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 fb; revoir le ciel, wane.


                                                                 

Theodore McCullum Jr.
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à l'ammoniaque.
Theodore McCullum Jr.

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multicomptes : a. masurier, prince déchu.
face + © : m. huisman © odistole.
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âge : trente-six années perdues dans une cave aux murs sableux, mille trois cent quatre-vingt quatre jours aux limites brouillées par la force du soleil.
occupation : comme un animal sauvage perdu en pleine ville, il faut d'abord tout réapprendre et puis panser les plaies avant de se rappeler la réputation de photo-reporter de guerre qui a causé tant sa gloire que sa chute aux enfers.
statut civil : alliance obsolète pour la symphonie solitaire d'un homme que l'on croyait perdu à tout jamais ; et comment oublier son visage et ses espoirs, et comment sinon lui en vouloir, quand sa survie a tenu au fil de sa mémoire.
adresse : 1115 magnolia street, l'adresse d'une maison sans âme et sans souvenirs dans laquelle il a posé ses valises, après avoir hanté l'appartement de sa soeur pendant quelques semaines ; les murs sont blancs, le jardin est vide, mais il a peut-être enfin trouvé un peu de réconfort en calfeutrant le grand garage et le plongeant dans la lumière rouge. l'odeur d'ammoniaque du révélateur rongeant le bout de ses doigts comme un baume pour son esprit abîmé.
sujets en cours : wane, fitz, erin, léo, cameron, ailish, hunter.

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MessageSujet: fb; revoir le ciel, wane.   fb; revoir le ciel, wane. Empty
☆☆ Jeu 2 Avr - 15:45


la mort, ça n'a pas de parole. elle détruit toutes ses promesses. on pense qu'elle viendra plus tard, puis elle vient quand elle veut. quote: w. mouawad, icons: miserunt. @wane marshall

j'ai compté un plus un plus un plus un mais il n'y a pas assez de place sur les murs pour inscrire toutes les barres alors j'ai compté dans la poussière un plus un plus un plus un mais je crois que je deviens fou tellement il fait chaud et tellement il fait froid et le vieux continue de rentrer dans la pièce alors je rajoute un à un plus un plus un plus un et il regarde la plaie purulente qu'est devenue ma jambe tenue par une planche et des chiffons souillés il la regarde et il sourit en me donnant à manger  et je ne vis que pour ses mains qui tiennent mon crâne quand il verse de l'eau dans ma bouche et le vieil homme prie du moins c'est ce que je crois parce que je n'arrive pas à entendre clairement ses mots-

un rayon de lumière maigre passe par le soupirail et fait briller les particules de poussière qui flottent dans l'air étonnamment frais de la cellule. il dort, theodore, parce que le sommeil est le seul capable de faire passer la douleur un peu plus vite. sur la terre battue, sa carcasse recroquevillée comme celle d'un chien abandonné se replie et se fond dans l'obscurité du coin le plus profond de la pièce — si l'on peut appeler une prison une pièce. il ne sait plus exactement depuis combien de temps il est ici ; avant, il y avait le décompte clair et précis, brouillé parfois par les transferts et les sévices, mais raisonnablement stable. les rares fois où ils l'ont fait sortir, il y avait ce sac noir sur son visage, ce sac qui se collait à sa bouche à chaque inspiration et lui renvoyait en plein visage la brûlure de son haleine.

il n'y a plus de rêves parce qu'il n'y a plus de monde et la réalité se limite à quatre murs qui s'effritent et des visages cachés au point que ces visages ne sont plus que des paires d'yeux qui transpercent la peau comme autant de couteaux alors la nuit est entièrement noire et il n'y a plus de rêve et il faut parfois se concentrer pour seulement réussir à se rappeler des visages d'antan et être sûr que la vie n'a pas toujours été ainsi et que je ne suis pas né dans cette cage comme les autres chiens de mon espèce-

la jambe gauche de theodore n'a de jambe plus que le nom ; le pus a traversé et imbibé les couches de linges utilisées pour redresser l'os qui a traversé sa peau et déchiré ses muscles. du sang et du pus,  et la chair sombre. l'infection avait causé plusieurs pics de fièvre depuis la blessure. il lui semblait que le coup de massue envoyé dans ses membres inférieurs datait déjà d'il y a plusieurs semaines. si il s'agissait désormais d'un sepsis qui courrait dans ses veines, alors il mourrait ainsi — l'oeil vitreux et le souffle court, victime des hallucinations que la fièvre diffusait dans son esprit. depuis deux jours, semblait-il, theodore rêvait à nouveau.

