Le chant des sirènes •• Falco

Falco & Hazel

Le chant des sirènes

L’angoisse tiraille ses entrailles. Une boule se forme au creux de son estomac. C’est stupide, n’est-ce pas ? Il ne s’agit pas d’un rendez-vous galant. Aucune récompense ou attente particulière à la clé. Sur la forme, rien qui ne puisse changer. Pourtant sur le fond, quelque chose dénote. Une soirée anodine qui ne l’est pas vraiment. Falco veut qu’elle lui fasse une place dans sa vie. Sa proportion n’est pas encore définie. Tout reste encore à être établi. Pendant quelques jours, l’indécision s’est immiscée dans ses pensées. Est-ce une erreur d’avoir accepté son invitation à sortir ? Ne va-t-elle pas s’en mordre les doigts au final ? Les efforts doivent être fournis des deux côtés. Chacun doit y mettre du sien pour que tout se passe bien. Le pardon n’est pas encore envisagé mais pourquoi ne pas tenter de mettre les tensions et les rancœurs de côté ? Plus elle y réfléchit et moins elle comprend la logique de la situation. Pourtant, il l’a dit lui-même, il ne peut pas se tenir loin d’elle en vivant dans la même ville. Et Hazel, le peut-elle ? Difficile à dire quand on sait que Falco s’est trouvé un petit coin bien au chaud dans son esprit.

Des heures qu’elle a passé dans sa chambre, devant son armoire à sortir toute sa garde-robe pour choisir la tenue adéquate. Même sa fille lui a demandé si elle faisait du tri. Elle est légèrement nerveuse, Hazel, alors qu’elle ne devrait pas l’être. Il n’y a, techniquement, aucun enjeu important ce soir. Une simple sortie entre deux adultes pour aller boire un verre. Rien de plus, rien de moins, non ? Elle hésite sur la couleur, sur la tenue à choisir. Plutôt robe ? Pantalon ? Jupe ? La question à se poser, c’est surtout de savoir quelle carte jouer ce soir. Au fond, un sentiment de vengeance s’immisce dans ses pensées. C’est lui qui est parti. C’est lui qui a foutu en l’air sa vie. C’est lui qui doit payer l’addition. N’est-ce pas l’occasion de lui faire regretter sa décision huit ans plus tôt ? Portant sa décision sur une petite robe noire cintrée, elle file dans la salle de bain pour prendre une douche. Elle a déjà perdu tellement de temps qu’il est vraiment temps d’accélérer le mouvement. Heureusement que Wendy est déjà partie chez la voisine. L’appel du chaton n’attend pas.

Le stress finit par s’évacuer à mesure que l’eau chaude coule sur sa peau et que son plan se dessine dans son esprit. Elle visualise à merveille sa tenue et imagine sans mal la réaction de Falco. Le but de tout ça ? Qu’il s’en morde les doigts. Elle jubile presque lorsqu’elle sort de la douche. Le sourire aux lèvres, elle attrape sa serviette pour essuyer son corps mouillé. Un sursaut la coupe dans son élan lorsqu’elle entend la sonnette de sa porte d’entrée. Déjà ?? Est-il en avance ? A-t-elle trop traîné ? Elle n’est pas prête, même pas habillée, les cheveux encore mouillés mais elle ne peut pas le faire attendre dehors pendant un temps indéterminé. Pas le choix, n’est-ce pas ? Rapidement, elle essuie ses pieds sur le tapis pour ne pas glisser et enroule la serviette autour de son corps dénudé. Les cheveux trempés qui dégoulinent sur sa peau, elle quitte la salle de bain à la hâte pour aller ouvrir. C’est bel et bien lui. Maintenant sa serviette avec sa main, un sourire vient étirer ses lèvres. « Bon, comme tu peux le constater, je ne suis pas encore prête. » A moins d’adoption le look « sortie de douche » mais pas sûr que ce soit très pratique. D’un geste, elle ouvre la porte en grand pour le laisser entrer. « Fais comme chez toi en attendant, je me dépêche. » Sans attendre plus longtemps, elle retourne dans la salle de bain. L’avantage d’avoir un appartement aussi petit, c’est que les pièces ne sont pas beaucoup éloignées les unes des autres. La salle de bain est juste en face de l’entrée. Repoussant la porte derrière elle, elle termine de s’essuyer pour s’habiller. « Wendy n’est pas là, si tu te poses la question ! » De ce fait, il ne risque pas de tomber sur elle, si l’idée lui a effleuré l’esprit. « On va où du coup ? T’as choisi ? » Hazel ou l’art et la manière de faire la conversation en étant dans deux pièces différentes. Est-elle un peu trop emballée par la soirée qui s’annonce ? Peut-être.

