[f/libre] haley bennett ☾ lost at sea.

tu es la seule à connaître d'hera ce qu'elle a un jour été avant que la vie dans lequel l'a plongé votre père ne la détruise. tu as connu son affection et son amour, tu as vu d'elle une sœur libre, courageuse et dévouée à votre affection. l'enfant qui vit en toi se souvient des longues heures passées dans ses bras alors qu'elle était haute comme trois pommes. tu étais sa poupée puis tu es devenue sa meilleure amie. à l'âge de seize ans, l'homme qui deviendrait plus tard son mari est venu te l'enlever en se glissant dans la chambre de votre chalet qui abritait jusque là votre enfance. le lendemain matin, tu as su que quelque chose en elle était mort dans ses draps et que tu ne la retrouverais jamais. le jour de son mariage, elle portait encore sur elle la tendresse de son adolescence et tu aurais aimé être plus vieille afin de la délivrer et dévorer à ses côtés vos rêves de gamines. hera a déménagé à las vegas et se sont passés de nombreux mois sans que tu ne la vois. pendant son mariage, tu ne la voyais qu'à intervalles réguliers durant les fêtes de famille où elle finissait la plupart du temps ivre. vos parents voyaient qu'elle sentait l'alcool avant même de commencer le repas mais vous n'étiez qu'une armée d'autruches sourde à l'appel qu'elle vous lançait. puis un jour, adon moran, son mari, est mort. le poids sur tes épaules s'est effondré et tu es venue vivre à ses côtés, au creux du clan moran qui était par extension ta propre famille. hera n'a jamais cessé de prendre soin de toi mais l'a fait avec une maladresse violente. ta sœur a l'amour intransigeant car elle n'en a connu aucune autre forme. elle t'a protégée de tout, intégrée à son affaire illégale tout en te préservant mais n'a jamais su te montrer combien elle t'aimait. tu savais, au fond de toi, la raison de son comportement et tu lui pardonnais. hera a fait ce qu'elle pouvait avec ce qu'il lui restait. tu sais qu'elle n'a jamais cessé de t'en vouloir durant ces longues années. tu n'as pas réussi à avoir la moindre conversation sincère avec elle. moran dissimule tout, se cache derrière une épaisse couche de froideur pour ne pas montrer ses faiblesses et le fait que son esprit est aujourd'hui peut-être trop disloqué pour ressentir des sentiments réels et palpables. tu étais d'accord lorsqu'elle t'a fiancé à cahal. tu voulais la rendre fière, te sacrifier comme elle l'avait fait pour votre famille mais la rancœur d'être une offrande t'a fait ressentir de l'amertume pour elle. quand mcgrath a découvert ta mission et qu'il a simulé ta mort afin de t'envoyer en irlande, cet homme qui t'a épargné t'a, par son geste intéressé, offert bien plus d'amour et d'importance qu'hera n'a jamais su le faire. c'est à partir de là que l'ourlet de ton cœur s'est défait afin de se retourner totalement. la petite sœur dévouée s'est noyé dans ton affection pour ces irlandais. tu t'étais faite à l'idée de ne jamais revoir un moran ; c'était rassurant de les détester quand ils n'étaient pas là physiquement mais maintenant que tu dois revenir sous ordre de cahal, tu ne sauras jamais cacher à hera qu'aujourd'hui tu te sens plus irlandaise qu'australienne. tu crains de voir ce qu'elle est devenue car une part de toi l'aimera toujours immensément.

