?
Je marque une pause, regardant l’état de la cuisine. Je suis légèrement désespérée. J’ai souvenir maintenant, de l’état dans lequel j’avais laissé la cuisine. Propre, rangée, brillante avec une légère odeur de détergent au citron. Là, on en est loin. Bien loin. « Lonàn, comment tu fais pour t’y retrouver dans ce bazar ? » Et c’est une réelle question que je lui pose, légèrement dépitée. Je veux bien qu’il doit rarement manger chez lui, mais tout de même. Les assiettes et autres qui trainent dans l’évier et les cadavres de bouteille sont les preuves de sa présence, même partielle. « Je ne comprends pas que tu n’aies pas quelqu’un pour le ménage. » Et c’est vrai. Il a de quoi assumer cette dépense, si réellement ça l’horripile de le faire lui-même. « Et ne me répond pas que je suis la femme de ménage la plus rentable, hein. » Et je le regarde avec un air presque sevère, me doutant qu’il y a songé.