non sibi sed patriae. (hl)

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[ 1984 - 1999 ; the wild ones ]
Celui-ci a grandit en Floride, entre les Everglades et les plages sans fin. Les parents casés comme marginaux, aux intérêts qui dépassent le commun des mortels, alors en train de suivre les aventures de Friends sur petit écran. Il n’y avait pas grand-chose à faire chez eux après les devoirs, alors les frères Lange usaient leurs chaussures sur le macadam. Ici à nager dans l’océan, là à construire une cabane de branchages. Les yeux écarquillés quand le père ramenait un python, l’adrénaline des parcs d’attractions à sensations. Ils n’avaient pas besoin de grand-chose pour être heureux, alors ils n’ont jamais manqué de rien.

Après l’incendie de 98, ils ont démarré une nouvelle vie, à plusieurs États de là. Une opportunité, une occasion saisie avant qu’elle ne devienne fumée. Les enfants devenus ados et l’émulsion de ce renouveau. Les nouvelles rencontres, Pia, les premiers émois. Le futur qui se rapproche, à peine prêts à se le prendre en plein visage.

[ 2000 - 2017 ; goals digger ]
Hunter, il a jamais été l’numéro un d’sa classe. Il a toujours préféré apprendre en expérimentant, plutôt que pour une note sur un bulletin. Aux côtés de Stephen, il a apprit la décence, et l’indécence. Aux côtés de Pia, il a appris la langue espagnole et le langage de l’amour. 

Un jour, Stephen est parti servir le pays, quand Hunter pensait servir de bons plats, ou peut-être d’appât. Une nuit, Stephen est parti. 
La police, les témoins, ils ont accusé un chauffard ivre, un type qui s’est enfuit en pensant que seules les étoiles l’auraient vu. Sur la route de Lewisburg, un rêve s’est éteint, et une promesse est née. Celle non pas de le venger, mais de le rendre fier. Celle de finir le chemin qu’il avait emprunté, sans jamais toucher à son but ultime.

Il a dit au revoir à Pia. Il lui a promis de revenir, vite, qu’elle lui manquerait, qu’il l’aimait. Il a embrassé ses lèvres peintes une dernière fois, malgré ses cris, malgré ses coups. Il l’a prise entre ses bras, malgré le feu qui la dévorait. Il s’est brûlé de son amour avant de rejoindre les enfers. 
Hunter s’est conformé à la vie militaire et y a trouvé une certaine stabilité, un certain challenge qu’il n’aurait pas cru possible de relever. Il y a trouvé des frères, un peu du sien en chacun d’eux. Il a continué à cuisiner, oui, même ses rations immondes se retrouvaient mangeables. On lui a dit de nager, d’user ses chaussures, de dénicher les pires vipères au monde ; les hommes.

Sa vie s’est découpée entre ici et ailleurs, au gré de ses permissions, des semaines grapillées loin des entraînements, loin du front. De ses départs, de ses retours tonitruants. Il valsait, tempête, entre son coeur et sa raison. Il ne veut que son bonheur à elle ; et celui-ci est incompatible avec la promesse muette, faite à son frère. Son mode de vie est déjà si égoïste, si particulier, qu’il n’a jamais eu à coeur de la contraindre à l’attendre. Elle danse, lorsqu’il n’est pas là, s’échappe dans son quotidien, pour mieux lui revenir, à chaque fois.

Il lui a offert la grande bâtisse, château en ruines, l’imaginant princesse. Puis, plus tard, il s’est mis à genoux. Lui a promis qu’un jour ils se diraient oui, que y’aura que la mort qui pourra les séparer.
La mort est arrivée avant qu’elle ne puisse dire oui.


[ 2018 - present day ; the guilt ]
Sa belle est tombée enceinte, et c’est Firmin qui les a rejoint. Pour remplir la maison vide, pour chavirer les coeurs et compléter le tableau - pas encore parfait, mais ils y arriveraient. Rien n’aurait pu les empêcher d’être heureux, d’battre les pronostics et de s’exclamer vainqueur. La navy l’a appelé, une nouvelle fois, et il y est retourné (à contrecoeur), en se disant, peut-être que ce sera la dernière fois. Il voulait voir son fils grandir, ne pas louper les petits moments,
mais en son absence, Firmin s’est éteint.

L'officier n'a pu revenir que deux mois plus tard. Soixante-huit jours d'une douleur silencieuse, à irradier de faux-semblants. De retour aux côtés de Pia, c'est le calme qui l'a achevé. Les fêtes de fin d'années avaient ce goût d'amertume - l'absence immense d'un être minuscule.
Étranger sous son propre toit, il s'est exilé. Encore. Il a étouffé la peine et caché sa détresse, menti au psychologue pour se faire parachuter à l'autre bout du monde. Tout, n'importe quoi, plutôt que feindre une existence normale dans les bras de Pia.

Ils ont sauvé ce type. Quatre ans de captivité et un merci à peine craché à leurs pieds. Il s'est dit ; que c'était au moins ça. Une vie, sauvée. Ça lui a donné la force de continuer.
Pour mieux se ramasser.
La mission finalement sur le point de s’achever. Avant que l’ordre ne tombe. Un sourcil levé en direction de Tango. Impossible qu’il vienne de prendre cette décision ; impossible qu’il ne lui demande ça. Vider le village de toute potentielle menace. De tout témoin. Il n’a rien dit ; simplement cherché la confirmation dans ses prunelles. Avant que Hunter ne cède la place à un autre. A ce chien de la casse ; à ce lui parjure, qu’il sera incapable de regarder dans un miroir. Il s’est mis en chasse, les phalanges contre la gâchette. Suivre les ordres, répandre le sang. Comme si celui-ci n’avait pas assez coulé. Comme s’ils le méritaient.
Femmes et enfants.
Décharges sentimentales.
La perte de l’un, la perte de tous. Sa perte à lui. Le deuil pour toute communion, avant le retour à la vie civile. Sans une once de civilité dans les cellules.