Money for nothin' and your chicks for free | Ethan

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L'astre solaire brille de son plus bel éclat. La chaleur de la Californie inonde l’air et caresse la peau délicatement. Le temps est radieux et parfait pour le jeu. Il court à en perdre haleine, le jeune Ethan, du haut de ses huit ans. Bifurque à la moindre occasion et se faufile parmi les vignes du domaine familial. Les adultes sont restés à l’entrée, discutent avec des clients. Le petit blond, lui, a filé sur le champ. Attirant avec lui la fille d’un ami et employé de ses parents. La petite Madara peine à le suivre mais ne perd pas son sourire et sa bonne humeur pour autant. « Tu pourras jamais m’attraper Maddie ! » Qu’il lance, hilare, toujours en courant. Le petit Ethan est un enfant débordant d’énergie. Le genre qu’on a du mal à canaliser. Le gamin qui ne reste pas en place plus de quelques minutes. Difficile de capter son attention trop longtemps. Compliqué de le faire rester devant un dessin animé. Au bout de dix minutes son attention s’est déjà dissipée. C'est pour cette raison que ses parents ont rapidement l'idée de l'inscrire à un sport pour l'aider à se défouler. Le judo leur a semblé être le meilleur choix à opérer. Ethan, c’est le gamin qui a toujours la tête pleine de mauvaises idées. Quand il y a une connerie à faire, il est le premier. L’idée de jouer à cache-cache dans un vignoble, ça vient de lui. Le petit Lockhart, c’est véritablement la tornade de la famille, celui qui ravage une maison en très peu de temps. Et celui qui nécessite le plus d’attention de ses parents, au détriment de son frère aîné. « Allez j’m’arrête parce que t’es trop nulle ! » Ses jambes stoppent leur mouvement et doucement il cesse sa course. Madara finit par le rejoindre, à bout de souffle. « T’as des plus grandes jambes ! » Impossible de contenir son éclat de rire. « T’as qu’à manger de la soupe la minipouce ! » Il lui tire la langue, ébouriffe sa tignasse brune et repart pour s’engouffrer dans ce dédale de vignes. Son terrain de jeu préféré. Ici, pas de barrières. Un grand espace. Peu de limites. Comme quoi, il n’a pas toujours détesté cet endroit.


Le temps s’arrête, comme suspendu dans l’air. Rien ne dort jamais vraiment dans cette ville. Tout n’est que lumière et billets verts. La fête bat son plein, de jour comme de nuit. La foule est en émoi et chacun y va de son petit pari. Ce soir, comme chaque nuit, il ne dormira pas, Ethan. Pris au jeu. Piégé dans l’effervescence des lieux. Il lui est impossible de quitter la table pour aller se coucher dans son hôtel luxueux. « Je relance de cinquante ! » Majeur depuis peu, Las Vegas est devenu son refuge merveilleux. L’adolescence s’est révélée difficile. Ses parents en ont bavé. Parce qu’il a changé, le gamin turbulent. En grandissant, il est devenu un petit con arrogant. Capricieux et amoureux de l’argent. Il veut gagner le sien sans dépendre de ses parents. Les vignes du domaine Lockhart, il s’en tape royalement. Il ne compte pas percer là-dedans. Il a d’autres projets bien plus transcendants. Ce qu’il veut, le californien, c’est vivre le moment présent. Profiter de chaque instant. Les casinos sont devenus de véritables passe-temps. Le poker, il y joue constamment. Au milieu de tous ces gens riches, tapes à l’œil, superficiels, il est dans son élément. « Tapis. » Un sourire en coin et le regard perçant, il mise tout ce qui lui reste. Ils ne sont plus que deux autour de la table. Chacun retient son souffle. La somme qui se trouve au milieu est impressionnante. L’homme en face hésite. Regarde son jeu, semble réfléchir un moment. Il a une belle main, un beau carré de valets. Pourtant, il se couche en pestant. La partie n’a que trop duré, il n’a presque plus d’argent. Ethan lui, jubile et ramasse le pactole sans dévoiler son jeu. Pas besoin, il est le dernier survivant. Coup de bluff magistral qu’il a mené tout au long de la partie parce qu’au final, il n’avait qu’une paire de deux en main. La vie sourit aux opportunistes qui savent prendre des risques.


