elle a l'appétit qui dérange et le pouvoir qui démange.
mcgrath boys ☽ avril deux mille vingt.
c'est le silence qui est roi lorsque les cartes tombent. dans la pièce sombre ne dansent que les bouts de papier, dans des glissades feutrées sur le bois qui séparent les silhouettes que rien n'ébranle. elles sont cinq à ne pas bouger autre chose que leurs phalanges animées par cette pulsion de rafler les jetons qui s'entassent sous leurs rétines assoiffées. au-delà des murs capitonnés, les pauvres se ruinent et les fortunés empochent dans des cris rieurs. parfois des pleurs. on entend chanter les verres en cristal et soupirer les corps qui se pressent sur les fauteuils. mais rien, ô rien, ne pourrait te détourner de ce butin dont tu te sais déjà roi.
tu n'expliques plus la façon dont tu les dévisages. la façon dont tu lis dans leurs gestes comme sur leurs gueules de satisfaits. ils ne sont que tas de chaire. ramassis de rouille et d'os et dans tes entrailles tu ressens la façon dont bat leur sang. la façon dont se tord leur âme. et la façon dont il sera aisé pour toi, tu les faire cracher. on flanche mcgrath, l'ombre à ta droite se gargarise de ton mutisme alors tu feins la fragilité maquillée d'indifférence. un tour passe et les cartes tombent. c'est encore au corbeau de s'échapper les serres pleines de billets.
et les vautours se sont tous envolés lorsque deux de tes cadets se sont pointés, faisant trembler les portes lourdes qui protégeront vos secrets. il en manque encore un. le même. alors vos discussions se meurent en écho contre les murs. les cartes gisent encore sur le bois, tout comme les jetons laissés en paquet. tu te lèves et colle le cancer entre tes lippes. l'allumette craque. et la mort vous enveloppe. ta paume s'empare de la bouteille de bourbon qui observait dans un coin sombre. quatre verres, certainement pas un de plus. et l'alcool en vaguelette ricoche sur le cristal pour libérer ses arômes qui s'empressent de venir lécher les visages des irlandais. quelques bruits de pas et la porte s'ouvre enfin. tu ne lèves pas les yeux. lonan est sorti, enfin, de sa léthargie. et son verre, comme toujours, est servi.
et tu reviens prendre ta place entre tes frères. dans un soupir, tu entames, brut, sans âme, nina et moi nous sommes fiancés. ça t'arrache la gueule car ce sont d'autres questions que te brûlent la gorge, ce n'est pas à l'ordre du jour mais j'imagine qu'il est de mon devoir de vous l'annoncer. les mots sont hâtifs et le sujet, rapidement évincé. une gorgée de liqueur et une bouffée de vapeur, passons, et ton échine se laisse choire sur le dossier. et tu sens le venin remonter dans ta gorge, enfin. tu sens l'acide qui te coule au bord des lippes. lequel d'entre eux. lequel d'entre eux. lequel d'entre eux. la question résonne dans ton crâne comme une balle qu'on viendrait de te flanquer. avant que tu ne dégueules tes mots, tes rétines balaient l'assemblée. et tu craches la question dans un nuage de fumée, lequel d'entre vous s'est tapé la femelle moran ?
elle a l'appétit qui dérange et le pouvoir qui démange.
mcgrath boys ☽ avril deux mille vingt.
c'est le reste de servitude qui te pousse à respecter l'ordre aboyé. à te faire chien du maître contesté. il a encore ce pouvoir là sur toi, cahal. la main mise sur une volonté longtemps oppressée. le temps en allié modeste, tu mises sur l'occasion pour rugir la rébellion. dans l'attente, la baignade est en eaux troubles. tantôt bercé par le clapotis de vagues domptées, tantôt fortifié de la bourrasque naissante. quoi que t'en dises, la volonté seule est sujette à tes doutes. comme témoins de la scène, les pas se font lourds sous le poids de l'asservissement. résonnent de ton impuissance dans ce long et large corridor au marbre froid, si semblable à l'aîné.
