heart beats slow ; hazel.

L'argent achète tout, du plus grand des palais à la plus maigre information. Falco n'avait pas pris la peine de chercher lui-même de quoi se rapprocher d'Hazel, s'était contenté de demander à  l'une de ses secrétaires dévouées de le faire et cela n'avait pris que quelques heures pour découvrir l'enseigne pittoresque dans laquelle elle travaille. Il n'avait pu s'empêcher de grimacer devant son téléphone, imaginant alors sa poupée traîner dans une tenue ridicule à travers les vapeurs de bouffe et de clients sans la moindre bonne manière. Incapable de rester à sa place, Lowe s'était fait la promesse d'aller la voir, qu'importe ses cris et sa rage, qu'importe la colère avec laquelle elle s'était débattue lorsqu'il l'avait menacé.
Falco ne sait même pas s'il en pensait un mot, incapable de dire ce qu'il saurait  faire d'une gosse et de sa paternité. La seule chose qui comptait alors que ses doigts serraient fermement ses cheveux était son parfum et la saveur que pourrait encore avoir ses lèvres après toutes ses années. S'il était allé au bout des choses, s'il avait été cet être ignoble qu'il cache sous son costume, peut-être aurait-il eu le culot de s'y frotter mais cette histoire avortée avec elle avait posé des barrières afin de la protéger. Ses sentiments pour Hawkins, aussi amochés soient-ils continuent malgré tout de le ramener à la raison.

Il ne sent pas l'alcool, la came ou même l'excès lorsqu'il pénètre dans la petite enceinte bondée de monde. Début de soirée où son attitude dénote. Certains le regardent comme s'il sortait de l'un de ces téléfilms à la con où il viendrait demander en mariage la petite serveuse perdue dans les commandes. Falco s'avance tranquillement à travers la foule, un brin égoïste, fait en sortes de s'approcher du comptoir pour y faire sa commande. Il sent dans son dos un vieillard ronchon lui faire remarquer qu'il vient de lui passer devant mais Lowe l'ignore. Lorsqu'une nana s'approche de lui, tout sourire pour le servir, le brun fronce les sourcils. Un brin méprisant et désagréable. Appelle-moi plutôt Hazel, tu seras sympa. Timbre dédaigneux, accompagné d'un signe de main pour qu'elle parte plus vite de son champs de vision. Le brun est trop pressé de la voir elle pour supporter la vue d'une inconnue qui ne lui inspire rien. Son regard sombre peut la voir, s'affairer à la préparation d'une commande. Il reste là, quelques secondes, à simplement l'admirer de sa place comme si elle était une merveille de ce monde. Il en oublie un instant la fatigue présente sur ses traits et cet endroit pitoyable. Ce n'est qu'au moment où leurs regards se croisent à nouveau que cette bulle de contemplation éclate brutalement.

Falco ressent jusque dans ses tripes cette exaspération qu'elle entretient pour lui mais ne se démonte pas. Accoudé devant la caisse, désinvolte et trop chaleureux pour ne pas dissimuler un mauvais coup, le loup attend patiemment cette douce brebis dont la présence le rend fou. Lowe redresse le torse, colonne vertébrale bien droite lorsqu'elle daigne enfin venir vers lui. Un sourire Hazel, à moins que ce soit payant ? Il est plus calme, presque amical. Il avait seulement envie de la voir mais possède la sensation désagréable que tout ce qu'il dit sera forcément retenu contre lui. Falco a toujours eu cette fâcheuse tendance de tout détruire et espérer ensuite atteindre le pardon sans une once de difficulté.
Mais le vrai monde n'a rien de facile, Falco.
Hazel n'est pas ta chose.

En boisson, tu me conseilles quoi ? Il prend son temps, qu'importe le monde qui attend. Maintenant qu'il est là, l'idée de la partager le trouble.

(c) calaveras.

Falco lâche un rire silencieux à sa remarque tout en baissant les yeux pour encaisser sa bonne humeur avant de reporter son attention sur elle. Hazel ne lui laisse pas le temps de se reprendre, l'empêche de retrouver ses mots pour ne pas qu'il tente encore une fois de jouer au con. Ce qu'elle ne sait pas, c'est que les années ont eu raison de la moindre trace de gêne. Ses doigts lissent légèrement sa cravate, le petit geste, le minuscule détail du salaud remettant en place son ego pour attaquer à nouveau. Jamais rassasié, Falco se laisse d'abord attaquer avec un sourire en coin. Ce rictus là, qui ne se rend pas compte que le seul à trouver cela amusant n'est autre que lui-même.

