Soirée bien trop agitée. Trop de monde à servir et elle peine à suivre la cadence. Qu’est-ce qu’il se passe ce soir pour que toute la ville se soit donnée le mot pour se retrouver au casino ? On exagère évidemment, mais quelques clients en plus de d’habitude et c’est presque la panique à bord. Surtout quand des collègues sont malades et donc absentes. Elle galère déjà d’ordinaire, Kiara, mais avec un effectif réduit ? C’est le drame. Pas une minute pour respirer. Pas une seconde pour penser. On l’interpelle constamment et elle peine à gérer tous les clients. Une commande par-ci, une commande par-là et c’est la cacophonie. Désorganisée, paniquée et c’est la débandade assurée. Elle en vient presque à regretter son job premier, c’est dire à quel point elle est dépassée et désespérée.
Au fil de la soirée, les choses tendent à s’arranger. Une troisième serveuse venue en renfort pour grossir les troupes. Le barman qui met la main à la patte et qui se déplace jusqu’aux tables pour aider à faire le service. La lumière au bout du tunnel est presque visible. Cependant, à force de servir tant de clients, les verres commencent à manquer. Et c’est Kiara qui est chargée d’aller en chercher. Est-ce une bonne idée ? Il est permis d’en douter. Acceptant volontiers ce petit moment de répit, elle s’éclipse de la salle principale pour parcourir les couloirs du casino et atteindre la réserve où tout le matériel est rangé. D’un geste, elle allume la lumière et pose ses mains sur ses hanches en contemplant l’immensité de la pièce et de tout ce qui y est entreposé. Ses prunelles parcourent les différents éléments exposés et se posent finalement sur les verres, en hauteur. Evidemment. Etant donné sa taille, impossible qu’elle les atteigne. Il va falloir escalader un peu.
Réfléchissant à un plan d’attaque, elle visualise approximativement la marche à suivre. Ça ne devrait pas être compliqué de grimper un peu. En théorie. Attrapant son courage à deux mains et soufflant un bon coup avant de se lancer, elle s’avance vers les étagères et débute son ascension. Précautionneusement, elle avance, prenant garde à ne rien faire tomber. Les verres à portée de main, elle en récupère un. L’équilibre précaire, son pied d’appui finit par glisser. Et c’est le drame. Dans sa chute, d’autres verres l’accompagnent ainsi que deux bouteilles et divers tabliers qui se trouvaient à proximité de son pied. Un juron espagnol s’échappe de ses lèvres alors qu’elle se retrouve le cul par terre, entourée d’éclats de verres. Plus de peur que de mal ? La douleur qu’elle ressent dans sa main témoigne du contraire. « Mierda ! » Et oui, le verre ça coupe.