lui, est déjà en place. à attendre le dernier d'entre vous dans le vacarme de vos silences. aucun de vous assez doué pour prétendre à une quelconque conversation superflue. impatient, tu trouves le chemin de tes vices, le pas subitement plus fluet. quand le second blond se pointe, tes doigts s'occupent de divertir un jeton négligé. ça a le luxe d'aguicher ton appétit croissant. d'alourdir de milles projets le porte-feuille tristement vidé par ta gourmandise.
le salon plein, cahal se fait oiseau de mauvaise augure. l'annonce des fiançailles est brusque. sauvage. presque intolérable. car tu sais la promise douceur à ses perversions. colombe au corbeau redouté. une étrange alliance vouée à un destin incertain. le tout fait rugir ton être d'une protection nouvelle. mais là encore, cahal se veut bref. distant. le temps n'est pas aux félicitations. l'homme a le visage des grands jours. l'éloquence impudique. un rire forcé s'échappe d'entre tes lippes. il a la plaisanterie affinée, l'frangin, malgré le masque de l'indifférence. ça renforce le faux rire. toi. une cadette aux yeux de biche, ça t'parle ? tu la sais savonneuse cette pente mais l'amertume se fait porte-parole d'une vérité. le raisonnement t'échappe et malgré tes mots, il y reviendra. il lâche jamais, cahal. c'est ce qui le rend détestable.
t'appuies l'agacement d'un bras levé, verre en main. l'attitude de l'ennuyé en fond de commerce. sois pas modeste, trinquons à la bonne nouvelle. et sans retenue, te délectes du nectar d'une gorge déployée. le verre claque contre la surface métallisée en point prouvé. en injustice contestée. les boyaux se tordent tandis le liquide réchauffe la poitrine, s'aventure vers des réalités cachées. gare à la garder rosée celle-là. autant t'éviter des soupçons injustifiés. n'est-ce pas ? la neutralité de façade n'efface pas la menace promise. cahal perdrait cher à retomber dans ses vieilles habitudes. garde-fou d'une nina tant affectionnée. tu te promets boulet à sa cheville tant que sa survie l'exigera.
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l'organe balbutie d'une façon démesurée tandis qu'il contemple d'un oeil aguerrie, l'aiguille de l'horloge tournée. l'impatience gagne ses traits et son corps tout entier. morgan a trouvé refuge, comme de nombreuses fois, dans la liqueur endiablée. celle qui tarie son âme de ces méfaits. l'oblige à perdre un bout de son esprit un peu loin. laisse voguer tout ce qu'il a de malsain. il déteste déjà ce qui va se passer. n'ose pourtant pas se défiler. entendre, encore et toujours, cette vieille rengaine bien huilée de celui qui se croit le maître d'un destin déjà joué. les cartes sont dans sa main et pourtant, cahal ne fait que les effleurer. s'ose croire roi d'un royaume qui n'a jamais existé. ça lui hérisse le poil rien que d'y penser. cette supériorité l'écœure tellement qu'il n'est plus capable de regarder l'ainé dans les yeux. parce que c'est ton reflet que tu contemples à chaque fois. ton reflet et tout ce qu'il voudrait que tu sois, pour quelques billets et paroles jetés. et lorsque l'horloge indique l'heure tant redoutée, mcgrath preste en silence. gonfle ses poumons de l'air disponible avant de redevenir, pour le temps d'une soirée, le démon de ce qu'il aime lui même détester. bas les cartes une à une. pose tes pions et laisse les le bouffer. pour toi cahal, je deviendrais celui que tu redoutes. ce frère sans ambitions aucunes. ce frère qui dénigre les siens pour le bien de sa conscience personnelle. les pas feutrés, c'est avec une lassitude certaine que morgan pousse la porte de la pièce. il ne jette même pas un regard à celui qui a déjà prit la place du roi. se frotte l'arrête du nez avant de s'asseoir sur une des chaises non loin. ses coudes se plantent dans le bois de la table et ses yeux, eux, contemplent le verre déjà servi. ça te fait comme s'il te rappelait dans quoi tu te noie. le silence est macabre, presque insoutenable. morgan ne lui offre par le plaisir de contempler ses