Ride upon the storm † Ace

Abandon † On écarquille normalement les yeux sur une mère nourricière, la sienne est ordurière. Aussitôt né il a été jeté le têtard, balancé, éjecté sur une chaussée à peine éclairée. Il vient de naître le moutard, mais il a déjà compris... Pour survivre il faut brailler la gueule grande ouverte sur le mépris. Beugle, meugle pour te faire remarquer petit bâtard, au milieu du troupeau le criard, tu portes maintenant la marque de la mendicité comme un étendard !

Ballon † A peine expulsé du ventre rond il est ramassé, à l’assistance il est livré. On remplit un dossier, d’un nom, prénom et date il est désormais immatriculé, et enfin parqué. Son lit à barreaux ressemble à une latomie, il est à l’agonie. Personne pour le regarder, ni le protéger, alors Ace ne crève ni de faim, ni de froid, seulement de silence et d’absence. Le meurtri n’apprend rien au fond de l’oubli. Juste à se faire tout petit.

Réclusion † D’autres ombres comme lui dansent sur le mur de l’ennui. Pour les éviter souvent il s’enfuit, cavale pour retrouver la marâtre dont il est le fruit pourrit. Il court l’asphalte Ace, devient bandit à défaut d’érudit. Ce n’est pas sur les bancs de l’école qu’il s’use le parasite, préfère de loin apprendre sur le tas d’ordures, amas de souillures. Avant d’être repris, Ace écume un peu plus chaque recoin de la rue, fait du trottoir son royaume déchu. Les geôliers finissent toujours par lui mettre la main au collet, par l’embarquer et l’incarcérer. Heureusement bientôt petit Ace deviendrait grand, assez grand pour ne plus être éconduit ni reconduit. Il fera seulement ce dont il a envie.

Bataillon † Lui qui ne s’est jamais conformé part s’enrôler. Affubler d’un uniforme au couleur d’un pays qui l’a renié une fois atteint la majorité Ace se réfugie dans l’armée. Il a encore l’espoir d’être anobli le guerrier, de défendre la veuve et l’orphelin ceux qui comme lui n’ont rien que leurs mains. Les siennes maintenant portent la couleur pourpre du sang qu’il fait couler au gré des ordres donnés. Fantassin contrefait il se tait, maudit l’utopie de se racheter, regarde un à un les hommes tomber.

Ambulation † Désabusé, écœuré Ace se fait réformer. Il revient hanter les pavés de son quartier, tend la patte en échange de quelques pièces de monnaie. Allongé dans le caniveau qui l’a engendré Ace se confond à la boue dont il est l’héritier.

Résurrection † Fantôme dans la pénombre Ace implore la faucheuse de venir le massacrer. Perdu, le corps décharné se mêle sans hésiter aux rixes qui régissent les lois du bitume. La poitrine découverte et offerte il s’attend à tout moment entendre le sifflement de la balle qui viendra le perforer. Ace pensait le moment arrivé mais un bras inconnu l’a projeté... et sauvé.

Suppression † Escroquer, extorquer, faucher, détrousser, dépouiller, dévaliser. C’est son nouveau métier. À ses côtés. Il s’est accroché Ace à cette main tendue, ne l’a plus desserré. A l’autre bout il découvre un visage singulièrement familier qui devient coutumier. En quinze ans d’approfondissement il en connaît maintenant chaque expression, chaque manifestation, ces deux-là non plus besoin de pérorer pour s’accorder. Ce n’est pas l’argent dérobé qui importe Ace, il n’est là que pour veiller sur l’ange rédempteur dont il est l’ambassadeur.

Réhabilitation † Le cœur fissuré colmate les brèches à l’abri d’une amitié assouvie. Il est de tous les secrets Ace, des non-dits. C’est une tombe le frangin, le gardien clandestin qui a mis sa vie entre ses mains. Il lui a donné la seule chose qui lui appartenait. Son palpitant calciné.