il faudra que je meurs comme un bête esseulée ou un chien renversé sur le bord de la route après tout ce temps car l'héroïsme est mort et n'a de toute manière plus aucune valeur mais j'ai peur que de mourir tel un rat on ne le sache jamais ailleurs dans le monde et mon corps disparaisse dans un charnier ou mangé par les chats n'aurait aucun poids et ne ferait aucune différence car sans doute pour quelques uns de ces irréductibles pour qui la mort ne se confirme qu'avec une dépouille et une annonce-

il tremble avant de comprendre que le tremblement ne vient pas que de ses membres fiévreux mais du sol et des murs et du monde tout autour. et parmi les sons sourds qui se perdent dans la ouate de ses sens il semble y avoir des cris et des pas précipités, et le ronflement soudain des armes automatiques qui finit par percer la carapace duveteuse de sa torpeur agonisante. comme un rat, il recule contre le mur, incapable de se relever et de se tenir sur ses deux jambes. battements de coeur au rythme assassin, alors que la prière du vieux lui revient enfin en mémoire et s'écoule de ses lèvres gercées comme un murmure ténu.

رَبِّ اغْفِرْ وَارْحَمْ وَأَنْتَ خَيْرُ الرَّاحِمِينَ

traduction:
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Wane Marshall
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Wane Marshall

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âge : déjà vieux. déjà mort. tu n'comptes plus les années puisque le temps t'indiffère. il est d'une longueur léthifère. trente neuf ans ; envolé l'bon vieux temps.
occupation : on t'avait chanté ses louanges, avant. on t'avait dit comme elle était fière, comme elle était belle. comme tu serais grisé. mais elle t'a souillé, l'armée. elle t'a appris à souffrir et ça, ça n'se dit jamais.
statut civil : elle était ivre de vie et toi, de sentiments. noël s'ébranlait dangereusement sur ton crâne mais t'as ployé l'treillis dans la poussière. et dans ses cheveux cramés par l'soleil, t'y as vu un sourire.
sujets en cours : theo ; hunter ; freya

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MessageSujet: Re: fb; revoir le ciel, wane.   fb; revoir le ciel, wane. Empty
☆☆ Dim 5 Avr - 17:39


est-ce que tu entends
la mort s'éloigner.

theo & wane ☽ août deux mille dix neuf.

et la terre toute entière est partie en fumée. elle a giclé sous le capharnaüm des explosions ; le ciel s'est teint de la couleur de l'argile battue par les membres arrachés. et à tes pieds, la glaise se noie dans un bouillon d'os et de sang. tes pompes n'arrivent plus à s'élever au-dessus de cette marée de roches et de viscères. qu'importe. tu dois avancer.
tes doigts s'égarent sur ta joue que tu sens brûlée ; sur tes pulpes, on a cramé du carmin. ou peut-être est-ce le tien.

c'est anarchique. vous n'êtes que quelques pions éparpillés entre les dunes ocres et les ruines de ces quelques bâtiments que l'on voudrait abandonnés. la sable et la poudre vous bouffent la cornée. et le chant du plomb, lui, mord vos tympans. et l'épaule du type qui s'tient près de toi. il s'effondre dans un hurlement étouffé par l'hémoglobine qui lui remonte dans la gorge. une mousse écarlate perle déjà dans l'coin de sa bouche.
pas l'temps.
pas l'temps.
de toute façon,
il est déjà crevé.

tu t'engouffres entre les pierres. une pièce ? un sous-sol ? peut-être viens-tu sans le savoir de pousser les lourdes portes, pourtant invisibles, des enfers. et si elles ne hurlent pas pour toi, les goules que tu entends au loin, chantent la mort d'un autre.
il fait sombre et la poussière hante les étroits couloirs que tu arpentes avec une frénétique précaution. une semelle qui ruse la terre. une ombre qui flotte là-bas. et les coups de feu qui font trembler tes phalanges. un homme est tombé. un de plus.

un goût de fer qui se dépose sur le palais, tu continues d'avancer. j'vois les grilles, que tu grognes dans ton talkie. dans le brouhaha de la réponse, tu ne reconnais que la voix grésillante de ted. une énième explosion. puis plus rien.
il y a un type, là. dos au mur et la peau grise ; les ongles qui n'en sont plus et la guibole dans l'sac. vos rétines s'interrogent. pourquoi j'suis venu te sauver ? fouillez tout, il doit pas être le seul, les casques défilent derrière toi dans le métronome dans rangers trop lourdes. tes doigts se prennent dans la grille que tu pousses avec hâte. tu t'approches, l'arme braquée, on n'sait jamais qu'ils disaient. tu peux marcher ? bien sûr que non. alors tu n'attends pas la réponse et range l'artillerie dans ton dos. un masque que tu décroches de ta ceinture et que tu lui colles sur la gueule ; paraît que les otages n'attendant que d'respirer.

son bras que tu passes sur tes épaules et le tien qui encerclent ses côtes, tu gardes dans l'autre main ton arme de poing. archie tu viens avec moi, le plus jeune garde le silence mais passe devant vos silhouettes pour ouvrir le chemin. sur le camo de tes épaules, le drapeau américain flotte sous le nez de l'estropié. magne-toi, que tu hurles à qui le veut. pour lui, pour toi. pour vous. l'ordre est une envie de survie.
l'enfer est ta maison, wane.