rétines, préfère déjà assommer sa soif hebdomadaire. le cristal entre ses doigts, c'est à l'instant même où ses lèvres touchent le liquide ambré que le deuxième cadet fait son arrivée. jusqu'à la fin du silence mortelle qui les lie et lonàn arrive à point nommé. oppression, orgueil et ténacité. la partie peut commencer. nerveuse et surtout, pour passer le temps, morgan s'amuse avec un jetons laissé là à l'abandon. le fait vriller autour de ses doigts fracassés, attendant le tintement de la voix de l'ainé. elle ne se fait pas attendre. brise l'atmosphère et toute l'enveloppe de neutralité qu'il s'était forgé. comme ça. en une fraction de seconde. la pilule est amère. difficile à digérer. ils se sont fiancés.et tu sais plus vraiment si c'est comment il l'a annoncé ou le fait même qu'il l'est fait, qui te fait te sentir haineux tout à coup. mais morgan ne dit rien. garde les lèvres serrées. fait comme de rien n'était. garde cette rage. garde là au fond. ne le laisse pas avoir ce pouvoir. pas encore. le deuxième méfait ne tarde pas à faire son apparition et c'est les yeux relevés de morgan qui démontrent, en premier, son intéressement. pardon ? il croit rêver sur le moment. ne comprend pas les tenants et les aboutissements. c'est comme une idée impossible à mettre en ordre, impossible à placer. une sorte de rond à foutre dans un carré. aodh est le premier à tiquer. le premier a balancé l'amer vérité. mais oui, cahal, c'est bien toi, qui en premier, s'est faufilé dans les draps d'une moran. sauf que ça n'aurait aucun intérêt de soumettre l'idée maintenant. alors que la lamentable vérité, quant au sort de cette dulcinée, a déjà été révéler. les bras se tendent, les épaules se remontent. morgan tourne ses pupilles vers cahal, assomme la table, de son coude dénudé. contemple, amusé, du coin de l'oeil, aodh faire son petit spectacle. avant que le glas ne sonne. avant qu'il n'arrive à retenir l'acide de sa gorge. tu nous as fait venir pour ça ? un de ses sourcils se arque. sa tête se penche sur le côté. morgan s'en fiche de savoir qui à coucher avec qui. privée est la vie, des uns et des autres. frères ou pas. ça ne fait pas de différences à ces yeux. qui est-il lui, pour se permettre une telle question alors que depuis des années, il fait comme s'il était le seul décisionnaire de son existence. alors qu'il fout dans le monde dans le même navire. celui là même sur le point de toucher le fond houleux d'un océan déjà déchainé. y a pas d'autres sujets plus ... importants ? lentement, il commence à montrer son agacement. l'impatience qui le tend. et si c'était bien cette possibilité, déconcertante soit elle, qui te faisait bouillonner à pas de géant ? derrière sa question, le regard ne cesse de jauger le prétendu à un trône mille fois envié et non mérité. soumet de sa lueur, la promesse non oubliée. souviens toi, cahal, de ce que je t'avais promis quand mes poings ont frémis.
Dernière édition par Morgan McGrath le Mer 13 Mai - 3:29, édité 2 fois
Certaines notions ne sont pas totalement maîtrisées. Des concepts lui sont encore étrangers, comme celui de la ponctualité. Quoi qu’il fasse Lonàn, il arrive toujours le dernier à un rendez-vous fixé. Non pas qu’il le fasse exprès, c’est simplement inné. Un don qu’on lui a donné. Certains savent jongler, d’autres chanter, lui, il ne sait pas arriver à l’heure. Chacun sa spécificité. C’est donc sans grande surprise qu’une fois arrivé, il constate que ses frères sont déjà installés. Son verre est même déjà préparé. Un « Salut les gars » glissé à la volée et à son tour il prend place pour s’asseoir sur une chaise toute désignée. Se saisit du verre devant lui pour en boire quelques gorgées. L’ambiance est lourde et pesante, comme chaque fois que tous sont réunis par l’aîné. Réunion de crise en approche ? Il est bien rare qu’ils soient tous rassemblés pour parler pluie et mauvais temps. Il y a forcément un problème sous-jacent. Cette guerre entre les deux clans dont on entend chaque jour le grondement.