Falco & Hazel

Le chant des sirènes

Le regard qu’il pose sur elle, l’espace de quelques secondes, réveille en elle une envie irrépressible d’en jouer. N’est-ce pas agréable et flatteur d’être littéralement dévorée du regard ? Voilà des années qu’il n’avait pas planté ses prunelles enflammées sur elle de cette façon. Comme quoi, les années n’ont en rien altéré leur attirance réciproque. Et ça ne fait que renforcer sa petite envie de vengeance à son égard. Elle sait que ses charmes opèrent toujours sur lui. Il vient de le prouver. C’est une bonne chose dont elle compte évidemment se servir contre lui. Mais pour l’heure, elle doit finir de se préparer. Retournant dans la salle de bain, elle ne repousse que légèrement la porte derrière elle. Retirant sa serviette pour terminer de sécher son corps, elle ne peut s’empêcher de continuer de faire la conversation comme s’ils se trouvaient dans la même pièce. Une vérité qui ne tarde pas à se révéler.

Falco et son culot légendaire entrent à leur tour dans la salle de bain. Les sous-vêtements enfilés et la robe pas encore totalement à sa place, elle sursaute en l’apercevant entrer. Par réflexe, elle couvre son corps à moitié dénudé de ses bras. « Mais ! T’es pas croyable ! » Comme s’il ne t’avait jamais vue nue, Hazel. Il connait ton corps par cœur, autant que tu connais le sien. Cinq ans, ce n’est pas rien. ça le fait rire, évidemment. Il se retourne non sans souligner qu’il n’a, presque, rien vu. « Tu sais que j’aurais pu tout aussi bien choisir de porter un pantalon. » Mais ce n’est pas le cas. Pendant qu’il évoque le programme de la soirée, elle termine d’enfiler sa robe, la fermeture dans son dos toujours grande ouverte. « Je croyais que tu voulais juste m’emmener boire un verre ? » N’était-ce pas ce qui était initialement prévu ? Récupérant sa trousse à maquillage, elle se penche vers le miroir pour souligner le contour de ses yeux à l’aide de son crayon noir. « La petite va dormir chez la voisine de toute façon, comme je ne savais pas trop à quelle heure j’allais rentrer. Elle a un chaton depuis peu alors je n’ai pas eu beaucoup de mal à la convaincre d’y rester. » Le crayon retrouve sa place dans sa pochette et c’est le mascara et le far à paupières qu’elle récupère pour s’en appliquer. « C’est le genre de restaurant où je vais faire tâche dans le paysage ? » Le genre de resto gastronomique avec une bouchée en guise de repas ? Le genre où les coincés guindés s’installent à table pour critiquer les autres clients ? Le genre où il faut mettre son rein en gage pour pouvoir dîner ? Maintenant que son regard a terminé d’être sublimé, elle attrape son rouge à lèvres pour s’en appliquer. Une touche de parfum et il ne reste plus que ses cheveux à sécher. Mais avant ça, elle jette un œil vers lui pour l’approcher, la malice brillant au fond de ses prunelles claires. « Et comme tu l’as si bien souligné, j’ai effectivement besoin d’un coup de main. » Sourire aux lèvres, elle se retourne et attrape sa tignasse entre ses doigts pour lui montrer la fermeture ouverte de sa robe dans son dos. « Si tu veux bien. » C’est dangereux de jouer avec le feu, parce qu’à trop s’en approcher, on finit par se brûler. Mais ce soir, elle a juste envie de lui faire regretter son départ précipité.