(c) calaveras.
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occupation : comme un animal sauvage perdu en pleine ville, il faut d'abord tout réapprendre et puis panser les plaies avant de se rappeler la réputation de photo-reporter de guerre qui a causé tant sa gloire que sa chute aux enfers.
statut civil : alliance obsolète pour la symphonie solitaire d'un homme que l'on croyait perdu à tout jamais ; et comment oublier son visage et ses espoirs, et comment sinon lui en vouloir, quand sa survie a tenu au fil de sa mémoire.
adresse : 1115 magnolia street, l'adresse d'une maison sans âme et sans souvenirs dans laquelle il a posé ses valises, après avoir hanté l'appartement de sa soeur pendant quelques semaines ; les murs sont blancs, le jardin est vide, mais il a peut-être enfin trouvé un peu de réconfort en calfeutrant le grand garage et le plongeant dans la lumière rouge. l'odeur d'ammoniaque du révélateur rongeant le bout de ses doigts comme un baume pour son esprit abîmé.
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☆☆ Dim 5 Avr - 18:39


la mort, ça n'a pas de parole. elle détruit toutes ses promesses. on pense qu'elle viendra plus tard, puis elle vient quand elle veut. quote: w. mouawad, icons: miserunt. @wane marshall

mon dieu soyez miséricordieux et ayez pitié de mon âme car je ne peux que faire face à ma mortalité telle qu'elle est comme un rat comme un chien je vous en supplie ne me laissez pas mourir sous les pierres ne me laissez pas mourir avec eux ne me laissez pas mourir ici je veux vivre je veux revoir leurs visages encore une fois une dernière fois mon dieu toi en qui je n'ai jamais cru je suis désolé tirez-moi de là laissez moi revoir le ciel une dernière fois juste une dernière fois l'air et la mer et sentir la pluie sur ma peau et embrasser ceux que j'aime et pleurer à nouveau-

un tremblement de terre semble secouer ces caves de terre qui ont abrité déjà trop de vies coupées en plein vol. un cri de la terre par la terre et les hommes, les deux s'ouvrant et déversant leurs entrailles avec des effusions devenues communes. il n'a pas accès au spectacle de la poussière et du sang, et pourtant c'est tout comme. le murmure ne s'est pas arrêté, litanie inconnue qui se glisse entre ses lèvres d'impie. theodore n'avait jamais cru en dieu — mais les paroles du vieil homme étaient rentrées dans son oreille, et avaient fait leur nid. il s'en remettait à allah, dans une langue qui n'était pas la sienne mais qu'il avait apprise par nécessité professionnelle d'abord, et par survie ensuite. les pas et les cris font comme une bouillie dans le grondement ventru de l'argile qu'on éclate, et le visage du vieux, de l'autre côté de la grille, le surprend une dernière fois avant de s'écrouler dans le raclement insupportable des armes automatiques. des trous dans la cage thoracique de son tenant et une respiration qui s'accélère avec fièvre ; c'est l'heure de vivre ou de mourir et la peur l'emporte sur le reste. les silhouettes sombres avancent dans un nuage de poussière qui prend à la gorge et fait cracher les poumons, et theodore se terre un peu plus contre le mur d'ocre derrière lui. les dents serrées et les mâchoires vissées, car de sa jambe malade il ne naît que de la douleur, au moindre frémissement.

il peinerait presque, un instant, à reconnaître l'accent maternel dans la bouche de l'homme armé, de l'autre côté de la porte de sa cage. pourtant sa langue a arrêté de bredouiller un arabe imparfait, et émet une suite de sons presque étrangers, quasiment oubliés. "i'm american- i'm an american-" les yeux dans les yeux et le désespoir pour eux deux ; la vie toute entière avait attendu ce moment, n'avait fait que tendre vers cette seconde précise, perdue entre les temps. fouillez tout. la vérité soudain le frappe en plein ventre, comme un poing ayant attendu trop longtemps de se loger au creux de son sternum. ils évoluent comme des volées de corbeaux, des nuées de vautours ; des ailes trop grandes et un bruit assourdissant, indissociables les uns des autres. theodore n'avait pas revu d'uniformes similaires depuis qu'ils avaient brûlé ceux de son escorte. gorge serrée, panique sensible, il secoue la tête en regardant la nuée commandée s'engouffrer ailleurs, plus loin, à la recherche des autres ; et sur la pulpe de ses lippes, les syllabes qui meurent avant de pouvoir être dites. il n'y a plus d'autres. nassim, paul et steven étaient respectivement morts le quinze avril deux mille seize et le vingt-deux août deux mille dix-sept.

