un ; Il a toujours eu envie de suivre les traces de son père, un vrai modèle pour lui. Cette fierté qu'il a vue dans son regard lorsque à son tour il a rejoint les forces de l'ordre. Pourtant, Adem il sait qu'aujourd'hui il n'y verrait que de la honte. Honte pour ce fils qui déshonore l'insigne. Il ne sait plus comment il a fait pour tomber si bas. Pour passer de l'autre côté de la barrière. Si l'acceptation de pot de vin s'est fait dans la facilité, faire marche arrière ne semble pas si simple.
deux ; Cela fait maintenant trois ans que Adem est passé du côté obscur, qu'il ne se souvient plus de ce sentiment lorsqu'il met un criminel derrière les barreaux. Désormais, il accepte de falsifier les preuves. De regarder ailleurs. La situation le dérange, il se sent au bord du gouffre, mais il continue à accepter cet argent facile. Cet argent sale.
trois ; Aujourd'hui, il profite de la vie, sans attache. Il se sent brisé depuis qu'elle est partie. Depuis qu'elle l'a laissé en plan devant l'autel. Cette femme il l'aimait. Après cinq ans de relation ils s'apprêtaient à se marier ; et pourtant elle a fui sans une explication. Un simple
« Désolé. » griffonné sur un morceau de papier, déposé sous sa bague de fiançailles. En guise de réponse il a demandé sa mutation il y a six ans maintenant. Il a pris la première place qu'on lui proposait, bonjour Lewisburg.
quatre ; Il est accro à la nicotine depuis qu'il est au lycée, il ne sort pas de chez lui sans un paquet. En plus de cela il a la fameuse manie de garder les briquets qu'on lui prête, bien souvent par oubli. De cette façon le vide-poche de sa voiture en est complètement rempli, tout comme un petit saladier chez lui.
cinq ; Adem il a toujours eu besoin de protéger ses proches. Le mari de sa soeur en a fait les frais. Quand Kaithlyn s'est présentée sur le pas de sa porte le visage tuméfié par les coups. Son sang n'a fait qu'un tour. Lui qui s'était senti si démuni à la mort de leur mère, n'a eu aucune envie de perdre sa soeur également. Il n'a pas réfléchi. En moins de deux il était de retour à Détroit pour tabasser celui qui a osé lever la main sur elle. Rendant coup pour coup, il conclut sa visite d'un avertissement. Alors lorsqu'il apprend de sa cadette qu'il refuse de signer les papiers du divorce, il s'apprête à lui rendre une seconde visite. Bien décidé à ce qu'elle puisse retrouver sa liberté. Ce n'est qu'à sa demande que ses plans changent, qu'il reste à Lewisburg, laissant sa soeur s'occuper de son divorce.
six ; Lorsque sa soeur l'a rejoint ici à Lewisburg il lui a proposé l'hospitalité à elle et son fils. Aujourd'hui ils vivent toujours ensemble, et ça malgré les non-dits qui peuvent persister. Adem prend tout particulièrement soin de l'aider avec son fils. S'il n'en oublie pas qu'il ne reste que son tonton, il veut que le petit ait une bonne image
'paternelle' bien loin de celle d'un homme qui bat sa femme. Et puis passer du temps avec lui fait un bien fou. Une bouffée d'air pour son esprit chaotique.
sept : Le sport. Ce besoin de s'évader, de se dépenser. Seul moment où son être semble complètement déconnecté. Il s'entraîne de manière régulière. Un esprit sain dans un corps sain?
Bullshit.∾ ∾ ∾when you're too in love to let it go.
but if you never try you'll never know.
fix you, coldplay.
Adem il n'a jamais cru qu'il serait du genre à se marier. Il n'est pas de ceux qui ont besoin d'une alliance et d'un bout de papier. Néanmoins il est là, debout devant leurs familles. Et bien que mal à l'aise dans ce costume de pingouin, il attend que Ilyana vienne le rejoindre. Qu'elle devienne
sienne. Il sait que lorsqu'elle descendra enfin l'allée, non seulement elle sera somptueuse -comme toujours- mais toutes ses angoisses s'envoleront. Alors qu'il scrute la foule son regard se pose sur sa soeur ; sentant le soutien dans son regard, un sourire s'esquisse sur ses lèvres. Il ne manque que leur mère pour que cette journée soit parfaite. Nul doute qu'elle aurait été des plus ravies de voir son fils sceller son âme à une autre. Seul regret dans la vie du jeune homme, que sa dulcinée lui soit inconnue.
Puis la musique retentit, signe que le grand moment est enfin arrivé. Son rythme cardiaque s'accélère au fil des notes qui s'échappent de l'orgue. Et avec l'angoisse lui revient. Cette cravate semble désireuse de serrer davantage. Il suffoque. Les secondes qui s'écoulent semblent lui durer des heures. Néanmoins l'agitation dans la foule lui fait comprendre que quelque chose cloche. Cette porte qui claque n'annonce rien de bon, il le sait. Adem avale difficilement sa salive lorsque la demoiselle d'honneur de Ilyana s'avance vers lui le regard fuyant.
« Je suis désolée. Elle.. Elle est partie. » Le coup de massue. Elle murmure, mais pas assez. La musique s'interrompt. Les chuchotements commencent eux à se faire entendre depuis l'assistance. Lui il fléchit sous ses bourdonnements. Son visage entre ses mains il finit par retirer cette cravate qui désormais l'étrangle. Il sent tous les regards posés sur lui. Il devrait dire quelque chose, prendre la parole. Mais l'incompréhension se mêle à tous ses sentiments qui le traversent. Un simple regard vers son meilleur ami, son témoin. Sans un mot il se redresse, il ne veut qu'une chose fuir. Quitter cet endroit oppressant. Il s'enfuit à son tour de son propre mariage maudit sous le regard médusé de l'assemblée. Sur le perron de l'église l'air frais qu'il respire enfin lui fait du bien.
Le trajet qu'il doit effectuer pour rejoindre leur appartement lui semble durer une éternité, alors que les questions se bousculent dans son esprit. Il espère qu'elle sera là à l'attendre. Prête a éclaircir son comportement. Lui avouer que comme lui elle ne veut pas d'un grand mariage, juste quelque chose de simple. Malheureusement, personne ne l'attend. Le silence de mort qui règne dans leur demeure ne l'empêche pas de faire le tour des lieux. L'anéantissement prend peu à peu place dans son esprit en découvrant les placards vidés de ses affaires.
Partie. Elle avait choisi de mettre un point final à leur histoire, et ça le jour de leur alliance. Il est affligé de découvrir sa bague sur le comptoir de la cuisine. Aucune explication. Cinq ans balayés d'un revers de la main. Malgré ces cinq années elle n'avait même pas eu la décence de lui faire face. Le supposé plus beau jour de leur vie, était devenu un véritable
cauchemar.