ofélia // día de los muertos.

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(un) ofélia est née dans les quartiers chauds de la ville de bogotá en colombie, celui de la candeleria plus précisément. fille aînée de anna-lucia et emilio sandoval, elle a deux sœurs (valentina et cristina) et deux frères (santino et alejandro) avec qui elle s'est toujours très bien entendu. un père violent et alcoolique qui déserta l'appartement pourri après avoir tenté un soir d'ivresse de violer ofélia lorsqu'elle n'avait que quatorze ans. un épisode traumatisant dont elle n'a parlé qu'à sa mère et dont elle porte encore aujourd'hui les stigmates psychologiques. (deux) malgré une enfance pauvre à dormir à trois dans un lit avec ses sœurs et a pissé dans un sceau sur la terrasse, elle garde quelques bons souvenir de sa jeunesse et notamment ceux du salon de coiffure clandestin que tenait sa maman. elle y faisait les shampoings pour se faire un peu d'argent car les études, ce n'était pas vraiment son truc. pourtant intelligente, elle s'est tout simplement sacrifiée pour faire vivre la tribu sandoval car sa mère instable et dépassée, peinait pour joindre les deux bouts. une adolescente qui grandi trop rapidement, attirant sur elle les regards concupiscents des zonards du quartier, trop jolie, trop féminine. (trois) femme de ménage la journée, elle gagnait autrefois sa vie en travaillant pour des familles riches de bogotá avant d'enfiler le soir son tablier de serveuse pour pouvoir payer les études de ses jeunes sœurs. ofélia a toujours eu le sens du sacrifice, deuxième maman pour deux frères et deux frangines qui se reposaient toujours un peu trop sur elle, la colombienne ne regrette absolument rien. à l'heure d'aujourd'hui, ses sœurs sont mariées et ses frères réussissent bien dans la vie. elle n'oublie pas chaque mois d'envoyer un peu d'argent à tout le monde et notamment à sa mère en revendant parfois les cadeaux hypocrites de son mari. (quatre) en parlant de lui, elle se souvient dans les moindres détails de sa rencontre avec cesar suria. de comment il était terriblement séduisant, charismatique, magnétique. elle n'avait que dix-huit ans ofélia, elle ne connaissait pas vraiment la vie. des hommes elle en avait connu mais des comme cesar jamais. naïve, entichée, elle tomba dans ses bras comme la première des catins en s'abandonnant à une nuit brûlante qui donna naissance huit mois plus tard au fruit défendu. une fois sa grossesse annoncée au colombien, elle n'eut pas d'autres choix que de l'épouser pour préserver son honneur et sa réputation. un mariage sans amour, sans émotions sous le regard noyé de larmes de sa mère. elle a beaucoup pleuré ofélia, elle pleure encore aujourd'hui. (cinq) malgré tout, elle aima profondément sa petite bianca et ne la regrette pas. elle n'est peut-être pas une enfant de l'amour, mais le seul cadeau d'un mari qui lui permet de tenir le coup. un époux qui en plus de lui témoigner aucun intérêt se révèle être une véritable ordure de la mafia. pas qu'un simple exécutant, mais celui qui gère le trafic d'arme du cartels dont son défunt frère était le leader et dont la nièce a reprit le flambeau. elle n'a jamais cherché à connaître dans les détails les occupations de cesar pour s'en protéger, pour ne pas le mépriser plus qu'elle ne le hait aujourd'hui. l'a-t'elle aimé ? peut-être quelques heures, mais l'amour d'autrefois est désormais enterré sous la haine et les regrets. (six) forcée de le suivre dans ses rêves de grandeurs, elle immigra avec lui aux états-unis en laissant derrière elle sa famille, ses amis, sa vie. ofélia se souvient de la première fois qu'elle a vu ces américains prétentieux, de comment elle a souhaité retrouver les rues malfamées de la candeleria où malgré tout, elle s'était senti existé. noyée dans le luxe et l'argent sale, elle s'est oubliée dans les richesses, les tenues de grands couturiers tout en élevant sa fille sans jamais ne voir l'ombre d'un époux. cela a toujours été ofélia et bianca contre le reste du monde dont le père et mari n'était qu'un fantôme dans leur existence dénuée d'amour. (sept) vingt-sept ans de mariage, presque trois décennies offertes à un homme qui n'a qu'indifférence et mépris pour les deux femmes officielles de sa vie. ofélia n'est plus la jeune fille qu'elle a été, elle ne rit plus comme avant et ne danse plus pieds nus dans les rues. elle boit pour oublier, sa fille est grande aujourd'hui et bien qu'elle reste une mère dévouée un peu trop envahissante et protectrice, elle se sent terriblement seule et rechigne à la laisser s'en aller. la solitude est devenue une amante bien cruelle, elle est amère ofélia et c'est sa faute à lui. combien de fois elle a voulu divorcer ? faire ses bagages et s'en aller après des mots de trop ou une claque ? la peur des représailles l'empêche de claquer la porte car on ne quitte pas un homme comme cesar suria. de plus, catholique pratiquante, le divorce d'après sa mère la conduira tout droit en enfer sauf qu'elle y vit depuis vingt-sept putains d'années. (huit) ofélia aujourd'hui trompe l'ennui dans l'alcool, se perd dans les musées pour tuer le temps et se fait baiser de temps en temps par un mari qui s'ennui de souiller des petites catins aux seins refaits. les infidélités de son époux ne sont pas un secret, elle n'a pas d'autres choix que d'accepter ces humiliations. elle cache ses tristes derrière ses faux sourires et son accent chantant colombien qu'elle n'a jamais perdu. parfois tard le soir, elle abandonne ses talons hauts pour se coucher sur le marbre du salon pour rêver à ce que aurait été sa vie si un homme aurait pu l'aimer. des regrets, toujours des putains de regrets et personne avec qui les partager.