le fusil est braqué sur son front, il peut le reconnaître. des gouttes de sueur collent ses cheveux à ce dernier et lorsque le militaire lui demande s'il peut marcher, il n'obtient en réponse que la respiration poussive et saccadée d'un homme rongé par le mal qui se disperse dans son sang. il se rapproche et theodore se raidit, sur le qui-vive par pur réflexe animal ; c'est le corps qui parle avant l'esprit, c'est la chair qui sait mieux que le reste. un masque sur le visage, et le brouillard d'invectives et d'ordres contradictoires qui continue de se diffuser et de rebondir sur les parois des couloirs qu'il n'a jamais réellement arpentés.

saisi et soulevé comme un vulgaire fagot de paille, la station debout arrache un gémissement de douleur à l'ancien journaliste. des papillons noirs dansent sous ses yeux, à côté de la bannière étoilée et de la marée de camouflage et d'acier. ils enjambent le corps du vieux, le regard vitreux d'un animal renversé sur le bas-côté. ses ongles noircis se sont plantés sans qu'il n'y prête garde dans la tenue de combat de l'inconnu qui le porte à demi. mais sa jambe traîne comme un poids mort au bout de son corps et il souffle un peu plus à chaque pas, en longeant les murs d'une prison dont il ne connaît même pas la topographie exacte. il y avait toujours un sac sur sa tête, à chaque transfert, à chaque déplacement. des trous dans la roche, des trous dans la terre, quelques autres cellules renfoncées dans des coins, des caches, des chemins. tout s'étouffe et s'éteint avec une lenteur presque candide ; et c'est comme si le monde évoluait sans lui, tout au ralenti. d'autres soldats accourent, dans un sens et dans l'autre. il peut entendre son souffle résonner dans le masque qui couvre sa bouche et son nez, en jetant un regard en arrière, par-dessus son épaule. le cadavre du vieux ignoré de tous, si ce n'est un soldat en train d'en fouiller les couches de vêtements. un coude, une arche, le monde va trop vite pour ceux qui ont compté les secondes et les minutes. mais plus ils avancent et plus l'odeur se fait présente. reconnaissable entre mille, d'une aigreur significative — ça sent la chair brûlée. et ses yeux papillonnent en même temps que son estomac se retourne, le souvenir encore trop vibrant du spectacle de la mort des deux derniers soldats capturés avec lui se rejouant sous ses yeux. bientôt il y aura la lumière, elle est là au bout du couloir, là en haut d'un escalier usé par les pas et creusé dans la croûte terrestre, mais elle est trop blanche et aveuglante et l'odeur qui semble s'intensifier à chaque pas lui soulève le coeur sans égard.

il s'écroule.
chuter à genoux, poupée de chiffon.

il s'écroule et gémit de douleur, mais déjà il est en train de tâtonner pour relever ce masque qu'on a imposé à son visage. la respiration entrecoupée de saccades. il s'écroule et vomit l'ironie de sa survie, la mort pour la vie. de la bile qui sort de sa bouche et pend à ses lèvres, jaune vif.
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statut civil : elle était ivre de vie et toi, de sentiments. noël s'ébranlait dangereusement sur ton crâne mais t'as ployé l'treillis dans la poussière. et dans ses cheveux cramés par l'soleil, t'y as vu un sourire.
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☆☆ Mar 14 Avr - 3:46


est-ce que tu entends
la mort s'éloigner.

theo & wane ☽ août deux mille dix neuf.

l'espace d'un instant, les bombes se taisent et les corps arrêtent de pleuvoir. il fait sombre ; une jeep se hâte sur les tranchées, les prive de lumière. c'est éphémère. mais dans le chaos des ombres, tu as eu le temps de les voir. voir les gouttes de sueurs perler à ses tempes tandis que tu habilles de froid son front sale. voir les traces que ton canon fait dans la crasse de ses rides. et voir incrustés dans ses rétines, la peur et l'abandon.
il portait la mort sur ses joues et sur ses lippes, les bégaiements anarchiques de la vie qui se bat.

alors tu l'attrapes par les côtes et si tes phalanges avaient pu s'y glisser, certainement que la carcasse serait moins lourde. elle pèse de violence et d'angoisse mais pas de chaire. puisqu'il n'en a plus. puisque la famine lui a creusé les muscles et les parasites lui ont bouffé la peau. tu ne tiens contre toi qu'un sac d'os douloureux et gémissant, le regard fuyant vers vos arrières. vers les macchabées que vous laissez. ce monde dont tu viens de l'arracher.
les murs pleurent un sable fin qui maquille vos visages. tes rétines brûlent et tes poumons suffoquent. les pierres tremblent autour de vous lorsqu'un énième bombardement vient frapper la terre. tu entends les cris, les gorges noyées dans le sang. et tu sens cette odeur, celle-là, qui te prend aux tripes mais dont l'accoutumance te permet d'avancer. encore. maman, une plainte lancinante s'élève par-delà l'argile. dans quelques supplications imbitables, un homme gémit de son corps que l'on vient de détruire en une fraction de seconde. tu reconnais la voix, et serres les dents.

