let her go ; kiara.

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you see her when you close your eyes. maybe one day you'll understand why everything you touch surely dies. ( @passenger ) -- kiara & falco.

Conway a ravivé les flammes. Ces mots sont des litres d'essence renversées sur les quelques braises qu'il restait. L'âme de Falco brûle, d'un feu colérique et désespéré, persuadé que cette piste sera un énième mur contre lequel se heurteront ses espoirs. La lumière du Red Lion couve les crocs acérés de sa possessivité. L'allure aussi lisse que son costume, Lowe entre en ces lieux sans la certitude réelle de la retrouver. Il a tant brassé, bercé ses illusions que plus rien ne semble être aujourd'hui là afin de le raccrocher à la possibilité de la retrouver.

Si Kiara était la chose la plus réelle de sa vie elle est à présent une chimère après laquelle il court en sachant que la vie aura toujours un tour d'avance. Le cœur aussi serré que le poing, il accorde tout juste un regard aux hôtesses d'accueil, embrasé par la simple envie de détruire le peu de doutes qu'il reste. Conway ne lui aurait jamais menti, ils sont l'ombres de l'autre, deux êtres reliés par la démence d'en vouloir toujours un peu plus. Kiara réveille de son âme la pire partie de lui-même. Elle fait vibrer la corde sensible de ses vices, ravive une faim qu'il ne parvenait quelques mois plus tôt pas à éteindre. Elle était un trou sans fin au creux de ses tripes, incrusté là, entre ses chairs chaudes et solitaires.

Son pas plus décidé le guide jusqu'au bar où il termine enfin par l'apercevoir. Il reconnaît en premier sa chevelure et redessine de ses pupilles sa silhouette. Il n'a qu'à la voir, là, de l'autre côté du comptoir pour sentir naître en lui ce besoin de ne l'avoir que pour lui. Falco reste à quelques mètres de Kiara, perdu dans la foule, profite quelques secondes de sa présence sans qu'elle ne le voit. Elle lui semble si irréelle, persuadé d'être dans un rêve qui s'étiolera dés l'instant où il clignera des yeux. Lowe n'est rien de plus qu'un drogué quittant prématurément sa cure de désintox. Sanchez, quant à elle est le shoot le plus fort qu'il lui soit donné de s'injecter dans les veines. Elle l'avait fait planer si haut qu'il avait espéré ne jamais retomber de ce nuage chaud et précieux mais lorsque leur bulle s'était évaporée en une pluie d'acide, le retour à la réalité l'avait agenouillé.

Ses coudes se posent avec nonchalance contre le bar tandis qu'il se penche en sa direction. Je ne te savais pas si douée à cache-cache. Il y a dans ses mots une sorte d'agressivité qu'a fait naître le manque. Kiara n'y est pour rien, bien plus fort et grand qu'elle l'avait arraché à lui mais Falco en a trop bavé pour agir normalement. Son esprit est brouillé lorsqu'il la fixe et que ses yeux lui rappellent combien il s'était perdu en elle, contre elle, dans ce sourire qu'il parvenait parfois à lui voler. Magnifique croissant de lune qui ne brillait alors que pour lui. Maintenant que la partie est terminée, tu me sers un verre de whisky ? Sa voix devient plus mielleuse mais son regard reste le même, sauvage et tranchant. La foule autour d'eux lui met des chaînes, leur impose une tenue qu'il déteste. Mais qu'attends-tu Falco ? Qu'elle te saute au cou ? Tu n'as fait que la payer plus cher que les autres pour l'avoir dans tes draps. Tu n'es qu'un monstre au milieu des monstres, une copie de tous ceux qui, comme toi, la souillaient et la brûlaient. Cet incendie que tu portes à présent en toi est ta punition. Cette douleur est aussi la sienne.

(c) calaveras.

