la prochaine fois je viserai le cœur — irène

IDENTITE / Irène, reine de rien, enfant du déni, progéniture de l’absurde, elle fut  celle qu’on fit semblant d’aimer, de cajoler, de glorifier. Chez les Taylor on caresse l’égo dans le bon sens du poil, des Narcisse qui n’attendent que de briller sous la lueur factice d’un projecteur. La mère d’Irène et sa gueule taillée par les scalpels, sculpture de botox écœurante, l’argent crachée chez les égorgeurs de vieilles femmes comme l’enfant aimait les appeler, en secret, jamais devant la mère animée par la quête de l’immortalité. La tête vide de la génitrice n’a su emplir celle d’Irène que d’illusions gâtées, de rêves gangrénées par l’immonde réalité, détruite par le temps qui se lasse si facilement des naïfs, des connasses américaines faites de plastique. Une Barbie en guise de mère, un nymphomane en guise de père, accro aux corps, abreuvant sa propre gosse de scènes érotiques que même l’adulte n’a jamais oubliée. Irène Madeline Lowe qui n’a jamais eu de quoi être fière, même pas de son nom. Mère indigne, absente, fantôme, laissant derrière elle des enfants se vantant d’être orphelins de mère, Irène qui n’était qu’une erreur et qui a finit par en faire perpétrer l’héritage. AGE / 55 berges — Le plus beau des âges, emmenant avec lui une certaine sagesse qu’Irène n’a jamais eu et n’aura jamais vraiment, restant gamine capricieuse qui n’aspire qu’à combler ses moindres désirs, même les plus dérisoires, rattrapant les années perdues à tenter d’être mère au travers de cette vieillesse qui fait grincer les genoux, de ses sourires cyniques, de ses quelques rides perdues au coin des yeux, des rives discrètes témoignant du temps qu’elle se prend tous les jours en pleine face. 55 ans de destruction et d’abandon, d’erreurs enchaînées, à faire et à refaire sans jamais qu’aucune leçon ne soit apprise. ORIGINES/LIEU DE NAISSANCE / énième progéniture de lewisburg — oisillon recueillie par les bras humides de la Louisiane, elle n’a connue que ça, peu de voyages, si ce n’est sur la côte ouest et dans un temps si reculé que les souvenirs se sont couverts de poussières, impossibles à discerner par l’adulte dont l’esprit est flingué de crack, de pensées noires et pourpres, de fantasmes et d’injures, de regrets et d’espoirs. Amoureuse de sa ville, elle l’a quitté non sans souffrance, vraie louisianaise, vieille âme ayant creusé son nid dans un mobilhome, dans une chambre d’hôtel, dans un appartement miteux, au coin d’une rue ou dans un club pourri. Son visage n’est plus méconnu par certains, tagué d’injures et de mépris. STATUT CIVIL / mariée mais volage — L’alliance a depuis longtemps quittée l’annulaire, l’or maudit ne définissant qu’une relation périmée, un amour éteint, froid, le cadavre d’années de mariage destructrices pourrissant aux côtés d’Irène et d’un époux auquel elle n’a jamais fait envoyer les papiers d’une rupture définitive. Elle ne signera pas s’il ose le faire, elle le lui a longuement craché au visage. Il restera auprès d’elle, au moins auprès de son prénom, Mme Irène Lowe pour toujours car sinon qui est-elle ? Une putain soumise aux rêves qu’offre le crack, quelques piqûres  d’adrénalines, amante du poison, de la sève masculine, de quelques lignes de neige offrant l’asile d’une île chimérique jusqu’à ce que le nez saigne. Un pathétisme qui a finit d’épuiser l’homme qu’elle a un jour aimé, mal, mais aimé sans plus savoir ce que veut dire ce mot qui sonne comme un bruit creux. OCCUPATION / serveuse dans un fast-food — parfum de vieille graisse, de diabète, elle offre l’obésité sur un plateau en plastique rouge, dédaigne les adolescents insolents qui osent la mirer de travers, n’hésitant jamais à cracher ses menaces quand le manager n’entend rien, grisée à l’idée de les voir déguerpir, blêmes comme la mort, remet en place les clients pensant être les rois là où elle se sait déjà reine car partout où elle passe, elle mérite bien d’être vue. Mais Irène passe d’emploi en emploi, un jour vendeuse dans un magasin de lingerie, l’autre caissière dans un supermarché ou encore, serveuse dans des bars miteux puis femme de ménage le mois d'après. Et par-delà ces emplois à la robe innocente, elle n’est jamais très loin de se dévêtir à nouveau pour quelques billets glissés sous la dentelle, gardant l’esprit et le corps esquintés d’une ancienne prostituée, haïssant l’enfer qui s’amène une fois le plaisir consommé, faisant passer la douleur avec quelques doses de came, une belle excuse pour se tuer encore. ORIENTATION SEXUELLE / hétérosexuelle — désirable et désireuse, les éphèbes l’ont longuement aimés et l'aiment encore. Combien de phalanges se sont enfoncées dans le creux de ses hanches, combien de langues serpentines sont passées sur la pâleur de sa peau marbrée des bleus que laissent parfois les piqûres, sur les cicatrices boursoufflées, sur les rondeurs qu’ont entraînées l’adolescence puis la ménopause, dans le creux d’un cou où bat la folie d’un cœur fatigué. Irène qui n’a aimé que les âmes noires et toxiques, cherchant à tout prix la douleur, la torture, asservir et tomber à genoux, contrôler l’autre de ses lèvres boulimiques de chair humaine. GROUPE / écrire ici. AVATAR / monica bellucci. CREDITS / VOCIVUS.