Détendu, Lonàn, il écoute attentivement son aîné. L’annonce de ses fiançailles ne le surprend pas, Nina l’en a déjà informé. Au fond, il doit être le seul content de cette nouvelle. Lui qui a toujours exprimé son soutien envers ce couple hors du commun. Cahal passe vite le sujet mais Lonàn ne peut pas s’empêcher de rebondir là-dessus. « Félicitations quand même ! Ça s’fête ! » Sourire aux lèvres, il lève déjà son verre pour relever l’évènement avant d’en boire de nouveau une ou deux gorgées. Imaginer Cahal se marier, c’est surprenant mais il a eu le temps de s’y faire et la nouvelle est déjà digérée et acceptée. En revanche, toute trace de gaieté s’est envolée à la question de son aîné. Lequel d'entre vous s'est tapé la femelle Moran ? Ah. Son sourire a disparu et son verre reste en suspens tout contre ses lèvres désormais serrées. Comment est-ce possible ? Comment l’a-t-il su ? Impossible qu’il les ait vus. Hera aurait-elle craché le morceau ? Quand ? Pour quelle raison ? Difficile de réfléchir avec un cerveau qui fonctionne au ralenti. Noyé sous la poudre blanche, il est littéralement enseveli. Aodh ouvre la bouche, mais Lonàn, il est déjà ailleurs, loin d’ici. Il n’écoute plus vraiment ce qui se dit. En temps normal, il aurait sans doute rebondi sur les mots de son petit frère mais pas aujourd’hui. En cet instant, il est muet. Un comble pour un mec comme lui qui a toujours quelque chose à dire. La voix de Morgan s’élève aussi, il l’entend au loin dans son esprit.
Il se doit de réagir, de dire quelque chose. Parce qu’à force de rester dans son mutisme, c’est sur lui que les yeux de ses frères vont finir par se braquer. Et sur son front seront inscrites en lettres rouges sa culpabilité. N’est-ce pas déjà le cas ? Lentement, il repose son verre sur la table. Relève la tête et lorsqu’il croise les prunelles cristallines et perçantes de son aîné, il sent sa gorge se resserrer légèrement. Il est facile de mentir aux gens. Mais sur cette terre, il existe une seule et unique personne envers qui il ne peut raconter des mensonges sans fondement. Impossible de mentir à ton Dieu vivant à qui tu as toujours promis un total dévouement. Il se redresse, Lonàn, glisse une main dans sa tignasse et renifle bruyamment. « J’suis pas sûr que ce soit très intéressant de le savoir mais… » Crache le morceau, rapidement. Et évite de dire que tu te l’es encore tapée dernièrement. « Ouais, j’avoue. C’est moi. » Qu’il balance en haussant presque les épaules, comme si la nouvelle n’a rien d’exceptionnel. « C’pas la mort. » Preuve en est que la merde qu’il sniffe continuellement coule encore dans ses veines. Il aurait pu se faire tout petit et minimiser la situation. Coucher avec l’ennemie publique numéro un est déjà assez dramatique en soit, alors a-t-il besoin d’en rajouter ? Visiblement oui.
elle a l'appétit qui dérange et le pouvoir qui démange.
mcgrath boys ☽ avril deux mille vingt.
le silence est invivable, insoutenable. il est cet acide brûlant qui dégouline dans les trachées novices et rempli les poumons de ce malaise persistant. et il y a des agonies qui ne supporteraient pas d'entendre seulement les souffles des frères qui ricochent contre leurs egos. il y a des corps qui imploseraient, des âmes qui supplieraient pour que cela cesse. pour qu'enfin la chape de plomb qui les tient éloignés s'annihile en un murmure. mais les regards sont graves et les poitrines gonflées. aucun d'entre eux ne va desserrer les crocs de la carcasse qu'ils se disputent. carcasse froide et démembrée d'un royaume tombé parce que les piliers s'écroulent les uns sur les autres. parce qu'il n'y a qu'argile, feu et sang qui s'enlacent dans la poussière ; plus rien à s'arracher si ce n'est un nom et un peu de violence.
