improvised sound test / ari & dagmar

Une journée à courir partout. Comme à chaque fois en fait, depuis le temps je devais m'être fait une raison : non. Lonàn était fourré je ne sais où et les derniers préparatifs me tombaient sur la tronche. Heureusement, le fc n'aurait lieu que demain. Liste des invités révisée, quelques derniers noms à vérifier et un lieu fraîchement trouvé par notre génie de l'immobilier : tout allait bien se passer.

Je faisais mine de m'en plaindre, mais en vérité j'aimais ça. D'une certaine façon, je pouvais mettre l'inaction de Lonàn sur cette simple idée de ne pas vouloir casser mon enthousiasme. Mais en vérité je crois juste qu'il n'en avait rien à faire. Un peu comme sur tous les domaines à vrai dire... Ma tendance à ne pas avoir confiance face aux relations entre êtres humains rendait la situation parfois tendue. Un peu comme en cette fin de journée.

Mon arme privilégiée ? L'éviter lui. Ça me prenait assez régulièrement depuis cette nuit fatidique. À part me retrouver con à ne pas savoir où je me dirigeais (certainement dans un mur), difficile de me changer les idées. J'avais donc décidé de ne pas rentrer chez moi, de ne pas aller à la salle ni même dans un de ces bars dans lesquels on avait l'habitude de traîner.

Un endroit tranquille et isolé. Je donnai rendez-vous à Ari dans ce lieu choisi pour le prochain fight club, espérant qu'elle se pointe autrement qu'en tailleur d'agent immobilière à la con ! Avant d'aller à l'adresse communiquée, je fis un détour dans un café et dans une supérette, installant le porte gobelets soutenant un thé et un café, et à côté une bouteille de bourbon.

Un coup de pédale et ma moto se mit à ronronner comme un chaton que l'on caresse. Un doux murmure vrombissant qui m'accompagna jusqu'au lieu dit. J'enlevai mon casque tout en commençant à zieuter l'entrée et les environs. L'habitude de vérifier l'accessibilité, les opportunités pour détaler en cas de problème avec les autorités. Ari choisissait toujours parfaitement bien nos emplacements mais sait-on jamais... mieux vaut être vigilant.

Après avoir sorti les breuvages du coffre et fini ce bref tour du propriétaire, je piétinai pour trouver l'entrée et rejoindre la rabatteuse. « Caféine ou une dose d'éthanol en bouteille ? » Gueulai-je en entrant dans la zone à réserver pour le fc.

Une envie d'euphorie et de folie. Loin de mes stupides pensées d'adolescente inconstante. Je ne me faisais pas d'illusion, son œil de lynx devait avoir perçu quelques changements chez moi. Ou plutôt des sautes d'humeur, des périodes avec et des périodes sans. De quoi me maudire à être si lisible sous son regard, mais aussi me rassurer sur un point : elle n'était pas du genre à faire chier, Ari. Enfin... pas dans le mauvais sens du terme.

Une bouche-bée moqueuse, un sourire auquel la bloniette devait s'attendre. Comme elle était mimi dans cette petite tenue cintrée, toute rangée et étriquée. « Oh mais j'ai rien dit, t'as d'la chance que j'ai pété mon téléphone et que l'antiquité que j'me traîne est incapable d'immortaliser ce genre de moments si précieux à mon cœur », la charriai-je en la laissant attraper sa drogue au vol.

Lucidité n'était pas le premier mot auquel on penserait à nous voir toutes les deux. Mais entre le tailleur et nos cup en carton recyclable éco-responsable, il y avait de quoi s'y tromper !

Thé aux lèvres, je suivis Ari et passai la grille. Elle repassa devant et nous amena dans la tanière débusquée. Ce trou avait un petit charme vintage, loin des odeurs de sueur et de fer qui viendront empester fièrement cet endroit demain. Attentive, je l'écoutais tout en faisais glisser mes doigts sur le mur. Un grand espace, c'est vrai. Le manque de fenêtre pourrait jouer en notre faveur mais mon côté parano aimait pouvoir garder un œil sur l'extérieur. Un point à aborder avec notre chien de garde préféré plus qu'avec Ari. « J'veux pas que Béa soit emmerdée si jamais on a besoin d'évacuer, il faudra s'assurer de laisser son escalier le plus proche dégagé », venais-je me projeter sur la disposition présentée par Ari.

Je m'avançai plus au centre, traçant mentalement le ring tout en sirotant mon thé. « J'me suis rancardée sur un plan : un chantier pas loin de la marina. Un des gars pourra nous filer des grilles. Ça tiendra peut-être pas mais ça vaut l'coup d'essayer. Par contre on aura un spot de lumière en moins, y a un des halogène qui a grillé. C'est flingué ces trucs... » pensai-je à voix haute en venant dégager un brin de poussière avec mes bottes tactiques mal fermées et défoncées par les années.

Ma tête avait beau s'envoler ailleurs à une vite grand V ces derniers temps, j'avais plus envie que jamais de me la donner sur ce terrain demain. On attendait pas mal de monde, mais plus de parieurs que de combattants. Une belle opportunité à saisir. « Je serai sur la liste des combattants demain, si tu veux te faire un p'tit billet », l'informai-je avec un regard complice. J'étais sûre de moi, comme toujours, mais n'étais-je pas entrain de chercher à me convaincre ? « J'ai sérieusement besoin d'me dégourdir ces jours-ci. Y a qu'le son sourd des coups qui me défoule suffisamment pour m'vider l'crâne. » Une sensation qu'elle connaissait bien.

Au fc, c'était différent que dans une simple rixe de rue, ou même dans un club ou en compète. Ce que ces combats me faisaient ressentir était loin de ce que j'avais pu imaginer du temps où Leigh était avec moi. L'état de stress à ne pas toujours savoir ce qu'on allait affrontait s'ajoutait à l'adrénaline. Le goût du risque qui venaient déchaîner le palpitant. Une extase qu'aucune boisson ni aucune drogue ne pouvait procurer.