Falco & Hazel

Le chant des sirènes

Ce soir, ce n’est pas Falco qui a les cartes en main. Ce soir, c’est Hazel qui choisit son destin. C’est le plan de départ, du moins. La vengeance est un plat qui se mange froid, aujourd’hui, il est glacial. Il veut jouer, son ex-fiancé, alors il ne sera pas déçu. Il a remporté la partie la dernière fois, en débarquant comme un prince sur son lieu de travail déchu. En réussissant à obtenir une trêve et en l’invitant même à sortir pour retrouver un semblant de complicité. Est-elle réellement prête à lui faire une place dans sa vie ? Elle ne saurait trop le dire. A-t-elle le choix ? Lui laisse-t-il le choix ? Pas vraiment. Parce qu’elle connait son entêtement. Il l’a démontré à de nombreuses reprises, depuis le temps. Son culot n’a pas de limite, il l’a prouvé dernièrement. Pour autant, elle n’est pas décidé à lui faciliter la tâche, c’est mal connaitre la jeune maman.

Un rire moqueur glisse entre ses lèvres lorsqu’elle entend Falco en faire des caisses. Stoppant le mouvement de son mascara, elle tourne la tête vers lui et hausse un sourcil dédaigneux. Ses prunelles se posent sur les chaussures hors de prix qu’il arbore à ses pieds. « Ça va les chevilles ? T’arrives encore à enfiler tes pompes ? Non parce que là, un melon pareil, je me demande même comment tu réussis à passer les portes. » Rira bien qui rira le dernier, on verra bien qui finira hanté par l’autre au bout du compte. Pas sûr que ce soit la personne visée. Parce qu’elle compte bien tout faire pour marquer les esprits ce soir. Quitte à le pousser et frôler les limites du raisonnable. Quitte à trop jouer avec le feu pour finir par se brûler. Il va vite regretter de l’avoir lâchement abandonnée, elle peut le jurer. S’il semble si sûr de lui, elle n’est pas en reste quant à ses capacités personnelles de le rendre fou. Après tout, elle a un avantage certain. Elle connait ses points faibles, et ses goûts.

Chose qu’il confirme bien vite malgré lui. Son avis sur le regard des autres clients, son opinion sur la robe qu’elle porte. Tout cela ne démontre-t-il pas qu’il est déjà charmé ? A-t-il seulement cessé de l’être toutes ces années ? « Oui, j’aime bien cette robe. » Et pour cause, elle épouse à merveille sa silhouette et la met plutôt bien en valeur. Le plan rapidement mis à exécution, il ne tarde pas à se retrouver dans son dos, à caresser sa peau du bout des doigts, lui arrachant  quelques frissons à peine perceptibles au passage. La robe fermée, ses mains posées sur sa taille, elle se retourne sans émettre la moindre résistance. Jouer avec le feu. Ses doigts toujours enroulés autour de ses cheveux, elle ne le touche pas. Se contente de poser ses prunelles claires sur son visage, son sourire. A mesure qu’il se rapproche, elle se retrouve coincée contre le lavabo dans son dos. L’abus, de nouveau. Falco joue avec des mots qu’il ne maîtrise pas. Qu’insinue-t-il au juste ? Elle n’en a pas la moindre idée parce que son cerveau vient de se mettre en veille. Son visage à quelques centimètres du sien ne cesse de se rapprocher. Laissant planer le suspense, les lèvres légèrement entrouvertes, elle le laisse approcher. Va-t-il oser ? Si vite ? Son souffle caresse sa peau, ravivant en elle un feu jusqu’alors éteint depuis longtemps. Lentement, elle approche son visage du sien, effleure presque ses lèvres des siennes et au dernier moment, bifurque pour lui chuchoter à l’oreille. « Bien tenté, mais t’emballe pas mon grand. » Posant ses deux mains contre son torse elle le repousse jusqu’à pouvoir tendre les bras. « Garde ton numéro de charme pour tes pouliches, ça marche pas sur moi. Je suis immunisée. » Ou pas. Une lueur de défi dans le regard, elle se veut pourtant convaincante, malgré son petit sourire en coin. Tu vas finir par te brûler.