et puisque le chaos ne prévient pas, c'est un capharnaüm d'aboiements qui grimpe contre les murs. la meute se déchaîne en beuglements stridents et claque les mâchoires près de la main qui les nourrit. ils s'arrachent la peau, tous les deux, à user des griffes pour l'atteindre en premier. ils se bousillent la voix à coup de couteau pourvu que la lame se plante dans ton sternum. tes dents grincent tandis que tes lippes se pincent sur le cancer qu'elles ornent. putain de clébards aveugles. l'échine qui épouse le fauteuil et les phalanges qui se heurtent face à tes entrailles, tu attends que les roquets se taisent. tu vois leurs canines affamées qui cherchent un coeur là où il n'y en a pas. leur narines dégueulasses qui reniflent l'endroit de l'armure où la chaire est putride, facile à percer. sois heureux, la cancéreuse danse à présent entre tes doigts enveloppés d'une fumée grise, les soupçons sont justifiés. tes rétines raclent celles du plus jeune tandis que ta langue accuse l'ivrogne délateur. cette fois c'est toi humes, qui sens te brûler l'affection de morgan dirigée vers ce fantôme estropié qui claudique dans les couloirs de son hôtel. elle rampe sur les tapis et s'immisce dans les murs comme le venin qu'elle fait couler dans la bouche du cadet.
c'est alors que s'élève un grognement monotone de l'autre côté de la table. le colosse s'éveille de son sommeil alcoolique et balance insurrection et dédain sur le bois sourd. tu te retiens de lever les yeux au ciel auquel tu ne crois pas, affligé par ce manque d'anticipation. tu croirais un instant lire sur ses lippes un rictus dégoutté. tu t'apprêtes à grogner en retour lorsque le cristal rencontre le bois et que ta silhouette reprend place haute dans le confort. sauf qu'il l'a dit. lona lonàn se porte en coupable en levant des yeux vitreux vers l'assemblée. il n'avait rien écouté depuis que la question traînait sur la table et il se manifeste maintenant comme l'auteur des faits. baise-la si tu veux, le dos de ta main écarte quelques jetons dans une rage contenue. ce n'est pas l'acte qui t'emporte, mais les conséquences. tes coudes se plantent à leur tour dans le bois lorsque ton buste s'avance en direction du cadet, mais cesse de t'épancher pendant qu'elle te suce. tu aboies à ton tour, chien, cerbère d'un royaume sur le déclin. mes allées et venues au casino, le prénom de ma bonne et même des détails sur ma putain d'enfance, tu te ravises et reviens délester ton dos, et qu'est-ce qu'elle sait d'autre encore, hm ? le ton s'est calmé mais le sarcasme persiste, pointu et tranchant lorsqu'il est marié à la colère, la position dans laquelle je me fais ma femme ? elle est un venin, oui. et tu entends encore le gémissement qu'elle t'a offert, grisant, lorsque le plomb a traversé sa jambe. il bouffé les muscles et les os, a répondu la rouille dans son sang. et les éclats ont ricoché sur ta poitrine, menaçants, et tu ne les as pas vu.
Introduce a little anarchy. Upset the established order, and everything becomes chaos. I'm an agent of chaos... ( big. j ) -- mcgrath boys
à l'inaction de vos gueules éteintes, la confession s'improvise aveu. elle quitte les lèvres du paumé pour se frotter au regard tranchant du corbeau. dans sa fuite, elle interloque les humeurs, surprend les interrogations. cahal n'a pas l'habitude intrusive, ni même intéressée - l'aîné a assez de son égo pour ne pas s'embarrasser de ceux d'autrui. alors, pourquoi ce ton, si ce n'est pour affûter le fils sanglant de ses desseins. pourquoi soupçonner, si ce n'est pour punir un comportement jugé déviant. à cela, tu tais dégouté les draps partagés - veille histoire aux lendemains sans conséquence - mais reconnais à la désormais méprisée un fort penchant pour les irlandais.