la jambe traîne derrière vous et l'attelle de fortune chante avec fracas sur les pierres étalées dans le maigre couloir. un coup d'épaule pour reprendre l'inconnu, qu'il se vautre sur ta silhouette et que le membre gangrené ne paraisse pas gêner les pas. tu entends la souffrance qui dégouline de sa bouche et jette un regard à son crâne qui danse d'insanité. tu crois qu'il meurt dans tes bras lorsque ses mâchoires tombent à gauche, puis à droite. que son menton cogne le tien avant que son corps ne s'effondre et que la bile qu'il rejette se mélange au sable.
magne-toi,
magne-toi.
wane, qu'est-ce que tu branles ? archie s'agace, l'arme aux bras, il porte le soleil sur son casque et fait chanter le plomb avant de revenir à l'homme qui se tord à tes pieds. toi, tu lèves les yeux vers la fumée qui s'élève en embrassant la lumière. et tu n'as plus le choix. toutes défenses rangées, tu hisses sur ton dos le corps grogui du type qui scandait encore tout à l'heure i'm an american comme une excuse. un pas, puis l'autre, il ne pèse rien sur ton échine mais l'odeur de la bile te brûle la respiration. tu m'colles au cul archie, et j'veux pas voir un poil dépasser, l'amérique vulgaire et en danger. parce qu'il n'y a que vous pour apprendre qu'elle n'est pas belle, la patrie, qu'elle élève des colosses aux mots gras et acérés. qu'elle donne le pouvoir aux proies, de devenir prédateurs.

la chaleur te mord la gueule et les débris d'os et de grès se collent dans tes dents. une putain de centaine de mètres. un peu plus, peut-être. parsemé de gravas et de bouillie pourpre. ils te réceptionneraient là-bas. entre les balles et la brume, la course sera longue. tu prends une grande inspiration et hurle un on bouge gonflé de suicide. les tissus grincent entre eux, l'homme se laisse ballotter par ton trot cadencé. tu le tiens fermement sous les cuisses.
et les sifflements reprennent dans tes oreilles. car vous êtes des cibles faciles, des putains de lapins qui s'égosillent en plein champ. archie répond aux tentatives par une rafale tonitruante. un crissement de pneus et le véhicule est en vue. il faut courir encore avant de jeter l'estropié sur la banquette arrière et s'en remettre à la fuite.

oh, tu t'réveilles ou quoi ?
la mâchoire de l'inconnu entre tes phalanges, tu secoues son menton comme tu le ferais s'il était ivre. oh j'te cause, c'est quoi ton nom ? t'as le cul posé près du sien à l'arrière de la bagnole qui s'éloigne des tirs devenus écho dans un fond de vallée. archie est devant et vous regarde, le coude bouffant le dossier de son siège. tu crois qu'il est claqué ? les roches bercent violemment le véhicule et tu lances l'amusement tu dans un regard à ton cadet, nan, il va s'réveiller.

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☆☆ Mar 14 Avr - 12:37


la mort, ça n'a pas de parole. elle détruit toutes ses promesses. on pense qu'elle viendra plus tard, puis elle vient quand elle veut. quote: w. mouawad, icons: miserunt. @wane marshall

tu t'es mis à prier comme une bête acculée tu as bredouillé des mots qui n'étaient pas les tiens et la litanie est restée accrochée aux peaux mortes de tes lèvres gercées parce qu'il fallait quelque chose sinon quelqu'un pour ne pas flancher pour ne pas mourir pour ne pas glisser dans la nuit sans fin des mots et des mots à peine inscrits dans le filet maigre de ton souffle-

les mains dans la poussière, il vide son estomac déjà vide lui-même. il ne ressemble à rien, et cela devient de plus en plus visible, à force de se rapprocher de la lumière et de la fin du tunnel. les cheveux ont poussé, longues mèches brunes sèches et emmêlées. la barbe a mangé son visage jusqu'à n'en laisser apparaître que deux billes folles, bleues à en crever au milieu du rouge de sa sclérotique. bientôt, ils cartographieront les blessures laissées sur son corps, les cicatrices et les déchirures. bientôt, ils compteront sur ses côtes maigres les traces de brûlures laissées par les cigarettes éteintes sur sa peau blanche de vivre dans l'obscurité. il a la démarche, l'air et l'odeur d'un cadavre qui n'aurait pas été prévenu de sa condition de non-vivant. et la bordée d'insultes rèches et rauques qui s'échappe en arabe d'entre ses lèvres trace sur son front les stigmates incertains d'un doute qu'on ne lui pardonnera sans doute pas.

