teenage depression; dahmer

bang.
ça avait raisonné.
un bruit qui avait fait écho. comme un crie sec. une explosion déchirante dans l'silence. puis il avait entendu l’corps du tortionnaire s’écrouler dans un fracas qu’il a jamais oublié. un bruit qui l'avait fait sursauté. d’la porte il s’était éloigné. par peur, d’voir une arme s’pointer devant son museau. l’fusil d’chasse était jamais trop loin d’la porte. l’gosse s’était persuadé qu’un jour il finirait par l’utiliser contre lui. et cette fois-là, il s’était dit qu’c’était l’jour. comme un chien qu’il allait s’faire abattre. mais la porte s’était ouverte sur une silhouette fumeuse, flingue au poing et la clope au bec. un ange noir, les ailes tâchés par le sang d’celui qu’il avait rêvé d’voir crever. et cette ange-là a tendu la main. et l’môme a eu peur d’s’en prendre une. sur lui-même qu’il s’est recroqueviller. comme un animal apeuré. mais l’corbeau a rien fait, a juste prit sa main et l’a fait sortir d’force pour qu’il le voit. qu’il pose ses yeux enfantin sur sa carcasse sans vie. qu’il oublie jamais cette image d'ce corps qui l'a trop souvent maltraité. de ce monstre qui l'a brisé de ses mains.

et il a compris qu’tout s’était achevé, qu'l'enfer était fini. qu’on venait d’le libéré d’sa prison d’bois. qu’les mandales c’était terminé. la liberté était là, à porté d'main. du bout des doigts qu'il pouvait la toucher, l'effleurer. l'rêve devenait réalité. sa réalité. il n'était plus question d'fantasmes. et à c'moment-là, il s'était juré d'plus jamais s'laisser emprisonné. d'plus jamais sentir les chaines à ses pieds. ni dieu, ni maître.

aujourd’hui, y s’sent libre, syd. libre comme le vent. libre d’être c’qu’il veut. d’être un caïd. d’être l’clébard qui mord. d’être celui qui fait trembler les autres. secrètement, y veut être comme lui. comme c’corbeau libérateur. avoir la liberté d’faire trembler quiconque l’défi comme lui sait si bien l'faire. mais l’syd y reste qu’un môme à qui on a offert un flingue, à qui on a fait goûté un semblant d'liberté. y s’rend pas compte qu’son passé l’suit. qu’sa rage l’écrasera. et qu’la présence fantomatique d’son géniteur plane toujours sur lui. la charogne l’a peut-être buté mais il a pas fait disparaître les séquelles. il a fait qu’le dresser pour qu’il obéisse. les chaînes sont et seront toujours là. qu’il le veuille ou non, syd reste un chien enragé à qui on aurait mit une muselière.