« Laisse-moi finir sinon on ne va jamais partir. » L’autorité présente dans sa voix cette fois, elle attrape son sèche-cheveux pour sécher sa tignasse. Ses iris fixés sur leurs reflets à tous les deux dans le miroir, elle le surveille, prête à le repousser s’il s’approche de nouveau. Mais surtout pour voir sa réaction lorsqu’elle se penche en avant en laissant tomber sa chevelure en cascade pour les sécher sous un angle différent. Elle lui offre une vue imprenable de cette façon, mais ce n’est en rien dû au hasard. La chevelure encore légèrement humide, elle se redresse vivement en la rejetant dans son dos. Glisse ses doigts dedans pour la démêler sans casser ses boucles naturelles. Fin prête, elle enroule un élastique autour de son poignet et se tourne vers lui. « C’est bon Don Juan. » Sans attendre davantage, ni même prêter attention à une quelconque réaction de sa part, elle quitte la salle de bain pour enfiler ses chaussures à talons dans un meuble du couloir de l’entrée. Un tour rapide dans sa chambre pour récupérer sa veste et son sac à main et elle ouvre la porte de son appartement. « Je vous suis Monsieur Lowe. » La soirée peut enfin commencer. Qui va tomber en premier ?

Falco & Hazel

Le chant des sirènes

Une sortie au restaurant qui s’annonce finalement mieux que ce qu’elle avait pu imaginer. Falco qui se tient tranquille, fier malgré tout de l’emmener dans un restaurant de qualité hautement supérieure à son dinner miteux. Pour autant, elle ne se sent pas mal à l’aise dans ce joli cadre somptueux. Force est de constater qu’il sait ce qu’elle aime, il n’a pas oublié depuis huit ans. Une part d’elle est ravie de cette constatation, surprise même qu’il ait gardé en mémoire ce genre d’information. Après tout, le temps n’efface-t-il pas ce genre de petit détail insignifiant ? Il faut croire que cinq ans de vie commune ça marque suffisamment. Un repas qui se déroule somme toute plutôt bien, contre toute attente. Des sujets légers abordés sans trop entrer dans la vie privée de l’un et de l’autre. Et surtout, le vin qui coule à flots. Voilà bien longtemps qu’Hazel ne s’est pas autorisée à boire en soirée. Plus vraiment habituée à sortir depuis qu’elle est mère de famille. A part diverses soirées entre amis, elle n’est pas du genre à courir les bars seule pour se trouver une compagnie. Ses clients suffisent amplement.

C’est l’euphorie la gagnant déjà peu à peu qu’ils s’échouent dans un bar de son choix pour terminer la soirée. Elle ne l’a pas choisi par hasard, celui-là. Elle connait certains des employés parce qu’elle est presque une habituée. La réplique de Falco en entrant lui arrache un rire léger. « Tu insinues que j’ai des goûts de chiotte là ? Je pourrais me vexer tu sais ? » Si l’alcool ne dansait pas déjà dans ses veines, peut-être qu’elle aurait pu s’offusquer légèrement. Mais ce soir, elle n’a plus envie de se révolter. Ce soir, elle a envie de s’amuser. Et surtout de l’allumer. Son plan est toujours là, dans sa tête, bien ancré. Arrivés au comptoir, elle prend place et croise les jambes. Pose ses coudes sur le comptoir et réfléchit déjà à la question. Que choisir ? « Hum… » Son index contre ses lèvres, elle tente l’intense réflexion. Echec cuisant. « Tu sais quoi, tu vas choisir pour moi. Surprends-moi. » La tête légèrement penchée sur le côté, l’air aguicheur flottant sur les traits de son visage, elle le fixe sans sourciller. « Ça fait un petit moment que je ne suis pas sortie dans un bar, la dernière fois c’était avec-. » « Hazel, ma belle ! » Pas le temps de finir, qu’un homme la coupe littéralement dans son élan. Le barman, ni plus ni moins, qui connait la demoiselle depuis le temps. « Billy ! » Tout sourire, elle l’accueille joyeusement. « Ça fait trop longtemps, viens par là ! » Se penchant par-dessus le comptoir, le barman s’approche d’elle pour la serrer brièvement dans ses bras. « Ouais, je sais, je n’ai plus trop le temps ces derniers temps. » Elle est surtout épuisée par son quotidien pesant. Qu’importe, si son choix s’est porté sur ce bar, c’était bien dans l’espoir de voir Billy. « Tu n’es pas avec Adam ce soir ? » Sortir seule dans un bar, non. Pour autant, elle reste une cliente plutôt régulière lorsqu’elle sort avec des amis, Adam, notamment. « Pas ce soir non. » Lance-t-elle simplement en haussant les épaules. « Bon et bien, qu’est-ce que je te sers, joli cœur ? » Reportant finalement son attention sur Falco qu’elle a délibérément laissé en plan, un fin sourire malicieux étire ses lèvres. « Je ne sais pas, c’est Monsieur qui choisit. » Des visages connus, elle en connait plusieurs ici. Le barman ne sera sans doute pas le premier de la soirée qui croisera sa route.