au moins m'as-tu aimée, tu lui as servi tes sanglots sur un plateau fait de l'or de tes cheveux. un peu de carmin pour la couleur, et le chant lancinant de tes pleurs. tu as cru qu'ils seraient tes derniers mots et que la mort te cueillerait dans le même écrin d'indifférence que celui dans lequel tu es née. mais la balle a résonné contre tes tympans, et non dans ton crâne douloureux tout de même, d'avoir entendu hurler ta fin et ses mots te griffer ; pas un seul instant. quand tu as relevé les rétines, le canon du glock était habillé de ses yeux bleus et le coup volontairement manqué fumait dans le béton. alors tu as su que tu l'aimerais tant qu'il t'était donné le don de respirer. alors tu as su qu'il faisait de toi un de ses pions pour ses grisants jeux de pouvoir. mais tu t'en fichais. tu t'en fichais parce qu'à partir de ce jour, pour ton fiancé, tu as existé. pour lui, tu renverserais l'échiquier et ferais de l'autre monarque, une de ses victoires. il ne t'a jamais couverte de tendresse ni même d'attention. il ne t'a jamais aimée de cet amour qu'une mortelle attendrait mais lorsqu'il s'appropriait ton corps pour un soir, une nuit, lorsqu'il faisait glisser des mirages dans le creu de ton cou, tu te sentais bénie, dione. alors tu as rejoint l'irlande, patiente et sage. tu t'es faite à leurs traits rudes et aujourd'hui, tu parles leur langage. et tu l'as entendu, le cri d'appel de ton roi que t'a porté le vent et aussitôt, tu as grimpé les nuages pour sauter l'océan. tu es ce pion qu'il décide à présent d'avancer et à jamais sienne, tu viens faire de ses combats, les tiens.

vous vous êtes aimés, d'un amour tendre et délicat. conway était comme toi : un chien galeux. quand adon n'était pas occupé à passer ses nerfs sur lui, tu le retrouvais dans cette grande maison de las vegas pour partager quelques discussions, sourires et baisers. tu sentais par moment qu'il comblait le vide de ne pouvoir approcher hera en te serrant toi dans ses bras mais tu préférais rester aveugle à la vérité. il t'a fait la promesse d'une vie mais tu t'es laissé sacrifier en te fiançant à cahal. tu n'as pas pensé à lui, pas une seule seconde et tu as lu dans les yeux de conway la déception, la douleur et la colère de te voir partir auprès d'un autre. tes sentiments pour lui ont survécu au regard bleuté de cahal mais ont perdu de leurs éclats. tu ne sais même pas ce que tu pourrais lui dire à présent, si tu as seulement envie de t'excuser alors qu'il n'a même pas essayé de retenir une seule fois. tu lui en veux d'avoir pris part à ce grand mensonge. tu es une gamine dione et tu attends des autres qu'ils te prouvent leur amour mais conway ne l'a jamais fait.

tu les connais depuis tes neuf ans car votre père a organisé une rencontre entre adon moran, patron de la mafia australienne et ta grande soeur. elle n'était qu'une gosse lorsque ce type trop vieux a posé sa main sur ses courbes. si tu as détesté l'homme, le reste des moran a toujours eu ton affection. ils ont été ta famille durant de longues années jusqu'à ce qu'ils décident avec hera de t'envoyer dans les griffes de mcgrath. si tu étais dévouée à cette cause, tu as rapidement compris que tu ne serais jamais une véritable moran et que cela ferait toujours de toi une donnée négligeable. tu les as aimé si fort, tu les portes dans ton âme, tu les as dans la peau et chacun de tes gestes ont été façonnés par eux mais tu refuses à présent de les revoir. tu leur en veux d'avoir fait d'hera un monstre et de t'être perdue pour eux. savoir qu'ils pleurent une inconnue sur une tombe creusée au fin fond du nevada va les enrager.

difficile de ressentir pour toi la moindre hostilité dione. si hera est aussi froide que la glace, toi tu es le premier rayon de soleil faisant fondre la gelée après un long hiver. tu n'as jamais ressenti pour eux la moindre hostilité. tu as fait au mieux pour honorer ton rôle de fiancée afin d'obtenir leur sympathie. si tout était simulée dans un premier temps, les mois ont suffit à faire capituler tes sentiments. tu ressentais pour eux un attachement sincère avant que l'on ne t'envoie en irlande après avoir simulé ta mort.