الكلب الفرقة الخيط

tas de douleur et tas de chair flambant et brûlant de l'infection qui ronge ses veines. il ne pourra pas se relever seul. des relents mortifères qui le prennent à la gorge, alors que dansent sur ses paupières les images macabres de deux soldats américains piégés dans une cage et devenus torches humaines. l'odeur est semblable, l'odeur est la même. alors il peut glisser ses mains sous tes bras, il peut soulever ton corps devenu masse de haillons. tu ne marcheras pas seul jusqu'à la lumière. être un homme libre demande trop d'efforts. il a arrêté de gémir, il a arrêté de crier. encore quelques bribes de prières sur ses lippes se mouvant à peine. entre les battements de cils et les battements de sang, des images fugaces et pourtant éternelles. le champ de bataille et les pluies de gravier. l'odeur insupportable qui imprègne tout, le corps, la peau, les narines, les vêtements, tout jusque dans l'intérieur-même des gens. les visages se mélangent dans son crâne étourdi. des sourires lointains, des espoirs maudits. personne ne l'a vue, cette larme au coin de l'oeil. personne ne l'a vue, alors qu'il était chargé comme un vulgaire fagot de paille sur le dos d'un inconnu. celle qui dans sa peau crasse de poussière traçait une ligne claire.

black-out.

le son étouffé et le ronronnement sous son dos, comme un souvenir familier quoique lointain. ça gueule et ça vrombit, et il semble qu'autour d'eux, en-dehors de cette carcasse métallique qui ne les protègera jamais de rien, la pluie assassine continue de s'abattre. des doigts sur son visage, une poigne sur sa mâchoire. il n'y a qu'un souffle imperceptible qui s'échappe de sa gorge aride.

أَنِّي مَغْلُوبٌ فَانْتَصِرْ

sa tête dodeline, prête à se décrocher de son corps et rouler entre leurs pieds, lui semble-t-il. ça parle et ça s'engueule, autour de lui. et l'homme n'a pas lâché son visage. il faut se rappeler, se rappeler au plus profond, se rappeler de son propre nom. se rappeler de l'homme d'avant, de ceux morts entre temps. "mccullum-" c'est à peine audible dans le vacarme dans cette grande fuite en avant. il a vissé sa main sur le poignet qui le retient, il a planté ses ongles noirs dans la peau ou l'uniforme, il ne saurait vraiment dire. lucidité instable et incertaine, à forcer un son plus fort, après l'adrénaline des premiers regards. "theodore... mccullum-" il grimace, cahot de la route inexistante soulevant dans ses membres inférieurs la douleur qu'il aurait presque pu oublier, à force de se concentrer sur des syllabes pourtant si simples, quasiment innées. une inspiration violente, profonde. c'est comme un grand sursaut, une dernière contraction du corps, avant la reddition finale, avant que la chair ne se trahisse à elle-même. livide, cadavre bouillant parcouru de frissons depuis des jours et des nuits. ses doigts osseux ne lâchent pas, ne savent plus lâcher. peut-être qu'ils roulent depuis quelques secondes, peut-être que cela fait des heures.

dites aux loups que je rentre à la maison.

traduction:

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Wane Marshall
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âge : déjà vieux. déjà mort. tu n'comptes plus les années puisque le temps t'indiffère. il est d'une longueur léthifère. trente neuf ans ; envolé l'bon vieux temps.
occupation : on t'avait chanté ses louanges, avant. on t'avait dit comme elle était fière, comme elle était belle. comme tu serais grisé. mais elle t'a souillé, l'armée. elle t'a appris à souffrir et ça, ça n'se dit jamais.
statut civil : elle était ivre de vie et toi, de sentiments. noël s'ébranlait dangereusement sur ton crâne mais t'as ployé l'treillis dans la poussière. et dans ses cheveux cramés par l'soleil, t'y as vu un sourire.
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☆☆ Jeu 7 Mai - 19:45


le sable et le plomb.

theo & wane ☽ août deux mille dix-neuf.

les huit épaules tanguent au grès des caillaisses qui se plantent sous les roues de la jeep en fuite. et la balles fusent toujours, mais plus loin. elles ne chantent plus que tels des échos pudiques qui ricochent entre des ruines qu'ils ne voient plus, dont la poussière ne leur colle plus dans les narines. elles sifflent dans le ciel comme les filles du port sifflent les marins lorsqu'ils s'arrachent à l'horizon.
mais le bateau vogue à quatre roues crantées sur un océan ocre de sable où il est impossible de se noyer. les grains ne feraient que couler dans les gorges humides et ce sont les poumons brûlés qui imploseraient de cet air putride que les cadavres aux alentours offrent comme effluves. alors la mort serait lente et la vue, radieuse.