Falco & Hazel

Le chant des sirènes

Tout se passe vite. Bien trop vite pour que qui que ce soit ait le temps de réagir. Personne, sauf Falco. Parce qu’il part au quart de tour. Piqué au vif par un peu d’alcool renversé sur son pantalon hors de prix, il bondit tel un lion enragé pour attraper entre ses griffes l’auteur du méfait. La colère et la haine se lisent aisément sur les traits de son visage. Médusée, Hazel reste bouche bée et tente de lancer un « Falco ! » autoritaire pour le rappeler à l’ordre. Echec cuisant. Parce qu’il n’entend plus rien, Falco. Emporté par sa colère, plus rien ne peut le faire redescendre sur terre. En temps normal, elle se serait levée, aurait tapé du poing sur la table et se serait énervée avant de tourner les talons pour le planter là comme un con. Un sort mérité pour un excès de colère exagéré. Mais pas ce soir alors que l’alcool danse déjà dans ses veines. Les capacités de réflexion entravées, les réactions trop lentes et annihilées par les effluves du vin dans son sang, elle reste assise à sa place. Lasse, elle soupire, attendant que tout rentre dans l’ordre et que l'orage passe. Qu'importe les dégâts causés.

Lorsqu’enfin son imbécile d’ex fiancé, un peu trop violent subitement, se rassoit, elle adresse un regard désolé à Billy qui s’éloigne et elle reporte son attention sur Falco en secouant la tête. « Ça y est, t'as fini ton numéro de coq ? » Elle lève les yeux au ciel et hausse les épaules dans le même mouvement. « T’es vraiment grave, tu le sais ça ? » Pour autant, impossible de nier que son petit coup de nerf a réveillé en elle quelques pulsions et envies inavouées. Ça fait toujours son petit effet de voir un homme sortir de ses gongs, pour soi. « Tout ça pour une petite maladresse ? Tu en as d’autres des pantalons, non ? » Elle se moque du brasier colérique qui brûle au fond de ses prunelles sombres. Au fond, ça le rend encore plus attirant qu’il ne l’est déjà. Lentement, elle quitte son tabouret et se lève pour se rapprocher de lui. « Et puis, ça va finir par sécher. C’est pas un drame. » Qu’elle lance, tout sourire, à présent juste devant lui. Sa lèvre inférieure vient se coincer entre ses dents alors qu’elle se penche sur le comptoir pour récupérer quelques serviettes en papier qui traînent. Soigneusement, elle les prend entre ses doigts et accroche ses prunelles à celles de Falco, une lueur malicieuse dansant au fond de ses iris. « Il suffit juste d’éponger un peu. » Lentement, pour faire durer le plaisir, elle tapote l’une des serviettes sur son genou pour absorber l’alcool imprégné dans le tissu de son pantalon. Précautionneusement, elle remonte ses deux mains le long des cuisses de Falco pour continuer la manœuvre, un fin sourire aguicheur accroché sur ses lèvres. Allumeuse, Hazel ? Est-il encore permis d’en douter ? Elle termine de tapoter en arrivant en haut de ses cuisses et doucement elle vient poser sa main et la serviette en papier qu’elle tient sur son entrejambe. « Ça va aller, calme-toi. » Sa main libre vient caresser sa joue, délicatement. Ses doigts glissent dans sa barbe naissante juste avant que ses lèvres ne viennent y déposer un doux baiser.