malgré la fierté malmenée, le couperet s'abat et le venin fait rage. les mots sont crachés pour faire mal, endurcis par l'intimité des propos dévoilés. cahal a l'aisance des grands orateurs. la syllable accrocheuse, le ton posément froid, intransigeant. en bons administrés, ni toi ni tes frères n'en sont épargnés. l'aîné ne fait pas de sentiment en affaire, n'en a jamais fait. qu'importe le père trépassé, il ne se laisse pas gagner par l'hésitation, chef cahal. par peur de se voir contester la couronne volée. par souci d'un règne maitrisé. la simple coucherie n'en est pas une, c'est ce que tu retiens du flot d'accusations. ce combat n'a jamais été le tien, de la belle-soeur annoncée puis disposée à la vendetta inspirée. ces accords a demi-respectés, ces femmes froidement tuées. au jeu de la guerre, tu leur as préféré le délice de ta colombienne. les complots des affamés. ta guerre, elle résonnera en son heure venue et se voudra effrénée. en bon souvenir du roi tombé. presque ennuyé. l'attention détournée, le jeton dansant entre les doigts. elle, enchainée au lit comme à votre désormais chienne de vie. que tu lâches d'un ton feutré, la voix sans humour, le jugement aussi transparent que l'agacement du futur marié. simple constatation tirée d'une interrogation théorique, d'une position devinée.
un souffle franc pour marquer l'irritation. et une main venue tirer ce qu'il reste d'une bouteille bien entamée. calme les ardeurs, cahal. la liqueur t'arrache un rictus, t'oblige à une pause. ton cerbère a la langue trainante, certes. mais pas traitre. l'ironie ne t'échappe pas. elle resplendit dans l'ignorance des esprits présents. se fait discrète jusqu'aux prémices annoncés. jusqu'au règne arraché. la trahison réprimandée n'est pas tienne mais la responsabilité de l'incombé ne te laisse pas de marbre. lonàn est de ces âmes appauvries, un temps respectées. depuis trop longtemps victimes passives de passions dévorantes. à ses côtés, tu as développé le naturel des aînés. le semblant protecteur de voir la carcasse sortir indemne de ses combats. soient-ils physiques ou moraux. de tous, lonàn a l'allégeance vorace. se veut-il désespérer d'une cause pour laquelle crever ou réel supporter d'un génie enragé, tu l'ignores. mais le blond a la loyauté affirmée. le besoin habituel de se greffer à la sainte pensée de l'aîné en vérité véridique. le voir ainsi jeter dans la cage aux lions n'est pas commun.
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ça boue dans ses veines. le rend amer. précipices qu'il sent se diluer dans son dos. l'appeler à la chute, irrévocable, presque préméditée. ils n'ont que ce qu'ils méritent. tous. pas un pour rattraper les autres. damnés à cette éternité de dévotion, de désillusion et sales coups orchestrés. un serpent qui se faufile à travers les failles. submerge leurs échines de la haine exacerbée et de ce besoin de tout contrôler. mais ce n'est que du vent. une vaste fumée indolore qu'ils ne pourront jamais rattraper. les stratagèmes sont lancées. les vérités sur le point d'éclater et morgan n'a qu'une chose en tête, laisse la fumée se dissipait. se retirer de cette guerre qui n'est pas la sienne. qu'il ne souhaite pas voir s'achever. encore moins commencer. puant est son coeur, désarmées sont ses ambitions. quand est-ce que tout cela va se terminer. épuisé. t'es juste épuisé et lassé. de ces mots dilués dont il se rappelle chaque sonorité. et c'est la tête baissée que morgan préfère répondre à ces vanités. secret consumant ses lèvres. parce que ça reste du domaine du privé et qu'il connait déjà les conséquences aigües de ce qu'il va entendre. de la voix des cadets. ça te fait pas mal, plus maintenant, c'est indolore. comme le reste. le monde vacille. il a l'impression d'être entourer d'une bulle. entend mais n'arrive pas à se manifester. y a que cette colère qui lui ronge la moelle, le rend amer de leurs méfaits. ses yeux scrutent un à un l'assemblée, cherchent un réconfort que morgan ne trouvera pas. il semble tellement éloigner de ces propres frères que ça en devient étranger. presque surfait. le cristal rugit sous ses doigts. le réconfort qu'il ne trouvera pas. tu