A nouveau, le voilà qui se penche, pris d'une bougeotte soudaine, son regard dévie sur le type se positionnant dans le dos d'Hazel. Il ne lui suffit que d'un coup d’œil pour comprendre qui est le boss ici. Tu crois que je bois du champagne du matin au soir ? J'ai rien contre l'idée mais la gueule de bois de bon matin ... Lowe hausse les épaules, tend la main afin de jouer avec un petit palmier en plastique là pour remuer les milkshake à la fraise dont il garde un bon souvenir. Plus jeune, Hazel, leurs amis et lui se rendaient dans des endroits quasi identiques à toute heure pour partager un petit déjeuner ou bien un goûter. Ils passaient des heures dans un coin de table à rire et se raconter des anecdotes de gosses. Si t'en as marre, pourquoi tu sautes pas au dessus de ce comptoir et tu te barres pas avec moi ? Il lui adresse un sourire. Je t'emmène dans le restau le plus chic du coin, là, maintenant. Falco sent le regard insistant d'un patron exaspéré s'accrocher à lui et cela le pousse à en rajouter une couche. Il voit bien qu'Hazel ne semble pas à l'aise et qu'un pauvre con puisse avoir la moindre autorité sur elle l'emmerde. Dans son dos, si les clients s'impatientent, lui continuent sa comédie. Sa vie n'est qu'un jeu d'acteur qu'il pratique à la perfection depuis tant d'années.

Falco redresse un sourcil, lâche un soupir exaspéré et plonge à nouveau ses yeux dans les siens. Ici, il n'y a qu'Hazel qui puisse lui donner envie de rester encore un peu. Toute son attention est focalisée sur elle. Le reste existe à peine. S'il garde un œil sur le boss, ce n'est que pour le mépris qu'il ressent à son égard sans la moindre explication. Lowe n'a jamais eu besoin de bonnes raisons pour avoir un connard dans le nez ; car pour en être lui-même un, il peut les reconnaître à dix mètres à la ronde, c'est instinctif.

C'est qui l'autre connard qui me mate comme si j'étais là pour le voler ? Coup de menton en direction de l'homme, provocant à souhait. Son timbre est trop vif, si sûr de lui dans cette façon qu'il a de prendre les choses à la légère comme si rien ne comptait, jamais. Comme s'il y avait seulement quelque chose à voler. Vous êtes au courant qu'on est en 2020 ? C'est pas parce que c'est retro que c'est beau. Falco fronce un peu du nez, analyse le comptoir, la décoration vétuste. Il aime cette sensation brûlante où tous les regards se tournent vers lui car il parle trop fort. Qu'importe que cette attention soit pleine d'exaspération et de jugements, bien longtemps que Falco ne s'attache plus à l'avis d'inconnus qu'il ne reverra probablement jamais. Comment veux-tu t'épanouir dans un endroit aussi déprimant ? Les beignets tirent la même gueule que toi Hazel. Vous respectez les normes d'hygiène au moins, je serais curieux de voir l'état des cuisines. Vêtu de son costume hors de prix, on pourrait aisément le confondre aux services vétérinaires là pour un contrôle surprise ; bête noire de tous les établissements mais Falco est encore bien pire que cela. En sentant un regard insistant d'une cliente sur lui, Lowe trouve bon de la mêler conversation. J'ai pas raison ?

Il n'arrêtera pas tant que Hawkins ne lui aura pas cédé un sourire.

Tu peux pas t'arrêter cinq minutes, Falco ?
Cinq putains de minutes, pas plus.
Seulement quelques secondes, le temps de reprendre son souffle.

(c) calaveras.

