Dahlia - He used to call me poison.

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T’as hérité des traits délicats de ta mère et de la braise qui enivrait ton paternel. C’est dans le feu, que tu as appris à marcher. C’est à travers leurs yeux, que tu es devenue cette sorcière adulée. L’allégeance gravée dans le sang de cette famille ô combien soudée. Des hommes, pour elle, t’en as butés. Pourtant on t’a appris la valeur d’une vie volée. A ne pas te mêler des histoires de ceux que la guerre aime tant assoiffer. Cette course au pouvoir que ton père a toujours condamnée. Il t’a appris à te contenter de ce que tu pouvais en tirer. L’argent n’a qu’une seule odeur, celle de ces cons qui payeront pour s’entretuer. Toi tu manipules les fils de ces pantins que la mort voudrait couper. Tu les couvres de tes mystères pour les effrayer. T’as pas peur de lancer ces sortilèges que mama Nakoïa t’a enseignée. De maudire ceux qui oseraient s’en prendre aux tiens. Tu souries, quand tu les vois ramper jusqu’à toi, ces misérables vauriens. Et tu les écrases, quand ils commencent à entamer ce même supplice pour seul refrain. Tu leurs laisses toujours une bribe de vie pour qu’ils puissent répandre ces rumeurs qui circulent sur toi. Tu veux les terrifier, les voir frémir quand ils auront affaire à ton si joli minois. Personne te fait chier, Dahlia.


On entend plus que ta bécane gronder entre les murs bétonnés. Qui fait trembler le goudron et rugir ses pneus usés. Ça fait sourire ton bras droit et ses hyènes indomptées. Pas de reine chez toi. Juste Dahlia. T’aimes pas te prendre pour ce que tu n’es pas. Les monarques, tu les étrangles jusqu’à ce qu’ils ploient. Tu retires ton casque et tes tresses se mettent à danser. Sur ton visage, ce simple rictus vers tes alliés. T’as même pas encore ôté ton cuir que tu pointes la vermine déjà bien cabossée. Et ça te fait rire Dahlia. Ça fait même rougir l’herbe que tu portes à tes doigts. T’inspires jusqu’à ce que tes poumons se transforment en brasier. Tes yeux sont aussi noirs que ces limbes qu’il voudrait éviter. Tu marches vers lui telle une féline qui se dirige tout droit vers sa proie. « Tu sais, ce n’est jamais bon signe d’avoir affaire à moi. » T’as cette voix rauque qui assombris tes traits de poupées. La seule à oser briser ce silence presque mortuaire. Et dans ton dos, tu peux déjà sentir les esprits funèbres. « C’est un privilège que certains auraient préféré éviter. » Ta fumée pour linceul entre vos deux visages. Tes lèvres lui adressent ce sourire hypocrites qu'elles savent si bien esquisser. « Tu vois Marshall, j’avais autre chose à foutre que de passer ma soirée avec ta vieille gueule, ou du moins ce qu’il en reste. Alors on va passer directement à la conclusion si tu veux bien.» Il dégage ce délicieux mélange de haine et de peur que tu aimes contempler. Tu sais que comme tous les autres, il voudrait te buter. Voir la sorcière à genoux et la nuque brisée. Et toi tu l’ensorcelles avec cette folie qui te brûle les doigts. Pas de poussière de fée, juste cette putain de vermeille qu’il coule en toi. Ta Doc trouée vient le renverser et tu te jettes sur celui qui ose t’insulter. T’aperçois déjà l’ombre de ton protecteur que tu stoppes. Et d'un geste tu demandes à Ben de te lancer cette petite lame qu’il a toujours à son froc. « Tu pensais pouvoir nous baiser et que ça passe inaperçu ? Tu crois que je ne veille pas à ce que tu fais de ton petit cul ? » La méfiance est ton meilleur allié, t’as cette espèce de sixième sens qui te permet de chasser la vermine dissimulée. T'entends Peter qui derrière, demande à voir son sang couler. Laya qui te supplie de lui foutre une balle dans la tête sans même tergiverser. Mais toi, t'aimes voir sa carotide s’exciter. T’aimes le sentir trembler sous l’acier. « Mon père disait que les deuxièmes chances ne se trouvaient qu’au paradis. » Car l’humain est pourri. Qu’il n’y a que lui pour posséder cette méchanceté gratuite. « Alors mon petit Marshy, tu veux une deuxième chance ou repartir dans les rangs de ton connard de boss qui pensait pouvoir m’infiltrer ? »