marshall ne lâche pas le menton las qui ballotte entre ses phalanges. les questions sont idiotes et les ricanements d'archie se heurtent aux paupières closes de l'endormi. les monstres sont taquins et l'humour a pour vocation de s'empiffrer du chaos ambiant. puisque les sourires sont faux et la misère réelle, ces hommes vêtus d'un vert passé s'entiche de celui vêtu de rien, si ce n'est guenilles et douleur.
et l'autre balbutie un nom d'une voix d'outre tombe. archie grimace à la vue d'un mort qui s'éveille : les ongles crasseux qui se plantent dans un poignet aussi sale. et cette voix. cette voix qui semble n'avoir été entendue depuis des vies entières. comme s'il était né dans la poussière, enfanté par le désert et recraché par le vent derrière ces barreaux branlants. comme s'il n'avait jamais vu le jour et que ses organes de parole n'avaient jamais fonctionnés que pour faire régner le silence.
putain cause plus fort, fais pas l'timide. archie se lasse et revient à l'observation d'un horizon sans fin tandis que le colosse lâche les mâchoires de l'estropié le temps d'un dernier effort, d'un dernier patronyme soufflé. tu vois quand tu veux. la paume trop lourde de marshall tombe sur le torse de mccullum qu'il flatte comme on flatte les côtes d'un chien.
et le geste arrache la douleur aux traits.

la jeep continue sa route et les filles, au loin, se sont tues sur le port.
il sort d'une poche, une des innombrables qui ornent l'uniforme, contenant toutes son lot de survie, la seringue que les blessés s'arrachent. la substance que les douloureux réclament, supplient et implorent. mère morphine s'habille d'une aiguille entre les doigts noirs du soldat. le site est tout trouvé entre les haillons de ce qui fut avant, un pantalon, et l'injection est rapide, contrôlée mais pas hâtive. wane n'y croit pas. cette jambe, pour lui, ne marchera plus jamais sur les roches d'un désert et encore moins sur les pavés d'une ville. c'pas joli, hum. l'arme de soulagement qu'il balance au vent. la guerre est une poubelle pour ces mercenaires enragés. paraît qu'ils amputent mieux qu'ils ne baisent. la grâce de l'amérique pour une blague sans sourire.

alors marshall dégaine la cancéreuse, celle qui symbolise la brève pause entre les dunes qui défilent. paquet qu'il tend à mccgullum, puisqu'il a un nom, c'est p't'être la dernière.

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âge : trente-six années perdues dans une cave aux murs sableux, mille trois cent quatre-vingt quatre jours aux limites brouillées par la force du soleil.
occupation : comme un animal sauvage perdu en pleine ville, il faut d'abord tout réapprendre et puis panser les plaies avant de se rappeler la réputation de photo-reporter de guerre qui a causé tant sa gloire que sa chute aux enfers.
statut civil : alliance obsolète pour la symphonie solitaire d'un homme que l'on croyait perdu à tout jamais ; et comment oublier son visage et ses espoirs, et comment sinon lui en vouloir, quand sa survie a tenu au fil de sa mémoire.
adresse : 1115 magnolia street, l'adresse d'une maison sans âme et sans souvenirs dans laquelle il a posé ses valises, après avoir hanté l'appartement de sa soeur pendant quelques semaines ; les murs sont blancs, le jardin est vide, mais il a peut-être enfin trouvé un peu de réconfort en calfeutrant le grand garage et le plongeant dans la lumière rouge. l'odeur d'ammoniaque du révélateur rongeant le bout de ses doigts comme un baume pour son esprit abîmé.
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☆☆ Jeu 7 Mai - 20:45


la mort, ça n'a pas de parole. elle détruit toutes ses promesses. on pense qu'elle viendra plus tard, puis elle vient quand elle veut. quote: w. mouawad, icons: miserunt. @wane marshall

tu mélanges tout les souvenirs les fantasmes le rêve et la réalité y a tout qui forme une bouillie sans le nom entre les parois de ton crâne sale je sais pas si tu t'en rends compte mon vieux t'es vivant t'es en vie et t'es libre libre libre libre bientôt tout sera fini bientôt tu vas rentrer tu vas rentrer à la maison tu vas rentrer au pays tu vas pouvoir aller dormir dans son dos tu vas pouvoir pleurer dans ses bras tu te rends comptes non tu ne le saisis pas n'est-ce pas tu ne comprends pas ce qui t'arrive t'es trop fatigué t'es trop fiévreux t'en as trop vu trop bu trop entendu tu délires et c'est doux pour une fois de délirer comme ça après tout ça fait déjà trois jours que ça dure mais il y a du soleil au-dessus de ta tête et un rayon de lumière tombe sur ton visage c'est du soleil du vrai qui chauffe qui brûle qui te caresse et te dit bonjour bonjour theodore bienvenue dans le monde des vivants c'est pas grave si tu veux partir on voulait juste te saluer une dernière fois mais tu fais ce que tu veux tu sais la porte est ouverte et les chaises sont tirées-