Falco provoque autour de lui une tornade pour la forcer à le regarder, voir combien il existe et qu'elle ne lui échappera pas. Son regard la cherche, ça ne se voit pas dans les tourmentes qu'il cause autour de lui mais une complicité désespérée cherche la jeune-femme qu'il avait abandonné pour d'autres rêves. Son cœur se serre de voir que personne ne l'attend de l'autre côté de cette accroche.
Hazel n'est plus là.
Huit ans c'est long, pour se délaver et ne plus se connaître. Ce n'est là qu'une version d'elle, estompée, triste à pleurer, qu'il voudrait pouvoir effacer du bout des doigts afin de la faire renaître mais Falco ne connaît à présent rien d'autre que la destruction.
La toucher finirait de l'effondrer.

Il tique à peine sur la provocation. Sa fille, son enfant, la chair de sa chair dont il n'a jamais eu la chance de la connaître. Peut-être aurait-il aimer, la tenir tout contre lui, embrasser son minuscule front de bébé et lui promettre que tout irait bien. Mais à la place de ça, tandis qu'elle faisait ses premiers pas, son géniteur dépensait l'entièreté de son fric dans le sexe facile et les jeux d'argent sans même connaître son existence. Comment pouvait-il savoir ? Ce qui l'attendait de l'autre côté, l'ombre qu'il avait laissé derrière lui sans même se retourner par peur de regretter chacun de ses actes. Tu sais vraiment pas ce que tu rates ma jolie. Surnom piquant pour la faire enrager alors qu'elle n'est pas en position de le faire. Falco termine par se redresser de toute sa hauteur à la vue du patron. Triste spectacle du coq en pleine basse cours. Ce qui le frappe en premier, c'est la façon dont Hazel se tend lorsque celui-ci s'approcher d'elle.
Plutôt que mal se comporter et être intrusif, c'est là que Lowe fait un effort, ferme le bouton de sa veste de costume tout en inspirant tranquillement pour ne pas céder à la paranoïa.

Pas de problème, j'écoutais madame me conseiller le menu. Il peut pas la laisser foncièrement dans sa merde, il n'y arriverait pas. Falco reste pourtant planté là, s'avance d'un pas tout en sortant de sa poche quelques billets dont il leur faudrait des heures de services encore pour en atteindre la somme. Habitué aux affaires, le mâle dans toute sa splendeur élude complètement Hazel afin de se concentrer sur le regard du patron dont il voit la main se déloger du bas de son dos pour attraper ce qu'il lui tend. Foutu vendu pour quelques billets. Laisse la prendre sa pause. C'est tout ce que j'ai à te demander. Il inspire tranquillement, marque un point d'arrêt afin de le fixer tranquillement. Sa voix est basse pour que le marché ne se fasse qu'entre eux. Il sait que les autres serveuses s'en mordront les doigts sans l'aide d'Hazel pour les quelques minutes où il souhaite la leur dérober mais le patron n'a soudainement plus le courage de lui refuser quoi que ce soit. Tu nous fais servir deux milkshake à la fraise et tu la laisses respirer dix minutes, okay ? Il risque de déborder un peu le connaissant mais ne le précise pas. Lorsque la liasse termine dans l'arrière poche du pantalon en jean de l'homme, Falco se redresse, fier de son coup.
Tu vois, Hazel, toi aussi possèdes une valeur et celle-ci semble si maigre en cet instant.

D'un coup de menton, il fait signe à Hawkins de la rejoindre de l'autre côté du comptoir. Tu viens ? Dans ce timbre qui énonce toute la fausse innocence d'un Lowe ayant une fois de plus gagné la bataille.
Dix minutes, ce n'est pas grand chose mais Falco se contentera de la moindre poussière pourvu qu'il puisse l'atteindre, à nouveau.

(c) calaveras.

Elle capitule sous la force et Falco a la sensation de l'enlever comme il l'avait fait avec Jules. L'acte est moins violent mais porte la même note : ce n'est que de l'argent. Ces quelques minutes passées à ses côtés n'auront rien de naturel. Le visage d'Hazel est si fermé qu'il hésite un instant à la laisser boire seule leur commande et lui foutre la paix pour de bon mais Lowe n'y arrive pas. Tout son corps, bien trop égoïste, ne désire que la retrouver ; peu importe la situation,  les sentiments faussés par la rancoeur. Même en le désirant jusqu'à l'excès, se tenir loin d'elle semble au dessus de forces bien plus grandes et déterminées que lui. Falco n'est rien de plus qu'un pauvre pantin dont les démons se servent de témoin afin d'accumuler erreurs et méfaits. Son sourire ne ternit pas malgré la froideur à laquelle se heurte le brun. Arrête de te plaindre de mon culot, sans lui tu serais encore de l'autre côté du comptoir à tirer la gueule. Profite un peu, tu risques rien. Il la suit jusqu'à la table et y prend place avec nonchalance. Son regard ne peut s'empêcher de traverser la pièce afin de juger les allers et retours des clients.

