renégat.
— 2017.
la colombienne a la peau sucrée.
la nuque affriolante de ses cheveux jais.
l'accent roulé sur des lèvres gonflées par le plaisir.
papá est condamné. baiser glissé dans le délice de sa chevelure. vos deux coeurs à l'unisson d'une chorégraphie maintes fois répétées. en un autre temps, en une autre vie... fantasme à des délires tenus secrets. fille de l'ogre et fils du truand. destinés à se jouer de l'amour autant que de la guerre. tu la sais redoutable. elle, sans merci. tu tais le myocarde serré pour l'occasion. la peine de lire la tristesse s'emparer des traits à l'habitude si fiers. elle ne tiendra pas rigueur à ton silence. se remémorera ton corps rapproché du sien en réconfort. les lignes de sa main tracées par des doigts ensorcelés. tu caches la jalousie de la voir
bientôt couronnée reine d'un destin qui t'es tracé. égérie d'un pouvoir tant convoité. dans la mort prochaine, t'y vois l'opportunité de t'élever de ta condition. d'immortaliser, enfin, les pas de ta réussite.
rappel aux sources
— 2020.
elle devine le chemin de tes heures errantes. trop souvent écoulées le cul posé devant une table de jeu inopinée. le démon du jeu en compagnie nocturne, tu réponds à ses supplications. les jetons se faufilent entre tes doigts expérimentés. tu demeures impassible à la liasse de billet presque épuisée. il t'en faut plus pour renoncer à tes vices. le crédit en marche depuis tant d'années. vieille tradition dont t'es pas prêt à renoncer. à la nouvelle somme perdue, un parfum familier trouve échos à tes pensées nostalgique.
ton frère doit tomber. la colombienne roule l'annonce de son accent étranger. ses doigts misent tandis que ton esprit trouve matière à ses dires. l'empire de l'aîné en désir partagé. des années déjà que tu traines dans ses dossiers, à te faire un réseau en-dehors du clan sacré. maintes fois créancier aux demandes de l'endiablée. ses paroles se rajoutent aux allusions passées d'un coup d'état longuement pensé. pour la première fois, tu leur trouves une volonté nouvelle.
dis m'en plus.