Les rues portent encore les traces de vos godasses trop usées. T’as même l’impression d'être hantée par ces fantômes du passé. D’entendre vos rires ricocher entre ces murs que vous aimiez taguer. Il est loin, ce temps où vous n’étiez que des gamines. Et parfois, Dahlia, t’imagines. T’imagines un monde où Constance ne serait pas balafrée. Il te suffit de la regarder pour sentir toutes ces blessures qu’elle tente de panser. La violence pour seule échappatoire. T’aurais aimé buter son père avant qu’il ne commette l’irréparable. T’aurais aimé guérir sa mère. T’as essayé tous les sortilèges pour la sortir de ce piège. Et tu t’es sentie impuissante, en la regardant s’en aller. Le cœur blessé, usé par les pleurs, par cette presque sœur que tu ne voulais pas quitter. Vous étiez son seul refuge. Le seul endroit où la belle se sentait en sécurité. Constance était un membre de la famille, t’en as voulu à ton père que tu croyais infaillible. Tu l’observes lorsque le silence vient vous envelopper. Lorsque vous êtes seules dans ton jardin secret. T’aimerais lui dire combien elle t’a manqué. Que t’es prête à tout pour l’aider. A faire crever celui qui voudrait l'écorcher. Que plus jamais, tu ne l'abandonneras. Qu'à deux, personne ne vous vaincra.


Tu te demandes ce que tu fais là, à veiller sur ce con qui dort encore. À t’inquiéter pour un mec qui aurait dû rejoindre les morts. Cette espèce de boulet qui s’est enchaîne seul à ton mollet. Ce putain de gars qui te lâche jamais. Qu’à débarquer à ta boutique pour ne plus la quitter. Qui s’est invité à un règlement de compte que t’étais sûre de gagner. Sauf qu’il était ce pion que tu ne pensais pas devoir jouer. Ton épine au pied, ce fichu bout de PQ qui te colle au bask en sortant des WC. T’aurais dû laisser ton ennemi le buter. Ne pas mettre la vie des tiens eu jeux pour ce vaurien. Tu ne sais pas pourquoi tu t’y es tant attachée. Il possède cette innocence et cette joie de vivre que tu n’as jamais su savourer. Robin est ce brin de lumière contre lequel tu voudrais bien te réchauffer.

Tu l’entends gémir lorsqu’il ouvre ses paupières violacées. « J’ai dormi combien de temps ? » Tu fais comme si de rien était. Comme si rien ne clochait. À tourner les pages de ce magazine que tu pourrais tenir à l’envers sans rien remarquer. « Quinze heures, la belle au bois dormant... » Tu lui réponds avec ce petit sourire narquois à peine perceptible sans même le regarder. Pourtant, tu peux sentir sur toi son air hébété. « Avoue, t’as eu peur que je clams et t’es restée à mon chevet hein ? » Tes yeux lui lancent ce noir que tu sais tant bien manier. La seule arme avec laquelle tu oserais le blesser. Aucun mot de ta bouche ne sortira, car t’es trop fière pour lui faire ce plaisir-là. Il tente de relever sa carcasse, et tu l’entends crier en même temps que ses os se remettent à grincer. « Bordel Robin ! » Tes paumes se posent instinctivement sur ses plaies. Les sourcils froncés par cette inquiétude que tu n’arrives pas à dissimuler. Il t’observe, presque heureux d’être blessé. De pouvoir te contempler avec ses iris qui ont le don de te faire enrager. « Ça te va bien de jouer l’infirmière. » Robin, il aime te mettre à bout. Titiller cette fierté que tu aimes brandir face aux inconnus. « Putain même à moitié mort t’es pas capable de la fermer ! » T’appuies sur une ecchymose jusqu'à ce que la douleur tord son joli petit minois. T’es en colère contre lui Dahlia, de s’être mis en danger à cause de toi. À te suivre dans ce maudit endroit. « Écoute moi bien, la prochaine fois je te laisse crever dans le caniveau, ok ? » Mensonge que tu grondes en pensant le faire trembler. Mais le brun sait lire en toi comme dans un livre ouvert. Arrive à voir clair malgré tes sortilèges. Lien invraisemblable que tu rejettes. L’amour ça ne t’a jamais fait rêver. T’es pas le genre de gonzesse qui prend la vie pour un putain de conte de fées. Mais pour une fois, t’as peur de te faire ensorceler. De te faire envoûter par celui que tu prétends détester. Alors la sorcière préfère s’envoler avant de flancher. De plonger dans ses iris pour ne plus jamais les quitter. Qu’il t’enivre de son parfum jusqu’à te faire succomber. Robin pourrait devenir cette aiguille que ton cœur tente encore d’éviter. Douce faiblesse que toi, Dahia, tu n’as pas encore envisagée.