Tu trouves ? Falco sourit, incapable de se poser cinq minutes afin de prendre au sérieux ses paroles. Si j'étais vraiment le proprio de cet endroit miteux, crois-moi que je prendrais au moins la peine de ne pas dévoiler mon identité. Le brun soupire, replace correctement sa veste dans un geste légèrement dédaigneux. Le regard toujours assombri d'un mépris palpable, Falco n'a plus rien du garçon dévoué et attentionné qu'il était autrefois ; ce gamin là qui aurait donné n'importe quoi pour ce genre de moment partagé avec Hazel. Lorsqu'il la regarde à présent, tout ce qu'il ressent est un sentiment de trop peu, une sorte de faim qu'il ne parvient à combler. Hawkins n'a rien à faire là et se savoir responsable en grande partie de cette situation lui laisse un goût amer.

C'est bon Hazel, je vais rien te voler. Il avait usé de son bluff pour la décontenancer, l'effrayer, lui montrer qu'il était là et qu'il était capable du pire s'il le désirait. Falco avait été la dernière des merdes pour qu'elle se souvienne de lui et ne se détache jamais de ce regard noir qu'il lui avait offert. Je te vole pas ton temps, je te le rends et tu ferais mieux d'en profiter parce qu'à cette allure, je vais finir ruiné avant même d'avoir terminé ce milkshake. Le goût de fraise chimique donne une note sucrée à sa langue lorsque Falco l'attrape et en boit une gorgée. J'ai été complètement con l'autre soir, je l'admets, ça te va ? Une note agacée pointe de ses mots tandis qu'il fuit son regard. Avouer ses torts est une donnée que Lowe n'a plus l'habitude de pratiquer. Jules a cette capacité à ne jamais rien lui demander, ni le pardon, ni la moindre preuve de ses sentiments car tout entre eux est si faux, si bien simulé que même lui s'y perd parfois.

Mais faut voir aussi comment t'annonces à un mec qu'il est père. Sérieux, un peu de préparation psychologique avant, tu t'es pas dit que c'était nécessaire ? Falco se cherche des excuses en sachant qu'il ne mérite pas une seconde qu'on le préserve de la réalité. Lui ne l'avait pas fait en les abandonnant toutes les deux. Culotté, le brun pousse le verre en direction d'Hazel. Fais la paix avec moi, tant pis si ça dure dix minutes. C'est une demande qu'il masque sous un ordre par peur d'esquinter sa fierté. Le visage de Lowe s'adoucit légèrement. Il en oublie l'effusion tout autour d'eux et le regard insistant d'un patron persuadé qu'il finira par causer trop de troubles dans son petit restaurant.

(c) calaveras.

Il est surpris de l'entendre lui parler sans le rejeter. Falco d'habitude si désinvolte  se calme afin de l'écouter. Le goût du milshake se mélange à la saveur de sa tristesse. Il a la sensation que tous les sentiments d'Hazel le traversent d'une vague et s'imprègnent de ses chairs pour qu'il comprenne enfin le mal qu'il avait causé en partant. Huit ans, ce n'est rien. Huit, ça ne permet pas à un être que l'on a détruit de se reconstruire mais bien de recoudre ses plaies afin d'y enfermer le mal. Hawkins ne s'était pas débarrassé de lui car en cicatrisant, elle avait aspiré les sentiments négatifs qu'il avait laissé en elle sans vouloir la ménager. Depuis, ce n'est pas avec son fantôme qu'elle vit mais avec la douleur qu'il lui a fait enduré. Une douleur renforcée par le temps qui n'a fait qu'aspirer, dévorer et détruire ce qu'il y avait eu de positif entre eux. Ses paroles confirment qu'elle en a trop bavé pour lui laisser le loisir d'être à nouveau dans sa vie en un claquement de doigt. Et parce qu'il se sent prêt au dialogue, Falco ne la lâche pas des yeux, la bouffe un peu tandis qu'elle établie les règles et lui fait part de sa peine. Lui l'admire, grignote cette tendresse qu'elle dégage et qui a toujours eu cette manie de le rendre complètement à la ramasse. Même lorsqu'il n'était qu'un sale con trop jeune pour comprendre les enjeux de la vie, il s'était laissé porté par la détermination de ses pupilles sauvages. Car Hazel est une âme que l'on ne dompte pas et qui brille, qu'importe la déchéance dans laquelle d'autres l'ont plongé.