pourras t'enfiler toutes les liqueurs de ce monde, tu resteras toujours en surface. puis noyer, encore une fois. y a cette supériorité que l'irlandais ne supporte plus. ce trône aux allures d'or mais qui n'est fait que de sang et de mensonges. il ne supporte plus rien, surtout quand les discussions tournent autour d'une seule et même personne. le myocarde est assassin. fait vriller le sang dans ses veines. accule ses sentiments. difficilement, il avale sa salive et ferme les yeux lorsque lonàn prononce cette douloureuse vérité. il n'était pas obligé de le faire. ne doit rien à personne, encore moins à ses frères. vie privée bafouée pour le pouvoir d'un homme que t'es plus capable d'aimer. y a la jalousie qui pointe le bout de son nez. il la sent s'immiscer là où ça ne devrait pas. puis s'envole aussi vite qu'elle est arrivée. effacée par le reste. effacée par les morceaux qui se sont brisés. non chaland, sans le vouloir réellement, morgan détourne les yeux vers aodh, se pince les lèvres presque gêné de connaitre là aussi, un bout de vérité. mais il la taira. ne se sent pas capable de les assumer. encore moins de le vendre en pâture à ce genre de discussion. ça n'a ni queue ni tête. pas le moindre sens à ses yeux. alors que le reste semble surfait. plus important et omniprésent. sa mâchoire se grippent à chaque mot prononcés. puants et révoqués. bouillon. vague échouée. avant que d'un haussement de sourcil, l'irlandais ne se remettre à jauger celui qui tient la couronne. morgan fait semblant. semblant que ça ne l'affecte pas. semblant que ça ne le touche pas. ça vrille dans sa tête jusqu'à l'explosion. quand la goutte de trop tombera. déposera sans amertume aucune, ses profonds maux dénués. la dernière gorgée l'aide à garder la tête froide avant que le cristal, dans une sonorité familière, ne rejoigne la table en bois. il serre les poings. inspire longuement. baisse les yeux sur les tremblements acharnés de ses phalanges avant de ne les cacher sur ses genoux, loin des regards indiscrets et des jugements silencieux. ondule colère. ondule haine. ondule rancoeur et ardeur. les mots sont trop tranchants pour qu'il les supporte sans broncher. il n'aime pas l'entendre parler. n'aime pas la voir souiller. ne connait pas non plus ses intentions. mais quand même bien, ça reste du priver. ne doit pas être étaler, balancer aux ordures. le monde ne tourne pas autour de toi, cahal. même si t'aimes à le croire. sa voix est étonnement posée. il se ronge de ce qu'il s'apprête à balancer. mais les conséquences, il les connait. ne peut pas briser ce qui est déjà à ses pieds. couleur semblables, vous êtes du même sang, pas du même acier. tu ne t'es jamais dit que tu récoltait exactement ce que tu avais semé ? son dos se tourne, il fait face. abois les mots. les mâche pour les rendre moins douloureux et colorés. tu as tué sa soeur putain. tu t'attendais à t'en tirer sans la moindre faille ? j'te pensais pas si crédule. surtout si on ajoute le fait que ta balle a fini dans son épaule. ses iris ne lâchent pas les siennes. docile était son âme. irrité est ce qu'il reste. y a plus rien qui le soumet à ce genre de futilités. y a que l'agacement de cette fratrie qui lui permet encore de respirer. tu peux faire croire à qui tu veux que tu as la situation en main. mais ne nous prend pour des abrutis. c'est la peur qui te soulève aujourd'hui. il voit la faille s'agrandir petit à petit. percé la peau de l'ainé. le consumé sans qu'il n'arrive à garder le contrôle. il le perd, lentement. ça se sent à plein nez. et il n'y a qu'à lui même que cahal ment. soulevant son corps de ses mains, appuyées sur la table massive, morgan se lève, fait rugir la chaise de ses pieds avant de reporter son attention vers ses cadets. s'il y a bien un traire ici, il porte un costume trois pièces. vous n'avez rien à vous reprocher. un à un, il les jauge, finit par laisser planer, le rictus amer dont ses lèvres se sont étirées. à quoi ça rime au juste ? puisque toutes les décisions, tu les prends tout seul. ses bras se sont levés. balayent l'atmosphère avant que son attention ne se reporte vers l'ainé. bouffer. vous êtes tous bouffer.