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Falco & Kiara

let her go

Un peu plus de quatre mois qu’elle est là, dans cette ville qu’elle ne connait pas. Dans ce casino dans lequel elle ne se familiarise pas. Les gestes encore maladroits. Les mouvements incertains et la précision inexistante. Elle sait pourtant s’adapter, Kiara, mais il lui faut du temps, des repères. Choses qu’elle n’a pas encore eu le temps d’acquérir tant tout va trop vite ici. Sans formation, difficile d’apprendre les bons gestes, de connaitre les bases. Pourtant est elle loin d’être stupide, mais ce genre de compétences, autant dire qu’elle a bien du mal à les maîtriser. Servir deux ou trois verres, passe encore. Mais dès qu’il s’agit de manier un plateau rempli, c’est une autre paire de manches. D’autant plus qu’il y a du monde et beaucoup de mouvements autour d’elle. Compliqué de ne pas entrer en collision avec qui que ce soit. Les autres filles glissent entre les clients telles des danseuses expérimentées. Kiara, elle, est un éléphant dans un magasin de porcelaine. La manœuvre finit, la plupart du temps, de la même façon ; avec perte et fracas.

Heureusement pour elle, la soirée est relativement calme ce soir. Pas trop de clients, pas trop de foule assoiffée. La plupart passe son temps dans la salle de jeu ou autour des machines à sous. Un soulagement. Derrière le comptoir, elle n’a pas besoin de se déplacer autour des tables, ses collègues gèrent parfaitement. Un client profite même de ce moment d’accalmie pour lui faire la conversation. Ou plutôt, pour raconter sa vie, parce que Monsieur semble adorer s’écouter parler. Prétentieux de surcroît, il est décidé à lui en mettre plein la vue. Une chance qu’il ne lui pose pas réellement de questions. A chaque bref moment de pause, elle se contente de sourire et de hocher la tête – comme d’habitude, son avis n’est pas pris en compte et n’intéresse personne. Son calvaire prend fin lorsque le téléphone de l’homme se met à sonner. Sauvée par le gong. Visiblement occupé pour un long moment, elle en profite pour filer et retourner vaquer à ses occupations.

Jusqu’à ce qu’une voix familière n’attire son attention.

Surprise, le temps se suspend soudainement. Lui, comment est-ce possible ? Stupéfaite, la réaction se fait attendre. Bouche entrouverte, les yeux écarquillés, des tas de souvenirs lui reviennent en tête. Son cœur loupe un battement au passage et sa respiration se coupe. Falco, un client comme un autre ? Pas vraiment. Au fil du temps, elle s’était mise à attendre avec une certaine impatience ses visites. Falco Lowe, ce n’était pas n’importe quel client. Il était celui qui la voulait, elle, en particulier. Celui qui dépensait des fortunes pour se l’accaparer. Celui qui semblait s’intéresser à elle, s’en soucier. Celui qui, finalement, avait réussi à atteindre son cœur meurtri et sans vie. Reprends-toi. La commande passée, elle revient sur terre et tente de reprendre ses esprits. Lui, ici, représente ni plus ni moins un risque de cramer sa couverture. Sans un mot, elle récupère un verre et la bouteille de whisky qu’elle pose sur le comptoir devant lui. Boisson en main, elle en verse une dose au pifomètre ne connaissant pas réellement les vraies doses appropriées. En général, elle a la main généreuse. « Je fais rarement les choses de mon plein gré. » Comme tu le sais si bien, Falco. Lui a-t-on déjà demandé son avis ? A quand remonte la dernière fois que son avis a compté ? Jamais sans doute. Sa vie n’est qu’une éternelle contrainte. Voilà bien longtemps qu’elle s’y est résignée. Mains glissées dans les poches arrière de son pantalon, elle ose le regarder plus longuement et laisse ses prunelles le détailler un peu plus. Rien n’a changé. Impossible d’oublier son visage et tous les détails qui le composent. Il est ancré dans son esprit, marqué au fer rouge. « Tu n’as pas l’air très surpris de me voir ici. » Contrairement à elle. « Je doute donc que tu passais par là par hasard. Comment tu as su ? » Et surtout, qu’est-ce qu’il fout là ? « Ça fait une trotte depuis Vegas. » Maintenir la conversation, poser des questions pour faire taire cette douleur qu’elle sent percer au creux de sa poitrine.

AVENGEDINCHAINS @Falco Lowe