Falco ne dit rien lorsqu'elle lui demande s'il avait pensé à elle car son absence est la seule réponse valable. Il n'avait pensé qu'à lui, préférant sa survie à la peur d'affronter a réalité. Peut-être avaient-ils une chance malgré les dettes ? Mais lui ne voulait plus de cette vie, s'était cherché des excuses, persuadé que de l'autre côté de l'horizon se trouvait un destin qui saurait lui offrir ce qu'il espérait. Mais il n'en est rien. Lowe a passé huit ans de son existence à se remplir de vide. S'il avait parfois la sensation de ne plus avoir faim ce n'était qu'une illusion ; son corps ne synthétisait rien car tout était trop pauvre et maigre. C'est aujourd'hui dans la précarité sentimentale qu'il la fixe, puant d'une confiance qui ne lui ressemble pas ; Falco cache à la perfection ses échecs pour ne pas qu'Hazel sache qu'il n'a pas plus avancé qu'elle durant son absence. Son costard n'est rien de plus qu'un putain de bouclier capable de parer les injures et le manque d'amour propre. Quand il resserre sa cravate et grimpe dans ses voitures hors de prix, il se sent hors d'atteinte mais une fois seul et face à son reflet, Falco n'est qu'une merde comme les autres.

C'est bon, plus de menaces, d'injures ou de tentatives creuses de te faire du mal. Je ferais au mieux mais si tu sens que je déborde la prochaine fois j'sais pas ... t'auras qu'à me mettre une droite. Il souffle ces mots avec une détermination à laquelle il pense réellement sur le moment. Les incertitudes sont plus profondes, demeurent dans ses sentiments qu'il sait trop instables pour tenir la moindre promesse. S'il se sent menacé, qu'il sent qu'elle lui échappe, il redeviendra alors ce monstre là, cet ignoble connard capable de lui voler sa fille sans même connaître son prénom. Les excuses viendront mais pour ça il faudra que t'acceptes que je sois à nouveau dans ta vie. Je compte pas me barrer demain Hazel et je refuse de vivre dans cette putain de ville en gardant une distance de sécurité. Je peux pas, d'accord ? J'en ai même pas envie. Je sais même pas si je serais un jour apte à rencontrer ta fille mais pour le savoir, va falloir que tu y mettes du tien aussi. Qu'il avoue, un brin arrogant et capricieux mais Hazel est le genre de surprises que tous les gosses s'arrachent et veulent sous leur sapin le matin de noël alors, il veut bien tenter de s'améliorer en espérant avoir les bonnes grâces de son coeur. T'accepterais que je t'attende après ton service et qu'on parte boire un verre ensemble ? Il lui sourit à son tour, s'emballe un peu, pris d'une énergie nouvelle. Le naturel revient malgré la tentative de faire un effort et de lui exprimer son besoin de partager du temps avec elle. Falco n'a pas encore les bons réflexes, ne pense pas à cette petite fille qui doit probablement espérer que sa mère rentre bientôt afin de lui raconter sa journée. Son regard se plante dans le sien, la supplie un peu. Si elle lui refuse pour ce soir, il redemandera encore et encore, jusqu'à ce qu'elle cède et accepte de passer du temps avec lui. Il n'y a qu'en la retrouvant sans être sur la défensive qu'il parviendra à comprendre, analyser le mal causé, les pertes endurées.
Ils  ne doivent pas seulement apprendre à se côtoyer mais tout reprendre à zéro pour espérer ne pas s'autodétruire à nouveau.

Et puis merde ce sourire.
Ce putain de sourire qu'elle lui offre.
Impossible de ne pas vouloir entrer en guerre pour lui.

(c) calaveras.