Evey Fawkes (Solis) - The things we love destroy us everytime

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L'une de ses mains telle un étau contre tes poignets fins.
Les griffes de l'autre enfoncées dans la chair tendre de tes reins.


Un râle siffle entre ses lèvres, s'échoue dans ta crinière où s'enfouit brièvement son faciès, venant susurrer quelques douceurs à ton oreille. Brave fille, c'est bien. Sa paume délaisse ta hanche, longe le filigrane de ta silhouette dont elle esquisse goulûment les contours, terminant de se repaître contre ta gorge que le bout des doigts effleure d'une provocation douce. C'est mieux quand tu laisses faire, tu trouves pas? Le monstre te dévoile ses crocs, s'écorche d'un rictus complaisant mais tu n'y prêtes plus attention, ta conscience éclipsée, emmurée au plus profond de cette coquille vide qui te sert de carcan.


Et tu ne sais pas bien le temps qui s'est écoulé lorsqu'il te relâche, se redressant nonchalamment pour abandonner ta carcasse au moelleux relatif du matelas. L'endorphine emboîte le pas à la douleur qui irradie tes entrailles, ton corps se repliant paresseusement tandis qu'il s'en éloigne, l'abîme de ton regard s'égarant sur l'apathie terne de ce reflet qui t'observe dans la glace.


Je reviendrai t'voir bientôt. La lourde se referme dans un gémissement, l'écho de ses pas s'essoufflant dans la distance.


Ses bras se croisent sur son poitrail, faussement désinvoltes. L’œil mauvais te lorgne sous un sourcil que la perplexité hausse. Qu'est-ce que tu penses faire, gamine?


Rends ça, maintenant. L'impérative tombe telle un couperet, se voulant suffisamment tranchante pour te conforter dans l'intention de t'y soumettre. L'une de ses mains s'étire en ta direction, attendant que tu y déposes le coupe-papier dérobé à son bureau. Et ses sourcils se froncent légèrement lorsque tu oses un pas en-arrière tandis qu'il en fait un en-avant; un peu plus, encore, quand à l'ordre réitéré, tu secoue la tête en signe de négation.

L'orage gronde et tu sens ton échine fléchir sous le tonnerre de sa voix, ce rugissement dont le monstre ne connaît que trop l'effet qu'il a sur toi. Pourtant, lorsque ses émeraudes inquisitrices viennent conquérir ton ambre, quelque-chose mitige la peur dans ce regard que tu lui offres. Et tu ne le réalises pas tout-à-fait lorsqu'il s'élance vers toi; que ta prise se raffermit, étouffe l'arme de fortune dans le creux de ta main. Tu ne le réalise que lorsque sa dextre oppressante se rabat contre ta gorge et qu'au même instant, dans la sienne ta lame s'enfonce.

Un sillon écarlate s'échoue sur ta pommette, rehaussant d'un éclat carmin la pâleur de ton derme. La gifle qu'il te décoche t'envoie valser au sol, une paume pressée contre sa plaie tandis que l'autre disparaît dans le cuivre de tes mèches, s'y refermant pour empêcher ta retraite.


L'acier perfore cette fois son épaule, douleur poignante qui oblige le relâchement du membre. Tu te redresses et enfonce la porte, t'engouffrant dans la pénombre avant que le monstre ne te dévore.

Un relent ferreux sous ton palais que la sécheresse érode.
Chaque inspiration ravivant ce brasier dont l'ardeur consume tes poumons.


L'effroi en guise de boussole et la terreur pour champ magnétique, tu ne sais pas plus d'où tu viens qu'où tu te diriges, seul t'aiguillant cet instinct qui hurle à la fuite; qui se languit de l'émancipation interdite. Tes pas martèlent le sol à vive allure, pressant une course effrénée à laquelle tes angoisses donne la mesure - celles qui dans ton ombre aboient au parjure, ordonnent, s'insurgent.


Ta silhouette se soustrait au diaphane des candélabres, bifurquant au droit de l'imposante façade avant de se voir stoppée net sous la force de l'impact; collision brutale, irrévocable par laquelle vos réalités s'enlacent. Ton corps se heurte au sien et c'est avec le farouche de l'animal que tu t'en écartes, entreprenant un repli de quelques pas que ton agitation rend maladroits.

Et il te semble que le temps se suspend lorsque le givre de son regard s'abaisse pour te jauger dans toute ton insignifiance. Quelques secondes, encore, qui s'étiolent cependant que ses ténèbres te surplombe; avant que l'ébène de ses ailes ne se déploie pour t'ouvrir les portes de son royaume.

Un instant, enfin, où dans l'improbable d'une hésitation, à ton tour, tu le sondes; cherchant dans l'azur perçant l'authenticité de ses intentions.