dagmar lukanov - tea time

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Famille bien installée à Covington, une vie bien remplie, aisée suite à des investissements dans l'immobilier. Une fortune baignée dans les œuvres caritatives hypocrites motivées par un catholicisme exacerbé. Messe, prières et bénédicité. Autant dire que Dagmar s'est vite ennuyée... D'autant que la mère semblait difficilement fertile. Une première honte dans une famille catholique où les cousins avaient des fratries de 5 loupiots minimum.

L'école à la maison l'a enfermée, cloîtrée. Quand elle est arrivée au secondaire, la jeune fille était perdue. Bien sûr, on l'a lynchée, on l'a jugée, et pour tout ceci, Dagmar en a énormément voulu à ses parents et leur éducation fermée. Alors elle a commencé à rendre les coups : œil pour œil, dent pour dent. On a commencé à la craindre, à convoquer ses parents devant le directeur...

Réprimandes de plus en plus sévères, cela motiva la jeune déviante à se détacher d'eux. Une scission qui ne fit que s'aggraver de jour en jour. Une crise d'adolescence où Dagmar faisait absolument l'inverse de ce qu'attendaient ses parents. Elle était pourtant intelligente, apprenait vite, et en vérité aimait ça. Ils l'avaient dégoûtée de toutes les choses qu'elle aimait. Alors Dag se mit à faire le mur, à boire, fréquenter les mauvaises personnes. Elle mettait la honte à ses parents lors des repas de famille. Les seuls mots bulgares qu'elle voulait bien prononcer étaient généralement des grossièretés.

Ce qui brisa tout espoir de retour arrière fut cette fois où elle annonça à ses parents que sa virginité s'était envolée. Un homme approchant de la trentaine alors qu'elle en avait seize. Elle leur fit même croire qu'elle était enceinte. La réaction fut immédiate : rayée de leur vie. Jetée dehors comme une mal-propre et quelque part, Dagmar l'avait bien cherché. Mais leur crédulité et leur asservissement à cette vie morne, soumise, vide, ça ne lui convenait pas. Elle avait besoin d'être libre, de ne pas avoir une tonne d'interdits.

Par fierté, un ego mal placé, Dagmar assuma cette conséquence. Au début, sa meilleure amie la logeait. En secret, cachée. La passagère clandestine. Puis son copain allait vivre dans une ville voisine. Alors elle le suivit. Plus d'école, plus de parents, plus de responsabilités hormis la sienne. Mais sa naïveté juvénile frappa ; cet homme joua les petits copains parfaits jusqu'à l'avoir chez lui. Et là... au bout de deux ans de relation, il devint violent, lui reprochait de ne pas travailler, de n'avoir aucun diplôme. Il la rabaissait et à chaque fois qu'elle menaçait de le quitter, il se positionnait en victime, à lui mettre sa mort sur la conscience s'il venait à en finir de sa vie.

Enchaînée à cette relation percluse de possessivité, de jalousie, et bientôt de coups... Dagmar était aveugle. L'alcool l'aidait à tenir le coup. Mais se verser dans ce vice à 19 ans, ça sent mauvais pour la suite... Heureusement, elle rencontra Leigh. Cette fille l'empêcha de mal finir. Soutien psychologique et physique. Grâce à elle, Dagmar accepta l'idée de demander de l'aide. Elle participa à un groupe de parole. Poussée par sa nouvelle amie, elle s'arrangea même pour prendre des cours de self-defense. Acquérant de nouveau confiance en elle et obtenant des armes pour se défendre. Elle quitta cet homme nocif une bonne fois pour toutes. Il s'accrocha, la harcela, mais Dagmar décida de changer de ville. De l'oublier.

Leigh la suivit à Lewisburg. Une relation qui devint plus qu'une simple amitié. Un véritable amour pour Leigh, une confusion entre aimer et aider pour Dag. Mais cela ne les empêcha pas d'être heureuses ensemble. Toute deux aimant les sports de combat, à ses côtés Dagmar se motiva à prendre des cours de kick-boxing et également de krav maga, qu'elle appréciait particulièrement. Son train de vie était entretenu par son job de caissière dans une supérette de quartier. Leigh travaillait dans une boîte d'audits. Elles pensaient filer le parfait bonheur jusqu'à ce que Leigh ne tombe sévèrement malade. Un cancer foudroyant.

À 24 ans, Dagmar se retrouva seule. Un black-out total. Une descente aux enfers. Des crises d'angoisse ponctuaient ses nuits. Un besoin de se battre avec férocité, provoquant rapidement des bagarres et autres rixes. Elle perdit ses licences de combat. Fut écartée de son club, de son boulot. Dagmar se retrouvait à la rue. Perdue, abandonnée, pour la première fois de sa vie elle ne savait plus où aller, que faire et si même il lui serait possible de remonter la pente.

La jeune femme erra ainsi pendant deux ans avant de faire une rencontre spéciale. Elle se battait, c'est tout ce qui lui importait. Dagmar n'attendait plus rien hormis la fin dans une effusion sanguinaire de violence. Valkyrie que l'on ne soupçonne pas, sous ses atours de minette. Mais elle gagnait. Et ne faisait pas semblant. Aucune retenue des coups, de la rage qui transpirait de ses pores. Elle se donnait corps et âme, au point de ne plus être capable de se retenir tant que la cloche ne sonnait pas. Une version édulcorée de Danny the Dog, enfin...

Le fait est que ce combat marqua ses deux protagonistes. Son adversaire sembla vouloir miser sur elle. Pour qui pour quoi ? Dagmar tenta de s'en éloigner. Peur de s'embarquer dans des histoires louches, peur de tomber sur un nouveau détraqué, peur de tisser quoi que ce soit et de finalement se retrouver abandonnée. Seule. De nouveau. Impensable. Sauf qu'il y avait une proposition alléchante. L'occasion de vivre de ce qu'elle aimait faire. D'être à l'abri du besoin. Une perspective qu'elle ne put refuser bien longtemps à moins d'être une idiote sans nom... Alors Dagmar testa. Sans grande ambition. Et le monde dans lequel Lonàn la plongea eut un effet grisant. Feignant au début le plaisir qu'elle prenait à faire partie du backstage, de ceux qui encadrent et organisent, l'illusion tomba rapidement. C'était indéniable : Dagmar avait trouvé sa place.

Certaines nuits de solitude font revenir ses angoisses, ses crises et son anxiété. Mais à présent, elle a quelqu'un à appeler en cas de besoin. Ses insomnies trouvant en Lonàn et les autres un réceptacle dans lequel se réfugier. Une véritable famille qui se soutenait les uns les autres. Dagmar changea d'appartement, quittant sa chambre de bonne pour quelque chose de plus confortable. Elle retrouva le sourire et quelques espoirs pourtant enfouis. Un nouveau départ rythmé par les bars rocks bruyants, la bière, les entraînements à la salle de sports et les combats.

Une effervescence qui lui redonne goût à la vie. Et tout ceci, c'est à Lonàn que Dagmar le doit. Alors il ne faut pas s'étonner qu'elle sorte les griffes et montre les crocs quand on s'approche de lui d'un air menaçant. Quand elle débarque chez lui parce qu'il ne répond pas à ses appels. Quand elle est prête à tout pour son service, peu importe ce que ça peut lui coûter. Dagmar, c'est devenu son bras-droit, sa deuxième tête, sa bouée de sauvetage. Non pas parce qu'elle le lui doit, mais parce qu'elle le veut. À ses yeux, il le mérite et c'est la dernière personne qu'elle souhaite décevoir.