nina & cahal ☽ août deux mille dix sept.
il y a les vagues en contrebas qui viennent mordre les rochers et battre les herbes qui se hissent douloureusement en haut de la dune. elles chantent ce refrain macabre dans lequel les vies se noient et les hommes meurent. l’air est chaud, moite. il accroche le soleil sur les cuirs brûlés. il prend à la gorge et obstrue les trachées. il bouffe les poumons dans un bain d’essence et pourtant arrache des sourires à ceux qui se pressent dans le sable.
et toi, toi tu trônes là-haut. le gris de tes traits épouse le bleu de la nicotine qui danse pour toi. entre deux gorgées de cancer, tu contemples ton royaume enseveli sous les flots obscures de ta vanité. tu te nourris des ombres qui flottent sous la surface, puisqu'elles vomissent sur la plage les parfaits desseins que tu as gravé dans l'écume qui perle aux commissures.
puis il y a cette démarche qui sillonne les pavés en dessous. l'allure succulente d'un fantôme qui flotte par-delà le chemin empierré. l'apparition glisse sous tes rétines et prend les marches qui la ramène à toi ; dans l'iode brumeuse qui vous étreint, ses boucles reflètent l'or qui perce le ciel et il y a la même glace qui alourdit son regard.
rose, je présume. les mots s'extirpent de tes lippes lorsque dans sa robe trop claire, trop légère, elle s'approche. tu as le réflexe animal de tomber les miroirs jusqu'aux chaussures qu'elle porte pour avoir ensuite le plaisir d'escalader ses courbes fluettes, maigres, mais qui accrochent l'appétit qui gronde dans tes entrailles.
le manteau laissé dans la bentley et shostakovich accompagné de son orchestre qui dégueule de ses violons l'opulence de ton monde, ta paume s'écrase dans le dos de la fleur et tu t'accapares ses pas qui claquent sur le sol. tu as évité l'église dans laquelle ton coeur se sent infidèle et la mariée vogue déjà plus loin, dans la sublime soie qui couvre ses hanches, d'un invité à l'autre.
et rose pend à ton cou comme quelques pétales que tu aurais glissé dans la poche de ta veste sans manche. la peau aussi froide que la tienne, ses ongles s'incrustent dans ce bras qu'elle tient avec une conviction mimée. elle porte le menton haut et sa dévotion comme un saphir dans les yeux. quelques regards tristes de réalité lorsque vos ombres se mêlent derrière vous ; d'insouciante fatalité.
vous étiez morts. de la couleur jaillit sous ses ongles vernis.
mcgrath, l'homme s'approche. l'âge transpire sur son visage mais il tient les épaules hautes et le buste fort.
davis, tu craches l'information de ce nom inscrit sur le carton d'invitation pour que le bijou qui luit contre ton corps brille de vivacité d'esprit.
j'aimerai vous parler, les globes creux s'échouent sur la blonde que tu portes à ton bras. indésirée conscience qu'il souhaiterait voir envolée. un rictus écorche tes joues.
je la paie pour son silence, pour cette langue que tu as toi même tranchée avec quelques billets. bien, il replace nerveusement le noeuds qui lui serre la gorge.
l'homme se confond en explications. il souille le mariage de sa fille des frasques de son fils. il soudoie le diable pour un peu de violence. pour rendre la vie à celui qui en a prit une par passion.
la cancer de nouveau dansant contre tes lèvres, ton bras encercle la blonde et tes serres s'accrochent à ses côtes.
qu'en pensez-vous, rose ? tes mâchoires tombent à sa bouche. et ton échine se tend lorsqu'elle lève les cils, que ses rétines flottent dans les tiennes.
des monstres qui s'en remettent aux hommes ? que pensez-vous de ceux qui les retiennent, des monstres qui en couvent d'autres pour le plaisir d'un chaos perpétré. pour voir dans les yeux, ces lueurs dégoutées.
l'autre vous observe mais ne dit rien.
il assiste au combat de la rose et du corbeau.