L’orage est passé et a laissé dans son sillage quelques dommages à colmater. Le plus difficile est sans doute terminé. Nina, saine et sauve, est rentrée. La tempête Moran a fini de s’abattre sur la fratrie divisée. Conway a commis l’erreur de sa vie et c'est le prix fort qu'il a payé. Un événement que Lonàn n’a bien évidemment occulté à aucun de ses frères adorés. Aussitôt le traître reparti la queue entre les jambes et la gueule explosée que l’irlandais s’est saisi de son téléphone pour envoyer de brefs messages à sa fratrie. Tous n’ont pas réagi, silence radio de la part de Morgan, notamment. Qu’importe, quand on connait sa relation avec Conway, ça n’a rien de bien étonnant.
La clope entre les lèvres, il se dirige d’un pas décidé vers le cabinet où bosse son aîné. Depuis que Nina est revenue, il n’a pas vraiment pris de nouvelles de son état de santé. Non pas qu’il s’en fiche, au contraire, mais après ce qu’elle a vécu, sans doute a-t-elle besoin de se reposer. Même s’il peut se montrer envahissant, Lonàn a – parfois – le sens des priorités. Ne pas l’embêter. Ne pas la harceler. Mieux vaut aller aux renseignements auprès de son frère bien aimé. Après tout, voilà un petit moment qu’ils n’ont pas discuté. Il y a pas mal de choses à raconter des deux côtés.
Arrivé à destination, il prend le temps de terminer sa cigarette avant d’entrer. Jette le mégot par terre sans réellement s’en soucier. Passe les portes de l’établissement et s’engouffre à l’intérieur comme s’il était un habitué. Pas besoin de se présenter, il n’a pas que ça à faire que de perdre du temps en blabla futile. Les interpellations dans son dos glissent sur lui sans l’atteindre. Il ne les entend même pas, trop focalisé qu’il est sur Cahal et la conversation à venir. L’ascenseur étant déjà occupé, il se dirige vers les escaliers pour les monter quatre à quatre. Il glisse et se faufile dans les couloirs comme s’il était une ombre ayant l’habitude de les arpenter. Il n’y a plus grand monde à cette heure de la journée. Devant la porte du bureau de son frère, il ne prend pas vraiment la peine de frapper. L’hypothèse de potentiellement le déranger n’effleure même pas ses pensées embrumées. « Helloooo ! » L’entrain naturel qui reprend le dessus, mêlé à l’euphorie de stupéfiants ingurgités. « J’passais dans l’coin alors j’me suis dit que j’allais faire coucou à mon frère préféré. » Faux. Le sourire aux lèvres, il n’attend pas d’y être invité pour s’installer dans l’un des fauteuils de l’imposant bureau de son aîné. A peu de chose près, il pourrait presque poser ses pieds sur la table, mais il se retient. « Nan, en vrai, j’suis venu exprès. Jane m’a dit que t’étais là quand j’ai appelé chez toi alors hop ! Me voilà. Ça va ? » A l’aise, Lonàn, il se croit chez lui. « Et j’viens aux nouvelles pour Nina, aussi. Comment elle va ? » Il serait peut-être judicieux qu’il laisse Cahal en placer une s’il souhaite réellement lui faire la conversation, non ?