Falco & Hazel

Le chant des sirènes

Que Billy ait fait preuve de maladresse ou non, en réalité, elle s’en moque totalement, Hazel. Même si, quand on y réfléchit, la probabilité qu’il l’ait fait exprès est plutôt concluante. Parce qu’il apprécie réellement la demoiselle, le barman. Il aime la recevoir dans son bar et constater que l’homme qui l’accompagne tire la gueule, ça a dû le faire chier. Alors, maladresse ou coup monté ? Elle ne saurait trancher et n’a pas vraiment envie de réfléchir à la question. Après tout, ce qui est fait est fait, inutile de revenir dessus. Non, au lieu de ça, elle préfère jouer à son jeu favori quand elle a un coup dans le nez. Allumer son monde et ce soir, la cible est toute trouvée. Prenant les choses en main, dans tous les sens du terme, elle s’amuse à pousser Falco dans ses retranchements. Dans ses souvenirs, il n’a jamais été très résistant. Qu’en est-il aujourd’hui ? Son charme a-t-il toujours autant d’effet sur lui ou au contraire, le temps a-t-il fait son œuvre sur leur attirance et leur pouvoir de séduction respectif ?

Les choses s’accélèrent et rapidement elle se retrouve tout contre lui, les poignets emprisonnés entre ses doigts serrés. Son cœur s’accélère mais la peur n’est pas en cause. Il s’agit d’une émotion bien plus agréable qui tambourine en réalité. Une lueur de défi brille au fond de ses prunelles claires alors qu’elle ancre son regard au sien, fin sourire sur les lèvres. Est-elle sûre de ce qu’elle fait ? Non. Le vin a brouillé ses capacités de réflexion. Elle ne pense pas aux conséquences de ses actes. Oublie même ce qui se passera dès demain matin. Seul le moment présent compte. Son sourire fleurissant sur ses lèvres suffit à répondre à sa question. Il s’agrandit face à sa dernière réplique et libère un léger rire cristallin. « Détrompe-toi. » Doucement, elle rompt la faible distance qui les sépare pour attraper la lèvre inférieure de Falco entre ses dents qu’elle vient caresser avec sa langue. Dans le même temps, elle se libère de son emprise « Je contrôle absolument tout. » Ose affirmer le contraire, Falco. Elle te mène par le bout du nez et tu ne peux pas lutter. Rapidement, elle se dérobe pour éviter qu’il ne puisse l’attraper de nouveau. Parce que la demoiselle, elle n’a pas fini de jouer. La partie ne fait que commencer.

« J’ai envie de danser. » Au fond du bar, un espace est aménagé pour ça. Lentement, elle recule sans regarder derrière elle, ne quittant pas Falco des yeux. « Alors soit tu danses avec moi. » Son sourire s’agrandit à mesure qu’elle s’éloigne. « Soit quelqu’un d’autre se dévoue. » Et dans son mouvement, elle bouscule un homme accoudé au comptoir. Elle s’excuse poliment, le sourire ancré sur ses lèvres. Il lui sourit en retour et ne lui en tient pas rigueur. Sans s’attarder, elle rejoint le fond de la salle où elle laisse son corps bouger sur le rythme de la musique, n’hésitant pas à en faire des caisses pour attirer les mâles dans ses filets. Danser pour charmer son monde, plus qu’un passe-temps, c’est son métier. Sauf que ce soir, elle reste habillée. Une chose est sûre, si Falco ne se décide pas, l’homme qu’elle vient de bousculer ne restera pas longtemps à sa place. Parce que depuis qu’ils sont entrés en contact, il ne l’a pas lâchée des yeux. Saisis ta chance Falco, avant qu’un autre ne la saisisse à ta place.