Le couperet est tombé. Le coupable s’est dénoncé. Un aveu qui réduit au silence les chiens enragés. Il n’y a pourtant pas de quoi s’alarmer. Hera est une femme comme une autre, en dépit du passé. Certes, les choses sont compliquées entre elle et Cahal en particulier. Mais, est-ce une raison de réunir la fratrie pour en parler ? Qu’est-ce qui dérange tant leur aîné dans cette vérité à présent dévoilée ? Que ses petits secrets éclatent au grand jour, bien sûr. Pourtant, s’il y en a bien un dont la loyauté n’est plus à prouver dans cette famille atypique, c’est bien celle de Lonàn. A-t-il déjà trahi les siens ? A-t-il déjà contredit la tête pensante de la fratrie ? A-t-il déjà refusé d’accomplir une tâche qu’on lui a confiée ? Jamais. Malgré tout, les reproches se succèdent. Se déversent telle une pluie diluvienne. « Oh ça va, tout le monde sait qu’tu vas au casino, c’est pas un secret… » Pour le reste, personne n’a jamais acté qu’il s’agissait là de dossiers classés confidentiels. Tout le monde se fiche du prénom de sa bonne, non ? Ce n’était là qu’un détail insignifiant balancé dans une conversation anodine. Rien de plus. Pas de quoi en faire un drame, si ?
Aodh ne se fait pas prier pour rebondir sur la dernière question posée par l’aîné. Evidemment, il n’a pas pu s’en empêcher. Et il se la joue avocat de la défense en faveur de son frère placé sur le banc des accusés. En accord avec ses paroles, Lonàn hoche la tête et croise les bras. « Y’a pas de traître ici, ça s’saurait. » La conviction au bord des lèvres, il est incapable d’en douter. Impossible d’avoir un traître dans leurs rangs, surtout pas à travers les liens du sang. Si tu savais, Lonàn. A son tour, Morgan y va de sa réflexion acérée. La réunion fraternelle tourne au règlement de compte sans qu’aucun ne puisse le contrôler. Comme toujours, l’ancien militaire a l’attaque la plus franche de tous. La plus directe. La plus violente. Il ne mâche pas ses mots, jamais, et laisse ses cadets en spectateurs impuissants. Une énième confrontation. Une habitude à laquelle Lonàn évite de prendre parti, sauf en cas d’extrême nécessité. Aujourd’hui, il est la cible des accusations de son frère vénéré. Osera-t-il prendre sa défense face aux attaques – légitimes – de Morgan ? Il hésite, écoute sans rien ajouter. Entend chaque mot prononcé jusqu’à ce qu’une terrible vérité qu’il ignorait jusqu’alors ne vienne tout ébranler. Sauf qu’il est lancé, l’autre frère aîné. Incapable de se stopper dans son élan, il continue d’en foutre plein la gueule au chef autoproclamé. Il n’écoute plus rien Lonàn. Son esprit s’est déconnecté depuis plusieurs minutes. A son tour, il se lève pour prendre la parole. « Attendez les gars, c’est quoi ce bordel ? D’où ça sort cette putain d’histoire de balle encore ! Cahal a tiré sur qui ? » N’est-ce pas évident ? Qui est le principal sujet de conversation ? C’est sans doute la raison pour laquelle tu n’as plus de nouvelles d’elle, mon grand.
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Certaines notions ne sont pas totalement maîtrisées. Des concepts lui sont encore étrangers, comme celui de la ponctualité. Quoi qu’il fasse Lonàn, il arrive toujours le dernier à un rendez-vous fixé. Non pas qu’il le fasse exprès, c’est simplement inné. Un don qu’on lui a donné. Certains savent jongler, d’autres chanter, lui, il ne sait pas arriver à l’heure. Chacun sa spécificité. C’est donc sans grande surprise qu’une fois arrivé, il constate que ses frères sont déjà installés. Son verre est même déjà préparé. Un « Salut les gars » glissé à la volée et à son tour il prend place pour s’asseoir sur une chaise toute désignée. Se saisit du verre devant lui pour en boire quelques gorgées. L’ambiance est lourde et pesante, comme chaque fois que tous sont réunis par l’aîné. Réunion de crise en approche ? Il est bien rare qu’ils soient tous rassemblés pour parler pluie et mauvais temps. Il y a forcément un problème sous-jacent. Cette guerre entre les deux clans dont on entend chaque jour le grondement.