il n'a pas lâché le poignet du militaire. il ne connait pas cet homme, ni son nom ni son histoire. il en a vu d'autres; des comme lui. il en a vu mourir et avant il en a vu rire à gorge déployée. son corps se brise en éclats de douleur alors que l'homme le caresse comme un pauvre chien errant, mais qui s'en moque, qui y prête attention, seulement attention ? son front est bouillant et sa langue lourde de fièvre et de sable, de peur et de sang. il n'est qu'erre et guenilles, sous-produit de l'espèce humaine. il n'arrive pas à lâcher ce poignet, comme il n'arrive pas à lâcher ce monstre rôdeur, celui tapi dans le creux de sa gorge. il halète, respirations courtes et poussives qui soulèvent sa cage thoracique de bête blessée. le menton tendu dans une position d'arc-boutant du corps tout entier, comme si il voulait s'abreuver du zénith, laper la lumière. elle n'a plus le même goût, même si la rouille reste ce qui envahit trop facilement ses papilles gustatives. alors il n'y fait pas réellement attention, aux gestes de l'autre. il ne sait se concentrer que sur un seul point dans cette marée gluante et immonde de sensations étouffées et pourtant trop vives. il ne peut pas lâcher sa main. il ne peut pas lâcher son poignet. ce n'est physiquement pas possible, pas faisable ; il le voudrait que ses doigts ne lui répondraient pourtant pas. une épine se plante dans sa cuisse sourde, une longue inspiration, un voile sur les yeux. une vague de chaleur tendre et douce, et enfin du sel sur ses joues mangées par une barbe hirsute. un relâchement de l'être, de ses muscles qui arrêtent de se battre. son oeil droit au soleil, un coin de son nez, un bout de ses lèvres rongées. il ferme les yeux, et l'image brûlante se peint sur le rose interne de sa paupière, au milieu des routes et des frontières de ses capillaires éclatées. il n'a pas écouté les mots gras de l'homme qui pourtant le traite avec la douceur de tous ses ancêtres. sa tête comme un sac de pierre lourd et détaché, pendue à ses genoux, lourd tribut d'une population qui aurait souhaité mettre à bas les royautés.

est-ce que tu la connais l'histoire de l'homme trop heureux et trop triste d'avoir survécu d'être en vie de ne pas y avoir laissé sa peau de fuir le pays la connais-tu cette histoire de celui qui y laissera sa peau malgré tous ses efforts un bout de lui de la chair et du sang et puis un bout de son âme la connais-tu cette histoire de celui qui n'a pas respiré depuis quatre années et pleure doucement comme un enfant connais-tu seulement ta propre histoire vieil ami-

les gouttes sont silencieuses quand elles tracent des rigoles à fleur de peau. theodore n'a pas lâché sa main, il n'a pas pu, il n'a pas su, il ne sait pas et d'ailleurs peut-être qu'il ne saura jamais. pourtant l'autre homme se débrouille bien pour vivre en toute impunité et l'odeur de la cigarette qui lui monte au nez mélange des souvenirs incertains. des brûlures sur son torse et ses épaules, et puis les cigarettes fumées à la fenêtre, tard le soir, après avoir attendu le retour de cameron de l'hôpital. des cigarettes accoudé au rebord et les lumières de la rue et leurs coudes côte à côte. theodore se saisit on-ne-sait comment de ce paquet de tabac en barres, une cigarette qu'il attrape du bout des lèvres, l'impression de flotter entre deux eaux encore, et des battements de cils qui ne s'accrochent à rien, au même rythme que ses battements de coeur erratiques. il attend que l'autre homme allume la belle blonde, même si sa respiration s'accélère doucement mais sûrement. ses yeux se referment. tout est lointain sinon le soleil quand il tend la gorge et se place à cet endroit exact. tout est lointain, sinon ses doigts crispés sur un poignet étranger. une chaleur tendre dans le creux du ventre, une chaleur tendre dans la gorge, et qu'importe si il pleure, qu'importe ce qu'il arrive. il a le sourire narquois de mike dans le coin de l'oeil et puis la voix de cameron comme du miel dans ses oreilles. il rêve et dérive parce que c'est ce que les futurs cadavres font de mieux. il lui dit que c'est fini, que tout est fini. il lui dit qu'il n'aura plus besoin de compter un plus un plus un plus un. c'est peut-être la dernière, a dit l'autre, mais il ne l'a pas écouté, il ne l'a pas entendu. pourtant, peut-être qu'il a raison, sûrement qu'il a raison, ce grand gaillard au visage fermé et au regard doux.

il pourrait partir, là, comme ça, maintenant.
tout de suite sur le champ disparaître dans le vent.
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