Lunettes de soleil ancrées sur le nez, le costume impeccable parfaitement paré et les mains dans les poches, il attend la livraison, l’homme de main du clan Moran. Recruté depuis quelques années par Adon, le grand patron lui-même, le jeune Lockhart a trouvé un nouveau sens à sa vie. A présent, c’est à Las Vegas qu’il passe le plus clair de son temps. Il ne rend visite à ses parents et au reste de sa fratrie qu’une fois de temps en temps. Il a trouvé une seconde famille dans ce clan. De l’argent facile, une morale qui se discute et surtout l’adrénaline d’une vie en dehors du temps et surtout hors la loi. Cette impression de dominer le monde, de l’écraser. Son ego est tellement flatté qu’il est sur le point d’exploser. Ce n’est pas donné à tout le monde de devenir le petit préféré du chef de la mafia australienne. Adon, c’est plus que le boss des lieux. C’est une figure presque paternelle, sévère et autoritaire. Ce roc que nul ne peut briser. Ses parents ont toujours été trop laxistes avec lui, incapables de lui imposer des limites. Trop libre de toujours faire ce qu’il voulait, quand il le voulait, ça l’a perdu. Aujourd’hui recadré, d’une façon différente, il a trouvé sa place. Il est bien plus épanoui dans sa vie. Les Moran lui ont offert ce qu’il a toujours recherché ; un modèle à suivre. Avec eux, pas de chichi, il peut être qui il souhaite sans être jugé. Au milieu des connards narcissiques de Vegas, il a trouvé sa place. Comme un poisson dans l’eau, il exécute les ordres qu’on lui assigne sans rechigner. Totalement dévoué, rien ne peut le détourner de cette nouvelle famille qu’il a intégrée.


Perdu dans ses pensées, ses prunelles azurées observant les nuages à travers le hublot de l’avion sans réellement y prêter attention. L’année 2010 est une année compliquée et sordide. Pour ne pas dire qu’elle n’a été qu’une succession de merdes en tout genre, du début à la fin. La perte d’Adon tout d’abord, qu’il a eu du mal à supporter. Un deuil dont il porte encore le poids écrasant sur ses épaules carrées. Le sort s’est acharné et ce sont ses parents qui ont décidé de prendre son avenir en main sans lui laisser vraiment le choix de rétorquer. Volonté de le recadrer, comme Jacok avant lui, il y a quelques années. Ils ont décidé de l’envoyer à Lewisburg, avec son petit frère Noah, pour cogérer l’un des vignobles de la famille avec le propriétaire des lieux, déjà bien âgé. Une corvée, ni plus ni moins pour cet homme qui ne s’est jamais préoccupé de l’affaire familiale, puisqu’elle ne l’a jamais intéressé. Le vin, il s’en contrebalance comme de sa première dent de lait. Il n’a pas l’ambition de percer dans le milieu et de faire perdurer cet héritage qu’il n’a jamais demandé. Un boulet accroché à ses pieds qu’il n’est pas vraiment décidé à trainer. Pourtant, il n’a pas eu la force de lutter. Ses convictions ébranlées par la perte d’un être cher et il n’a pas vraiment rechigné à s’envoler. A la surprise générale de ses parents choqués. Recommencer à zéro, n’est-ce pas une bonne idée, finalement ? Changer d’air pour de nouveau respirer. Le temps est gris aujourd’hui, à l’image de son esprit. Une page se tourne, et la suivante est déjà bien remplie.


« Allez, tu me refais un tour ! Plus vite ! » Pieds ancrés dans le sol, il frappe dans ses mains pour encourager son poulain du jour. Les prunelles fixées sur son élève, il ne rate rien des efforts qu’il fournit. S’il a fait appel à lui, c’est pour améliorer sa condition physique. Il a pris ses petites habitudes, Ethan, à Lewisburg, depuis son arrivée. Dix ans c’est long mais ça passe à vitesse grand V. Il est le copropriétaire du vignoble familial des environs, mais uniquement sur le papier. Pendant tout ce temps, il a laissé le grand-père des lieux s’en occuper, n’apposant sa signature qu’en cas de nécessité. A côté, il s’est lancé dans d’autres plans de carrière un peu plus désirés. Dans le sport tout d’abord parce qu’il ne peut pas s’en passer. Coach sportif pour certains clients, et prof de self-defense pour d’autres, il a les bagages nécessaires pour mener à bien ces deux activités. Les affaires avec le clan Moran ont repris également depuis qu’Hera l’a recontacté il y a quelques années. Un morceau de Vegas qui vient à lui, c’est inespéré. Son frère, Noah, quant à lui, mène sa vie de son côté. La vie est belle et il a retrouvé un semblant de sérénité. Jusqu’à ce que Mère Nature ne s’en mêle et vienne enrayer la machine si bien huilée. En janvier dernier, c’est le papy du vignoble qui est décédé. Entrainant avec lui, le débarquement de son frère ainé et de sa clique d’entrepreneurs chevronnés. La fin des vacances tant appréciées ? Evidemment. Est-il possible d’en douter ? Parce qu’il n’est pas vraiment décidé à se plonger dans la viticulture, Ethan. Faire acte de présence quand c’est nécessaire, c’est tout ce qu’il est capable de réaliser.